Impacts du changement climatique sur l'agriculture mondiale et prise en compte de l'adaptation


Source
: Hultgren, A., Carleton, T., Delgado, M. et al. (2025). Impacts of climate change on global agriculture accounting for adaptation. Nature 642, p. 644–652. https://doi.org/10.1038/s41586-025-09085-w (article en accès libre).

Le changement climatique menace les systèmes alimentaires mondiaux, sans que l'on sache dans quelle mesure l'adaptation peut contribuer à réduire ces pertes. Dans le contexte bien documenté de l'agriculture américaine, certaines analyses soutiennent que l'adaptation sera généralisée et que les dommages climatiques seront faibles, tandis que d'autres concluent que l'adaptation sera limitée et les pertes assez lourdes. Les analyses basées sur des scénarios indiquent que l'adaptation devrait avoir des conséquences notables sur la productivité agricole mondiale, mais il n'existe pas d'étude systématique sur l'ampleur de l'adaptation réelle des productions à l'échelle mondiale. Dans cet article, les auteurs ont cherché à estimer empiriquement l'impact des adaptations en utilisant des données longitudinales concernant six cultures de base (maïs, soja, riz, blé, manioc et sorgho) et couvrant 12 658 régions dans 54 pays (soit les deux tiers des calories fournies par les cultures à l'échelle mondiale). 

Ils estiment que la production mondiale diminue en moyenne de 5,5 × 10¹⁴  kcal par an pour chaque augmentation de 1 °C de la température moyenne à la surface du globe (TMGS), soit 120 kcal par personne et par jour. Cela représente 4,4 % de la consommation alimentaire quotidienne. Ils prévoient que l'adaptation et la croissance des revenus atténueront 23 % des pertes mondiales en 2050 et 34 % à la fin du siècle (6 % et 12 %, respectivement selon un scénario d'émissions modérées), mais des pertes résiduelles substantielles subsistent pour tous les aliments de base, à l'exception du riz. Contrairement aux analyses d'autres résultats qui prévoient les dommages les plus importants pour les pauvres, ils constatent que les pertes concernent aussi les greniers à blé modernes dotés de climats favorables et d'une adaptation actuelle limitée, bien que les pertes dans les régions à faible revenu puissent être également substantielles. Les scientifiques recommandent de mettre en place des stratégies d’adaptation ambitieuses pour garantir la sécurité alimentaire et atténuer les effets du changement climatique.

Projections de l’évolution des productions de maïs, soja, riz, blé, manioc et sorgho d’ici à la fin du siècle (source : © Nature)


Maïs
Dans un scénario d'émissions élevées, les pertes de rendement du maïs projetées à la fin du siècle sont sévères (environ −40 %) dans la ceinture céréalière des États-Unis, en Chine orientale, en Asie centrale, en Afrique australe et au Moyen-Orient. Les pertes en Amérique du Sud et en Afrique centrale sont plus modérées (environ −15 %), atténuées en partie par des niveaux élevés de précipitations et une augmentation des précipitations à long terme. Les impacts en Europe varient selon la latitude, de +10 % de gains dans le nord à −40 % de pertes le long de la Méditerranée. Des gains dans les potentiels de rendement théoriques se produisent dans de nombreuses régions du nord dans lesquelles le maïs n'est pas largement cultivé.

Soja
La distribution spatiale des impacts sur le rendement du soja est similaire en structure à celle du maïs, bien que les ampleurs soient accentuées ; par exemple, environ −50 % aux États-Unis et environ +20 % dans les régions humides du Brésil dans un scénario d'émissions élevées.

Riz
Les impacts sur le rendement du riz à fortes émissions sont mitigés en Inde et en Asie du Sud-Est, qui dominent la production mondiale de riz, avec de faibles gains et pertes dans ces régions. Ce résultat régional est globalement cohérent avec les travaux antérieurs. Dans les autres régions rizicoles, les estimations centrales sont généralement négatives, avec des reculs en Afrique subsaharienne, en Europe et en Asie centrale dépassant −50 %.

Blé
Les pertes sont particulièrement constantes dans les principales régions productrices de blé, avec des pertes de rendement dues à de fortes émissions de −15 % à −25 % en Europe de l'Est, en Europe de l'Ouest, en Afrique et en Amérique du Sud et de −30 % à −40 % en Chine, en Russie, aux États-Unis et au Canada. Il existe des exceptions notables à ces tendances mondiales : les régions productrices de blé de l'ouest de la Chine affichent à la fois des gains et des pertes, tandis que les régions productrices de blé du nord de l'Inde affichent certaines des pertes projetées les plus sévères à l'échelle mondiale.

Manioc
Le manioc devrait avoir des impacts négatifs uniformes dans presque toutes les régions où il est cultivé actuellement, les pertes les plus importantes se situant en Afrique subsaharienne (-40 % en moyenne dans un scénario d'émissions élevées). Bien que le manioc ne représente pas une part importante des revenus agricoles mondiaux, il constitue une culture de subsistance importante dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Ainsi, ces pertes de rendement pourraient constituer une menace future substantielle pour l'apport nutritionnel des populations pauvres dans le monde.

Sorgho
Les pertes de sorgho sont généralisées dans presque toutes les régions principales où il est cultivé actuellement : Amérique du Nord (−40 %), Asie du Sud (y compris l'Inde) (−10 %) et Afrique subsaharienne (−25 %). Des gains projetés apparaissent en Europe occidentale (+28 %) et en Chine du Nord (+3 %).

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Estimation du PIB agricole à l'échelle mondiale sur une trame de 10x10km²



Atlas de la complexité économique


L'Atlas de la complexité économique est un outil de visualisation de données qui permet d'explorer les flux commerciaux mondiaux sur les différents marchés, de suivre leur dynamique au fil du temps et de découvrir de nouvelles opportunités de croissance pour chaque pays. Développé par la Harvard Kennedy School of Government, l'Atlas s'appuie sur les recherches du Growth Lab de Harvard et constitue l'outil phare de The Viz Hub, la plateforme d'outils de visualisation du Growth Lab.

L'Atlas place les capacités industrielles et le savoir-faire d'un pays au cœur de ses perspectives de croissance, la diversité et la complexité des capacités existantes influant fortement sur la croissance. L'outil combine des données commerciales avec des synthèses issues des recherches du Growth Lab.

L'Atlas original en ligne a été lancé en 2013 pour accompagner l'ouvrage L'Atlas de la complexité économique : cartographier les voies de la prospérité. Aujourd'hui, il est utilisé dans le monde entier par les décideurs politiques, les investisseurs, les entrepreneurs et les universitaires comme une ressource précieuse pour comprendre la structure économique d'un pays.

L'Atlas de la complexité économique fournit des données complètes sur le commerce international couvrant plus de 6 000 produits dans 250 pays et territoires. La page téléchargement des données donne accès aux jeux de données de l'Atlas. 

Le classement des pays du Harvard Growth Lab évalue l'état actuel des connaissances productives d'un pays grâce à l'indice de complexité économique (ICE). Les pays améliorent leur ICE en augmentant le nombre et la complexité des produits qu'ils parviennent à exporter. Une carte permet de comparer les pays en fonction de leur classement ICE avec possibilité de mesurer des évolutions depuis 1995.

Comparaison des pays en fonction de leur classement ICE (source : Harvard Growth Lab)


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Country T-SNE, une solution de data visualisation originale pour comparer des pays entre eux


Évolution de la plateforme de données ouvertes Data.gouv.fr


La mission de la plateforme Data.gouv.fr est de simplifier l’accès aux données publiques françaises. L’ouverture et la circulation des données publiques renforcent la transparence, améliorent l’action publique et permettent la création de nouveaux services. Lancée en 2011 par la mission Etalab, la plateforme est développée et opérée par le département Opérateur des Produits Interministériels de la Direction interministérielle du numérique (DINUM). Les rubriques du site se sont considérablement enrichies et sont de mieux en mieux structurées.

1) Data.gouv.fr, un site de mieux en mieux structuré

Accès aux données par thématique :
L’équipe de data.gouv.fr propose également des ressources pédagogiques qui fournissent les éléments essentiels pour apprendre à exploiter des données ouvertes rapidement. Il s’agit d’une articulation de ressources externes et de contenus produits par data.gouv.fr :
Le catalogue des données donne accès aux nombreux jeux de données (plus de 66 000 jeux disponibles en juin 2025) et à des exemples de réutilisations (plus de 4400 exemples). L'explorateur synthétise tous les jeux de données dans un seul tableau exportable en csv pour pouvoir faire des tris ou des recherches. Les API (près de 400) sont répertoriées sur une page qui les répertorie (disponibles également au niveau des jeux de données). Les données à composantes géographiques sont téléchargeables directement à partir d'une page dédiée.

2) Les principales nouveautés

Au cours de la démo publique qui a eu lieu le 18 juin 2025 (enregistrement disponible ici), l'équipe de data.gouv.fr a présenté les dernières évolutions de la plateforme, parmi lesquelles la prévisualisation cartographique.

Après avoir travaillé sur la prévisualisation des fichiers tabulaires, data.gouv.fr permet désormais de visualiser directement sur la plateforme des données géographiques (PMTiles et GeoJSON).


Un exemple de visualisation cartographique

Voici deux exemples : 
Liste des édifices labellisés « Architecture contemporaine remarquable »
Liste des bornes de Recharge pour Véhicules Électriques

D’autres formats seront prochainement pris en charge, en s’appuyant sur les communs numériques développés par l’Institut de l’information géographique et forestière (IGN) via cartes.gouv.fr. Il y aura par exemple des flux WMS et WFS, ainsi que des CSV contenant des coordonnées géographiques comme des latitudes et des longitudes.

Pour aller plus loin et découvrir davantage de données à composante géographique, nous vous invitons à consulter l’inventaire thématique dédié.

Voir la feuille de route avec la liste des nouveautés (déjà réalisées ou à venir).

Pour s'abonner à l'infolettre de Data.gouv.fr.

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Fonds de cartes pour réaliser des croquis ou des cartes

Fonds de cartes pour utiliser dans un SIG

Displaced by Design. La machine à gentrifier et son coût humain aux États-Unis


La National Community Reinvestment Coalition (NCRC) a publié une carte interactive qui illustre la gentrification des villes américaines au cours des 50 dernières années. « Displaced by Design » est un outil  qui permet de comprendre le processus complexe et multiforme de la gentrification. La carte interactive permet de visualiser l'évolution des quartiers dans les zones urbaines américaines, de 1970 à 2020. Les changements socio-économiques et démographiques ont remodelé les communautés, souvent au détriment de populations marginalisées de longue date.

Visualisation de la gentrification au sein des villes des Etats-Unis sur la période 1970-2020
 (source : 
Displaced by Design)

L'application permet d'étudier les changements au niveau de chaque quartier urbain selon plusieurs critères :

  • Race et origine ethnique des résidents
  • Revenu médian
  • Valeurs immobilières
  • Niveau d'instruction

L'un des principaux enseignements de cette carte est que les changements induits par la gentrification vont au-delà des tendances démographiques et de la valeur des propriétés. Ils peuvent également transformer le tissu culturel des communautés. Cette transformation est souvent plus marquée au sein de la population noire. 

Entre 1980 et 2020, 523 quartiers à majorité noire ont connu une gentrification. Un tiers d'entre eux ont connu un renouvellement racial complet et près d'un quart sont devenus mixtes. Cette tendance représente une perte de 261 000 résidents noirs dans les quartiers autrefois majoritairement noirs. Le NCRC rapporte que « les taux de déplacement pourraient être plus élevés, avec une diminution d'un demi-million de personnes noires dans l'ensemble des quartiers en cours de gentrification ».

A partir de la carte, vous pouvez zoomer sur les villes des États-Unis pour explorer les données historiques et les évolutions démographiques. Les boutons de la barre latérale permettent de visualiser l'évolution des revenus, des prix de l'immobilier ou de la composition raciale de la ville sélectionnée. Les graphiques permettent de croiser les évolutions avec la répartition géographique. Il est ainsi possible d'étudier l'extension du phénomène de gentrification dans certains quartiers que l'on peut cibler pour une étude plus approfondie.

Exemple d'extension de la gentrification dans la métropole d'Atlanta avec les déplacements de population
(source : Displaced by Design)

La carte a été publiée pour compléter le rapport de la National Community Reinvestment Coalition (NCRC) « Displaced by Design: Fifty years of gentrification and Black cultural displacement in US cities » .

Présentation du rapport :

Ce rapport aborde les principaux défis liés à la mesure de la gentrification en introduisant une nouvelle méthode de validation permettant d'identifier plus précisément quand et où la gentrification s'est produite dans les villes américaines entre 1980 et 2022. L'analyse comprend également une estimation du déplacement culturel des Noirs, offrant un aperçu des bouleversements sociaux que la gentrification peut entraîner pour les résidents des quartiers à faibles revenus et à majorité noire. Bien que Glass ait défini la gentrification il y a soixante ans, il manque une méthodologie universellement reconnue pour la déterminer. Cette étude utilise des indicateurs de gentrification largement reconnus et l'évalue en examinant les niveaux de revenus, l'augmentation ultérieure de la valeur des logements et la proportion de résidents diplômés de l'enseignement supérieur. Les auteurs ont également développé une méthode permettant de valider si les quartiers présentent des signes de gentrification en analysant l'évolution des classes sociales, mesurée par la croissance des emplois professionnels, techniques et de direction, ainsi que l'évolution de la composition raciale et ethnique des quartiers, notamment entre les populations blanches non hispaniques et les minorités. Pour la gentrification survenue au cours des deux dernières décennies, un indicateur supplémentaire est utilisé pour évaluer l'évolution de l'activité de prêt hypothécaire. Enfin, les chercheurs ont évalué le déplacement culturel dans les quartiers qui ont montré des signes de gentrification et qui sont passés d'une population majoritairement noire entre 1980 et 2020. Cela fournira, espérons-le, une mesure approximative mais plus complète de l'impact de la gentrification sur les quartiers du centre-ville.

Points-clés à retenir : 

  1. Au cours des cinquante dernières années, 15 % des quartiers urbains présentent des signes de gentrification aux Etats-Unis.
  2. Bien que la gentrification soit rare, elle est en augmentation. Le nombre de quartiers urbains en cours de gentrification a augmenté au cours des cinquante dernières années, passant de 246 dans les années 1970 à 1 807 dans les années 2010.
  3. Dans les années 2010, les cinq villes les plus gentrifiées étaient : Nashville, Tennessee, Washington, DC, la région de la baie de San Francisco, Denver et Austin, Texas.
  4. La gentrification a touché 523 quartiers à majorité noire entre 1980 et 2020. Un tiers (155) de ces quartiers ont subi un renouvellement racial complet, tandis que près d'un quart (121) sont désormais des quartiers diversifiés et racialement mixtes.
  5. Il y a 261 000 Noirs de moins vivant dans les quartiers en voie de gentrification qui étaient majoritairement noirs, ce qui indique un déplacement considérable depuis 1980. Les estimations des taux de déplacement pourraient être plus élevées, avec une diminution d'un demi-million de Noirs dans tous les quartiers en voie de gentrification.
  6. Les villes les plus touchées par le renouvellement racial et le déplacement des quartiers comprennent : Washington, DC, New York, Philadelphie, La Nouvelle-Orléans, Atlanta et la région de la baie de San Francisco.

Classement de l’intensité de la gentrification des villes des années 1970 aux années 2010 (source : CNRC)
Zones métropolitaines comptant plus de 10 quartiers présentant des signes de gentrification

RANG

1970s

1980s

1990s

2000s

2010s

1

Washington DC

Tucson, AZ

Portland, OR

Atlanta, GA

Nashville, TN

2

Denver, CO

Boston, MA

Denver, CO

Washington DC

Washington DC

3

Boston, MA

Seattle, WA

Riverside, CA

Portland, OR

San Francisco Bay Area

4

Chicago, IL

Cincinnati, OH

Atlanta, GA

St, Louis, MO

Denver, CO

5

New York City Area

Buffalo, NY

Tampa Bay Area

Austin, TX

Austin, TX

6

Houston, TX

Chicago, IL

Minneapolis, MN

Boston, MA

7

Denver, CO

Miami, FL

Denver, CO

Los Angeles, CA

8

Phoenix, AZ

Seattle, WA

New York City Area

Raleigh, NC

9

Chicago, IL

New York City Area

Pittsburgh, PA

Miami, FL

10

Dallas Metro Area

Charlotte, NC

New Orleans, LA

El Paso, TX


Graphiques et données fournies par le rapport de la NCRC :

Les données sont disponibles en téléchargement sur le site Diversity and Disparities (Université Brown). Voir également cette page qui permet de trier les régions métropolitaines selon un certain nombre de critères de composition raciale/ethnique et de ségrégation (US2020).

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Nouvelle version simplifiée du fond de carte communal Admin Express (IGN)


Source : « De nombreuses nouveautés arrivent avec la nouvelle version d’Admin Express » (IGN)

Depuis mi-2024, l’IGN œuvre en interne à une refonte du contenu autour de ses référentiels administratifs en réponse aux demandes d’évolution remontées par les utilisateurs. Ce travail de refonte arrive à son terme et se traduit par une nouvelle version 4 d'Admin Express. Cette nouvelle version s’accompagne d’un grand nombre d’améliorations : un enrichissement de l’offre existante, une meilleure cohérence entre les référentiels administratifs, et une mise à jour importante sur le littoral.

  1. Un référentiel administratif complet et cohérent
  2. Ajout de trois collectivités d’outre-mer : Saint-Barthélemy (977), Saint-Martin (978) et Saint-Pierre et Miquelon (975)
  3. Ajout systématique du code SIREN dans toutes les classes
  4. Le remplacement des géométries des pseudos-cantons par des vrais cantons (y compris infra-communaux)
  5. Des classes de chef-lieu (ponctuel) sur l’ensemble des niveaux administratifs
  6. L’ajout de la superficie cadastrale de l’INSEE sur la classe commune
  7. Mise à jour de la limite littorale suite à l’intégration de la limite terre-mer
  8. Deux nouveaux produits « petite échelle » :

  • Admin Express COG CARTO_PLUS PE (à télécharger)
    C’est la déclinaison CARTO_PLUS de sa grande sœur Admin Express COG CARTO PE arrivée en 2024. CARTO_PLUS est la version petite échelle millésimée COG offrant un rapprochement fictif des DROM autour de la métropole, plus adaptée à des besoins de datavisualisation. Elle s’inspire du travail réalisé par l’ICEM7 avec un dernier millésime publié en 2022. La géométrie « Carto Plus » ne possèdera pas de géoréférencement légal et sera proposée sur l’ensemble des couches administratives (commune, département, etc…).

  • Contour IRIS PE
    Ce nouveau produit est la déclinaison petite échelle de IRIS GE (Contour IRIS étant la version moyenne échelle). L’objectif est d'offrir sur la thématique IRIS les 3 niveaux d’échelle (grande, moyenne et petite échelles).
Éric Mauvière, qui administre le site Icem7 consacré à la datavisualisation et au data-storytelling, souligne tout l'intérêt de pouvoir disposer désormais d'une version simplifiée d'Admin Express, bien adaptée aux usages du web et avec les territoires ultramarins rapprochés de l'hexagone. Le rapprochement de l'outre-mer va faire gagner beaucoup de temps aux cartographes, même si on peut déplorer le fait que les DROM ne soient pas à l'échelle entre eux (voir notamment la superficie minorée de la Guyane)

Pour obtenir les régions, départements ou cantons dans la même précision, il est possible de télécharger le fichier gpkg de l'IGN pour faire les découpages administratifs ou bien d'utiliser l'outil en ligne Mapshaper. A partir de la couche communale, saisir dans la console la requête suivante, puis faire les exports dans le format choisi :
- "dissolve reg" =  pour faire apparaître les limites de régions
- "dissolve dept" = pour faire apparaître les limites de départements
- "dissolve can" = pour faire apparaître les limites de cantons

Les données Admin Express peuvent être visualisées aussi sur le site cartes.gouv.fr.

Mapshaper est un outil en ligne qui permet, sans avoir à installer un logiciel SIG, de lire et de convertir des fichiers au format Shp, GeoJson, TopoJson, Kml ou Svg. Voir le tutoriel de prise en main proposé par Eric Mauvière.

Découpage administratif à partir du fond simplifié d'Admin Express (source : IGN)



A titre de comparaison, le fond de carte des communes françaises proposé par l'Observatoire des territoires respecte davantage la taille des départements d'outre-mer. L'application Philcarto propose quant à elle des fonds à différentes échelles.

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Le globe de Coronelli et les cultures géographiques dans la France de Louis XIV


Martin Vailly. Le monde au bout des doigts : François Le Large, le globe de Coronelli et les cultures géographiques dans la France de Louis XIV. Thèse soumise au jury pour approbation en vue de l’obtention du grade de Docteur en Histoire et Civilisation de l’European University Institute, 2020. https://hal.science/tel-03177970v1 (mise en accès libre sur Hal en juin 2025).

Cette thèse explore la constitution de cultures géographiques parmi les courtisans et les élites du royaume de France à la fin du règne de Louis XIV, entre 1680 et 1720 environ. L'analyse est principalement menée à partir de l’étude des globes terrestres de Vincenzo Coronelli, de leur circulation dans les cabinets curieux, ainsi qu’à partir des travaux de François Le Large, garde du globe du roi à Marly. Martin Vailly interroge deux espaces différents, mais pourtant complémentaires, de la pratique géographique : la cour de Louis XIV, où une paire de grands globes cosmographiques est exposé, et les différents lieux du travail savant que sont les bibliothèques, les cabinets ou encore les jardins. En analysant à la fois la constitution de savoirs géographiques, leur exposition sur les globes, leur acquisition et leur discussion par les curieux de géographie, il montre la place de ces connaissances dans la vie sociale, politique et culturelle du royaume de France. 

À partir de l’étude de la persona savante et des travaux de François Le Large, il met en évidence le lien entre la constitution d’une culture géographique, et les jeux de positionnement et d’ascension sociale, dans une démarche qui s’inscrit dans l’histoire sociale des sciences et dans l’anthropologie historique des pratiques savantes. En reconstruisant les sociabilités curiales qui s’articulent tant autour du grand globe de Coronelli que de l’acquisition d’une culture géographique, il montre que le goût pour ces savoirs est un enjeu tant politique que mondain, qui caractérise le roi savant, le bon courtisan ou le gentilhomme éduqué. Cette thèse révèle ainsi l’importance de ces objets de distinction sociale que sont les globes en général, et les globes terrestres de Coronelli en particulier. Ils sont au cœur d’un tissu de sociabilités savantes, mondaines et politiques, et forgent les imaginaires géographiques de leurs possesseurs. L’étude détaillée de la surface du grand globe terrestre de Louis XIV, et de son analyse par François Le Large, montre en outre la place des savoirs géographiques dans la symbolique du règne louis-quatorzien. La surface du globe participe à sa manière aux « guerres de plume » qui opposent Louis XIV et ses rivaux. Elle met en scène et légitime les ambitions impériales d’un souverain présenté comme protecteur des arts et sciences, dans ce lieu privilégié de son pouvoir absolu qu’est le palais de Marly.

Pour compléter

Cartes et globes de Coronelli sur Gallica
Les globes qu'il a créé ont fait la renommée de Vincenzo Coronelli (1650-1718). Mais le moine franciscain a des centaines de cartes à son actif. La Bibliothèque nationale de France en conserve de nombreuses, notamment cette carte en deux plans-hémisphères assez originale assortie de diverses autres projections. Les sources de ces cartes et plans sont référencées à la page 447 de la thèse de Martin Vailly.

Le Globe terrestre représenté en deux plans-hémisphères et en diverses autres figures par P. Coronelli (source : Gallica)

Offerts par le cardinal d’Estrées à Louis XIV, les globes réalisés en 1683 par le cosmographe vénitien Vincenzo Coronelli offrent une représentation synthétique de la Terre et du ciel. Objets de science et emblèmes du pouvoir, ces globes de 4 m de diamètre, exceptionnels par leur dimension, sont les deux pièces les plus monumentales conservées par la Bibliothèque nationale de France. 

Les globes de Coronelli (source : Bibliothèque nationale de France)

A découvrir : « Les globes de Coronelli. Exposition virtuelle sur les globes du Roi soleil » (BNF). Aujourd'hui les Globes de Louis XIV sont installés à la BNF dans l'aile ouest de la bibliothèque François-Mitterrand. Il existe aussi des copies miniatures de ces globes à la Bibliothèque nationale de Vienne. Comme le montre Martin Vally dans sa thèse, il y a un parallèle à faire entre les bibliothèques et les globes qui sont des sources majeures de savoirs. Coronelli lui-même a consigné les principales informations dans un « Recueil des inscriptions des remarques historiques et géographiques qui sont sur le globe terrestre de Marly ». François Le Large, qui était le garde du globe de Coronelli, a  transcrit les connaissances géographiques à travers ses « Explications pour les figures qui accompagnent la dédicace du globe terrestre de Louis XIV » que l'on peut considérer comme un véritable guide d'éducation géographique. 

« Le garde du globe terrestre, François Le Large, entreprit la transcription de toutes les légendes et son travail, nécessaire déjà en 1710, a préservé certains textes qui allaient par la suite s’effacer. Il se lança dans l’explication des figures, dont certaines étaient traitées avec "la fantaisie du peintre" et rechercha les sources. Mais, plus qu’à une simple transcription, François Le Large se livre à une sévère analyse des éléments inscrits par Coronelli et lui reproche de ne pas mettre à jour sa cartographie. En effet, les travaux de l’Académie des sciences ont permis de multiplier les observations sur le terrain et de corriger beaucoup de positions géographiques. » (Exposition virtuelle sur les globes du Roi soleil, BNF). 

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Un jeu de l'oie pour apprendre la géographie du royaume de France

Le monde en sphères. Une exposition virtuelle de la BnF


Des cadres qui parlent : les cartouches sur les premières cartes modernes

Derrière chaque carte, une histoire. La cartographie du détroit de Magellan entre science et imaginaire

Globes virtuels et applicatifs

Cartes et atlas historiques


La carte, objet éminemment politique. Mobilisation contre la vente de terres publiques dans l'Ouest des États-Unis


Source250+ million acres of public lands eligible for sale in SENR bill [Plus de 250 millions d'acres de terres publiques éligibles à la vente dans le projet de loi de réconciliation budgétaire SENR], The Wilderness Society, 13 juin 2025.

Depuis 1935, la Wilderness Society mène des efforts pour protéger les étendues sauvages de l'Ouest américain. Cette société a été à l’avant-garde de presque tous les combats en matière de défense des terres publiques. Aujourd'hui elle tire la sonnette d'alarme face au projet de loi de réconciliation budgétaire du Comité sénatorial de l'énergie et des ressources naturelles, publié le 14 juin 2025. Ce texte comprend une série de mesures extraordinaires visant à privatiser les terres fédérales et à promouvoir la domination énergétique au détriment des terres et des ressources publiques.

Le projet de loi impose la vente arbitraire d'au moins 2 millions d'acres de terres du Service des forêts et du Bureau de gestion des terres dans 11 États de l'Ouest au cours des cinq prochaines années, et il donne aux secrétaires de l'Intérieur et de l'Agriculture une large latitude pour choisir les endroits qui doivent être vendus.

Terres publiques susceptibles d'être cédées dans l'Ouest des États-Unis (source : The Wilderness Society)


Plus de 250 millions d'acres de terres publiques sont éligibles à la vente dans le cadre de ce projet de loi, y compris des zones de loisirs, des zones d'étude de la nature sauvage et des zones sans routes inventoriées, des habitats fauniques essentiels et des couloirs de migration de gros gibier. Ce projet de loi prévoit ce qui est probablement la plus grande vente de terres publiques nationales de l'histoire moderne afin de réduire les impôts des plus riches du pays. Il troque l'accès des Américains ordinaires aux loisirs de plein air contre un avantage à court terme qui profite de manière disproportionnée aux privilégiés et aux personnes bien connectées. La version mise à jour du projet de loi du 14 juin autorise la vente des terres bénéficiant de permis de pâturage. Bien que les terres, dont les « droits existants valides » ne sont pas définis, soient toujours exclues, cette expression englobe désormais les droits fonciers tels que les baux pétroliers et gaziers, les droits de passage ou les concessions minières perfectionnées.

Ce projet de loi expose les États et les collectivités locales, relativement démunis, à des conflits d'enchères ouverts face à des intérêts commerciaux fortunés. Il ne confère pas non plus aux nations tribales souveraines le droit de préemption pour les appels d'offres sur des terres, même pour des zones faisant partie de leurs territoires traditionnels ou contenant des sites sacrés. Les terres des monuments nationaux pourraient également être menacées par cette proposition. Dans un avis du ministère de la Justice publié la semaine dernière, l'administration Trump s'est arrogé le pouvoir juridique sans précédent de révoquer la protection des monuments nationaux. Si elle tentait d'appliquer cette décision, 5,5 millions d'hectares supplémentaires de terres publiques les plus précieuses pourraient être menacés de vente.
 
La disposition relative à la vente de terrains publics se présente comme un moyen de créer davantage de logements, mais elle manque de garanties pour garantir l'utilisation des terrains à cette fin, sans mécanisme de contrôle de l'application des clauses restrictives et avec un large pouvoir discrétionnaire du Secrétaire pour déterminer ce qui constitue un logement ou une « infrastructure destinée à répondre aux besoins locaux en matière de logement ». Les recherches suggèrent que très peu de terrains gérés par le BLM et l'USFS sont réellement adaptés à l'habitat.

Les agences foncières disposent déjà de moyens pour identifier les terres publiques destinées à des usages tels que le logement, si cela répond aux besoins de la communauté. L'élaboration d'une nouvelle méthode pour forcer une telle « cession » dans le cadre du processus de réconciliation budgétaire crée un précédent susceptible de liquider rapidement d'importantes portions de terres américaines précieuses à l'avenir, dès que les politiciens auront un projet à financer. Le site invite à contacter des sénateurs afin de s’opposer au projet de loi de réconciliation. La mobilisation est relayée par d'autres organisations de conservation à but non lucratif telles que le Western Watersheds Project (WWP), qui œuvre pour la protection et la restauration de la faune et des bassins versants dans tout l'Ouest américain.

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