Cartes et données sur les conflits et violences dans le monde (ACLED)


Le projet Armed Conflict Location & Event Data (ACLED) collecte, géolocalise, cartographie et analyse les données concernant les conflits dans le monde. L’ACLED a pour objectif de saisir les formes, les acteurs, les dates et les lieux de conflictualités, affrontements, violences et manifestations.

Pour accéder au site de l'ACLED :
http://www.acleddata.com/


Les données de l'ACLED ont tendance aujourd'hui à faire référence. Elles sont citées dans de nombreux rapports internationaux, par exemple dans des rapports d'étude sur les conflits actuels au Mali ou au Yémen. L'ACLED se veut une organisation non gouvernementale indépendante. Elle dépend cependant pour ses subsides du soutien financier du Conseil de l'Union européenne, du Bureau of Conflict and Stabilization Operations (CSO) des Etats-Unis, du Ministère des Affaires étrangères des Pays Bas, de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), de l'Université du Texas, du Department for International Development (DFID) du Royaume-Uni.

Les données, très régulièrement mises à jour, sont fournies par pays et par continent. Mais il est important de souligner que ces données proviennent des médias. Cela ne dispense donc pas de recouper les sources. Comme le souligne Sophie Clairet sur son blog Géosophie, "il convient d’être vigilant aux biais liés à l’usage des sources médiatiques sans intervention de chercheurs pour les « redresser »". Ce point interroge également l'intérêt et les limites de l'utilisation des big data dans l'étude des conflits. L'un des intérêts de l'ACLED est malgré tout de prendre en compte les mouvements non violents telles que les manifestations. 

L'interface du site est assez simple. Elle offre trois entrées au choix :
  • Dashboard : le menu "tableau de bord" résume les données et permet de croiser les cartes avec des graphiques d'évolution ce qui permet d'appréhender les conflits dans l'espace et dans le temps.
  • Data : le menu "données" donne accès au téléchargement des données par grandes zones géographiques : Afrique, Moyen-Orient, Asie ainsi que les violences contre des civils à l'échelle mondiale. Un moteur de recherche permet d'extraire des données précises en fonction du lieu, de la date, du type de violence... Les tableaux téléchargeables au format Excel sont assez lourds à manier et nécessitent de faire des extractions en fonction des besoins. L'intérêt est de pouvoir disposer de données géolocalisées, ce qui permet l'intégration dans un SIG.
  • Trends : le menu "tendances" résume les événements en cours et propose des dossiers thématiques rédigés par des chercheurs et analystes membres de l'ACLED (focus sur les "points chauds" du moment, sur les violences liées à l'islamisme, sur les civils en danger...)
Interface du site de l'ACLED


L'interface cartographique est de grande qualité et permet une navigation directe vers des données ou vers des résumés comme par exemple la crise liée à Boko Haram en Afrique, pour laquelle le journal Le Point en a tiré une cartographie animée en 2016 et le groupe de recherche Nigeria Watch a conçu un outil de suivi cartographique très précis sur la période 2011-2018. Voir également la cartographie animée du journal Le Monde de 2015 sur la crise au Soudan du Sud à partir des données de l'ACLED.

Les organisations humanitaires ainsi que certains organismes gouvernementaux utilisent les données de l'ACLED pour organiser les secours et porter assistance. FEWS NET (Famine Early Warning Systems Network), l'un des principaux fournisseurs d'alerte et d'analyse pour des situations d'insécurité alimentaire, utilise par exemple des cartes produites par l'ACLED.

Les données fournies par l'ACLED sont utilisées aussi lors de débats ou de différends concernant le décompte du nombre de victimes lors de tel ou tel conflit. Par exemple, la guerre au Yémen donne lieu à  des estimations différentes selon que l'on prend en compte les chiffres de l'ONU ou ceux de l'ACLED.

Au total, l'ACLED fournit une source précieuse et relativement exhaustive pour étudier les événements conflictuels. L'ONG a commencé par étudier l'Afrique pour laquelle les données remontent à 1997. On peut regretter qu'en ce qui concerne le Moyen-Orient et l'Asie, les données débutent seulement à partir de 2016. Les conflits en Europe et en Amérique ne sont pas recensés. En revanche, on ne peut que saluer l'ampleur du travail de vérification des sources journalistiques qui sont toujours citées dans la base de données avec un descriptif précis de la date et du lieu de l'événement.

Le site met à disposition des tutoriels pour guider les utilisateurs dans leur recherche leur analyse de données.

L'ACLED fournit aussi régulièrement des dossiers d'analyses à partir de l'actualité, cartes et images à l'appui :
- Au-delà du califat: L’avenir global de l’État islamique
- Brouiller les lignes : comment l'engagement de l'Inde a façonné le conflit au Cachemire
- Aperçu régionaux  : Moyen-Orient - Afrique - Asie (26 février 2019)
- Les engagements militaires américains dans le monde...


D'autres sources de données sur les conflits dans le monde :

Lien ajouté le 15 février 2019

Le PeaceTech Lab qui oeuvre en faveur de la réduction des conflits violents en utilisant l'apport des technologies, des médias et des données, s'est associé à ESRI pour proposer une carte collaborative en crowdsourcing permettant de recenser les attaques terroristes dans le monde. Cette carte qui se présente comme une storymap, détaille la chronologie des attaques terroristes afin de faire la lumière sur la manière dont elles se produisent. Les données peuvent être filtrées par organisation terroriste et par lieu. Une barre chronologique permet d'afficher les attentats par date depuis 2016.

Pour accéder à la carte :
http://storymaps.esri.com/stories/terrorist-attacks/



Lien ajouté le 4 mars 2019

Lien ajouté le 18 mars 2019

Lien ajouté le 4 avril 2019

Qui fabrique les armes, et qui les achète ? Philippe Rekacewicz, Visionscarto, 2015.
Cette carte a été présentée à la conférence Planetary Security à La Haye aux Pays-Bas (2-3 novembre 2015).
http://visionscarto.net/qui-fabrique-les-armes-et-qui-les-achete


Liens ajoutés le 10 avril 2019

Aujourd'hui la guerre aérienne se fait en grande partie avec l'aide de drones. Le bureau du journalisme d'investigation tient un recensement des données concernant les attaques par drones :

Carte interactive des attaques de drones en Afghanistan :
http://www.thebureauinvestigates.com/stories/2011-08-10/interactive-map



Lien ajouté le 15 janvier 2020

Pascal Boniface, Quelles guerres dans les années 2020 ? Les Experts du Dessous des cartes, ARTE.

Géopolitologue, fondateur et directeur de l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), Pascal Boniface fait un tour d'horizon des conflits d'aujourd'hui et de demain, et identifie les principaux foyers de menaces : les ambitions de puissance russes, chinoises, nord-coréennes, les rivalités sino-américaines pour le leadership mondial, la guerre larvée Iran/Arabie Saoudite, la re-nucléarisation du monde, sans oublier les nouvelles guerres : celle du Cyber et de l’IA.

Lien ajouté le 30 janvier 2020

Recensement des attentats terroristes dans le monde sur la période 1970-2018 (Geoafrica) :
http://attack.geoafrica.fr/


Les données ont été produites à partir de plusieurs sources notamment Global Terrorism Database 1970-2018, qui regroupe l'ensemble des attaques et victimes du terrorisme, la Fondation pour l’innovation politique. Ces chiffres ont été complétés et géolocalisés par GeoAfrica avec la "liste d'attaques terroristes islamistes". 
 
Lien ajouté le 14 septembre 2020
 
Lien ajouté le 25 novembre 2020


Lien ajouté le 29 mars 2021


Lien ajouté le 21 octobre 2021

Lien ajouté le 17 octobre 2021

Lien ajouté le 21 janvier 2023

Liens ajoutés le 6 juillet 2023


Articles connexes


Geonames, une base mondiale pour chercher des noms de lieux géographiques


 Le site GeoNames.org constitue une base de données géographiques gratuite et en libre accès sur Internet. Cette base regroupe 25 millions de noms géographiques, soit plus de 11 millions de lieux avec leurs coordonnées géographiques (dont 4,8 millions de lieux habités) et 13 millions de lieux autres, non géoréférencés.
L'interface du site est assez simple. Il suffit de saisir un nom de lieu ou un toponyme (par exemple ici les noms de lieux comportant le mot "ville"), puis une zone géographique (la France ou le monde par exemple). Aussitôt les résultats s'affichent sur une page avec l'ensemble des lieux, leur pays d'origine, leurs coordonnées géographiques (en projection WG84) et leur population (s'il s'agit de lieux habités) : 890 lieux géographiques comportent le mot "ville" en France (aussi bien en préfixe qu'en suffixe, comme par exemple "Francheville" ou "Villefranche" par exemple). Mais ils sont 25 905 dans le monde !


Les résultats peuvent être directement visualisés sur une carte Google Maps et téléchargés sous forme de fichier KML pour être réutilisés dans Google Earth ou dans un SIG. Un API permet également d'interroger l'interface à distance et d'incorporer la carte dans un site. Geonames propose des cartes thématiques déjà faites concernant les noms des plus hautes montagnes, des grandes villes, des capitales... S'agissant des toponymes en "villes" que nous cherchions, ils sont clairement plus nombreux dans le Nord et l'Est de la France.


Les noms de lieux avec leurs coordonnées géographiques sont classés en 9 catégories et 645 sous-catégories. Ils sont téléchargeables sous forme de fichiers txt par ordre alphabétique sur le site Geonames Dump. Attention : cela représente plusieurs gigaoctets de données !

Un point important est à souligner : bien qu'elle soit très large, la base GeoNames n'offre pas une couverture égale pour tous les pays. Les États-Unis ont la meilleure couverture avec plus de 2 millions de lieux géographiques. Après les États-Unis, les pays les plus couverts sont la Chine, l’Inde, le Mexique, la Russie, le Canada et la Thaïlande. En Europe, c'est de loin la Norvège qui a été la mieux renseignée dans la base, en Afrique c'est le Maroc. 



GeoNames puise ses informations dans une longue liste de sources, qui va de fournisseurs officiels de données géographiques (comme par exemple l'IGN) à des fournisseurs privés (par exemple des chaînes d'hôtels). Cette disparité des sources est à l'origine d'une couverture assez inégale. En France, l'un des outils les plus pratiques reste le géocatalogue proposé par le Géoportail. L'IGN a produit en outre un glossaire des noms de lieux. La BD NYME de l'IGN a été remplacée par le thème "Toponymes" de la BD TOPO (plus précise que Geonames pour chercher des toponymes à l'échelle locale).
 

Rassurez-vous, si vous ne souhaitez pas traiter les 11 millions de noms de lieux géographiques compris dans la base Geonames, certains passionnés des Big Data ont commencé à le faire pour vous. C'est le cas de Topi Tjukanov, expert dans l'exploitation de grosses bases de données géospatiales. Nous avons déjà présenté l'une de ces productions dans un billet sur les data visualisations pour étudier l'expansion urbaine. L'auteur a publié sur son blog le 20 novembre 2018 un article donnant quelques-uns de ses résultats  : Places and their names - observations from 11 million place names (voir son billet).

Malgré ses limites, GeoNames est une excellente source d'informations pour chercher et afficher des noms de lieux à l'échelle mondiale. Topi Tjukanov a utilisé PostGis pour effectuer les requêtes SQL et QGIS pour représenter les données sous forme de cartes. A l'échelle mondiale, la densité des noms est telle qu'elle reproduit en quelque sorte l'empreinte humaine à la surface du globe (c'est quasiment l'oekumène qui se donne à voir à travers la façon dont l'homme a exploré et nommé les lieux).



C'est ainsi qu'on apprend que les noms répertoriés dans Geonames comportent en moyenne 13 caractères. 21 noms ont seulement un caractère et 3 072 en ont deux. Voici la carte d'Europe des noms qui comportent seulement trois caractères. 

Certains toponymes sont récurrents comme par exemple ceux qui portent le nom d'un saint en Amérique du Sud (cf préfixe en San- ou en Santa-). Aux Etats-Unis, le nom de "Washington" se retrouve près d'une quarantaine de fois et ne désigne pas que la capitale fédérale. Topi Tjukanov a cherché par ailleurs à reconstituer l'aire géographique de toponymes ou de suffixes caractéristiques d'une langue ou d'une culture. Pour l'Europe du Nord, il propose un gif animé très intéressant qui montre l'extension des toponymes en by, havn, hus ou en borg. C'est une manière de travailler sur les toponymes scandinaves et de mesurer l'extension des noms d'origine viking sur lesquels il y a tant de discussions et d'incertitudes. A propos du toponyme de "ville" concentré dans le Nord de la France et tout particulièrement en Normandie, voici la carte que l'auteur nous livre. Mais on peut retrouver le toponyme de l'Afrique (Libreville, Brazzaville...) jusqu'aux États-Unis (Knoxville, Nashville...).



Vous connaissez peut-être le film "Paris, Texas" de Wim Wenders, mais savez-vous par exemple combien de lieux géographiques ont le nom de "Paris" dans le monde ? Vous serez surpris du résultat : 15 844 ! En réalité le moteur de recherche fonctionne en plein texte et recense toutes les occurrences, aussi bien les monuments, les gares, les arrondissements de la capitale que les places ou les hôtels dans le monde qui font référence à Paris.  Pour être vraiment pertinente, la base Geonames a donc besoin de faire l'objet de requêtes attributaires par l'utilisateur. Il faut donc soit télécharger la base de données et lui appliquer des traitements dans un tableur, soit utiliser le moteur interne du site en lui appliquant des filtres.



A vous de jouer maintenant avec la base de données GeoNames... 


Lien ajouté le 16 décembre 2018

Wikidata Query Service peut rendre un service équivalent à GeoName. Ce service permet d'interroger la base de données de tous les noms compris dans OpenStreetMap à l'échelle du monde et notamment de la France. Il suffit de choisir un terme et une commune. Voici par exemple l'ensemble des communes françaises dont le nom finit en -ac.

Pour plus de détail sur ce site : Utiliser Wikidata pour chercher des informations géographiques.



Lien ajouté le 18 janvier 2019

Une carte des noms de lieux aux Etats-Unis sous forme de story map.
http://nation.maps.arcgis.com/apps/Cascade/index.html

Les noms pour désigner les trouées, brèches, passages et autres cols montagneux diffèrent en fonction des régions aux Etats-Unis.

Lien ajouté le 30 janvier 2019

Ce site permet de créer des cartes à partir des noms de communes. L'interface offre la possibilité de faire des comparaisons entre trois types de toponymes (indiqués de 3 couleurs différentes). On peut  utiliser des préfixes ou des suffixes (par exemple des noms de communes commençant par ville- ou finissant par -ac...).  Les noms de lieux sont fournies par la base de données d'OpenStreetMap.
http://ssz.fr/places/



Le site Saints & Sinners indique l'emplacement des villes et villages avec le préfixe "saint", "san" ou santa" en Europe et aux Etats-Unis. La base de noms utilisée est celle d'OpenStreetMap.



 
Lien ajouté le 30 novembre 2019


Liens ajoutés le 18 janvier 2020





Lien ajouté le 24 mars 2020

Suffixes les plus communs dans les noms de communes en France. A télécharger en haute résolution sur MapPorn.

Liens ajoutés le 2 mai 2023

Most Likely Town. The Pudding propose une carte des lieux portant le même nom aux Etats-Unis. L'application permet de calculer à quel lieu une personne fait probablement référence en fonction de l'endroit où elle se trouve. Chaque comté obtient un score fondé sur la combinaison de sa proximité, de sa population et de sa longueur d'article dans Wikipédia.

Visit Paris Without Leaving Home. Les États-Unis regorgent de villes nommées d'après des noms de lieux étrangers : on peut faire un voyage à Naples, à New York ou à Paris, tout en restant dans l'Illinois. Des lieux exotiques de ce type, il y en a tellement que l'on pourrait faire un tour du monde sans jamais quitter les États-Unis. Ce site permet de découvrir ces itinéraires où l'on croit changer de pays tout en restant aux Etats-Unis et sans besoin d'avoir un passeport.

Articles connexes

Carte à la Une sur le site Géoconfluences : une carte mosaïque très originale de "selfoods"


Le site Géoconfluences, qui a pour objectif de diffuser des ressources scientifiques pour l'enseignement de la géographie, consacre sa rubrique Cartes à la une à la présentation et l'analyse de cartes. Il s'agit de mettre en avant des cartes sur support papier ou numérique, anciennes ou actuelles, qui valent pour l'intérêt de leur mode de construction, pour l'actualité du phénomène qu'elles représentent ou encore pour leur originalité ou leur caractère artistique.

La carte mise à la une en janvier 2019 rassemble tous ces caractères à la fois. Il s'agit d'une carte en mosaïque d'images représentant des selfoods (traduisez des "selfies" ou autoportraits de plats consommés quotidiennement par des collégiens). Ces séries de selfoods ne sont pas de simples photos d’assiettes, mais mettent en scène un autoportrait des adolescents. Elles disent : « Nous sommes ce que nous mangeons ».

Cette "carte mosaïque de selfoods" vaut également par l'originalité du projet de recherche-action qui rassemble des enseignants, des élèves et des chercheurs. Le résultat final est aussi très esthétique : quasiment une oeuvre artistique en soi. A découvrir et s'en inspirer pour des activités pédagogiques !


 
A compléter par le site TasteAtlas : un atlas des spécialités culinaires avec leurs ingrédients pour découvrir la diversité des modes alimentaires.
http://www.tasteatlas.com/


Articles connexes

Quand Facebook révèle nos liens de proximité (3)

Les réseaux sociaux et notamment Facebook ont favorisé la mobilisation des gilets jaunes. Quels sont les thèmes d'étude que l'on peut aborder dans le cadre de l'Education aux médias et à l'information (EMI) et de l'Education Morale et Civique (EMC) ? Cette liste de ressources sélectionnées sur Internet est destinée à documenter le rôle des réseaux sociaux et à nourrir les débats.


1) Le partage des données sur les réseaux sociaux : Facebook et son nouvel algorithme

Le pouvoir de Facebook est de fédérer des personnes autour d’affinités multiples (voir le billet n°2). En changeant son algorithme en janvier 2018, la firme de Mark Zuckerberg a voulu prendre ses distances avec les contenus des médias traditionnels. Ce "nouveau" Facebook a généré une plus grande exposition aux contenus de ses amis, voisins ou proches, ce qui a contribué à la forte mobilisation des gilets jaunes lors de la première manifestation du 17 novembre et aussi en partie lors des actes suivants.
  • « #GiletsJaunes : de l'algorithme des pauvres gens à l'internet des familles modestes », 30 décembre 2018, Blog Affordances.info
    Facebook a énormément servi de relai à la mobilisation des Gilets Jaunes. Le mouvement n'y est peut-être pas "né" mais il y a tout au moins été largement incubé.
  • "Gilets jaunes : de l'algorithme Facebook à la rue »3 décembre 2018, France 24
    Les porte-parole désignés des “Gilets jaunes” ont en commun une forte présence sur Facebook. Un récent changement d’algorithme du réseau social a contribué à leur popularité et à celle du mouvement.
  • « Nouveau monde. Le nouvel algorithme de Facebook a-t-il favorisé le mouvement des gilets jaunes" ? », 6 décembre 2018, France Info
    Le changement d’algorithme du réseau social aurait décuplé la mobilisation des mouvements de protestation en ligne.
  • Les « gilets jaunes », récit d’un mouvement hors norme né sur Facebook, 10 décembre 2018, Le Monde
    Le mouvement, né sur les réseaux sociaux pour protester contre les prix à la pompe, s’est mué en vaste colère populaire qui ébranle le gouvernement.
  • « Gilets jaunes: les groupes les plus actifs sur Facebook », 5 décembre, BFM TV
    Le réseau social grouille désormais de centaines de groupes dans lesquels les Gilets jaunes expriment leur colère et organisent leurs rassemblements. Les plus populaires ont une activité foisonnante.
  • « Plongée dans les comptes Facebook des gilets jaunes », 14 janvier 2019, Le Nouvel Observateur
    Pour la Fondation Jean-Jaurès, le journaliste Roman Bornstein a étudié les comptes Facebook de nombreux "gilets jaunes". Dans la première partie de cette note, il revient sur la constitution du mouvement et analyse le rôle des algorithmes de Facebook dans sa constitution. Dans un second volet, il se penche sur les profils Facebook et les déclarations des principaux leaders : Maxime Nicolle et Eric Drouet.
  • « Facebook, le début de la fin ? », 14 janvier 2019, The Conversation
    Les utilisateurs (notamment français) sont de moins en moins convaincus de l’utilité sociale de Facebook. Selon eux, le réseau est utilisé pour maintenir des liens faibles plus que pour cultiver des liens forts. 
  • « Facebook change ses règles... et la taille des groupes de gilets jaunes diminue », 18 janvier 2019, Le Monde
    Le réseau social a introduit une nouvelle manière de compter les membres actifs dans les « groupes Facebook », un outil utilisé notamment par les manifestants. Depuis le 14 janvier 2019, les utilisateurs de Facebook ne peuvent plus faire entrer un de leurs contacts dans un groupe sans l’autorisation de ce dernier.
  • « Les groupes Facebook des gilets jaunes s’essoufflent et se restructurent », 23 janvier 2019, Le Monde, Les Décodeurs.
    Après l’effervescence des premières semaines, une partie des internautes s’est désengagée de ces communautés, dont seules quelques-unes restent très actives.

 L'essor des publications sur 148 groupes Facebook étudiés du 13 novembre
au 3 décembre 2018 (source : BFM TV)


2) La place importante des fake news sur les réseaux sociaux
  • « Gilets jaunes : démêler le vrai du faux de trois jours de mobilisation », 19 novembre 2018, Agence AFP
    La mobilisation des "Gilets Jaunes" contre la hausse des taxes sur les carburants a suscité le partage de nombreux commentaires, photos et vidéos sur les réseaux sociaux. L'AFP revient sur cinq éléments, vrais ou faux.
  • « Les gilets jaunes et la fracture médiatique », 18 décembre 2018, Le Figaro
    Une polémique est née après que la chaîne France 3 a été accusée d'avoir retouché une photographie. Sur une pancarte indiquant « Macron démission », n'apparaît plus que « Macron ». Peut-on parler de « fake news » ?
  • « Fake news : les gilets jaunes ont une tendance plus importante que la moyenne à adhérer aux thèses complotistes », 13 janvier 2019, France Info
    Rudy Reichstadt est spécialiste des thèses complotistes. Selon lui, le partage de fausses nouvelles provient entre autres d’une volonté de se distinguer des autres, de se penser "plus malin que les autres".
  • « Gilets Jaunes : sur Facebook et Twitter, des internautes dénoncent les dérives des manifestants », 21 novembre 2018, Phone Android
    Sur Facebook et Twitter, des internautes n’hésitent pas à dénoncer les dérives du mouvement. Sur Twitter, les hashtags #Balancetongilet et #Balancetongiletjaune sont apparus.
  • « Facebook censure-t-il le mouvement des Gilets jaunes ? », 22 novembre 2018, Numerama
    Les militants arborant des gilets jaunes se plaignent d'une « censure » de Facebook. Joint par Numerama, le réseau social s'en défend. Plongée au cœur d'une théorie du complot qui prend de l'ampleur.
  • « Gilets jaunes : les journalistes ne sont pas des cibles ! », 20 novembre 2018, Syndicat de journalistes de France Télévision
    La haine des journalistes est aussi attisée par une prétendue censure à France 3. Il s’agissait en réalité d’une rédaction régionale qui devait rendre l’antenne à la fin d’un JT, et donc interrompre le direct d’une consœur. Le SNJ apporte tout son soutien aux consœurs et confrères victimes de ces agissements délictueux.
  • « Gilets jaunes et journalistes : aux sources du rejet », 29 novembre, The Conversation
    Des journalistes insultés, menacés, cibles de jets de pierre, sur les Champs Élysées, à Toulouse, dans la Drôme, etc. Tweets où fleurissent les « merdiasses » et autres « journalopes ». Vidéos de « gilets jaunes » où s’affichent la conviction que les médias sont aux ordres du gouvernement. Il serait possible de prolonger cette litanie des manifestations du violent divorce entre les acteurs du mouvement des « gilets jaunes » et les journalistes qui en rendent compte.
  • « Point de vue. Pourquoi et comment les réseaux sociaux ont influencé le mouvement des gilets jaunes », 13 décembre 2018, France InfoMéritée ou pas, la défiance à l'égard des médias a conduit beaucoup de gilets jaunes à faire davantage confiance aux contenus circulant sur les réseaux socionumériques pour s'informer. Ce simple état de fait est un encouragement pour les manipulateurs de tous poils à fabriquer des 'informations'", observe le chercheur Arnaud Mercier.
  • « Gilets jaunes : les médias en font-ils trop ? », 22 décembre 2018, France Culture
    Voilà plusieurs semaines qu’ils occupent le terrain et jusqu’aux pages de nos journaux, tous supports confondus. L’institut d’études Kantar média a même évalué la retombée médiatique de ces blocages à l’équivalent d’un match de foot de l’équipe de France lors de la dernière coupe du monde. Mais les "gilets jaunes", qui prévoient aujourd’hui de bloquer la capitale, ont cette semaine nourri un débat au sein même des rédactions.
  • « Sur Facebook, des gilets jaunes lancent leurs propres médias », 12 janvier 2019, Le Monde
    « Vécu » et « France Actus » sont nés de la défiance exprimée par de nombreux Gilets jaunes à l’égard des médias traditionnels. Leurs vidéos ont enregistré 4 millions de vues en un mois.
  • « Jaune, le journal pour gagner », journal téléchargeable sur le site Jaune.noblogs.org
    Jaune est diffusé en ligne et distribué sur des rond points. Ses rédacteurs et rédactrices l’annoncent comme le premier organe de presse des Gilets jaunes.

Un gilet jaune montre une pancarte contre les médias, le 1er décembre 2018 à Paris. 
(source : Laure Boyer / Hans Lucas / AFP)
 


4) Démocratie directe versus démocratie représentative
  • « Gilets jaunes : peut-on calculer sa légitimité grâce à son nombre de vues Facebook ? »  Emission Quotidien avec Yann Barthes, TF1
  • « Après avoir liké, les gilets jaunes vont-ils voter ? », 5 décembre 2018, Blog Affordance.info
    Dans mon dernier article sur le sujet je concluais en soulignant la forme "d'émancipation paradoxale" que produisait Facebook en permettant aux Gilets Jaunes d'accéder à un espace, discursif, médiatique, organisationnel et situationnel dont ces gens-là se retrouvaient privés depuis l'effondrement des corps intermédiaires supposés les représenter. Il n'est pas impossible que cette émancipation leur soit également volée parce qu'une nouvelle fois, il faut le dire, le répéter et le comprendre, Facebook facilite autant les révolutions sociales qu'il en compromet la victoire.
  • « Débat : Peut-on encore gouverner à l’heure des réseaux sociaux ? », 5 décembre 2018, The Conversation
    La révolte des gilets jaunes n’est qu’un symptôme de plus d’un mal plus profond, celui qui a conduit au Brexit, à l’élection de Viktor Orban, Donald Trump, Matteo Salvini et Jair Bolsonaro, et qui garantit l’inamovibilité de Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan... Les causes de ce syndrome sont connues : déclin des idéologies, affaiblissement des corps intermédiaires, pessimisme généralisé, peur du déclin (social, économique, industriel, environnemental, culturel, religieux…), crainte des grands changements (mondialisation, migrations, concurrence internationale, terrorisme, métropolisation…) et opportunisme des marchands de peur et de rêve, qui attisent l’angoisse et la haine, fonds de commerce de leurs prospères PME populistes et médiatiques. A cela s’ajoutent la toute-puissance des réseaux sociaux, qui bousculent les logiques traditionnelles des mobilisations, de la communication, de l’information et du fonctionnement de l’espace public.
  • « Les Gilets Jaunes se font une place dans les médias et l'agenda politique », 7 décembre 2018, Rapport de recherche du LERASS
    Quatre chercheurs du Laboratoire d’études et de recherches appliquées en sciences sociales ont publié leur deuxième rapport sur l’expression des « gilets jaunes » sur Internet depuis le début de la mobilisation. Pour réaliser leur rapport, les chercheurs toulousains ont passé au crible grâce à un logiciel des centaines d’articles de presse et des milliers de posts, commentaires et tweets. Selon leur étude, les « gilets jaunes » ont en commun leur hostilité pour Emmanuel Macron et la volonté de voir mis en place des référendums d’initiative populaire.
    • « Débat : La foule n’est pas le peuple », 10 décembre 2018The Conversation
      On a entendu, depuis un mois, beaucoup d’approximations sur ce que la démocratie est censée être, du côté des gilets jaunes et des responsables politiques qui entendent récupérer leur mouvement, mais aussi du côté de certains journalistes et chroniqueurs.
    • « Éric Drouet et Priscillia Ludosky, deux figures des gilets jaunes actent leur rupture sur Facebook », 14 janvier 2019, The Huffington Post
    • Appel de la première « assemblée des assemblées » des Gilets jaunes, 27 janvier 2019, Reporterre.
      Nous, Gilets Jaunes des ronds-points, des parkings, des places, des assemblées, des manifs, nous sommes réunis ces 26 et 27 janvier 2019 en « Assemblée des assemblées », réunissant une centaine de délégations, répondant à l’appel des Gilets Jaunes de Commercy... Nous sommes forts de la diversité de nos discussions, en ce moment même des centaines d’assemblées élaborent et proposent leurs propres revendications. Elles touchent à la démocratie réelle, à la justice sociale et fiscale, aux conditions de travail, à la justice écologique et climatique, à la fin des discriminations.
    • Le mouvement des gilets jaunes entre dans l’histoire de l'art grâce à ses tags, 20 février 2019, 20 minutes. Voir le site La Rue ou rien qui recense ces tags.
      Le nombre de graffitis contestataires explose avec le mouvement des « gilets jaunes ». Leur visibilité est décuplée avec les réseaux sociaux. Les graffitis politiques d’aujourd’hui dialoguent clairement avec le pouvoir et resteront liés historiquement à ce mouvement.

    Pancartes, tags, slogans : ce que disent les mots des gilets jaunes (source : Le Figaro)


    5) Les réseaux sociaux et le grand débat national
    • « Le Grand débat national », site officiel du Grand débat national
      Comment s'organise-t-il ? quels sont les thèmes ? Comment y participer ? A quoi serviront les contributions ?
    • « Débat : La citoyenneté du nombril des gilets jaunes », 23 novembre 2018, The Conversation
      Le mouvement des gilets jaunes nous renseigne sur ce que le politologue Christian Le Bart qualifie comme la montée conjointe du métier d’individu et de l’égo-politique.
    • « Sur les réseaux sociaux, le référendum d’initiative populaire a la cote... contrairement à Macron », 8 décembre 2018, 20 minutes
    • « L'article à lire pour comprendre le référendum d'initiative citoyenne, l'une des revendications des gilets jaunes », 17 décembre, France Info
    • « Débat : Des gilets jaunes au grand débat : quels enjeux institutionnels ? », 6 janvier 2019, The Conversation
      La saga des « gilets jaunes » et les pillages de décembre relayés dans le monde entier ont révélé les failles de la représentation démocratique dans le jeu politique français. La cristallisation de la colère autour de la figure présidentielle, plébiscitée encore six mois plus tôt, souligne l’acuité du problème institutionnel.
    •  « Gilets jaunes ou stylos rouges : le web carburant des débats », 8 janvier 2019, L'Express
      Via des pétitions ou sur Facebook, internet semble aider le citoyen à redevenir acteur central des débats.
    • « Le grand débat national n’a pas grand-chose à voir avec la démocratie participative », The Conversation, 9 janvier 2019.
      Laurent Mucchielli (Université d’Aix-Marseille) souligne la nécessité, l’urgence même, de favoriser l’émergence d’une vraie démocratie participative.
    • Gilets jaunes  : l'incertitude politique, The Conversation, 19 février 2019.
      Ni révolution, ni révolte, ni mouvement « populaire », le mouvement résiste aux catégories conventionnelles de l’analyse politique... Quel est l’ordre politique recherché par ce mouvement qui refuse toute structure, tout en revendiquant la démocratie directe ? Ce qui semble caractériser le mouvement : la spontanéité politique, la représentativité démocratique, la démocratie non-structurée, la société de réseautage, la liberté ambiguë de l'expression, l'invisibilité, le dit et le non-dit. Le Grand Débat peut-il être la réponse ?
        
      Une des nombreuses illustrations partagées sur des comptes Facebook de gilets jaunes pour dire "oui" 
      au référendum d'initiative citoyenne



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        Interview de Philippe Rekacewicz sur la cartographie et le métier de cartographe


        Invité par Cédric Ridel, professeur d'histoire-géographie, le cartographe Philippe Rekacewicz est venu faire une conférences et conduire un  atelier cartographique en janvier 2019 au lycée international Marguerite Duras d’Ho Chi Minh Ville. A l’occasion de sa venue au lycée, il a bien voulu répondre aux questions de deux élèves de Terminale, Abin et Van concernant la cartographie et le métier de cartographe. 


        Voici quelques verbatims extraites de son interview :

        « La carte a toujours été pour moi un objet de fascination pendant très longtemps… » (1’53)

        « Dans les cours de géographie à l’université où il y a de la cartographie, j’ai tout de suite compris la puissance formidable de la carte comme outil du géographe, comme outil pour exprimer sa vision géographique. On peut écrire des textes, on peut écrire des poèmes, on peut faire de la poésie, de la littérature, écrire des narrations, mais vraiment dessiner la carte, cette rencontre entre la science, la géographie, l’explication des territoires, ça ouvrait des possibilités infinies et j’ai tout de suite compris qu’il y avait là un domaine extrêmement riche à explorer… » (4’40)

        « Mon premier outil en tant que cartographe, c’est ma tête, mon cerveau. C’est étonnant de dire cela comme ça. La cartographie, il faut la considérer comme une discipline où on raconte des histoires. Pour dessiner et créer une carte, il faut avoir des intentions… Est-ce qu’une carte peut montrer les injustices, par exemple la géographie des pays discriminés et celle des pays non discriminés ? Après on va rechercher des données… » (5’40)

        « Ensuite comme deuxième outil pour exprimer ses idées, on a des crayons et des feuilles de papier.  De la carte mentale à la carte papier, on va dessiner les formes, la symbolique, on va dessiner en fait nos idées. » (8’07)

        « Le troisième outil, c’est celui qui va vous permettre de réaliser votre rêve cartographique, c’est l’ordinateur, les logiciels, éventuellement vous pouvez dessiner avec de l’aquarelle, avec du pastel gras, avec de la gouache… » (8’20)

        « Vous avez des cartographes qui sont aussi des artistes qui font des cartes en 3D, qui font des installations, qui font même des cartes dans les champs en coupant l’herbe, ou avec de la glace, du cuir, du fer ou du métal, qui font même des pièces de théâtre cartographique. » (8’40)

        « Pour réaliser une carte, il me faut entre un jour... et trois ans. Si on veut être un observateur ou une observatrice du monde actuel, il faut le temps d’observer comment le monde se transforme… Il faut plusieurs années pour faire la carte de transformation d’un paysage urbain par exemple ou pour voir les transformations d’un terminal d’aéroport. » (9’30)

        « Je ne parle pas du plagiat lorsqu’on recopie la carte d’un manuel en changeant les couleurs… C’est en moyenne deux ou trois jours pleins de travail pour réaliser une carte complète. La cartographie est une discipline qui est assez chère finalement, c’est une discipline qui est très lente avec des étapes qui ne se font pas très rapidement. » (11’50)

        « Il est impossible de produire une “cartographie innocente”. La carte, c’est résolument une vision, une interprétation du monde. Il est impossible que ce soit autrement. Le choix d’une couleur est subjectif… Un simple trait rouge peut exprimer le danger, l’interdit ou la peur par exemple. Un trait bleu peut exprimer quelque chose de plus positif, de plus serein, un accord de coopération par exemple. » (12’10)

        « Tout est une question de choix. Il n’y a pas de manière neutre de représenter le monde, en particulier dans les endroits où il y a des désaccords entre les pays, et il y en a des milliers. Comme on vit dans des pays délimités par des frontières, où les pays sont souverains sur leurs territoires, les désaccords sont nombreux. » (13’30)

        « Il est impossible de faire de la cartographie sans prendre parti, ce qui fait de la cartographie une discipline éminemment géopolitique. » (18’28)


        Philippe Rekacewicz

        Collaborateur du Monde Diplomatique et de sa rubrique cartographie jusqu'en 2014, Philippe Rekacewicz s'intéresse aux rapports entre cartographie, art, science et politique. Il mène aussi divers projets liés au mouvement de la « cartographie radicale ». Outre sa participation régulière au Festival international de géographie de Saint-Dié-des-Vosges, il coanime le site Visionscarto.net avec Philippe Rivière.