Numbeo, une banque de données et de cartes sur les conditions de vie dans le monde : à utiliser avec prudence !


Numbeo est une banque de données sur les villes et les pays du monde, directement alimentée par des utilisateurs du monde entier. L'objectif est de fournir des informations actualisées sur les conditions de vie, notamment le coût de la vie, les prix du logement, les soins de santé, le trafic automobile, la criminalité et la pollution. La présentation de Numbeo est l'occasion de s'interroger sur la fiabilité des données et sur les indicateurs de qualité de vie.

Pour accéder au site :
http://fr.numbeo.com/

L'interface du site est très simple à prendre en main : on sélectionne d'abord un thème au choix dans les menus déroulants, puis une année de référence (ce qui permet des comparaisons). La carte s'affiche directement avec un tableau de classement des pays, des villes ou des régions en dessous de la carte. Il n'est pas possible de paramétrer les couleurs ni de choisir les seuils. On peut en revanche choisir une carte plus précise à l'échelle d'un continent.


Les mêmes données peuvent être affichées en figurés ponctuels, ce qui permet de mettre en évidence les lieux géographiques où elles ont été saisies. On peut remarquer que les données peuvent être lacunaires ou au contraire très denses en fonction des pays ou des régions.


Une autre façon de tirer parti du site Numbeo est de rechercher directement une ville ou un pays dans le moteur de recherche sur la page d'accueil. Aussitôt apparaît une liste impressionnante de données qui vont du prix de produits de la vie courante à celui des tickets de transport, en passant par le coût d'une place de cinéma, de la garde d'enfants, du loyer ou de l'achat d'un appartement en centre ville ou en dehors...


Il convient d'être très vigilant sur l'origine et la fiabilité de ces données. Comme l'avoue avec franchise Numbeo, il s'agit d'utiliser la "sagesse de la foule pour obtenir des données aussi fiables que possible". L'intérêt de cette banque de données est d'être contributive et partagée. Elle permet surtout de disposer de données assez difficiles à obtenir par des sources officielles qui offrent peu d'informations sur les conditions de vie (à supposer que les indicateurs proposés suffisent à appréhender ces conditions).

En cliquant sur le sous-menu Motivation et méthodes, il est possible d'en savoir plus sur la méthode de collecte des données :

"Numbeo s'appuie sur les contributions des utilisateurs et des données collectées manuellement à partir de sources autorisées (sites web de supermarchés, sites web d'entreprises de taxis, institutions gouvernementales, articles de journaux, autres enquêtes, etc.). Les données collectées manuellement à partir de sources établies sont entrées deux fois par an. Nous réalisons des filtres automatiques et semi-automatiques pour filtrer les interférences de données..."

La plupart des indicateurs sont mis à jour régulièrement. Les indicateurs donnés à l'échelle des pays sont souvent issus de sources officielles comme par exemple les données sur le taux de criminalité par pays, qui correspond d'ailleurs à des estimations.


La carte qui semble la plus intéressante est celle qui concerne la qualité de vie. Elle reprend les principaux indicateurs du site pour en donner une synthèse, à savoir les indices du pouvoir d'achat, de sécurité, des soins de santé, du coût de la vie, de l'immobilier, des temps de trajets, de la pollution... et également du climat. Cette carte mérite d'être analysée et discutée pour le choix des indicateurs et du dégradé de couleurs, mais également pour ce qu'elle est en mesure de nous "dire" (ou non) sur la qualité de vie réelle dans chaque pays.


Cette carte est à croiser avec une carte qui a beaucoup circulé sur Internet : la "carte du bonheur" publiée dans le cadre des rapports annuels de l'ONU sur le bonheur mondial, qui donne un classement pour 157 pays (sur 197). Une mise à jour a lieu chaque année (voir le World Happiness Report 2018 ainsi que le rapport 2019). Le site Visual Capitalist en donne une lecture par pays et par continent.

Créée par Guy Kawasaki en association avec Adrian G. White, un psychologue à l'université de Leicester, la carte du monde du bien-être repose sur une « méta-analyse » de plus de 100 études et 80 000 personnes interrogées. Les principaux critères et procédés de l'analyse, expliqués dans le magazine Science Daily, ont un rapport direct avec la santé, la richesse, l'accès à l'éducation, mais aussi (plus surprenant) l'identité nationale et la beauté des paysages.


Cette carte peut être croisée avec un autre indicateur, le Happy Planet Index ou indice de la planète heureuse (IPH), qui est un indicateur économique alternatif au Produit intérieur brut (PIB) et à l'Indice de développement humain (IDH). Créé par un laboratoire d'idées britannique, la New Economics Foundation (NEF), le HPI (valeur théorique allant de 0 à 100) est calculé à partir de quatre indicateurs : l’empreinte écologique (en hectares globaux), l’espérance de vie (en années), le degré de bien-être des populations (indice de 0 à 10 obtenu par sondage) et l'indicateur d'inégalité des revenus. A découvrir sur le site : http://happyplanetindex.org/countries


Une autre "carte du bonheur" a été proposée à l'échelle de l'Union européenne à partir des données d'Eurostats. L'INSEE préfère parler de satisfaction globale de la vie. Le bonheur étant un sentiment éminemment subjectif, il reste à discuter toutes ces cartes...


Le bonheur à l'école devenant aujourd'hui un sujet de préoccupation et de recherche (cf travaux du laboratoire BONHEURS), à quand une carte du bonheur dans les écoles ?

En attendant, vous pouvez consulter ces 18 cartes qu'on ne vous a jamais montrées à l'école. La carte du bonheur en fait partie. Ce choix de cartes est à prendre avec de l'humour et du recul, de même que cette autre sélection de cartes avec de nombreux stéréotypes. Voilà de quoi s'approvisionner en cartes à déconstruire pour travailler sur les représentations cartographiques et mentales !

Une géographie du bonheur par Brice Gruet © Les Arènes, 2014 (source : l'Influx)

Lien ajouté le 2 mars 2019

Lien ajouté le 13 septembre 2019

Une dataviz sur le bonheur dans le monde à partir des données du World Happiness Report qui classe 156 pays en fonction des perceptions de bonheur exprimées par ses habitants. Le rapport explore les relations entre le bonheur et des paramètres spécifiques tels que le PIB par habitant, le soutien social, l’espérance de vie en bonne santé et la perception de la corruption.
http://www.natureindex.com/news-blog/data-visualization-these-are-the-happiest-countries-world-happiness-report-twenty-nineteen
 

Lien ajouté le 27 septembre 2022

Comme nous l'avons signalé, Numbéo n'est pas forcément une source fiable. L'exemple suivant montre que l'utilisation des données peut donner lieu à des interprétations très discutables (voir ce debunkage par AFP Factuel).
Lien ajouté le 20 avril 2023
Lien ajouté le 22 février 2025

Steven Ponce propose une exploration visuelle des facteurs de bonheur à travers les nations, transformant le graphique à barres empilées du Rapport mondial sur le bonheur en un graphique en essaim d'abeilles intuitif qui met en évidence la répartition et les relations entre les différents contributeurs au bonheur national.
Lien ajouté le 21 mars 2025

Le bonheur, à quel prix pour l’environnement ? (Bon Pote)

"Chaque année, le 20 mars, est célébré “le pays le plus heureux”, auquel il serait désormais facile de donner une teinte scandinave, tant les classements mettent systématiquement en haut la Finlande, le Danemark ou la Norvège. En s’appuyant sur les données issues du World Happiness Report, y sont décryptées les conditions d’une forme de bonheur, que nos propres travaux ont contribué à mettre en lumière. Pays prospères, Etats-providences généreux, inégalités de revenu contenues, systèmes éducatifs basés sur l’autonomie, la plupart de ces pays parviennent à trouver des équilibres, permis notamment par leur faible population : économie libérale et couverture sociale généreuse, individualisme et capital social élevé, égalité des genres. Devons-nous donc suivre aveuglément l’étoile du nord pour nos choix de société, de vie et pour nos politiques publiques? Pas si sûr. Il semble y avoir un angle mort dans le bonheur scandinave qui n’a jusqu’alors que peu été mis en avant : l’environnement".

Gaël Brulé, ingénieur environnement, docteur en sociologie et professeur de santé environnementale à la Haute école de santé de Genève, est l’auteur de "Le coût environnemental du bonheur", téléchargeable gratuitement ici.

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