Cartographie des bassins urbains et ruraux à l'échelle mondiale (URCA - FAO)

 

Pour les 3,4 milliards de personnes qui vivent dans les zones rurales, la taille des villes à proximité et le temps de trajet pour les atteindre sont essentiels. C'est pourquoi la FAO a souhaité fournir une cartographie des bassins urbains et ruraux (URCA). Ce jeu de données SIG sur les bassins urbains-ruraux à l'échelle mondiale permet de s'éloigner de la dichotomie traditionnelle entre urbain et rural.

Cartographie des bassins urbains et ruraux (plate-forme géospatiale de la FAO)


La carte met en évidence la diversité des systèmes urbains-ruraux dans le monde et l'importance des liens qui peuvent exister entre les villes de différentes tailles et les zones rurales qui les environnent. On observe un continuum de l'urbain au rural. Les couleurs les plus foncées représentent les centres urbains. Chaque bassin est codé selon une couleur correspondant à la taille de la ville : noir pour les grandes villes, bleu pour les villes intermédiaires, orange pour les petites villes et les villages. Plus la couleur d'une zone rurale est foncée, mieux elle est reliée à un centre urbain.

Jusqu'à présent, ce type de ventilation détaillée n'existait que pour une poignée de pays à revenus élevés, comme les Urban-Rural Continuum Codes aux États-Unis qui appliquent une catégorisation similaire au niveau des comtés. L'URCA est intéressante pour son approche quadrillée et sa méthodologie cohérente qui fournit des résultats comparables pour 190 pays. L’ensemble de données peut être appliqué à différents domaines (organisation des systèmes alimentaires, réduction de la pauvreté, santé, éducation) où le lieu d'habitat joue un rôle important.

Le jeu de données SIG est à télécharger sur le site de la FAO. Les bassins versants urbains-ruraux (URCA) sont au format GeoTIFF, bande entrelacée avec compression LZW, adapté à une utilisation dans les systèmes d'information géographique et les logiciels statistiques. Les valeurs de pixel sont comprises entre 1 et 30. La valeur sans données est 128. La résolution spatiale est de 30 secondes d'arc, ce qui correspond à environ 1 km à l'équateur. Le système de référence spatiale (projection) est EPSG : 4326 - WGS84 - Système de coordonnées géographiques (lat / long). L'étendue géographique est 83.6N - 60S / 180E - 180W.

Pour améliorer la granularité, les bassins d'influence des villes sont ventilés en 7 tailles de centres urbains en fonction de l'importance de leur population :

  1. villes supérieures à 5 millions d'habitants
  2. villes de 1 à 5 millions d'habitants
  3. de 500 000 à 1 million d'habitants
  4. de 250 000 à 500 000 d'habitants
  5. de 100 000 à 250 000 d'habitants
  6. de 50 000 à 100 000 d'habitants
  7. de 20 000 à 50 000 d'habitants

L'URCA classe les centres urbains selon la taille de la population - grandes, moyennes et petites villes. Leur influence dans les zones rurales - « zones de chalandise » - en dehors de l'environnement bâti est ensuite cartographiée en catégorisant chaque pixel rural s'il se situe à moins d'1 heure, 1 à 2 heures ou 2 à 3 heures de trajet jusqu'à une zone urbaine. Les zones rurales situées à plus de 3 heures d'une ville d'au moins 20 000 habitants sont considérées comme « arrière-pays », étant donné qu'ils ne gravitent autour d'aucune agglomération urbaine. De même, les très petites villes situées à plus de 3 heures d'un centre urbain d'au moins 20 000 habitants sont considérées comme des « villes dispersées ». La classification est basée sur une hiérarchie des centres urbains selon la taille de la population pour déterminer quel centre est le point de référence pour un emplacement rural donné : la proximité d'un centre plus grand domine sur un plus petit dans la même catégorie de temps de trajet. Les pixels ruraux sont mis en correspondance avec un centre urbain de référence en utilisant la version la plus récente de l'algorithme du chemin le moins coûteux qui a été présenté dans la carte globale de l'accès aux villes en 2015. Cette méthode détermine le temps nécessaire pour parcourir chaque pixel de 1 km à la surface de la Terre.

Il en ressort que l'influence des grandes villes sur les zones rurales est moins importante qu'on ne pourrait le penser. En couplant l'URCA avec la grille de population GHS-POP pour l'année 2015, les chercheurs ont estimé qu'en moyenne 14% seulement de la population mondiale vit dans les zones de d'influence des grandes villes. Un tiers de la population mondiale vit dans les zones rurales de villes petites ou intermédiaires. Dans les pays à faibles revenus, cela représente près de 45 pour cent de la population. Seule 1% de la population mondiale vit dans des « villes dispersées » ou en situation d'« arrière-pays ».

Selon la FAO, « ces résultats remettent en question le rôle central des grandes villes dans les récits et les plans de développement. Les zones périurbaines passent souvent entre les mailles du filet des politiques conçues pour les citadins et les agriculteurs ruraux, soulignant la nécessité d'une meilleure coordination entre les autorités administratives urbaines et rurales afin d'aider ces populations intermédiaires à tirer parti de leur proximité avec les villes pour accéder à l’éducation, aux services et aux emplois. »

Pour accéder à l'article scientifique :

A., Nelson, A. and McMenomy, T., 2021. Global mapping of urban–rural catchment areas reveals unequal access to services. Proceedings of the National Academy of Sciences, 118(2).
http://dx.doi.org/10.1073/pnas.2011990118

Bien que l'urbanisation augmente, le croît démographique à l'échelle mondiale fait que les populations rurales restent importantes en nombre, comme le montre ce graphique du site OurWorldinData. La cartographie des bassins ruraux permet de nuancer le regard habituel sur la population rurale appréhendée généralement à l'échelle des pays. Dans le cadre du programme de Géographie classe de première "Les espaces ruraux dans le monde entre fragmentation et recomposition", il est intéressant de mobiliser ce type de cartographie par bassins de manière à montrer la frontière diffuse entre l'urbain et le rural.


Articles connexes

Intérêt et limites du zonage en aires urbaines

Un atlas de l'expansion urbaine à partir de 200 villes dans le monde

Cartographier les espaces ruraux en France

L'accès aux services publics dans les territoires ruraux : éléments de débat à partir d'un rapport de la Cour des Comptes

Une cartographie très précise des densités à l'échelle mondiale pour améliorer l'aide humanitaire

Cartographier l'empreinte humaine à la surface du globe


Violences envers les enfants et violations de leurs droits à travers le monde

 
Source : Esteban Ortiz-Ospina, Max Roser, Violence against children and children’s rights
http://ourworldindata.org/violence-against-rights-for-children

Dans un dossier publié sur le site Our World In Data en avril 2017 (actualisé en novembre 2019), les auteurs abordent la question des violences envers les enfants à travers de nombreux documents graphiques et cartographiques. Ces documents interactifs peuvent servir de points de départ pour conduire des analyses sur les types de violences envers les enfants, les pays concernés ainsi que les atteintes aux droits. Les violences sont moins nombreuses dans les pays à plus haut niveau de développement, sans pour autant être absentes. Les violences ont une incidence sur la capacité des enfants à fréquenter l'école et leurs progrès en termes d'apprentissages. Dans le même temps, les résultats scolaires peuvent avoir un impact sur la violence. L'éducation constitue un outil pour réduire la violence contre les enfants.


 

Les châtiments corporels et les violences psychologiques contre les enfants restent extrêmement courants dans le monde, mais les variations entre les pays sont importantes. Les données concernant les abus sexuels sont très difficiles à obtenir car de nombreuses victimes ne sont pas en mesure ou ne veulent pas signaler leur situation. Le harcèlement constitue une forme importante de violence dans les écoles et est répandu partout. Les mariages d'enfants sont très courants dans de nombreuses régions du monde, mais les taux de mariage des enfants ont globalement diminué au cours des dernières années. Le travail des enfants reste courant, mais il existe des exemples concrets de pays qui ont réussi à pratiquement l'éliminer.


 

Les données proviennent de l'UNICEF qui oeuvre pour protéger les enfants à l'échelle mondiale :
http://data.unicef.org/topic/child-protection/overview/

Agnès Stienne, Ces enfants qu'on (dés)arme. Le Monde Diplomatique (5 août 2011)
http://blog.mondediplo.net/2011-08-05-Ces-enfances-qu-on-des-arme
L'article aborde le sort tragique des enfants-soldats et plus largement la question de l'enfance confisquée pour cause de conflit armée. Lorsque la paix revient, il faut encore "un long processus durant lequel les enfants doivent réapprendre à être des enfants, grâce à des soutiens psychologiques, au jeu, au sport et à des activités culturelles. Ils apprendront ou réapprendront à lire, écrire et compter". 

Le cas des enfants-soldats n'a malheureusement pas disparu. A la Conférence de Paris de 2007, les États s'étaient pourtant engagés à "libérer les enfants de la guerre". Selon l'organisation "Vision du monde", qui oeuvre à la réinsertion de ces très jeunes combattants, 300 000 enfants sont actuellement encore enrôlés dans des conflits armés à travers le monde.

20 pays recrutent encore des enfants soldats (France Culture)
http://www.franceculture.fr/geopolitique/20-pays-recrutent-encore-des-enfants-soldats

Enfants soldats dans le Sahel : "Ces groupes terroristes utilisent aussi bien des filles que des garçons, qui sont parfois à peine âgés de 7 ans", alerte une ONG (France Info)

 
Articles connexes

 

 
 

Cartographie des journalistes tués ou emprisonnés dans le monde


Signalé par Maps Mania (Mapping Attacks on The Press, 24 février 2021)

Chaque année, le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ) publie un rapport annuel sur le nombre de journalistes emprisonnés ou tués dans le monde. Cette année, le CPJ a créé une story map qui explore en détail les attaques contre la presse en 2020 : http://cpj.org/attacks-on-press-2020-journalists-killed-jailed/


 
Dans cette enquête, le CPJ rapporte qu'au moins 274 journalistes ont été emprisonnés en raison de leur activité professionnelle. Cela dépasse le record de 2016 qui était de 272 journalistes. La Chine est l'un des pires pays pour les journalistes. En 2020,  elle a emprisonné des journalistes simplement pour la manière dont ils avaient rendu compte de l'épidémie de Covid-19.

La carte du CPJ colore les pays du monde en fonction du nombre de journalistes emprisonnés en 2020. Les points jaunes indiquent où les journalistes ont été tués en raison de leur travail. Un menu permet de basculer entre les journalistes emprisonnés ou tués, avec possibilité d'exploration librement la carte. Entre 1992 et 2020, ce sont au moins 1398 journalistes qui ont été tués dans le monde.

Le CPJ dispose de registres détaillés sur les décès de journalistes depuis 1992. Il enquête et vérifie de manière indépendante les circonstances de chaque décès. Il distingue les meurtres et assassinats, les décès liés à une intervention sur un champ de bataille ou dans un contexte militaire, les missions dangereuses (lors de manifestations, d'émeutes, d'affrontements entre groupes rivaux ou de situations de foule). Les données sont fournies par organisation, date, pays et type de décès, avec possibilité de filtrer les résultats par origine, sexe, type de média et couverture thématique.

Le CPJ surveille l'application de la loi et le processus judiciaire pour chaque cas de meurtre confirmé  et catégorise le statut de l'enquête (impunité totale, justice partielle ou complète). Les cas de journalistes disparus dans des zones de conflit ou sous le contrôle de groupes militants, comme en Syrie, en Irak, en Libye et au Yémen, sont extrêmement difficiles à suivre. Les informations sont rares, la situation évolue constamment et certains cas ne sont pas signalés. 

Pour accéder à la base de données du CPJ:
http://cpj.org/data/killed/


Lien ajouté le 8 mars 2021

Pays considérés comme dangereux voire très dangereux pour les femmes journalistes (source : Reporters sans frontières, "Le journalisme face au sexisme") :

Autour d’OpenStreetMap, les tensions grandissent sous l'influence des entreprises


Source : Inside the ‘Wikipedia of Maps’, Tensions Grow Over Corporate Influence (Bloomberg CityLab)

Depuis son lancement en 2004, OpenStreetMap (OSM) est devenu un élément essentiel de l’infrastructure cartographique mondiale. Des centaines de millions d'utilisateurs mensuels interagissent avec des services dérivés de ses données, des applications de covoiturage à la géolocalisation sur des réseaux sociaux comme Snapchat ou Instagram, en passant par les opérations de secours humanitaire à la suite de catastrophes naturelles. Mais récemment, OSM a commencé à changer en raison de l'impact croissant des entreprises du secteur privé qui en dépendent. 

Dans un article de 2019 publié dans l'ISPRS (International Journal of Geo-Information), une équipe de chercheurs a montré comment Facebook, Apple, Microsoft et d'autres entreprises ont gagné en notoriété en tant que contributeurs d'OSM. Selon les chercheurs, leurs priorités entraînent des changements significatifs dans ce qui est cartographié par rapport au passé. « Les données d’OpenStreetMap sont issues du crowdsourcing, ce qui a toujours rendu les observateurs un peu méfiants quant à la qualité des données », déclare Dipto Sarkar, professeur de géoscience à l’Université Carleton à Ottawa et l’un des coauteurs de l’article. « Au fur et à mesure que les données gagnent en valeur et sont utilisées pour une liste toujours croissante de projets, l'intégrité des informations doit gagner en perfection. Ces entreprises doivent s'assurer qu'elles peuvent disposer d'une carte satisfaisante des lieux où elles souhaitent se développer. Comme personne d'autre ne le propose, elles ont décidé de remplir cette carte par elles-mêmes. "

 Pour accéder à l'article scientifique :

Anderson, J.; Sarkar, D.; Palen, L. Corporate Editors in the Evolving Landscape of OpenStreetMap. ISPRS Int. J. Geo-Inf. 2019, 8, 232. https://doi.org/10.3390/ijgi8050232 (voir également cette présentation vidéo)

Dix entreprises sont devenues des acteurs en coulisse d'OpenStreetMap
(source :
Anderson, Sarkar & Palen, 2020)



La montée en puissance des services de cartographie privés a suscité des tensions au sein des forums en ligne où les éditeurs OSM débattent de longue date de l’avenir à donner au projet. Plusieurs entreprises qui utilisent des données OSM collectent également des données géospatiales concernant leurs utilisateurs - par exemple, des applications comme AllTrails et Strava gardent les traces de géolocalisation de leurs utilisateurs. Mais ces informations ne sont pas toujours réinjectées dans OSM, ce qui conduit certains cartographes à considérer l'influence de ces entreprises comme une menace pour les valeurs fondamentales que sont l'attribution et la réciprocité des données dans un projet open source. Ce phénomène semble s'inscrire dans un mouvement plus global de privatisation et de gentrification d'Internet.

La communauté OpenStreetMap collecte des données dans le monde entier sur les routes, les voies ferrées, les rivières, les forêts, les bâtiments, etc... dans le but de créer un carte du monde, libre et réutilisable. Le projet  cherche à garder son esprit de cartographie collaborative. Il a édité pour cela un guide de bonnes pratiques. Il recense actuellement plus de 5 millions d'utilisateurs enregistrés, dont environ 20% éditent des cartes. Il est l'un des services les plus utilisés pour cartographier en urgence les zones dévastées par des catastrophes. Un outil dédié (uMap) permet de créer des cartes personnalisées sur des fonds OpenStreetMap et de les afficher sur un site. OpenStreetMap a commencé à mettre en place OpenStreetCam, mais le service n'atteint pas la qualité d'images de StreetView (Google Maps) et de StreetSide (Bing Maps). Depuis juin 2018, Bing Maps a accepté de mettre à disposition l'API de service de photographie géographique dans l'éditeur d'OpenstreetMap. OSM dispose aussi d'un moteur de recherche dédié GeoDataMine. OSM repose largement sur l'open source, ce qui lui vaut parfois le surnom de Wikipedia des cartes (voir ce tutoriel de prise en main).

ShowMeTheWay est une carte interactive qui permet de suivre en temps réel les modifications apportées dans OSM. Superposée à l'imagerie satellite, la carte affiche les nœuds, les voies et les relations en cours d'édition et fournit des informations sur ces changements. OSM In RealTime récapitule tous les changements sur un planisphère (plus de 100 millions de modifications apportées). Lorsque les utilisateurs modifient OSM, ils peuvent ajouter de nouvelles entités à la carte ou modifier des données existantes. Lorsque ces modifications sont effectuées, l'utilisateur écrit un court message décrivant la modification, puis ce message et la modification sont enregistrés en tant que « changeset ». 









Articles connexes

Le forum d'OpenstreetMap, un lieu d'échange autour des enjeux de la cartographie collaborative et de l'open data

L'évolution de la cartographie humanitaire au sein de la communauté OpenStreetMap

Tentative de "caviardage cartographique" à l'avantage de la Chine dans OpenStreetMap

Panoramax, l’alternative libre pour photo-cartographier les territoires

Wikipédia fête ses 20 ans. Mais connaissez-vous ses ressources cartographiques ?

Strava et les enjeux des big data

Big data et choix d'aménagement urbain pour les piétons et les cyclistes

Google Street View et sa couverture géographique très sélective

Facebook prend le contrôle de Mapillary, le principal concurrent de Google Street View

 

Cartographie des noms qui servent à désigner les couleurs en Europe


La manière de désigner et même de se représenter les couleurs varie d'une langue à l'autre. Le site Mapologies propose une série de cartes concernant l'étymologie des noms de couleurs en Europe. http://mapologies.wordpress.com/2020/11/25/colors/

La couleur bleue dans différentes langues classées selon l'étymologie (source : 🄫 Mapologies)


Le bleu est l'une des couleurs les plus intéressantes, car selon les chercheurs, c'est l'une des dernières à se différencier dans nos langues. Au Japon par exemple, jusqu'à récemment, on ne distinguait pas le vert du bleu. Certaines langues dont le russe distinguent le bleu clair et le bleu foncé, avec deux mots complètement différents. D'autres cultures ou civilisations anciennes ont pu manquer d’intérêt pour les couleurs "froides", mais cela ne signifie pas qu’elles n’avaient pas la capacité de les voir (la vision est biologique, tandis que la perception est culturellement déterminée). L'histoire du mot bleu est l'histoire de la difficulté à extraire les pigments et les colorants.

Le site Mapologies propose d'autres cartes étymologiques des noms de couleurs concernant l'orange, le violet, le rose, le rouge, le jaune et le vert. Le site s'intéresse également aux différentes manières de désigner les termes carte, jour/nuit, santé, vaccins, seringue, zéro... mais aussi comment on manifeste qu'on ne comprend pas en comparant à une autre langue (par exemple : c'est du chinois pour moi).


Pour aller plus loin

Przemysław Dębowiak (2010). Les couleurs dans les noms de lieux habités en France. Romanica Cracoviensia.
http://www.academia.edu/13015484/Les_couleurs_dans_les_noms_de_lieux_habit%C3%A9s_en_France

Les dataviz des journaux vont-elles trop loin dans la manière de représenter le nombre de morts du coronavirus ?

 

Au moment où les États-Unis approchent le seuil d'un demi-million de décès dus à la Covid-19 (février 2021), les data journalistes se sont vus confier la tâche de réfléchir à la meilleure façon de visualiser le terrible impact de cette pandémie. Mais n'y a-t-il pas des limites dans la visualisation de données lorsqu'on représente des faits tragiques ? Telle est la question posée par Francis Gagnon dans un article intitulé 500 000 dots is too many (Voila.com)

Le débat fait suite à la une du New York Times publiée le 21 février 2021, qui présente une data visualisation concernant les décès liés au COVID-19, accompagnée du commentaire suivant : « Cela a commencé par un point. Ensuite, il y en a eu près d'un demi-million ».

 

Data visualisation du New York Times concernant les décès liés au COVID-19 (21 février 2021)


Pour Francis Gagnon, des tragédies comme les décès dus au COVID-19 ont un impact au niveau individuel. Ces décès représentent des personnes à part entière. Or sur ce graphique, celles-ci sont réduites à des points. « Lorsque trois personnes sont assassinées, elles se voient attribuer un profil (nom, âge, race, activité ou autre). Lorsque 500 000 personnes meurent, elles reçoivent chacune un point. Transformer une personne en un point, ce que fait par nature la visualisation de données, ne permet pas de transmettre la dimension tragique de ces morts. »

Le New York Times justifie ainsi ses choix graphiques : « contrairement à d'autres approches, ce graphique représente l'ensemble des décès. Je pense que cette technique est bonne et qu'elle nous submerge - c'est le but », a déclaré M. Gamio.

Francis Gagnon pense que « cela ne nous accable pas. Bien au contraire : ça le met à notre portée. Un visuel, lu en quelques secondes, cela empêche toute compassion. La tragédie est désormais gérable émotionnellement. Si on fait un zoom arrière, chaque individu est de plus en plus petit pour tenir dans le cadre. Chacun devient un simple point. Si les États-Unis atteignaient 600000 morts, la tragédie prendrait de l'ampleur, mais la visualisation resterait la même, chaque individu occuperait simplement une plus petite portion d'espace. La visualisation des données est utile pour afficher des agrégats ou pour révéler des tendances invisibles. Mais cela ne reflète pas des existences individuelles. Elle perd de son pouvoir avec l'accumulation de tragédies personnelles. Autre problème avec cette visualisation particulière : il n'y a pas de point focal, il n'y a pas de position pour le lecteur. Nous ne savons pas si ces personnes nous ressemblent, si elles sont proches ou loin de nous ».

Une réponse courante au problème de la visualisation à l'échelle de centaines de milliers de personnes est de se tourner vers des comparaisons familières. Dans son article 500 000 dead, a number almost too large to grasp, le Washington Post explique qu'il faudrait l'équivalent de 9804 bus pour transporter 500000 personnes. Il montre ce que cela représente en distance une caravane de 9804 bus (soit l'équivalent de la distance entre Philadelphie et New York). Ce n'est pas la première fois que le Washington Post recoure à des ordres de grandeur géographique pour faire saisir l'ampleur des décès de Covid-19. En septembre 2020, le journal avait créé une carte interactive qui permettait aux Américains de visualiser ce que représentent 200 000 morts si on les ramène à l'échelle de leur quartier (What if all covid‑19 deaths in the United States had happened in your neighborhood ?)

Carte interactive pour visualiser où vivaient ces 500 000 victimes de la Covid-19 (source : NBCNews)



Si le chiffre de 500 000 morts frappe autant, c'est qu'il est supérieur au nombre total de soldats américains tués au combat pendant la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale et la guerre du Vietnam cumulées. Au mois de janvier 2021, cela représente un mort toutes les 28 secondes à cause de la pandémie.  Reuters Graphic a essayé de proposer une data visualisation différente de celle du NYT. Celle-ci fait défiler sous forme de story map les différents épisodes de la pandémie aux Etats-Unis. Axios a opté pour un graphique plus classique montrant la courbe avec les intervalles en nombre de jours séparant les seuils de 100, 200, 300 et 400 000 décès).

NBCNews a adopté une approche différente en proposant une carte interactive pour visualiser où vivaient ces 500 000 victimes de la Covid-19. La carte contient un demi-million de points rouges, chaque point représentant un décès dû au coronavirus. Une chronologie permet de suivre la propagation de Covid-19. En entrant une adresse ou un code postal, on peut afficher le nombre de décès à l'endroit choisi. Les points ne révèlent pas les adresses réelles des victimes. L'emplacement des points est randomisé dans chaque secteur d'îlot de recensement. Cela reste malgré tout une carte impersonnelle par densité de points.

Le taux de mortalité dû à Covid-19 est en train de baisser aux États-Unis. Avec de plus en plus de personnes vaccinées, la fin de cette crise est peut-être en vue. De telles data visualisations montrent cependant que ce n'est pas encore fini et qu'il faut impérativement rester vigilant contre les dangers de la Covid-19. Comment sensibiliser sans déshumaniser ?

Lien ajouté le 3 mars 2021

Dans l'idée de ne pas représenter les personnes comme des points, la carte interactive Beach Crowd de William Davis montre une foule de personnes sur une plage de Miami non pas comme de petits points minuscules, mais comme des individus à échelle humaine. 

Pour simuler sa scène de plage bondée, l'auteur a utilisé la police Wee People de Propublica, qui est une police de caractères qui utilise des silhouettes en forme de personnes, "pour faciliter la création de graphiques Web mettant en avant des gens au lieu de points". Toutes les cartes ne peuvent pas utiliser des silhouettes humaines au lieu de points. Cela se traduirait par des cartes thématiques moins lisibles. Ce qui ne veut pas dire que les silhouettes Wee People ne peuvent pas être utilisées pour certaines cartes.

Liens ajoutés le 18 avril 2021




Lien ajouté le 4 août 2021

Voir également "Les dataviz du Covid-19" (vidéo du meetup organisé par l'équipe Dataviz de Toulouse en septembre 2020) : 

Lien ajouté le 9 août 2021


Lien ajouté le 26 novembre 2021


Lien ajouté le 21 janvier 2022

Lien ajouté le 15 mai 2022

Lien ajouté le 3 mars 2023
Articles connexes

Signaler les enfants bruyants dans sa rue : Dorozoku, un site cartographique controversé au Japon

 
Signalé par Maps Mania (The Noisy Children Map, 20 février 2021)

Le site de cartographie contributive Dorozoku n'est pas sans faire du bruit et susciter des controverses. Le site invite à signaler la pollution sonore par un code couleur (vert-jaune-orange) de manière à identifier les rues les plus bruyantes au Japon. Certains habitants ont commencé à utiliser ce site de partage d'informations pour se plaindre d'enfants bruyants qui jouaient dans la rue ou d'adultes qui parlaient fort. Au delà de la polémique, on peut partir de cet exemple pour ouvrir un débat sur les enjeux de ce type de carte contributive.

Page d'accueil du site de cartographie recensant les rues bruyantes au Japon (Dorozoku)


Ouvert en 2016, le site compte 5 973 rues bruyantes au 1er février 2021. La carte recense également les rues « mal utilisées » où l'on fait par exemple des barbecues ou on joue au football. Le créateur du site estime que « le problème est en partie les nuisances des voisins. Je veux oeuvrer pour éliminer ce problème au fil du temps. » Il se défend de vouloir encourager les conflits de quartier et dit s'employer à supprimer tous les messages "problématiques" (les dénonciations personnelles, les messages calomnieux ou incitant à la violence représentent environ 10% des commentaires déposés sur le site).

Des milliers d'utilisateurs ont  tenu à identifier les rues qu'ils jugeaient trop bruyantes et où les enfants causaient des dommages matériels. Certains se sont félicités que le site Dorozoku Map permette d'indiquer les zones calmes, notamment pour identifier les quartiers où se loger ou acheter une maison. D'autres ont été consternés de voir leur rue répertoriée sur la carte alors qu'ils avaient des voisins modèles. Les récriminations vont de pleurs de bébé à des enfants jouant dans la rue oo encore à la proximité d'un centre de soins pour enfants. D'aucuns y voient un encouragement à l'intolérance envers les enfants dans un pays à la population vieillissante.

Des études montrent que les « bruits irritants » peuvent être déterminés par la solitude de l’individu, par un sentiment d'étouffement en ville et d’autres facteurs psychologiques. Serait-ce qu'au Japon on soit plus sensible au respect du calme dans les espaces et les transports publics ? En période de crise pandémique, le confinement à la maison pourrait aiguiser cette sensibilité aux bruits extérieurs. La fermeture des écoles a eu aussi pour effet de reporter les bruits dans les quartiers d'habitation habituellement plus calmes pendant la journée, lorsque que les parents sont au travail et les enfants à l'école.

Selon Norihisa Hashimoto, professeur émérite d'ingénierie de l'environnement acoustique à l'Institut de technologie Hachinohe dans le nord-est du Japon, le stress causé par le virus pourrait transformer des personnes plutôt faciles à vivre en "vieux ronchons" lorsqu'il s'agit de protéger leur paix et leur tranquillité. "Ceux qui publient des commentaires sur le site Web devraient être plus tolérants et réfléchir si le comportement des autres peut vraiment être considéré comme une nuisance", a déclaré Hashimoto au quotidien Asahi Shimum, tout en conseillant aux parents ou tuteurs de vérifier si leurs enfants ne faisaient pas trop de bruit lorsqu'ils jouaient dehors.

Le débat sur ce qui constitue une nuisance sonore a attiré l'attention en 2014 lorsque les autorités de Tokyo ont déclaré que le bruit causé par des enfants ne pouvait plus être considéré comme une forme de pollution sonore. Cette décision visait à supprimer les obstacles juridiques à la construction de nouvelles garderies pour des dizaines de milliers d'enfants qui étaient alors sur listes d'attente, à permettre à leurs parents de travailler et, à long terme, à encourager les couples à avoir des familles plus nombreuses et à lutter contre le faible taux de natalité au Japon (voir ce graphique montrant la baisse de la natalité et la celui-ci concernant la pyramide des âges). Cette décision faisait précisément suite à une série de plaintes concernant des enfants bruyants et de tentatives pour empêcher la construction de garderies et de crèches.

En 2012, des résidents du quartier de Nerima à Tokyo avaient en effet intenté une action dommage-intérêt pour demander à une garderie de maîtriser ses enfants bruyants. Les plaignants s'étaient appuyés sur un règlement s'appliquant à la périphérie de Tokyo qui interdisait les bruits supérieurs à 45 décibels - à peine plus fort que ceux d'une bibliothèque moyenne - y compris ceux générés par des enfants bruyants. Le règlement a ensuite été modifié pour exempter les jeunes enfants et encourager les résidents à éviter les poursuites judiciaires et à parler calmement de leurs différends.

Sources

Mapping site showing areas of ‘annoying’ kids draws criticism (The Asashi Shimum)

Japanese website maps neighbourhoods that have noisy children (The Guardian)

Articles connexes

Une carte du bruit à l'échelle mondiale (projet Noise Planet)

Bruitparif, la plateforme cartographique du bruit en Île-de-France

Écouter le monde : une carte mondiale des sons

Un avenir pour les enfants du monde ? (Rapport OMS - UNICEF - Lancet)

L'impact de la pandémie sur les droits des enfants (KidsRight Index 2021)


Des astrophysiciens de Princeton inventent un planisphère recto-verso avec très peu de déformations

 

Professeurs à l'Université Princeton, J. Richard Gott et Robert Vanderbei ont travaillé avec David Goldberg pour créer une nouvelle projection originale : elle tient sur un disque recto-verso qui peut être inséré dans un manuel ou être rangé à plat. Selon les auteurs, elle fournirait des distances plus précises que la plupart des cartes planes existantes, tout en minimisant les distorsions. Mais cette projection est-elle vraiment nouvelle ?

Source : Princeton astrophysicists re-imagine world map, designing a less distorted, ‘radically different’ way to see the world (Princeton University)

Cette nouvelle carte recto-verso est ronde comme un disque de phonographe ou un disque vinyle. Pourquoi ne pas avoir une carte recto-verso qui montre les deux côtés du globe ? "C'est une carte que vous pouvez tenir dans votre main", déclare Richard Gott. En 2007, Goldberg et Gott ont inventé un système de notation permettant de mesurer six types de distorsions introduites par les cartes planes : formes locales, zones, distances, degré de flexion (des grands cercles à partir de la ligne droite qu'ils forment à la surface de la Terre), asymétrie (déséquilibre) et coupes aux limites (écarts de continuité). Selon ce système, la meilleure projection plane serait la projection Winkel-Tripel, avec un score Goldberg-Gott de 4,563. Mais elle pose le problème de la « coupure des frontières », de la division de l'océan Pacifique et l'illusion d'une grande distance entre l'Asie et Hawaï. La projection de Winkel-Tripel, choisie par le National Geographic pour ses cartes du monde, représente les pôles avec plus de précision que la projection Mercator, mais elle déforme beaucoup l'Antarctique.

De toute évidence, une approche complètement nouvelle était nécessaire. L’inspiration est venue du travail de Richard Gott sur les polyèdres. Les cartes polyédriques n'ont rien de nouveau. En 1943, Buckminster Fuller a découpé le monde en polyèdres réguliers et a fourni une méthode pour les assembler en un globe unique. De manière à conserver les formes des continents, Fuller a morcelé les océans et augmenté certaines distances, comme celle entre l'Australie et l'Antarctique. Il a créé la projection polyédrique « Dymaxion » basée sur un icosaèdre déplié. Dans un article de 2019, Richard Gott a commencé à envisager des « polyèdres d'enveloppe », avec des formes régulières qu'on pouvait assembler dos à dos, ce qui a conduit à l'idée de la carte recto-verso. Celle-ci peut être affichée avec les hémisphères est et ouest des deux côtés, ou selon l’orientation préférée de Gott, les hémisphères nord et sud, ce qui permet de représenter l’équateur sur le bord du cercle. En tous les cas, il s'agit d'une carte sans limites puisqu'on peut passer d'une face à l'autre. Pour mesurer les distances, on peut utiliser une ficelle ou un ruban allant d'une face à l'autre du disque.

La carte en disque double de Gott, Goldberg et Vanderbei minimise les six types de distorsions vus plus haut. Les auteurs ont utilisé une projection azimutale équidistante. Ce type de projection est bien connu. Elle constitue un compromis et, comme la Winkel-Tripel, elle comporte des défauts. Son principal avantage est de permettre de représenter l'Antarctique et l'Australie avec plus de précision. Les distances à travers les océans ou entre les pôles sont plus précises et faciles à mesurer (score d'erreur Goldberg-Gott : 0,881). La carte peut être imprimée en recto-verso sur une seule page de magazine, prête à être découpée. Les trois cartographes imaginent imprimer leur carte sur du carton ou sur du plastique, puis les empiler comme des documents, pour être stockées ensemble dans une boîte ou mises sur des couvertures de manuels.

Pour accéder à l'article scientifique :
Flat Maps that improve on the Winkel Tripel. Par J. Richard Gott, David M. Goldberg, Robert J. Vanderbei.
http://arxiv.org/abs/2102.08176v1 
 
Mike Bostocken en propose une version imprimable sous D3js :
http://observablehq.com/@d3/azimuthal-equidistant-hemispheres

Les auteurs affirment que, jusqu'à aujourd'hui, "personne n'avait encore créé des cartes recto-verso avec autant de précision. Le recueil de près de 200 projections cartographiques publié en 1993 par Chicago Press n'en contient aucune et il ne semble pas y avoir de brevets pour ce type de cartes". Pour autant, les cartes binoculaires ne sont pas nouvelles, elles étaient fort courantes autrefois. Matthew Edney (@mhedney) a écrit un article critique en deux parties pour montrer que la projection azimutale en deux hémisphères créée par les astrophysiciens de Princeton n'avait rien de révolutionnaire.

Matthew Edney, A "Radical Different" World Map ?
http://www.mappingasprocess.net/blog/2021/2/17/a-radically-different-world-map













Articles connexes

Pourquoi les projections icosaédriques ont tendance à nous fasciner

Projections en étoile et représentation d'un monde monosphérique

La projection Equal Earth, un bon compromis ?

La projection Peters, toujours aussi mal aimée ?

Des usages de la projection Spilhaus et de notre vision du monde

Le monde en sphères. Une exposition virtuelle de la BnF

Une carte topologique pour voir le monde autrement

World Map Creator, une application très pédagogique pour travailler sur les projections

Page de ressources sur les projections cartographiques

 

Radio Garden : un globe terrestre pour écouter des stations de radio du monde entier

 

Radio Garden offre une interface originale pour écouter gratuitement des milliers de stations de radio à travers le monde.

Munie d’une interface simple et ludique, Radio Garden permet de se balader sur un magnifique globe terrestre et de sélectionner l’une des nombreuses petites lumières vertes qui scintillent. Un clic sur une lumière et aussitôt vous pouvez écouter en direct la radio choisie avec la localisation, l’heure locale, le nom de l’émission en cours et le site web de la station de radio en question. Les stations radio peuvent être recherchées par nom ou par lieu (pays ou ville), puis enregistrées comme favoris.

Interface de navigation de Radio Garden


Le fait d'accéder à des radios via une carte du monde permet de découvrir des stations d'autres pays ou régions et d'explorer des genres musicaux et des styles informationnels très variés en fonction des aires culturelles. Passer de stations de radio en Afrique à d'autres en Asie ou dans les Caraïbes a quelque chose de très exotique, mais surtout de très immédiat dans l'accès à l'information et à la culture dans un monde certes globalisé, mais aussi très varié.

« En rapprochant les voix lointaines, la radio relie les gens et les lieux. Depuis ses tout débuts, les signaux radio ont traversé les frontières. Les réalisateurs et les auditeurs de la radio ont imaginé à la fois se connecter avec des cultures lointaines et se reconnecter avec des gens de chez eux à des milliers de kilomètres. » C'est la raison pour laquelle le globe terrestre qui sert d'interface de navigation ne comporte aucune frontière, donnant à voir la Terre comme une planète vivante interconnectée.

Radio Garden est basée à Amsterdam, aux Pays-Bas. Le projet a débuté en 2016 en tant qu'exposition commandée par l'Institut néerlandais du son et de la vision dans le cadre du projet de recherche Transnational Radio Encounters. Il a été créé, conçu et développé par Studio Puckey & Moniker. Depuis 2018, l'application est disponible sur téléphones portables pour les plates-formes iOS et Android.

Pour compléter

Recension de projets qui proposent d'explorer la carte par le son ou inversement : 
http://radio.jmfavreau.info/cartographie_et_son

Articles connexes

Drive & Listen, un site web pour s'immerger en voiture dans les rues des grandes villes mondiales

Écouter le monde : une carte mondiale des sons

Gens de la Seine, un parcours sonore dans le Paris du XVIIIe siècle

Google Street View et sa couverture géographique très sélective

La navigation en réalité augmentée arrive sur Google Maps
 

Bilan du transport maritime (UNCTAD) : une baisse du commerce mondial conteneurisé en 2020


En novembre 2020, la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (UNCTAD) a publié son rapport annuel sur  le commerce maritime et le trafic portuaire international :

Review of Maritime Transport 2020. United Nations publication.
http://unctad.org/webflyer/review-maritime-transport-2020

Ce rapport de 159 pages contient des tableaux statistiques, des cartes et des infographies qui permettent de mesurer les effets liés à la crise du Covid-19. Ces perturbations ne sont pas complètement nouvelles et prolongent une année 2019 qui avait déjà connu des difficultés. La pandémie a mis en évidence l'interdépendance entre les pays. Le commerce maritime est aujourd'hui à un moment charnière non seulement à cause des préoccupations immédiates liées à la pandémie, mais aussi du fait des considérations à plus long terme (changements dans la conception de la chaîne d'approvisionnement, tendances à l'évolution de la consommation et des habitudes de dépenses, accent mis de plus en plus sur l'évaluation des risques et le développement durable, notamment la sobriété carbone). La pandémie a mis en évidence l'importance du transport maritime pour pouvoir assurer la livraison continue des fournitures en temps de crise comme en phase de reprise.  

Les tensions ont entraîné une modification des structures commerciales. La recherche de marchés et de fournisseurs alternatifs s'est traduite par une réorientation des flux hors de Chine vers d'autres marchés, en particulier dans les pays d’Asie du Sud-Est. Les États-Unis ont augmenté leurs exportations vers le reste du monde, ce qui a contribué à compenser quelque peu la baisse de leurs exportations vers la Chine.

  Infographie montrant l'évolution et les réorientations du commerce maritime (source : UNCTAD)


Le commerce maritime mondial a plongé de 4,1% en 2020. Après la crise de 2008, le trafic de conteneurs s'était à nouveau développé. Il a de nouveau connu une baisse qui pourrait se prolonger en 2021. Le graphique montre la variation annuelle en pourcentage du commerce mondial conteneurisé depuis 1996.

 Évolution globale du commerce mondial conteneurisé de 1996 à 2020 (source : UNCTAD)


La Grèce, le Japon et la  Chine restent les 3 premiers pays propriétaires de navires en termes de capacité de chargement. Ils représentent 40% du tonnage mondial et 30% de la valeur de la flotte mondiale en 2019.

 Les 20 premiers pays propriétaires de navires en termes de valeur et de capacité de chargement (source : UNCTAD)


Le Panama, les îles Marshall et le Libéria restent les 3 premiers pavillons d'immatriculation des armateurs en 2019, représentant 42% de la capacité de chargement et 34% de la valeur de la flotte.


Pavillons d'immatriculation des navires par pays en 2020 (source : UNCTAD)

 

Le site de l'UNCLAT fournit par ailleurs des statistiques détaillées sur le commerce maritime mondial :
http://stats.unctad.org/handbook/MaritimeTransport/Indicators.html

On y trouve différents indicateurs par pays et par année, tel par exemple un indice de connectivité des lignes maritimes :
 

 
Les coûts d'expédition des conteneurs ont augmenté ces derniers mois comme en témoigne l'étude conduite par The Economist. Les conteneurs sont les éléments constitutifs du commerce mondial. Actuellement les gros pays exportateurs ne peuvent pas en avoir assez. La demande croissante de marchandises et la pénurie de conteneurs vides dans les ports asiatiques ont fait monter en flèche les coûts d'expédition des conteneurs. Depuis novembre 2020, le coût d'expédition d'un conteneur de 40 pieds d'Asie vers l'Europe a plus que triplé, passant d'environ 2 200 $ à plus de 7 900 $. Le prix des expéditions de marchandises d'Amérique du Nord vers l'Asie a lui aussi doublé. Les grands compagnies maritimes sont en train d'envisager des solutions pour rapatrier des conteneurs vides vers les grands ports qui en ont le plus besoin, notamment en Chine et en Amérique du Nord.

La grande déchirure logistique Asie/Europe