Une erreur de recensement révèle des détails surprenants sur les hispaniques et les latinos américains aux Etats-Unis

 
SourceA census mistake reveals surprising details about U.S. Hispanics and Latinos (Washington Post, 19 mai 2023)

Qui sont les Hispano-Américains ? D'où viennent-ils et où vivent-ils ? Le service données du Washington Post publie un article très intéressant qui livre une série de cartes détaillées et interroge la manière de recenser les populations de « latinos » aux Etats-Unis.

Répartition de la population hispanique aux Etats-Unis selon l'origine (source : Washington Post)


Les questions d'identité peuvent être extrêmement compliquées à prendre en compte dans les statistiques de recensement. Depuis les années 1970 et pendant plus de 30 ans, le Census Bureau américain a demandé qui se considérait comme hispanique. L'item « latino » a été ajouté seulement dans les années 2000, du fait que certaines personnes d'origine hispanique ne s'identifiaient pas au terme d'hispanique. Dans une enquête de 2013 qui demandait aux hispaniques ou latino-américains comment ils se décrivaient, le Pew Research Center a montré que le terme « hispanique » était deux fois plus populaire que celui de « latino ». Les mots décrivant une origine nationale spécifique – « cubain », « mexicain » ou « dominicain » – venaient cependant bien avant ces deux termes. Une partie de la complexité découle de la décision de l'Administration américaine de traiter l'ethnicité (hispanique ou latino) comme quelque chose de séparé et distinct de la race (noir, amérindien, blanc) et même de l'ascendance (d'origine allemande, égyptienne, américaine...). Cette étrange approche tripartite du melting-pot oblige les gens à jongler entre différentes questions qui se chevauchent lorsqu'ils remplissent l'enquête de recensement. A charge ensuite aux employés du Census.gov d'essayer de démêler les résultats... et de découvrir parfois des erreurs de traitement comme cela a été le cas lors du recensement de 2020.

Sous l'administration Obama, il y a eu un mouvement favorable à l'idée de réunir la race et l'ethnicité en une seule catégorie et d'élargir cette catégorie afin d'inclure les personnes originaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Les partisans de cette mesure ont fait valoir qu'elle permettrait de dresser un tableau plus clair et plus utile de la population des Etats-Unis. L'idée a été abandonnée sous l'administration Trump qui craignait que cette décision ne conduise à réduire encore davantage une population blanche déjà en diminution. La plupart des Américains originaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord étaient considérés comme blancs et, jusqu'à une période récente, avant que les changements conduisent à prendre en compte les personnes se considérant comme métisses, environ les deux tiers des Américains hispaniques étaient également considérés comme blancs. Sous le président Biden, la proposition de réunir la race et l'ethnicité a été relancée par le Bureau de l'administration et du budget de la Maison Blanche. Elle semble en bonne voie pour être adoptée en 2024. Telles qu'elles sont actuellement proposées, les modifications élimineraient la nécessité pour les Hispaniques ou les Latinos de sélectionner une race distincte telle que « blanc », tout en ayant toujours le choix d'indiquer plusieurs origines.

Bien qu'ils soient nombreux à se déclarer  « hispaniques » ou « latinos », les Brésiliens continuent de fait à être exclus des statistiques. En tant qu'ancienne colonie portugaise, le Brésil ne répond pas à la définition gouvernementale. Cela changerait la donne s'ils étaient officiellement classés comme Latinos, l'un des groupes démographiques les plus influents d'Amérique.  Les habitants du Belize - une ancienne colonie britannique où l'anglais est la langue officielle - et de quelques autres pays non espagnols, principalement dans les Caraïbes, ne sont pas non plus retenus dans les statistiques officielles. Le lieu de naissance et la langue sont des critères tout aussi importants à prendre en compte. La plupart des Américains d'origine hispanique sont nés aux États-Unis (68%) et, si beaucoup parlent l'espagnol à la maison, un tiers d'entre eux ne parlent que l'anglais (32 %).

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