50 histoires de mondialisations de Néandertal à Wikipédia (Vincent Capdepuy)

 

L'ouvrage 50 histoires de mondialisations a été édité chez Alma en 2018 jusqu’en 2021. Depuis, il a cessé d’être publié. Son auteur Vincent Capdepuy a fait le choix de le mettre en ligne sur les Carnets de géohistoire. Nous l'en remercions vivement car l'ouvrage est vraiment original avec ses entrées multiples et sa conception pensée d'emblée pour une navigation en hypertexte. Sa publication numérique devrait réjouir un grand nombre de lecteurs.


« Le livre avait été conçu selon une écriture hypertextuelle avec un système de pistes de lecture entrecroisées : 5 pistes, 20 chapitres par piste, soit 50 chapitres en tout. Une publication numérique m’a semblé le meilleur moyen de proposer une lecture dynamique de ces textes par des liens actifs entre les chapitres. C’était aussi l’occasion de rendre plus visibles les cartes qui accompagnaient ces chapitres et de compléter, parfois, par une iconographie absente dans le livre. Il s’agit donc d’une édition enrichie qui s’ouvre ici. À chacun de s’y promener à sa guise. » (voir l'interview de Vincent Capdepuy pour TV5 Monde)

Introduction

L’histoire globale n'est pas l’histoire universelle d’antan, ce n’est pas l’histoire du monde, la somme impossible de toutes les histoires des hommes. L’histoire globale est l’histoire de la mondialisation, ou plutôt des mondialisations...

Règles de lecture

L’outrepassement du monde
Si vous vous étonnez de cette capacité des sociétés humaines à avoir toujours été au-delà, vous pouvez commencer par le chapitre 1, avec l’oncle Ian, quelque part en Afrique de l’Est, ou bien par le chapitre 50, dans la forêt, sur une île de l’océan Indien.

La représentation du monde
Si vous voulez en savoir plus sur l’évolution des représentations du monde, vous pouvez commencer par la plus vieille carte du monde, au chapitre 2, ou bien par un puzzle qui nous est familier, au chapitre 49.

Le tissage du monde
Si vous préférez comprendre comment les sociétés humaines ont progressivement tissé des liens entre elles, commencez au chapitre 4, par les explorations de Zhang Qian, ou bien par un espace en marge du monde actuel, si tant est que cela soit possible, au chapitre 50.

Le rétrécissement du monde
Si vous êtes fasciné par l’impression de compression de l’espace-temps du monde, hâtez-vous de lire le chapitre 1, à la pré-histoire de la mondialisation, ou zappez tout en commençant par le monde virtuel du chapitre 49.

L’ordonnancement du monde
Enfin, si rien ne vous a encore tenté dans ce méli-mélo, il vous reste la question de l’organisation du monde, au chapitre 3 ou au chapitre 48, avec dans les deux cas d’autres mondes possibles.

Sommaire

Utilisez ce sommaire pour accéder à chacun des 50 chapitres.


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La rubrique Cartes et atlas historiques


Carte de l'utilisation des pesticides en France et outre-mer


Une carte interactive, publiée le 22 juin 2022 par l’association Solagro, permet de connaître, commune par commune, l’intensité de l’usage des pesticides et la part des surfaces agricoles qui en sont exemptes. L'indice de fréquence de traitement phytosanitaire (IFT) est calculé à partir des données des enquêtes sur les pratiques culturales réalisées tous les quatre ans.

Carte Adonis d'utilisation des pesticides en France (source : Solagro)


La carte Adonis a pour ambition de porter à la connaissance de tous les données communales sur l'usage des pesticides. Cette plateforme permet de contribuer à la mise en oeuvre de la Directive européenne « pesticides » du 21 octobre 2009 déclinée en France par les plans Ecophyto I et Ecophyto II du Plan National Nutrition Santé 4 (2019-2023) lancé le 20 septembre 2019 par Agnès Buzyn, Ministre des Solidarités et de la santé, qui recommande de consommer des produits végétaux non contaminés par les pesticides Face aux enjeux environnementaux et de santé publique, il est nécessaire de construire une agriculture durable économe en intrants et respectueuse des ressources naturelles et d'assurer aux Français une alimentation de qualité pour réduire la prévalence des maladies chroniques.

Le scénario Afterres2050 produit par Solagro propose un horizon agricole et alimentaire pour la France. Dans sa nouvelle version, il prévoit une réduction de 90% de l'usage des pesticides et une extension à 70% de surfaces en bio. 

L'indice de fréquence de traitement phytosanitaire (IFT) communal est une estimation du niveau d'utilisation des pesticides pour chaque commune française sur la base de l'assolement de la commune, du type de pratique (conventionnelle ou bio) et des IFT régionaux de référence issus de données statistiques ou locales. Il renseigne sur le niveau moyen d'utilisation des pesticides en agriculture à l'échelle d'une commune et peut être décomposé par types de produits : herbicides, hors herbicides (insecticides, fongicides, traitements de semences et autres traitements), produits de biocontrôle.

Cette carte, réalisée par Solagro, croise :
  • les données parcellaires du Registre Parcellaire Graphique (RPG) 2020 qui donne accès à toutes cultures 
  • les enquêtes Pratiques Culturales concernant les grandes cultures, l'arboriculture, la viticulture et le maraîchage qui donne un IFT moyen décomposé (insecticides, fongicides, herbicides et traitements de semences) par ancienne région administrative
  • les parcelles en bio fournies par l'Agence bio 


Lien ajouté le 3 février 2024

« En cartes : comment a évolué l’utilisation de pesticides dans les communes françaises depuis 2017 ? » (Le Monde)
Les plans Ecophyto successifs n’ont pas suffi à réduire de façon draconienne l’usage de produits phytosanitaires. La situation a évolué diversement selon les territoires. Depuis quatorze ans, la France se donne officiellement l’objectif de réduire rigoureusement sa consommation de produits phytosanitaires. Si l’objectif fait consensus, les débats sont plus âpres sur les moyens d’y parvenir et aucun des trois plans Ecophyto successifs n’a été capable d’enclencher une dynamique de baisse.
Liens ajoutés le 23 novembre 2024

L’association Solagro a développé la carte Adonis, qui permet de scruter l’utilisation des pesticides, en France, commune par commune. Des informations sont notamment délivrées sur les indices de fréquences de traitement localisés. Cet outil s’étend désormais aux Outre-mer. La dernière mise à jour de la carte Adonis remonte au 19 novembre 2024. Cet outil, développé par l’association Solagro en 2022, s’intéresse désormais aux départements et régions d’Outre-mer : la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, La Réunion et Mayotte. Il scrute l’utilisation des pesticides en France, notamment la fréquence de traitement phytosanitaire (herbicides, insecticides, fongicides, traitements de semences, autres) des surfaces agricoles. Les données peuvent être consultées commune par commune, sur cette carte interactive. De quoi offrir une vision plus pertinente des pratiques de chaque territoire. C’est essentiel pour déterminer l’impact des pesticides et inciter à une transition vers une agriculture durable.


Benjamin Nowak propose une carte de l’exposition aux pesticides en FranceCette carte a été établie en croisant les contours des parcelles avec le nombre de traitements moyen par culture et par région, pour ainsi prendre en compte l’influence de chaque parcelle (données Agreste). La carte présente l’exposition aux pesticides jusqu’à une distance de 100 mètres aux limites des parcelles. Les données cartographiées correspondent à l’exposition annuelle moyenne, en prenant en compte les années 2019, 2020 et 2021.


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La carte de la hauteur de la canopée dans le monde (NASA Earth Observatory)


Source : Scientists Show How Forests Measure Up (NASA Earth Observatory)

La carte de la hauteur de la canopée forestière mise en ligne sur le site du NASA Earth Observatory est basée sur des estimations d'un modèle d'apprentissage en profondeur appliqué aux données optiques Sentinel-2.


Selon une équipe de recherche dirigée par Nico Lang du laboratoire EcoVision de l'ETH Zürich, seulement 5% de la superficie terrestre de la Terre en 2020 était couverte d'arbres de plus de 30 mètres de haut. Lang, avec ses collègues Konrad Schindler et Jan Wegner, a produit la carte en fusionnant les données lidar de la mission GEDI (Global Ecosystem Dynamics Investigation) de la NASA avec l'imagerie optique des satellites Sentinel-2 de l'Agence spatiale européenne. Les profils lidar de GEDI donnent des hauteurs de canopée détaillées, mais les profils couvrent des zones limitées. Les données optiques Sentinel-2 ont une couverture abondante, mais elles ne sont pas conçues pour mesurer la hauteur de la canopée. Les chercheurs ont utilisé les données Lidar de GEDI pour former un modèle d'apprentissage en profondeur capable d'estimer les hauteurs de canopée à partir d'images Sentinel-2 n'importe où à la surface de la Terre.

« Notre objectif dans ce travail était double : premièrement, nous voulions réduire l'erreur associée aux hautes canopées, car elles stockent généralement de grandes quantités de biomasse et de carbone », a déclaré Lang, un scientifique en télédétection qui a développé l'approche. « Deuxièmement, notre approche intègre des techniques probabilistes d'apprentissage en profondeur pour estimer l'incertitude de chaque estimation de pixel. Il s'agit d'un aspect important pour informer les utilisateurs en aval des erreurs possibles dans ce type de cartographie. »

Les scientifiques avaient déjà cartographié les hauteurs de la canopée de la planète, mais les technologies actuelles et cette nouvelle approche ont permis à Lang et ses collègues d'obtenir plus de détails. La précision de chaque pixel est de 10 mètres au sol, un niveau de résolution suffisamment précis pour bâtir des modèles intéressants à l'échelle locale. Des vues détaillées permettent de voir que les hauteurs de canopée les plus élevées se rencontrent souvent dans les zones d'aires protégées. Des cartes comme celles-ci peuvent contribuer à améliorer nos connaissances sur les écosystèmes forestiers et favoriser la gestion et la protection des forêts.

Pour télécharger la carte au format PNG.

Pour accéder à l'interface de visualisation sur Earth Engine.

Lang, N., Jetz, W., Schindler, K., & Wegner, J. D. (2022). A high-resolution canopy height model of the Earth. arXiv preprint arXiv:2204.08322

Pour prolonger

Monumental Trees cartographie les arbres monumentaux dans le monde. Le site répertorie les plus grands arbres en donnant des informations détaillées sur leur taille, leur essence, leur localisation, etc.


Lien ajouté le 1er octobre 2023

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Trois anciennes cartes de la Chine au XVIIIe siècle numérisées par l'Université de Leiden

 
Source : Digitised Chinese mega-maps now available in Open Access (Universiteit Leiden)

Trois cartes de la Chine, créées sous le règne des empereurs de la dynastie Qing, sont désormais disponibles en libre accès et téléchargeables en haute résolution sur le site des Bibliothèques universitaires de Leiden (UBL). Ces cartes très riches témoignent de l'étroite collaboration entre la cour impériale chinoise et les missionnaires occidentaux ; elles sont considérées comme l'une des pierres angulaires de la cartographie chinoise.

Les trois cartes (la plus grande mesure environ 8 m de haut et 10 m de large) montrent la Chine telle qu'elle était à l'apogée de la dynastie Qing. Ces cartes ont été commandées par trois empereurs différents : Kangxi (1721), Yongzheng (1728) et Qianlong (1766). Les arpentages ont été effectués par des missionnaires jésuites à partir du règne de l'empereur Kangxi, qui avait décidé d'autoriser les missionnaires chrétiens à entrer en Chine. La place des missionnaires à la cour impériale et les événements lors de leurs voyages à travers l'Empire chinois sont la source de nombreuses recherches en sinologie. 


Bien que l'on puisse trouver des fragments dans les collections de bibliothèques du monde entier, il est assez rare qu'un ensemble complet de cartes soit présent dans une seule institution. La raison en est l'importance des cartes pour les cartographes européens. Au XIXe siècle, ces cartes chinoises ont été utilisées comme modèles pour représenter la Chine en Europe. Plusieurs imperfections ont pu être relevées sur les copies européennes. On y relève des ajustements conscients pour corréler la carte avec l'histoire et le folklore chinois classiques.

« L'UBL était déjà en possession de centaines de fac-similés de certaines sous-zones, ce qui était déjà un grand atout. Mais ce n'est que lorsque vous voyez ces méga-cartes fusionnées que vous réalisez à quel point ce projet impérial était vraiment important. Les cartes nous donnent un aperçu unique des efforts académiques et des relations mondiales de la cour des Qing. » (Marc Gilbert, Conservateur Collections chinoises, Bibliothèques universitaires de Leiden). 

Le chinois et le mandchou pouvaient coexister sur la même carte.


L'initiative de numériser les cartes est venue de la Fondation Manchu, une organisation visant à faire connaître la langue et le peuple mandchous à un public très large. La fondation a utilisé les cartes numérisées des collections numériques de Leiden au moyen de la technologie IIIF pour divers projets tels que le site web des Cartes Qing ainsi que pour une expérience interactive dans une exposition au Musée national néerlandais d'ethnologie. Après cinq ans de travail, les cartes sont maintenant presque entièrement indexées. Le projet de numérisation et de catalogage a été financé par l'UBL, la Faculté des sciences humaines de l'Université de Leiden, la Fondation Manchu et l'Université de Macao, où Mario Cams mène des recherches sur ces cartes depuis des années. 

Les Bibliothèques universitaires de Leiden (UBL) mettent à la disposition du public des documents numérisés via leurs collections numériques. La plate-forme Digital Collections offre un large éventail de fonctionnalités, comme la possibilité de rechercher des œuvres imprimées en texte intégral, de zoomer sur les images et la possibilité de télécharger des images haute définition. Il est également possible de rechercher par types de documents et d'affiner les recherches. De nombreux documents des collections numériques sont publiés sous licence CC-BY, ce qui les rend utilisables et modifiables pour chaque utilisateur. De nombreux objets sont visibles et utilisables via la Visionneuse avancée Leiden IIIF

Lien ajouté le 22 mai 2023

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L'histoire par les cartes : une carte japonaise de l'Afrique du début de l'ère Meiji (1876)


Cette magnifique carte murale de l'Afrique élaborée par le cartographe Shūichi Miyake et publiée à Osaka en 1876 a de quoi surprendre non seulement par sa facture mais aussi par son usage. Elle est à découvrir en haute résolution sur le site de David Rumsey.

Topographical Record of the Nations / Africa (source : David Rumsey)


Cette carte était destinée à être utilisée dans les écoles japonaises. Le début de l'ère Meiji (1868-1912) se caractérise par une ouverture du Japon, qui opère une transformation complète des programmes et favorise l'édition de nouveaux manuels et cartes scolaires. Il s'agit d'encourager les élèves à s'ouvrir sur le monde et à découvrir d'autres pays. La carte topographique ne comporte aucun texte. C'est un fond de carte vierge destiné à vérifier si les élèves savent restituer à l'oral les noms de lieux, les principaux fleuves et lacs ainsi que les chaînes de montagnes correspondant aux connaissances géographiques de l'époque. 

Seuls les pays côtiers sont représentés en couleurs vives, tandis que les terres en N&B à l'intérieur de l'Afrique restent quelque peu énigmatiques. La carte est orientée est-ouest, ce qui peut surprendre mais cela correspond à une orientation courante dans la cartographie japonaise (cf  L'espace dans la cartographie japonaise ancienne, 1980).

 


Son grand format (96 cm x 67 cm) et ses couleurs réhaussées en font une carte murale imposante. Il est difficile cependant d'en connaître la diffusion réelle dans les écoles, il n'en reste que peu d'exemplaires en raison de son support fragile (il s'agissait d'une carte à dérouler). Cette carte faisait partie d'une série de six cartes décrivant les continents habités (Afrique, Asie, Europe, Amérique du Nord, Amérique du Sud et Australasie) appelée "Relevé topographique des Nations" et diffusée par la maison d'édition Morimoto Tasuke.

La carte topographique de l'Asie (1876) élaborée par Shūichi Miyake sur le même modèle d'un fond de carte vierge est aussi à découvrir sur le site David Rumsey. On y remarque cette fois une orientation nord-sud, en raison sans doute de la forme moins allongée de l'Asie par rapport à l'Afrique.

Topographical Record of the Nations / Asia (source : David Rumsey)


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La carte avant les cartographes. L’avènement du régime cartographique en France au XVIIIe siècle


N. Verdier. La carte avant les cartographes : l’avènement du régime cartographique en France au XVIIIe siècle. Éditions de la Sorbonne, 2015, 378 p. Publication sur OpenEdition Books : 16 mai 2022, coll. Terres en mouvement.


Plus qu’un livre sur la production ou sur la circulation des cartes, cet ouvrage étudie la diffusion de la culture cartographique dans la France du XVIIIe siècle, qui modifie profondément le rapport des acteurs aux territoires. Il s’agit de comprendre comment une pensée de l’espace se met en place, en partie grâce à la carte, à l’époque des Lumières – avec des conséquences jusqu’à nos jours.

L’ouvrage dépasse ici le postulat classique d’une évidente diffusion de la carte aux XVIIe et XVIIIe siècles. Pour en mettre en exergue les chronologies, l’enquête passe tant par l’analyse d’indices techniques que par celle des discours sur la carte. Les conséquences de cette diffusion apparaissent tant dans les mutations de la géographie que dans la transformation de quelques professions ; c’est d’abord le cas des commissaires à terriers. Le mouvement est européen, mais la France connaît des temporalités spécifiques qui aboutissent à la mise en place des ingénieurs du cadastre lors de la Révolution. Les professions d’ingénieurs du génie, comme celles d’ingénieurs des ponts s’institutionnalisent grâce à l’usage de la carte, qui devient l’un des éléments clés de leur identité corporative, tout autant qu’un outil indispensable de leur action.

Ce livre est désormais en accès libre dans la nouvelle collection « Territoires en mouvements » sous la direction de Jean-Louis Chaléard et Jean-Louis Tissier aux  Éditions de la Sorbonne.

Les ouvrages de cette collection proposent une approche territoriale des faits sociaux et des dynamiques environnementales et analysent à diverses échelles le processus de la mondialisation. La collection Territoires en mouvements propose de publier des ouvrages issus des travaux de recherche vive que sont les thèses, des bilans réflexifs que sont les mémoires inédits d’HDR, mais aussi les fruits de réflexions originales et collectives que sont les actes de colloque.

L’auteur

Historien de formation et géographe d’adoption, Nicolas Verdier place ses recherches à la frontière de l’histoire et de la géographie, en s’intéressant à cette zone de contact entre deux approches qui articulent l’espace et le temps. Après un doctorat sur les conceptions du territoire au XIXe siècle, il est devenu chercheur au CNRS et a intégré l’équipe d’épistémologie et d’histoire de la géographie du laboratoire Géographie-cités.

Table des matières

Les livres à carte
Chapitre 1. Mettre des cartes dans les livres
Chapitre 2. À la recherche d’un indice sur la diffusion de la carte par le livre : les catalogues de la BNF

Carte et presse
Chapitre 3. La carte dans le Mercure
Chapitre 4. Vers une topologie mercurienne
Le mythe cartographique dans le Mercure

Carte et géographie
Chapitre 5. La carte en situation concurrentielle
Chapitre 6. Entre disette et croissance

Fabriquer des professions
Chapitre 7. Carter des terriers
Chapitre 8. Deux évolutions du rapport à la carte : ingénieurs militaires vs ingénieurs des Ponts et Chaussées

Conclusion
La surprise de Ferdinand : la formation d’une culture cartographique ?


Pour compléter

"Science et cartographie au Siècle des lumières". In Monique Pelletier (2002). Cartographie de la France et du monde du XVIe au XVIIIe siècle. Éditions de la Bibliothèque nationale de France, 

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Analyser les cartes et les données des élections législatives de juin 2022 en France

 

Ce billet fait suite à celui consacré aux élections présidentielles d'avril 2022. L'objectif poursuivi est le même : fournir une approche critique des cartes que l'on peut trouver dans les médias et en même temps permettre de s'initier à la cartographie électorale. Il s'agit de donner accès aux données et à la fabrique de l'information, mais aussi de comparer les choix cartographiques opérés par les médias (limités ici à la presse française). Nous complétons ce billet par une mise en perspective historique en abordant les cartes de résultats électoraux telles qu'elles ont commencé à apparaître et se diffuser au XIXe siècle : l'occasion de mesurer les évolutions de la cartographie électorale sur un temps long et de voir une certaine permanence des questions qui lui sont posées. 


1) Analyse les cartes et les données du 1er tour des législatives (12 juin 2022)

Les données officielles sont téléchargeables sur le site du Ministère de l'Intérieur ainsi que sur Data.gouv.fr. Les cartes et données des élections législatives depuis 1997 sont accessibles sur l'Observatoire des Votes en France. Le site Cartostat permet également de produire des cartes avec un outil interactif en en ligne. Si vous souhaitez élaborer vos propres cartes, le fond de carte des circonscriptions 2022 avec leur code électoral est disponible sur le site de l'Insee.

« Pour représenter des résultats électoraux, la carte géographique peut être trompeuse car ce ne sont pas des hectares qui votent mais bien des citoyens ». Libération a choisi de représenter les résultats sous forme de cartogrammes affichant les résultats de chaque circonscription par aplats ou par cercles proportionnels (rapportés à l'importance de la population).

 

 

Les Echos font le choix d'une cartographie choroplèthe plus classique donnant les candidats en tête par circonscription. Il s'agit de montrer comment les zones d'influences politiques se répartissent sur le territoire français (la géographie du vote en trois cartes). Il convient de rappeler que le fait pour un candidat d'arriver en première position au 1er tour n'est pas gage d'élection pour le second tour. A noter la tendance de plus en plus courante à représenter les territoires ultramarins sous forme de cercles uniformes. 


BFM-TV fournit des cartes interactives par partis politiques avec des seuillages différents, pas forcément très lisibles et compréhensibles dans leur mode de discrétisation (EnsembleNupesLRRN).



Le Monde fait le choix d'une cartographie électorale multi-échelle (métropole, outre-mer, Français de l'étranger) avec adaptation de la palette de couleurs pour les daltoniens et possibilité de zoom sur chaque circonscription. Le Monde et le Figaro proposent également une cartographie des candidats arrivés en 2nde position (avec des carrés en couleurs que l'on peut confondre avec des villes).

 

 



Le Figaro propose, comme Libération, de comparer les résultats électoraux par rapport au territoire et par rapport à la population. Le cartogramme conserve cependant le découpage administratif, y compris pour les territoires d'outre-mer avec des zooms sur les grandes métropoles (Paris, Lyon, Marseille). Ce qui donne trois échelles de visualisation différentes.




Le journal 20 Minutes opte pour une représentation avec zoom continu. Avec une légende détaillée qui donne à voir un éclatement politique plus important que ce qui apparaît au premier coup d'oeil sur la carte générale.

 



 


France-Info, comme 20 Minutes, reste dans le registre de la carte cliquable et informative. Avec cependant une palette de couleurs beaucoup plus tranchée.


Ouest-France compare les résultats des élections législatives de 2017 (1er tour) et 2022 (2e tour) avec des palettes de couleurs un peu étonnantes qui rendent la comparaison difficile à première vue. Le recul de la majorité présidentielle paraît toutefois assez net si l'on compare les circonscriptions en jaune/orange. L'effritement de la Macronie est plus visible sur la cartographie animée proposée par France-Info. Ouest-France propose également 3 cartes par famille politique des candidats qualifiés au second tour.


 


On retrouve à travers cet exemple un problème bien connu de la cartographie électorale, celui de la description, du regroupement et de la comparaison des partis et familles politiques qui reposent souvent sur des choix complexes, surtout lors de premiers tours d'élections législatives.
L'Humanité propose une palette de couleurs plus pastels. La classification reprend celle des dépôts de listes officiels et on note la présence de la NUPES (Nouvelle Union populaire écologique et sociale). La répartition des divers gauche suscite la polémique. La NUPES considère qu'elle réalise 6 101 968 voix (soit 26,8%), le Ministère de l’Intérieur lui en attribue 5 836 202 (soit 25,7%) du fait que les chiffres ne tiennent pas compte de certains résultats « divers gauche », notamment en outre-mer.





Le Parisien propose 5 cartes pour comprendre le premier tour à Paris. A comparer avec les cartes du vote à Paris pour les présidentielles de 2012, 2017 et 2022 (Libération). Voir aussi la carte des procurations par bureaux de vote dans la capitale réalisée par B. Coulmont.



Les graphiques semblent finalement plus adaptés que les cartes pour représenter les résultats par familles politiques, ainsi que l'abstention. « Comment l'union de la gauche a transformé les motifs des duels au second tour des législatives » (Le Monde). On compte pour le second tour des législatives 276 duels Nupes-LRM en 2022 contre 127 en 2017, 18 duels LRM-LR contre 234 en 2017 (Médiapart). Carte des duels du 2nd tour des élections législatives 2022 (France-Info).



Quant à la projection de la répartition des sièges au second tour des législatives, elle relève encore largement de la prospective au soir du 1er tour. Le graphique représentant le nombre de sièges potentiels dans l'hémicycle fait l'objet de caricatures (voir le dessin humoristique de L'Opinion). La Croix propose un graphique montrant le rapport de force droite-gauche depuis 1973.







2) Analyse des cartes et des données du 2nd tour des législatives (19 juin 2022)

Les résultats du 2nd tour des législatives 2022 débouchent sur une Assemblée nationale très différente de celle élue en 2017. La coalition présidentielle Ensemble arrive en tête mais n'obtient qu'une majorité très relative avec 245 députés (perte de plus de 100 élus par rapport à 2017). La gauche reprend des couleurs avec 147 sièges pour la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) - 84 insoumis, 29 socialistes, 21 écologistes, 13 communistes - auxquels s'ajoutent 8 élus divers gauche ou dissidents. Le Rassemblement national parvient à faire entrer 89 députés au Palais-Bourbon - du jamais vu sous la Ve République. Le RN devient ainsi le premier groupe d'opposition, devant La France insoumise. Il devance également Les Républicains qui, avec l'UDI et leurs alliés, n'obtiennent que 65 sièges. Avec 53,8 % des électeurs qui ne sont pas allés voter, l’abstention est encore une fois à un niveau élevé, qui ne dépasse cependant pas celui des législatives de 2017 où 57,36 % des électeurs ne s’étaient pas déplacés au second tour. Selon Ipsos, 71% des 18-24 ans ne sont pas allés voter au second tour des élections législatives 2022, contre 34% des plus de 70 ans. Dans la presse, on observe beaucoup de graphiques en forme d'hémicycles pour montrer la répartition des sièges, mais selon que le regroupement est effectué par forces ou par partis politiques, la vision n'est pas la même. Les exemples ci-après témoignent des variations de datavisualisation qui peuvent exister à partir d'un même jeu de données.

Libération propose une comparaison entre le 1er et le 2nd tour par rapport au territoire ou à la population (cercles proportionnels aux nombres d'inscrits). Voir également la représentation globale des résultats des 577 circonscriptions en "circo-grappes".

 

 




Le Figaro fournit également deux modes de représentation avec une carte en aplats et un cartogramme par figurés ponctuels. Les résultats par grandes familles politiques sont donnés sous la forme d'un hémicycle et d'un histogramme de répartition. Voir le détail des circonscriptions gagnées ou perdues par chaque parti politique.


Le Monde juxtapose la carte des résultats du 2nd tour avec le graphique de répartition des députés par familles politiques au sein de l'hémicycle. Le graphique est interactif, il donne le nom et les principales caractéristiques de chaque élu. Des filtres permettent de visualiser le détail de la répartition des députés (215 femmes pour 362 hommes, 150 moins de 40 ans contre 21 de plus de 70 ans, 275 sortants pour 302 entrants, 11 ministres, 255 élus locaux, 5 eurodéputés). Le nouvel hémicycle compte 37,3% de femmes, en recul par rapport à 2017 (39%). Voir l'évolution de la part des femmes à l'Assemblée depuis 1958 (AFP Graphics) Les cadres et professions intellectuelles continuent de dominer le nouveau Parlement (54,7% contre 21% dans la population active) avec très peu d'ouvriers (moins de 1% contre 19% dans la population active). Voir le visage socioprofessionnel des députés dressé par le Cevipof.



Le Monde (Les Décodeurs) propose une cartographie originale des circonscriptions qui ont basculé d’un camp à l’autre. Le cartogramme représente les 577 circonscriptions législatives françaises en fonction de l'évolution de la couleur du ou de la députée entre 2017 et 2022. Une flèche horizontale indique un basculement vers la droite ou la gauche vers une famille politique « proche » (gauche vers extrême-gauche, centre vers droite, etc.). Une flèche oblique indique un basculement avec une famille politique plus éloignée (gauche vers extrême droite, droite vers gauche, etc.). 

A découvrir également : le cartogramme en hexagones proposé par Le Monde (Les Décodeurs) qui rapporte les résultats à la population (comme Libération et Le Figaro). Résultat : la France apparaît moins brune (Extrême droite) et moins bleue (LR), plus violette (Nupes). Les zones très denses d'Île-de-France ou du Nord de l’hexagone sont également plus représentées.



Si on inclut l'abstention, la représentativité des députés élus au 2nd tour semble toute relative.


BFM-TV propose une comparaison de la répartition des députés par partis entre 2017 et 2022. Une série de gifs animés permet de visualiser le recul d'Emmanuel Macron et la progression de la gauche ainsi que celle du Rassemblement national
 


Ouest-France propose de comparer la composition de l'hémicycle à l'issue des élections législatives de 2022, 2017 et 2012 (avec des choix de couleurs eux-mêmes discutables). AFP Graphics propose pour les trois mêmes dates une représentation en cercles proportionnels. Pour une simulation des résultats par forces politiques et par partis en 2017, voir l'application proposée par EURACTIV France, en partenariat avec Europe Elects qui permet de superposer un double hémicycle.



France-Info donne aussi une répartition par sièges, mais avec une palette de couleurs qui a tendance à rapprocher le Centre macroniste de la droite LR.




Pour une visualisation plus précise, voir l'application fournie par @fil (visionscarto) qui permet de représenter la composition de l'hémicycle avec ses 12 travées et de faire des simulations à sa convenance. Cette application paramétrable devrait plaire aux amateurs de datavisualisations. L'occasion de découvrir aussi l'application Parliament Diagram qui permet de simuler différents types de parlements (avec ou sans hémicycles).


« Au lendemain d’élections dessinant une Assemblée nationale plus morcelée que jamais, à quoi ressemblerait l’hémicycle si ces législatives 2022 avaient eu lieu au scrutin proportionnel ? » (Les Echos). 


Le Parisien fournit « cinq cartes pour comprendre un second tour... inattendu ».


Pierre-Henri Bono propose une carte des configurations partisanes assortie d'un hémicycle permettant de coder plus finement la nuance politique des candidats.

Des députés de plus en plus mal élus ? « En raison de la forte abstention, des députés parfois élus par moins de 10 % des inscrits » (Le Monde). Ce graphique de l'AFP montre l'évolution du pourcentage d'inscrits ayant voté dès le premier tour pour le député élu dans leur circonscription. Celui-ci passe de 28,6% en 1988 à 15,1% en 2022. Peut-on encore parler de "représentants" ? 

Denis Vannier a cartographié les résultats du second tour des législatives 2022 pour 5 grandes agglomérations (Nantes, Bordeaux, Toulouse, Lyon, Lille).

« Comment le cordon sanitaire a sauté : étudier la percée l’extrême-droite à l’assemblée nationale » (François Hublet, Le Grand Continent).

« Après les élections : géographies plurielles d’une France en déséquilibre » (Aurélien Delpirou & Frédéric Gilli, Métropolitiques). Les interprétations géographiques du vote, source de controverses, énoncent souvent de fausses vérités. S’appuyant sur plusieurs cartes extraites d’un atlas récent, les auteurs invitent à nuancer et réinterroger les supposées lignes de « fracture » entre villes et campagnes, métropoles et périurbain, centres et périphéries.


3) Retour sur la manière dont on cartographiait les élections législatives au XIXe siècle

Les premières cartes statistiques électorales apparaissent au XIXe siècle. L'une des plus anciennes est la Carte électorale de la France (1821) par Louis Vivien de Saint-Martin. Ces cartes en noir & blanc, représentent la France découpée en départements et arrondissements avec les noms des députés élus et les scores indiqués directement sur la carte  (voir par exemple la France électorale de 1839 par Frère de Montizon ou celle de Vello Cartographe divisée en arrondissements "ministériels" et "de l'opposition"). Déjà au XIXe, les choix pour découper les circonscriptions donnent lieu à débat, du fait notamment de l'augmentation de la population dans les villes (voir cette carte des circonscriptions de la Gironde en 1869 pour les élections au Corps législatif avec ses savoureux commentaires).

Progressivement la cartographie électorale met en place ses codes de représentation graphique avec des aplats de couleurs et une codification standardisée (voir par exemple cette carte très détaillée des législatives de mai 1898 par E. Griffault). Destinée à être vendues (entre 50 centimes et 1 franc cinquante de l'époque), ces cartes sont censées apporter une information exhaustive et être à la fois belles et lisibles. Les exemples ci-dessous témoignent de tentatives intéressantes d'un point de vue technique... et politique. La carte est au service d'un discours, a fortiori la carte électorale qui cherche souvent à montrer un rapport de force politique plus qu'une distribution des suffrages (Alain Garrigou, Invention et usages de la carte électoralePolitix, 1990).








Lien ajouté le 13 juin 2024

Lien ajouté le 24 octobre 2024

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