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Cartes et données sur les parcs nationaux aux Etats-Unis


Le premier parc naturel créé aux Etats-Unis est le parc de Yellostowne en 1876. Le National Park Service (NPS) a été fondé en 1916 pour gérer les espaces protégés, qui comptaient alors 35 parcs. Au cours du XXe siècle, le NPS a vu son champ d'action s'étendre à 63 parcs nationaux et à plus de 400 autres sites historiques à travers les 50 États des Etats-Unis. Parmi les sites protégés, on compte notamment des rives de lacs, des rivières et des sentiers, des champs de bataille, des monuments et des mémoriaux. 

Le service SIG et cartographie permet d'accéder à toutes les cartes du National Park Service. Ces cartes produites par le Harpers Ferry Center sont gratuites et disponibles au format JPEG, PDF et AI (fichiers de production Adobe). Le catalogue, qui comporte plus de 1 000 cartes, est interrogeable à partir d'un téléphone pour organiser une randonnée ou un ordinateur pour télécharger les cartes, les intégrer dans une application ou les imprimer.

Trouver une carte du National Park Service (source : National Park Service)


Les cartes du National Park Service sont produites par le gouvernement et sont dans le domaine public. Toute personne peut, sans restriction en vertu des lois américaines sur le droit d'auteur : reproduire l'œuvre sous forme imprimée ou numérique ; créer des œuvres dérivées ; exécuter l'œuvre en public ; afficher l'œuvre ; distribuer des copies ou transférer numériquement l'œuvre au public par vente ou autre transfert de propriété, ou par location, bail ou prêt. A noter : un utilisateur qui modifie et/ou réédite les cartes du National Park Service est responsable de tout problème rencontré avec les cartes, en raison de leur changement ou de leur modification.

Le portail des applications de gestion intégrée des ressources (IRMA) fournit des données sur :

En complément

Comment le National Park Service parvient à créer des cartes réalistes

Shade Relief, le site de Thomas Patterson consacré aux cartes en relief

Le parc national le plus proche en fonction des régions des Etats-Unis

Cartes narratives (storymaps) sur les parcs nationaux

Carte interactive montrant les terres fédérales par État et par comté


Articles connexes


Cartographie des incendies en Californie



Cartographier la trajectoire des éclipses solaires

 

Le spectacle des éclipses solaires suscite depuis longtemps la curiosité et l'admiration des hommes. Aujourd'hui les scientifiques sont en mesure de produire des cartes donnant la trajectoire précise de l'éclipse sur un globe terrestre. Ces cartes sont largement relayées par les médias et sur Internet. Elles participent à la popularité de ce phénomène céleste et favorisent l'attraction touristique autour de ce type d'événement. Entre outils de prévision, instruments de visualisation scientifique, supports de communication, quel est le statut et l'usage de ces cartes d'éclipses solaires ?

1) Les cartes d'éclipse, quesako ?

D'après l'Observatoire de Paris, on distingue deux types de cartes d'éclipes, les cartes générales et les cartes locales.

  • Pour chaque éclipse, on trace généralement une ou deux cartes générales de l'éclipse. Sur ces cartes on fait figurer les courbes suivantes : la bande de centralité (lorsqu'elle existe), les limites boréale et australe de l'éclipse, les courbes de commencement, de fin et de maximum au lever et au coucher du Soleil, ainsi que les courbes de commencement et fin pour des instants donnés (toutes les heures en général). Pour le tracé de ces cartes, on utilise une projection stéréographique, c'est-à-dire une projection azimutale conforme. Cette projection, qui conserve les angles mais pas les distances, déforme les continents mais permet d'avoir une représentation des pôles terrestres sur la carte. On utilise également une projection orthographique, elle permet de représenter la trajectoire de l'éclipse sur un globe terrestre vu de l'espace.

  • On trace également un certain nombre de cartes locales. Sur ces cartes, on donne également les courbes de commencement, de fin et de maximum pour des instants donnés (avec un pas plus adapté à la carte), et parfois on trace aussi la projection de l'ombre pour des instants donnés. Les cartes locales sont tracées à l'aide de différentes projections en fonction des lieux représentés (projection conforme de Lambert, projection de Mercator...).
Globe terrestre représentant la trajectoire de l'éclipse du 11 août 1999 (source : CLEA)
Voir des exemples de cartes générales et de cartes locales sur le site Astronomy.com

Eclipse solaire totale, partielle ou annulaire : comment ça marche ? (Le Monde - Les Décodeurs)

2) Depuis quand cartographie-t-on la trajectoire des éclipses ?

L'astronome Edmund Halley a été l'un des premiers à cartographier la trajectoire d'une éclipse solaire en 1715, particulièrement visible depuis l'Angleterre. D'après cet article qui brosse l'histoire des cartes d'éclipse solaire, la carte la plus ancienne représentant une éclipse serait celle d'Erhard Weigel (1654). Mais d'un point de vue scientifique, la carte de Halley serait vraiment novatrice en projetant l'ombre portée du corps céleste sur la Terre et en donnant une vue d'en haut. Une carte d'éclipse solaire de 1738 présente d'ailleurs la carte comme "le miroir astronomique du ciel : où l'on peut observer les phénomènes célestes les plus remarquables". Auparavant on représentait les éclipses vues d'en bas à travers des descriptions d'almanachs ou dans des oeuvres artistiques. On note cependant que, dès  l’époque médiévale, des érudits comme Johannes Sacro Bosco ont placé la Lune entre le Soleil et la Terre, montrant le cône d'ombre provenant de la Lune.

Au début du XVIIIe, Halley entendait faire de sa carte un outil d'information pour les moins bien informés et souhaitait par là mettre en avant les principes de sa philosophie naturelle :

« Une éclipse semblable n'ayant pas été vue depuis de nombreux siècles dans les régions méridionales de la Grande-Bretagne, j'ai pensé qu'il n'était pas inapproprié d'en rendre compte au public, afin que l'obscurité soudaine dans laquelle les étoiles seront visibles autour du Soleil, ne puisse surprendre personne parmi le peuple, qui, si elle n'était pas annoncée, serait enclin à la considérer comme de mauvais augure et à l'interpréter comme un mauvais présage pour notre Souverain Seigneur le Roi George et son gouvernement, que Dieu préserve. Par là, ils verront qu’il n’y a rien de plus naturel, et rien de plus que le résultat nécessaire des mouvements du Soleil et de la Lune. Et cette éclipse montrera à quel point ces éléments sont bien compris. »

François Arago montre dans son ouvrage Astonomie populaire (chapitre XXII) que les choses ont bien changé au milieu du XIXe siècle : « Fontenelle rapporte qu’en l’année 1654, sur la simple annonce d’une éclipse totale, une multitude d’habitants de Paris allèrent se cacher au fond des caves. Grâce aux progrès des sciences, l’éclipse totale de 1842 a trouvé le public dans des dispositions bien différentes de celles qu’il manifesta pendant l’éclipse de 1654. Une vive et légitime curiosité avait remplacé des craintes puériles ».

« Une description du passage de l'ombre de la lune sur l'Angleterre
dans l'éclipse totale du soleil (Halley, avril 1715)

Pour les éclipses de 1715 et de 1724, l’astronome Edmund Halley dresse deux cartes similaires de la Grande-Bretagne où il superpose sur une partie de l’Angleterre (celle qui voit le passage de l’éclipse) un grand disque ovale représentant l’ombre de l’éclipse. Les éclipses deviennent alors le sujet principal de la carte et plusieurs cartographes produisent de telles cartes –prédictives ou rétrospectives - sur l’éclipse « anglaise » de 1724, les « écossaises » de 1737 et 1748, « l’européenne » de 1764. En France, alors pays en pointe dans le domaine de la cartographie, cette dernière éclipse est traitée par deux cartes, celle de Lepaute, Lattré et Tardieu, et une seconde en 1764 par Louis-Charles Desnos (1735/1805), alors principal concurrent des Lattré. Elles ont toutes deux l’originalité d’être en couleur. Néanmoins celle de Lepaute paraît en premier, deux ans avant l’éclipse. Elle offre d’autres particularités, que vous pouvez découvrir sur Gallica.

Pour en savoir plus : 

  • « Halley et ses cartes des éclipses totales de 1715 et 1724 » (Harvard.edu)
  • « La carte de l’éclipse solaire du 1er avril 1764 : une œuvre féminine » (Gallica)
  • « Historical solar eclipse maps » (eclipse-maps.com)
  • « Halley's Eclipse : a coup for Newtonian prediction and the selling of science » (The Guardian)

3) L'exemple de l'éclipse du 8 avril 2024 en Amérique du Nord

La très belle carte-infographie Total Eclipse de Kenneth Field montre les lieux où l'éclipse du 8 avril 2024 sera la plus visible aux Etats-Unis (à télécharger en haute résolution sur le site d'ESRI). Chaque symbole sur la carte montre « la position de la lune au moment de l'obscurcissement maximum », offrant une visualisation très précise de l'étendue de l'éclipse à travers tout le pays. La carte comprend également une bande sombre qui montre la trajectoire de l'éclipse totale.

Le carte de Bloomberg utilise également des symboles solaires pour représenter l'étendue de l'éclipse plus ou moins visible selon les endroits. Les symboles sont animés pour montrer le passage de la lune devant le soleil vu de différentes villes d'Amérique du Nord. Voir également le site eclipse2024.org qui propose un simulateur d'éclipse solaire.

Les outils informatiques permettent aujourd'hui de réaliser des simulations et des cartes animées. Greg Fisk a par exemple produit une carte animée corrélée à un histogramme montrant l'heure de passage dans chaque ville et le nombre d'Américains plongés dans l'obscurité à ce moment-là.

Une nouvelle carte du calculateur d'éclipse John Irwin affirme que le chemin de la totalité, large d'environ 185 milles, est en réalité légèrement plus étroit qu'on ne le pensait auparavant, ce qui signifie que les personnes situées au bord de cette bande pourraient ne pas vivre l'expérience d'éclipse à laquelle elles s'attendaient.


L’engouement des Américains pour l’éclipse solaire du 8 avril 2024 est à l'origine d'une importante fréquentation touristique. Le nombre de réservations Airbnb sur son trajet a explosé. Le taux d'occupation pour toutes les annonces de location actives aux États-Unis, au Canada et au Mexique est de 92,4 % pour la nuit du 7 avril, en forte hausse par rapport à ce qu'elle était quelques jours auparavant (autour de  30 %), selon la société de données de voyage AirDNA.

« Les réservations Airbnb illustrent la trajectoire de l'éclipse totale » (Axios

« L'éclipse stimule les agences de voyages pour des Américains à la recherche d'un événement céleste rare » (Reuters)

« La trajectoire de l'éclipse laisse aussi une trace sur les prix élevés des hôtels » (New York Times)

« Eclipse solaire : état d’urgence aux chutes du Niagara, où un million de visiteurs sont attendus » (20 minutes). La commune de Niagara Falls (Canada) a confié ne pas avoir « les infrastructures pour autant de monde au même moment ».

La précédente éclipse solaire qui a eu lieu en août 2017 aux Etats-Unis ne semble pas avoir mobilisé une telle ferveur. Mais déjà à l'époque, la trajectoire de l'éclipse était visible à travers les requêtes dans le moteur de recherche Google (Washington Post).



Du fait qu'ils ont connu déjà une éclipse le 21 août 2017, les résidents américains ont la chance d' observer deux éclipses solaires totales en un peu moins de sept ans. Les chasseurs d'éclipses du monde entier vont à nouveau converger vers ce que l'on appelle le chemin de la totalité, ou la bande traversant les États-Unis à partir de laquelle les gens verront la lune recouvrir complètement le soleil le 8 avril 2024. « L'éclipse de 2024 pourrait être encore plus excitante en raison des différences dans la trajectoire, le calendrier et la recherche scientifique...En plus de cela, les téléspectateurs auront une meilleure chance de voir des protubérances qui apparaissent comme des volutes roses et brillantes provenant du Soleil », déclare la NASA sur son site. Lors de l'éclipse solaire de 2024, la Lune sera plus proche de la Terre qu'elle ne l'était lors de l'événement de 2017, obscurcissant encore davantage les rayons du soleil et créant un chemin de totalité plus large. La principale incertitude reste souvent la météo car la couverture nuageuse est susceptible d'empêcher de voir correctement l'éclipse. Heureusement il y a les images diffusées dans les médias et sur Internet pour assister au spectacle à distance.

Les données de l'éclipse solaire du 8 avril 2024 sont disponibles au format SIG sur le site de visualisation scientifique de la NASA (voir par ici les données de l'éclipse totale de 2017 et par l'éclipse partielle de 2023).

La trajectoire de l'éclipse totale de 2024 aux Etats-Unis (source : © NASA)




Carte des autres éclipses qui se produiront au cours du XXIe siècle aux États-Unis (Statista, licence CC)


Grâce à leur prévisibilité, il est possible de cartographier avec précision les prochaines éclipses solaires. Science News a cartographié les 14 prochaines éclipses totales de Soleil dans le monde qui vont avoir lieu dans les 20 prochaines années. Pour réaliser sa carte interactive, Science News s'est appuyé sur la base de données Canon des cinq millénaires des éclipses solaires de la NASA, qui fait un recensement détaillé de toutes les éclipses solaires de 2000 avant JC à 3000 après JC.
Articles connexes






Les stations de montagne face au changement climatique (rapport de la Cour des comptes)


Source : Les stations de montagne face au changement climatique (Rapport de la Cour des comptes, février 2024)

Synthèse du rapport

Si la France est une destination majeure pour le tourisme hivernal (2e rang mondial après les Etats-Unis), le modèle économique du ski français s’essouffle. Ce phénomène est accentué par le changement climatique qui se manifeste en montagne de manière plus marquée qu’en plaine, avec une hausse des températures, en accélération depuis les années 2010. Inégalement vulnérables en fonction de leur exposition au risque climatique, du poids de l’activité économique et de la surface financière de l’autorité organisatrice, toutes les stations seront plus ou moins touchées à horizon de 2050. Quelques stations pourraient espérer poursuivre une exploitation au-delà de cette échéance. Celles situées au sud du massif des Alpes seront en revanche plus rapidement touchées que les autres. Avec une gouvernance centrée sur l’échelon communal et des regroupements insuffisants, l’organisation actuelle ne permet pas aux acteurs de la montagne de s’adapter aux réalités du changement climatique à l’échelle d’un territoire pertinent. Afin de permettre l’adaptation dans une approche non concurrentielle, les très fortes inégalités entre stations et le montant important des fonds publics déjà mobilisés justifieraient la mise en place d’une solidarité financière entre collectivités. Ainsi, devrait être mis en place d’un fonds d’adaptation au changement climatique destiné à financer les actions de diversification et de déconstruction des installations obsolètes, alimenté par la taxe locale sur les remontées mécaniques. 

Schéma systémique concernant l'altération du moteur de la croissance des stations de ski au début du XXIe siècle
(source : Rapport de la Cour des comptes, février 2024)


Récapitulatif des recommandations 

  1. Mettre en place un observatoire national regroupant toutes les données de vulnérabilité en montagne accessibles à tous les acteurs locaux (ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires). 

  2. Faire évoluer le cadre normatif afin que les autorisations de prélèvements d’eau destinés à la production de neige tiennent compte des prospectives climatiques (ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires). 

  3. Formaliser des plans d’adaptation au changement climatique, déclinant les plans de massifs prévus par la loi Climat et résilience (autorités organisatrices, ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires). 

  4. Conditionner tout soutien public à l’investissement dans les stations au contenu des plans d’adaptation au changement climatique (ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires, régions, départements). 

  5. Mettre en place une  gouvernance des stations de montagne ne relevant plus du seul échelon communal (ministère de l’intérieur et des outremer, collectivités territoriales). 

  6. Mettre en place un fonds d’adaptation au changement climatique destiné à financer les actions de diversification et de déconstruction des installations obsolètes, alimenté par le produit de la taxe sur les remontées mécaniques (ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires, ministère de l’économie et des finances et de la souveraineté industrielle et numérique). 


Données disponibles sur les stations de ski

S'il n'existe pas encore de véritable observatoire national permettant de regrouper toutes les données, le site du Stationoscope du massif des Alpes permet d'obtenir des informations sur les types de station, leurs altitudes moyennes, leurs remontées mécaniques, leur mode de gestion. Les données téléchargeables sous forme de fichier Excel concernent l'ensemble des massifs montagneux en France. 

Aperçu de l'interface de consultation du site du Stationoscope du massif des Alpes


Une base mondiale des stations de ski est disponible sur le site 
Openskimap, qui reprend les données collaboratives d'OpenStreetMap. Concernant les stations en Europe, l'Agence européenne de l'environnement fournit une cartographie des massifs montagneux en Europe (fichier shp à télécharger).

Voir également le site Esquiades.com qui rassemble les cartes de grands domaines skiables dans le monde.

Pour compléter

« Les stations de ski vont-elles disparaître avec le réchauffement climatique ? » (Huffington Post). Une nouvelle étude donne l’alerte sur l’avenir des stations de ski européennes avec le réchauffement climatique. L’étude publiée dans Nature Climate Change (Le changement climatique exacerbe les défis liés à la neige, à l'eau et à l'énergie pour le tourisme de ski européen) n’annonce rien de bon pour celles situées sur le continent européen. Elles représentent la moitié des stations de ski dans le monde et sont toutes menacées par la raréfaction de la neige à cause du réchauffement climatique. Dans un scenario à +4 °C, la quasi-totalité d’entre elles devraient faire face à un manque de neige malgré l’utilisation de la neige artificielle.

François, H. et al. (2025). Enneigement des massifs montagneux et stations de sports d’hiver dans une France à +2,7 et +4 °C, La Météorologie, 129, 46-55. Cet article synthétise l'évolution de l'enneigement dans les massifs montagneux français et ses conséquences pour les stations de sports d'hiver, dans le cadre de la trajectoire de réchauffement de référence pour l'adaptation au changement climatique (Tracc), qui considère des niveaux de réchauffement national de +2,7 °C et de +4 °C, depuis la période préindustrielle, en 2050 et 2100, respectivement

« Dans les Alpes, des vacances au ski de plus en plus élitistes » (Le Monde). Des résidences et des commerces plus luxueux, des forfaits de plus en plus chers, des prix de l’immobilier prohibitifs. Avec la « montée en gamme » des grandes stations d’altitude, la clientèle française ne cesse de se réduire.

« Les stations de ski fantômes : mythes et réalité d’un angle mort de la géographie du tourisme » par Pierre-Alexandre Metral (Les Cafés géographiques). La « fin touristique » : normalité ou anomalie ? Pourquoi un domaine skiable ferme-t-il ? Quelle est la géo-histoire du phénomène de fermeture ? Les stations fantômes sont-elles réellement des stations ? Une incarnation de la station fantôme : la friche touristique. Vers la fin des friches touristiques ? La reconversion des anciennes stations de ski. 

« Dans les Hautes-Alpes, les stations de ski à l’épreuve du changement climatique » (The Conversation). Une diversification ski-centrée. Une diversification hésitante. Des usages spontanés par les usagers.

« Les stations de ski survivent au changement climatique. Avec plus d'argent et moins de neige » (Bloomberg). Les stations de ski disposant de plus de ressources financières, situées à une altitude plus élevée ou dont la plupart des pistes sont orientées vers le nord sont en principe mieux placées pour résister aux chocs du réchauffement climatique, selon une étude. Le changement climatique n’est donc pas la fin pour l’industrie, mais seuls les plus aptes survivront.

« Production de neige : le piège de la dépendance pour les stations de ski ? » (The Conversation). Dans un article scientifique récemment publié, les auteurs ont décrypté les mécanismes de dépendance présents dans l’industrie des sports d’hiver vis-à-vis de cette production de neige. Voici les principaux enseignements de notre recherche.

« On ne peut pas abandonner le ski" : dans les Pyrénées-Orientales, la station de Font-Romeu à fond sur la neige artificielle » (France Info). Dans un département confronté à une sécheresse historique, la station réalise une de ses meilleures saisons. Et compte sur ses canons pour survivre jusqu'en 2050.

« Les stations de ski, c’est fini ? » (France Culture). "Partir à la neige", c’est peut-être bientôt terminé. Changement climatique, disparition de la neige, sites inadaptés, la période de gloire des stations touche-t-elle à sa fin ? Et pourquoi les politiques de l’après-guerre ont-elles vendu à tout prix le rêve des fameuses vacances à la neige ?

« Avec les JO d’hiver 2030, les Alpes sont sur la mauvaise pente » (Libération). En concentrant les moyens sur une infime partie du massif pour seulement quinze jours de compétition, les Jeux risquent d’aggraver les fractures territoriales et freiner l’adaptation de la région au réchauffement climatique. Un total contresens, estime la présidente de l’ONG Mountain Wilderness France, Fiona Mille.

Du blanc sur beaucoup de vert, l'image des stations avec neige artificielle en hiver (France Inter).

« Dessinateur de pistes : un métier qui sent bon le sapin » (Graphein). Pierre Novat est le dessinateur de plans de pistes de ski français. De l'autre côté de l'Atlantique, même métier pour un seul et unique homme à l'origine des plans des meilleures pistes de ski américaines : James Niehues.

Cartes en 3D des grands domaines skiables dans le monde (Esquiades.com).


Articles connexes

S'exercer à cartographier des migrations dès la classe de 4ème


Carte Blanche sur la migration syrienne par Françoise Bahoken sur le site Néocarto :
http://neocarto.hypotheses.org/12389

Imaginez que vous avez Carte Blanche. Vous aussi, vous pouvez alors jouer à manipuler les cartes sur les migrations, en prenant l’exemple de la cartographie de la migration syrienne (2015), telle que présentée ici.

Un exercice cartographique interactif (accessible aux élèves de collège dès la 4ème) vous est proposé, dans l’objectif d’aborder le double sujet de la migration internationale et de (sa) data visualisation. L’idée est de susciter l’échange sur des ressorts de la production cartographique sur des migrations sous un angle ludique, mais avec une ambition informative claire sur l’intention d’un.e cartographe en lien avec le message reçu / perçu par un grand public.

L'application a été développée par Alain Ottenheimer, directeur de DatasensAssociation toulouse dataviz (TDV). Elle est facile à prendre en main et permet de s'initier au langage cartographique : choix cohérents du titre, de la taille et de la couleur des figuré ainsi que du message à délivrer.


Carte Blanche sur la migration syrienne (source : Neocarto)

 


Pour guider les élèves dans cette approche critique de la carte, on peut leur donner quelques pistes :
  • Où sont placés les ronds par rapport au territoire de chaque pays (centroïdes) ?
  • Quelle taille choisir pour ces cercles proportionnels ? (éviter les chevauchements et respecter la règle d'1/7e de la surface du territoire)
  • Quel symbolisme des couleurs ?
  • Que représente la zone grisée ?
  • Quelle influence de la taille et de la couleur des figurés dans la perception visuelle du phénomène représenté ?
  • Quelle influence du titre sur la perception globale du message délivré par la carte ? (quel titre correspond le mieux à ce que l'on veut montrer ?)

Articles connexes

Cartographier les migrations internationales

Pas de stocks en aplat ni de taux en symboles proportionnels

MigrExploreR pour géo-visualiser des migrations internationales

Une data-story sur les flux de migrations en Afrique

Utiliser Khartis dans le cadre de la géographie scolaire

S'initier à la cartographie par densité de points


Des tentatives pour cartographier les lieux affectés par le sur-tourisme


Signalé par Maps Mania - The Over-Tourism Map (article du 4 avril 2019)

L'objectif du projet est clair : lutter contre une forme de "disneylandisation" du monde (des villes muséifiées, des plages polluées, des sites patrimoniaux saturés...) en montrant les lieux qui sont les plus affectés par le sur-tourisme. Pour accéder à la carte : 



Les données utilisées proviennent de la Banque mondiale et concernent le nombre de touristes (définis comme ceux qui ont visité le pays au cours des 12 dernier mois) proportionnellement au nombre d'habitants. Plus la couleur va vers le jaune-orangé, plus il y a risque de sur-tourisme. Le gris signifie l'absence de chiffres disponibles. En rouge sont indiquées les villes qui pourraient souffrir d'un nombre excessif de touristes (sur le site, cliquer sur les points rouges pour faire apparaître leur nombre de touristes).

La carte se veut une tentative pour mettre en évidence les lieux où le sur-tourisme peut avoir un impact négatif sur la population locale et sur les espaces visitées. Elle ne donne pas vraiment d'éléments sur le seuil (existe-t-il ?) à partir duquel il y aurait sur-tourisme.

Dans la FAQ mise à disposition sur le site, le sur-tourisme est défini comme le fait de trouver un grand nombre de visiteurs en un même lieu de sorte que cela entraîne un impact négatif sur les locaux et / ou sur les touristes eux-mêmes. Parmi ces effets négatifs (non visibles en tant que tels sur cette carte statistique) sont cités plusieurs cas de figure :
  • lorsque les habitants et les touristes sont coincés dans les rues, les espaces publics ou les transports en commun
  • lorsque la gentrification touristique aboutit à faire disparaître les traditions et les activités locales remplacées par des boutiques de souvenirs
  • lorsqu'il y a des impacts négatifs pour l'environnement

Cependant, le sur-tourisme ne se confond pas complètement avec le tourisme de masse. Comme il est utilement rappelé, certains lieux sont en mesure de faire face à des millions de touristes, tandis que d'autres ont du mal à surmonter une augmentation, même légère, de la fréquentation. Les villes et les lieux marqués d’un point rouge ont été retenus du fait qu'ils étaient souvent mentionnés dans des articles de presse et dans des recherches concernant le sur-tourisme. Les points rouges ont été ajoutés manuellement, cette liste n’est donc pas exhaustive et a vocation à être complétée.

Un forum a été ouvert sur Reddit pour inviter les utilisateurs à commenter la carte et à faire part de leurs remarques : http://reddit.com/r/overtourism

Top 10 des pays qui ont le plus de touristes par habitant :
  1. Islande : 6,2 touristes/habitant
  2. Croatie : 3,78 touristes/habitant
  3. Les Bahamas : 3,64 touristes/habitant
  4. Autriche : 3,34 touristes/habitant
  5. Chypre : 3,01 touristes/habitant
  6. Monténégro : 3,02 touristes/habitant
  7. Grèce : 2,53 touristes/habitant
  8. Estoniie : 2,47 touristes/habitant
  9. Irlande : 2,15 touristes/habitant
  10. Danemark : 2,04 touristes/habitant
Top 10 des sites qui ont le plus de touristes par habitant.
  1. Cinque Terre (Italie) : 4 800 touristes/habitant
  2. Hallstatt (Autriche) : 1 283 touristes/habitant
  3. Dubrovnik (Croatie) : 1 000 touristes/habitant
  4. Venise (Italie) : 364,64 touristes/habitant
  5. Santorin (Grèce) : 128,62 touristes/habitant
  6. Salzbourg (Autriche) : 45,94 touristes/habitant
  7. Kyoto (Japon) : 36,39 touristes/habitant
  8. Palma de Majorque (Espagne) : 32,26 touristes/habitant
  9. Ile de Jeju (Corée du sud) : 24,8 touristes/habitant
  10. Amsterdam (Pays-Bas) : 22,5 touristes/habitant

En complément : 

-  The Guardian: How tourism is killing Barcelona
- UNTWTO : Overtourism ? – Understanding and Managing Urban Tourism Growth beyond Perceptions
- Spotted by locals : Overtourism, an antidote
- Conde Nast traveler : How Amsterdam is solving its overtourism problem
- Research4Committees : Overtourism: impact and possible policy responses. A consulter pour les exemples fournis et surtout pour ce modèle conceptuel sur l'"overtourism" :


Ce schéma montre les différents indicateurs statistiques qui peuvent être utilisés pour mesurer le sur-tourisme et témoigne des facteurs psychologiques, sociaux, politiques... qui sont également à prendre en compte. Des réponses sont proposées pour diminuer la pression touristique (à Amsterdam par exemple, les touristes sont invités à visiter des zones extérieures à la ville-centre).

L'agence Voyageons Autrement qui promeut un tourisme durable, propose une carte collaborative des lieux souffrant de sur-fréquentation touristique : http://www.voyageons-autrement.com/carte-du-monde-tourisme-de-masse-surtourisme

Réalisée avec Google Maps (possibilité de télécharger le fichier KML), cette carte propose une typologie différente qui permet de distinguer :
    • En noir : lieux dont l’accès est à présent interdit à cause du tourisme de masse.
    • En rouge : lieux souffrant du tourisme sans aucune mesure mise en place.
    • En orange : lieux souffrant du tourisme de masse où des mesures sont prises.
    • En jaune : lieux à surveiller, on commence à parler de tourisme de masse.
    • En bleu : lieux ajoutés collaborativement par les internautes à trier : chercher un article dans les médias, mettre dans la bonne catégorie et de la bonne couleur.
      En cliquant sur un lieu sur-fréquenté, on accède à des informations sur le lieu. Les lieux listés sur cette carte sont le fruit de recherches menées par les étudiants en tourisme d’Excelia Group La Rochelle et encadrés par Florie Thielin. Il ne s’agit pas d’une étude scientifique, mais plutôt d’un observatoire qui recense des informations à partir des médias. La carte est destinée à être complétée de manière collaborative. Les lieux sont classés en 5 types :
      • Villes
      • Sites de patrimoine culturel / historique / villages
      • Côtes et plages
      • Nature
      • Événements


      « Le surtourisme est-il l'ennemi du tourisme ? Parlons-en avec Rémy Knafou et Linda Lainé » (France 24)

      La présidente du Louvre a lancé l’alerte sur l’état de son établissement et elle n’a pas mâché ses mots, décrivant le musée le plus visité au monde comme un bâtiment incapable de gérer ses 9 millions de visiteurs annuels. Il y a la vétusté du bâtiment, bien sûr, mais aussi cette fréquentation qui n’avait pas été anticipée lors des travaux du joyaux tricolore, il y a 35 ans. Le Louvre est-il la dernière victime du surtourisme, lorsque trop de visiteurs sont concentrés en masse au même endroit, mettant en péril les lieux et les modes de vies des habitants ? C’est une question qui se pose dans le monde entier, quand on sait que 95% des touristes se concentrent sur 5% des terres immergées…










      Sciences et Avenir : Le surtourisme pisté grâce au GPS des smartphones
      (source : © Citiprofile.com, https://www.citiprofile.com/5028-2/)



      Emanuele Giordano, « (Sur)vivre dans une ville touristique : les effets socio-spatiaux du surtourisme dans le centre historique de Venise », Géoconfluences, juin 2025.
      Avec 20 millions de visiteurs estimés par an, Venise est devenue l’une des principales destinations touristiques mondiales. Toutefois, dans un contexte marqué par l’absence de politiques de régulation adéquates, ces flux touristiques massifs compromettent l’accès des résidents aux ressources urbaines telles que le logement, le tissu commercial ou encore l’espace public. Cette situation engendre des sentiments de dépossession qui, conjugués à la hausse des prix de l’immobilier et des biens de consommation, contribuent au dépeuplement progressif du centre historique.

      « Des manifestations dans toute l’Europe contre la touristification » de certaines villes : "Je ne veux pas déménager, je veux avoir le droit d’habiter ici" » (Le Monde)

      « Des militants organisent des manifestations coordonnées à travers l'Europe contre la touristification » (The Guardian, 15 juin 2025).


      Surtourisme. Dans certains quartiers de Barcelone, le pourcentage de logements entièrement dédiés à Airbnb approche les 20 %, il atteint même les 30 % si l'on inclut les chambres louées (parasites.streamlit.app)


      Articles connexes



      The Green Book, un guide touristique qui donne à voir la géographie des lieux jugés "fréquentables" par des Noirs dans l'Amérique de l'après guerre.


      The Green Book est un guide de voyage touristique publié entre 1936 et 1966 dont le but était de répertorier les hôtels, restaurants, bars, stations-service, où les voyageurs noirs étaient acceptés. La New York Public Library a développé une interface cartographique en ligne pour vous inviter à en explorer le contenu :
      http://publicdomain.nypl.org/greenbook-map/index.html




      The Green Book pourrait faire penser au célèbre Guide vert édité par Michelin, mais le nom a une autre origine. De 1936 à 1966, Victor Green, un employé des postes qui travaillait dans le New Jersey mais vivait à Harlem, a publié des annuaires touristiques connus aujourd'hui sous le nom de Green Book. Il s'agit notamment du Livre de l'automobiliste noir (1947) et du Livre du voyageur noir (1956) qui ont été utilisés comme base de données pour cette application cartographique.




      Le site peut être consulté en mode de navigation libre ou en choisissant son itinéraire. Il permet de nous plonger dans l'Amérique de l'après guerre et sa politique de ségrégation. L'occasion de comprendre comment on pouvait "voir le monde en fonction de la couleur de sa peau". Deux cartes (heatmaps) sont particulièrement intéressantes, elles donnent à voir la géographie des lieux considérés comme "fréquentables" par des Noirs en 1947 et en 1956 (avant la politique de déségrégation mise en place dans les années 1960-70). En creux, se dessinent les régions à plus forte ségrégation ou simplement celles où la population noire est moins nombreuse.






      Extrait du guide édition de 1949 (introduction)

      "Dans l'introduction de ce guide de voyage paru en 1936, notre idée était de donner au voyageur noir des informations qui lui éviteraient de rencontrer des difficultés, des embûches et de rendre ses voyages plus agréables..."

      "Si ce guide vous a été utile lors de vos voyages, faites-le nous savoir. Sinon, dites-nous aussi vos critiques et vos idées pour améliorer ce guide."

      "Il viendra un jour, dans un proche avenir, où ce guide n'aura plus besoin d'être publié. A ce moment-là, notre race aura les mêmes chances et les mêmes droits que les autres aux États-Unis. Ce sera un grand jour pour nous de suspendre cette publication car nous pourrons aller où bon nous semble et sans gêne. Mais tant que ce temps-là ne sera pas arrivé, nous continuerons à publier ces informations chaque année."


      Lien ajouté le 1er octobre 2019

      Une carte interactive des lieux à Detroit répertoriés dans les éditions successives du Green Book de l'automobiliste noir de 1940 à 1963 : http://arcg.is/19bzr8



      Lien ajouté le 30 novembre 2019

      Les cartes décoratives de Jacques Liozu réalisées dans les années 1950-60 pouvaient révéler des réalités assez dures, telle cette carte de l'Alabama représentant les travaux des Noirs notamment dans les champs de coton. Le même type de carte pour le Mississipi ou la Louisiane.

      Lien ajouté le 18 février 2020


      Lien ajouté le 17 juin 2020
       
       
      Lien ajouté le 28 août 2020

       
      Lien ajouté le 18 septembre 2020


      Lien ajouté le 7 avril 2021

      Lien ajouté le 20 mai 2021

      Sonia Felix-Naix, professeure d'anglais, propose une critique de l'excellent film de Peter Farelly 'Green Book' ainsi que quelques pistes d'exploitation pédagogique. What defines us ? How can we define our identity ? Black American history / the Civil rights movement. What’s the heritage of African American activism today ? Changing the heart of men, changing  the world. What does it  take to change the world ?




      Lien ajouté le 31 janvier 2022

      Articles connexes

      Analyser et discuter les cartes des "pays à éviter" pour les voyageurs


      Le Ministère des Affaires Étrangères communique régulièrement des informations sur le site France Diplomatie afin d'informer les voyageurs sur les conditions de sécurité dans chaque pays :

      Les cartes de "Conseils aux voyageurs" sont disponibles par pays et par grandes régions du monde : Monde - Afrique - Afrique du Nord / Moyen Orient - Asie / Océanie - Europe. La symbologie utilisée est la suivante :
      • rouge : formellement déconseillé
      • orange : déconseillé sauf raison impérative
      • jaune : vigilance renforcée
      • vert : vigilance normale

      Les informations contenues dans ces cartes sont mises à jour en fonction de l'évolution de la conjoncture, des événements politiques, des conflits et des conditions sociales, sanitaires, environnementales rencontrées dans chaque pays. Ces cartes interrogent quant à leur interprétation :
      • Quel sens accorder aux couleurs utilisées ?
      • Quels sont les critères qui servent à établir ce classement ?
      • A qui s'adressent ces conseils (aux touristes, aux expatriés, aux journalistes,...) ?
      • Peut-on en inférer une classification des pays en fonction de leur "dangerosité", en particulier en Afrique et au Moyen Orient identifiés comme les zones à plus forts risques ?



      Si ces cartes peuvent être jugées parfois un peu alarmistes, le risque n'est-il pas à l'inverse de ne leur accorder aucun crédit, sous prétexte qu'elles ne traduisent pas les réalités du terrain qui sont aussi complexes que changeantes ? Largement reproduites dans les médias (cf cette carte interactive créée par la Nouvelle République), ces cartes avec leur tâches rouge-orangé véhiculent une vision du monde et orientent en partie les flux des touristes (cf tendance à se détourner de pays jugés instables ou dangereux).

      Pour discuter ces cartes de "risques", il est important de les recouper avec des indicateurs sur le plan social, économique, politique, environnemental. Pour pouvoir également les relativiser, il est intéressant de les croiser avec des cartes publiées par d'autres pays ou d'autres organismes. Voici par exemple les cartes fournies par le site Travel Security Strategies (LATAM) pour 2019 :
      http://blog.tsslatam.com/country-risk-level-forecast-maps-for-2019




      Ces cartes diffèrent notablement entre elles, ce qui permet d'en discuter les critères. Un élément est à souligner : beaucoup de sites proposent des cartes de risques par pays, alors que le Ministère français des Affaires Étrangères s'efforce de cartographier, dans la mesure du possible, les zones à risques à l'échelle de régions à l'intérieur des pays (cf cas de l'Algérie ou de l'Egypte, pays relativement sécures malgré des secteurs à risques). Le Mexique, l'Inde et l'Ukraine sont cités également comme "moyennement dangereux", en dépit de régions à risques à l'intérieur de ces pays. La France qui n'a jamais été classée dans les pays à risques pourrait souffrir d'une image en partie négative. Paris a été touché successivement par les attentats de 2015 et par "l'effet gilets jaunes" en 2018-2019 : une capitale pour autant classée dans les villes à éviter ?

      Certains sites Internet proposent des classements par score de sécurité, comme par exemple Best of One qui donne un classement des pays, des plus dangereux aux plus sûrs. Ce classement est établi à partir d'une liste de 23 critères de sécurité internes et externes rassemblés par l'Institut pour l'Économie et la Paix. Parmi les indicateurs internes les plus importants, on trouve : le taux d'homicides, l'intensité des conflits internes, les crimes violents, l'instabilité politique et la terreur politique. Concernant le taux d'homicides par pays, consulter le site Homicide Monitor. Parmi les indicateurs externes les plus importants, on trouve : les relations avec les pays voisins, les décès dus à un conflit externe, les réfugiés et personnes déplacées, les exportations d'armes, et les capacités nucléaires et d'armes lourdes.

      D'autres sites comme par exemple le site Vision of Humanity procèdent à un classement inverse à partir d'un indice de paix globale (global peace index), dont on peut étudier l'évolution sur la période 2008-2019. Les critères restent les mêmes : le degré plus ou moins important d'instabilité et de conflictualité, à l'exclusion d'autres risques socio-économiques ou environnementaux. Le cas du Japon est à cet effet intéressant dans la mesure où les risques naturels et technologiques y sont importants. La capacité des autorités à les gérer est jugée suffisante de sorte que le pays est entièrement en vert, à l'exclusion notable de la région de Fukushima où la radioactivité est encore forte. Ce qui témoigne là encore de la difficulté à apprécier la "dangerosité" réelle d'un pays (le Japon possède pourtant d'autres centrales nucléaires implantées sur ses littoraux à proximité de grandes villes).


      La notion de "pays à risque" peut aussi différer en fonction de son pays d'origine. Le magazine Forbes établit par exemple un classement des pays les plus dangereux à visiter pour les Américains, dont la politique étrangère du pays peut susciter des réactions de rejet :
      http://www.forbes.com/sites/priceonomics/2017/

      Le Courrier international propose une carte des pays les moins sûrs du monde pour les expats (2019) :
      http://www.courrierinternational.com/article/carte-les-pays-les-moins-surs-du-monde-pour-les-expats

      Le risque peut différer aussi si l'on est un homme ou une femme. Certains sites dissuadent les femmes de voyager dans des pays jugés dangereux pour elles. Les critères ne sont pas toujours explicites : il s'agit en général de pays où la condition des femmes est peu respectée, mais il est difficile de dire si ce risque touche les femmes touristes en particulier.
      http://www.femmeactuelle.fr/voyage/voyage-pratique/tourisme-10-pays-les-plus-dangereux-femmes-42076

      Certains  sites publient des cartes ou des classements des "pays à éviter" pour des raisons qui ne sont pas géopolitiques mais qui sont liées à la surfréquentation touristique et aux nuisances pour l'environnement. Le site Profession Voyages présente le top 10 des destinations à éviter en 2018 :
      http://www.professionvoyages.com/10-des-destinations-a-eviter-en-2018/

      Cela peut concerner également les "pièges à touristes" présentés comme des sites saturés et à éviter :
      http://www.farandwide.com/s/overrated-tourist-traps-a83a136ae93848d5
      http://www.courrierinternational.com/article/tourisme-douze-destinations-qui-craquent

      Le site Fodor Travel publie chaque année une "no go list" des lieux et des pays à éviter, en distinguant les pays qu'on ne recommanderait "pas à sa famille ni à ses amis" de ceux qui sont jugés objectivement dangereux. Cette liste n'a rien d'officiel, mais elle est largement citée par les agences de voyages (ce qui n'empêche pas certaines destinations comme Venise, Acapulco, Ibiza de continuer à être très fréquentées). Au final, le site reconnaît humblement que ces recommandations restent très relatives, un pays comme les Etats-Unis où l'usage des armes à feux est très courant n'étant pas un pays absolument sûr non plus. L'intérêt de la liste établie par Fodor Travel est de permettre des comparaisons d'une année à l'autre. Voici la "no go list" pour 2019 (comparée à 2018) : http://www.fodors.com/news/photos/fodors-no-list-2019

      Face aux excès de la "touristification" du monde, dans les villes en particulier, des mouvements de résistance des habitants s'organisent. La rhétorique de l'exposition aux risques et de la vulnérabilité des populations locales est largement utilisée comme par exemple dans cette affiche qui donne des conseils  pour se prémunir des effets du (sur)tourisme urbain, avec des dispositions à prendre comme on le ferait face à un séisme (source : Rapport sur la destruction des villes par le tourisme - Lisbonne tremble encore)



      Pour compléter

      Voyages, pays à éviter : faut-il se fier aux recommandations du quai d'Orsay ? Le Nouvel Observateur, 15 août 2017

      Conseils et avertissements du Canada
      http://voyage.gc.ca/voyager/avertissements

      Conseils par destination de la Belgique
      http://diplomatie.belgium.be/fr/Services/voyager_a_letranger/conseils_par_destination

      Recommandations et conseils aux voyageurs de la Suisse
      http://www.eda.admin.ch/eda/fr/dfae/representations-et-conseils-aux-voyageurs/conseils-voyageurs/destinations-de-voyage.html

      Conseils par pays de Smart traveller (Australie) :
      http://smartraveller.gov.au/countries/pages/list.aspx

      Conseils du site Visalist
      http://visalist.io/travel/advice


      Liens ajoutés le 12 mai 2019

      L'épisode tragique des deux otages français capturés alors qu'ils faisaient du tourisme en avril 2019 dans le parc de la Pendjari au nord du Bénin pose la question des marges d'interprétation des cartes publiées par le site du Ministère des Affaires Etrangères (MAE). Situé à la frontière du Burkina Faso, ce parc n'était pas véritablement indiqué comme une zone dangereuse. La situation, très évolutive dans la région du Sahel frappée par le terrorisme islamiste, a conduit à faire évoluer progressivement la carte comme le montre le montage ci-dessous :

      Évolution des cartes mises en ligne sur le site du MAE (novembre 2018 - mai 2019)

      En novembre 2018 (carte de gauche), le nord-ouest du Bénin où se situe le parc de la Pendjari ne fait pas partie des "zones formellement déconseillées". Seules les zones frontalières du Niger et du Nigéria sont en rouge.

      Le 7 avril 2019 (carte du milieu), les zones "formellement déconseillées" (en rouge) sont :

      • la zone frontalière burkinabé et nigérienne
      Compte tenu de la présence de groupes armés terroristes et du risque d’enlèvement, les déplacements à la frontière nord du Bénin sont formellement déconseillés.

      • le parc national du W
      En raison de la présence de groupes armés et des menaces pesant sur les ressortissants occidentaux, il est formellement déconseillé de se rendre et de séjourner dans le parc national du W au nord du Bénin.


      Même si le parc de la Pendjari n'apparaît pas en rouge, il est indiqué que :
      Compte tenu du contexte régional, le risque terroriste ne peut être totalement écarté au Bénin. Les attentats de Grand Bassam en 2016 en Côte d’Ivoire et les évènements de 2018 au Burkina Faso ont montré que les groupes terroristes de la région ciblent les lieux de divertissement et hôtels où séjournent les étrangers. Il est recommandé d’observer la plus grande vigilance et de s’assurer que les accès à ces lieux sont sécurisés.

      Le 6 mai 2019 suite à la prise d'otages, les informations ont changé sur le site (carte de droite) :

      Incident de sécurité dans le parc de la Pendjari

      Un incident de sécurité sérieux a affecté deux compatriotes qui visitaient le parc de la Pendjari. Il est rappelé que la zone frontalière du parc de la Pendjari, ainsi que la totalité du parc du W sont formellement déconseillées. Une large part du parc de la Pendjari et une importante zone du nord du Bénin sont déconseillés sauf raison impérative. Ce niveau de vigilance est incompatible avec les activités touristiques.

      Plus globalement cela interroge le sens à donner à ces cartes de vigilance concernant les risques terroristes qui constituent des risques diffus et difficiles à prévoir. « La menace a changé de forme, elle est devenue beaucoup plus mobile et ce sont maintenant les pays situés au sud du Mali qui sont les cibles, avec des fragilités singulièrement au Burkina Faso mais même dans le nord du Bénin », s’est justifié le chef de la diplomatie française.

      La montée des tensions au Burkina Faso avait fait l'objet d'une modification de la carte des zones déconseillées en mars 2018, la menace concernant désormais la frontière avec le Niger et le Bénin (la capitale Ouagadougou se situant à la limite de la zone jaune / orangé) : http://bf.ambafrance.org/Nouvelle-cartographie-des-zones-a-risque-du-Burkina-Faso


      Comme le fait remarquer Didier Arino, directeur du cabinet spécialiste des études et du conseil dans le secteur du tourisme, Protourisme : « Que l’on soit bien clair. Dans certaines zones de l’Afrique subsaharienne, le touriste constitue une valeur marchande, un coffre-fort ambulant. Qui plus est, le Bénin est un territoire immense, difficile à sécuriser et qui a des frontières avec le Burkina Faso, le Niger, le Nigeria et le Togo où le risque terroriste est réel. Mais vous aurez toujours des passionnés de l’Afrique qui vous diront que le risque est partout. »

      « J’ai toujours rêvé d’aller dans ce parc de la Pendjari, mais ma belle-famille qui vit dans le pays m’a toujours interdit formellement de le faire », témoigne Eric, marié à une Béninoise. Pour quelle raison ? « C’est un lieu de passage pour les terroristes qui viennent du sud Niger, explique le Parisien. Les Béninois ne vous le diront jamais officiellement mais la dangerosité de ce secteur est très connue des locaux. »

      Sur la carte de "conseils aux voyageurs" à l'échelle mondiale, le Bénin n'apparaissait pas comme un pays à risque (carte du 14 mars 2019) :






      Lire ce thread qui revient sur les ambiguïtés d'interprétation concernant la carte des pays dangereux et plus précisément les "zones formellement déconseillées" :

      Depuis 1986, le parc de la Pendjari a été classé comme une réserve de biosphère par l'UNESCO. En 2017, le gouvernement du Bénin et African Parks ont signé un partenariat pour réhabiliter le Parc national de la Pendjari, l’une des plus grandes réserves protégées restantes en Afrique de l’ouest et centrale. L’objectif est de doubler la population d'animaux sauvages en une décennie, de développer un tourisme responsable et de rehausser le profil du parc en tant que destination, et assurer un développement économique et social axé sur la conservation, au profit de la population du pays (source : Wikipédia).


      Le business plan du parc de la Pendjari mettait en avant dans son bilan (2007-2011) la nécessité de développer un "tourisme de vision" censé suppléer le "tourisme cynégétique". Après cette prise d'otages, le parc risque de souffrir d'une désaffection de la clientèle internationale :



      Prolongements

      La France déconseillait-elle de se rendre dans le parc de la Pendjari, au Bénin, où ont été enlevés les otages libérés au Burkina Faso ? (FranceTV info)

      Français libérés au Burkina Faso. La carte des zones d’Afrique de l’Ouest déconseillées aux voyageurs (Ouest France) :

      Tourisme en zones à risques : le Quai d'Orsay n'a pas toujours le dernier mot (RFI)

      Non, les deux otages enlevés au Bénin n'avaient pas pris de "risques majeurs" (Marianne)


      Liens ajoutés le 23 mai 2019

      Réalisée par International SOS et Control Risks, deux spécialistes mondiaux du risque, l'édition 2019 de la Travel Risk Map évalue les niveaux de risques santé et sécurité dans le monde entier :
      http://www.controlrisks.com/-/media/corporate/files/riskmap/maps/riskmapmap2019uka184web.pdf

      Cette carte des risques est destinée au départ au monde des affaires et à toutes les personnes qui voyagent pour faire du business. Deux types de risques sont cartographiés. D'une part les risques liés à la sécurité évaluent les menaces pesant sur les actifs financiers, physiques et humains d'une entreprise, ainsi que sur la volonté et la capacité des forces publiques de sécurité à protéger leurs actifs et leurs personnels. Les facteurs évalués incluent les conflits militaires, les insurrections, les attaques terroristes, les grèves et les émeutes, le vandalisme, les enlèvements et les crimes violents. D'autre part, la carte prend en compte les risques politiques liés au type de régime et à l'instabilité politique, ainsi que leur impact sur l'environnement des entreprises. Les risques politiques évaluent la stabilité politique générale et les questions politiques tels que les changements de réglementation, la corruption à haut niveau, le risque de réputation, l'expropriation et la nationalisation, les ingérences contractuelles, le défaut et le non-paiement souverains et les sanctions internationales. Bien que la notation s’applique généralement à la juridiction désignée, les risques politiques peuvent varier considérablement d’un secteur industriel à un autre et selon la nationalité de l’investisseur.

      La carte des risques Garda World Mobility 2019 offre aux voyageurs un aperçu des problèmes à prednre en compte avant d'entamer leur voyage : troubles sociaux, terrorisme, cyberattaques, catastrophes naturelles : http://www.garda.com/global-mobility-risk-map-2019


      Lien ajouté le 19 novembre 2019

      Pour limiter les problèmes d'interprétation d'une carte des risques à l'échelle mondiale, le Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères a changé sa page d'accueil et propose désormais un simple planisphère en bleu. Il faut cliquer sur un pays au choix pour accéder à une cartographie détaillée des zones à risques pour les voyageurs.


        

      Lien ajouté le 5 décembre 2019

      Lien ajouté le 20 janvier 2020

      Le Département d'Etat américain (Bureau of Consular Affair) a publié la liste 2020 des pays "visitables" pour les voyageurs internationaux. William F. Ferreira en a tiré une carte qui distingue d'une part en rouge les pays à éviter absolument ("not to visit"), en jaune et orange ceux où le voyage ne peut être considéré que sous certaines conditions ("reconsider travel", "exercise increased caution") et d'autre part en vert les pays que l'on peut visiter ("you can travel") et en bleu ceux que l'on peut visiter sous certaines conditions ("exercice normal precautions"). Cette typologie pose des questions : pourquoi les Etats-Unis sont-ils en bleu et le Canada en vert (l'un serait-il plus sévère que l'autre en matière d'entrée sur le territoire ?). Si les zones dangereuses se situent plutôt en Afrique et au Moyen-Orient, on peut noter que des pays d'Amérique centrale sont également passés en rouge ou en orangé (tels le Vénézuela, le Nicaragua ou le Mexique). A comparer aux recommandations du Foreign Office du Royaume-Uni.

      Lien ajouté le 28 janvier 2020

      Lien ajouté le 25 février 2020

      Lien ajouté le 12 mars 2020

      Lien ajouté le 12 avril 2020

      Liens ajoutés le 18 août 2020


      Lien ajouté le 5 juin 2021
      Lien ajouté le 5 août 2021

      Lien ajouté le 7 août 2021

      Lien ajouté le 24 février 2022

      Lien ajouté le 11 mai 2022
      Lien ajouté le 17 mars 2023
      Lien ajouté le 5 mai 2024

      Les meilleurs et les pires pays pour les voyageurs LGBTQ+ (Statista). Afin d'aider les touristes LGBTQ+ à voyager en toute sécurité, le portail allemand Spartacus a commencé à publier le Gay Travel Index en 2012. Dans l'édition 2024, le classement comparait 213 pays et territoires en fonction de la situation des lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, intersexués et queers. Pour développer l'index, les créateurs ont examiné 18 catégories allant du mariage pour tous à la peine de mort pour les personnes LGBTQ+. Les créateurs se concentrent sur les décisions politiques affectant les personnes queer, le cadre juridique et l'existence ou non d'épisodes de violence à leur encontre, entre autres paramètres.


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