La carte mondiale de l'Internet selon Telegeography


Telegeography est spécialisée dans l'analyse des données de télécommunications à l'échelle internationale. La firme américaine basée à San Diego est connue notamment pour la très belle carte interactive des câbles sous-marins qu'elle a publiée sur son site (voir ce billet).

Elle vient de produire une nouvelle carte tout aussi intéressante : la représentation des flux sur Internet à l'échelle mondiale pour l'année 2018. Plus qu'une carte, il s'agit d'une représentation en graphe permettant de faire ressortir les têtes de réseau et les points de connexité.



Pour visualiser la carte en haute résolution : 

Plusieurs indicateurs ont été retenus pour élaborer la carte : la capacité globale de la bande passante, le volume du trafic, le système de tarification, le nombre d'utilisateurs et l'offre proposée par les fournisseurs d'accès. 

L'intérêt de cette cartographie est de permettre une analyse à l'échelle intra- et inter-régionale, à la fois entre les métropoles et entre les grandes régions continentales (aisément repérables par leurs couleurs contrastées). Il en ressort une très forte hiérarchisation du réseau.

 


L'Europe se place largement devant l'Asie et l'Amérique du Nord, ces dernières étant à peu près à égalité en termes de flux. Les cartons au bas de la carte permettent de faire des zooms sur des régions précises et d'obtenir des chiffres et des pourcentages plus précis.
 



Ce type de représentation montre les choix et les méthodes employées par la data-visualisation pour  représenter les réseaux numériques et les flux d'information (#flowmap)

A titre de comparaison, voici à quoi ressemblait le réseau Arpanet (ancêtre d'Internet alors limité au territoire américain) en 1973.


 
Pour saisir l'importance relative des pays sur Internet, Nominet élabore chaque année une carte par anamorphose qui les représente en fonction du nombre de sites enregistrés sous leur nom de domaine. Cette mappemonde est un peu particulière puisqu'elle représente les pays en fonction de leur extension Internet.

Pour accéder à la carte Nominet 2018 en haute résolution :
http://www.nominet.uk/the-changing-online-world-2018/


La Chine, l'Allemagne, le Royaume Uni apparaissent comme des pays importants en nombre de sites Internet portant l'extension de leur pays d'origine. Les Etats-Unis sont une anomalie : malgré des usages importants sur internet, il y a peu d’enregistrements sous le domaine .us, le code « officiel » du pays. Les Américains et les entreprises préfèrent .com, qui est le domaine le plus répandu. Une autre anomalie sont les îles Tokelau, situées au large du Pacifique. Avec 1 400 habitants, le domaine .tk enregistre 21 millions de sites. Cette popularité est due à un modèle un peu particulier : les sites peuvent être enregistrés gratuitement, et générer des revenus via la publicité. L’Afrique reste assez réduite.

Cette animation du trafic réel sur Internet pendant 24h (mars 2019) donne une autre vision de l'accès au réseau à l'échelle mondiale avec de forts contrastes selon les pays et les régions. Les zones sombres correspondent aux "angles morts" de l'Internet mondial (voir cette autre carte de l'IP Observatory).



Pour compléter cette approche des flux sur Internet, Jean-Christophe Fichet propose une carte originale qui croise trois types d'information : le pourcentage de population utilisant Internet en 2016 (Rapport international des Télécommunications), la localisation des serveurs (d'après le site Root-servers) et les liaisons assurées par les  câbles sous-marins (Telegeography). La projection choisie (azimutale équivalente de Lambert centrée sur le pôle Nord) permet de bien mettre en évidence les contrastes géographiques dans les connexions à Internet.

"Les connexions à internet : quels contrastes géographiques ?" Voir la carte sur le site Carto-lycée (Jean-Christophe Fichet) :
http://www.cartolycee.net/spip.php?article132


Le site WawamuStats propose une infographie montrant l'évolution du nombre d'internautes par pays de 1990 à 2016 (lire cet article sur les possibilités offertes par les graphiques animés). Faire des arrêts sur images ou des retours en arrière pour déterminer à quel moment tel pays passe devant tel autre. Attention : les barres de l'histogramme à plat diminuent, alors que le nombre d'utilisateurs d'Internet ne cesse d'augmenter : c'est lié à l'échelle du grahique qui change de manière dynamique. 




Le Pew Research Center a réalisé une étude en mars 2019 qui montre que cinq milliards de personnes sont équipées d’appareils mobiles, et la moitié d’entre elles d’un smartphone. Ces utilisateurs ne sont pas répartis équitablement avec une médiane de 76 % de personnes équipées dans les économies dites avancées sélectionnées par l’étude contre une médiane à 45 % pour les économies émergentes. Les écarts sont également générationnels. L’autre fossé est lié à l’emploi et à l’éducation.
D’après : Kyle Taylor and Laura Silver, “Smartphone Ownership Is Growing Rapidly Around the World, but Not Always Equally”, Pew Research Center, February 5, 2019.


Existe-il un cyberespace centre-asiatique ?
Carte. L’espace centrasiatique : un enclavement numérique. Par Grégory JOUBERT, sur le site Diploweb (15 mai 2019) : http://www.diploweb.com/Carte-L-espace-centrasiatique-un-enclavement-numerique.html

Cette carte représente "L’espace centrasiatique : un enclavement numérique". La première partie de l'étude a pour principal objectif de traiter de la dépendance infrastructurelle des États d’Asie centrale à la Russie. La deuxième partie présente le vecteur d’influence que constitue le cyberespace, ainsi que de la perception que se fait le pouvoir kazakhstanais de ce terrain conceptuel. De l’influence informationnelle subie à l’absence de prise en compte de l’aspect profondément technique du cyberespace, le Kazakhstan est foncièrement un État vulnérable. Dans la troisième partie, Grégory Joubert se penche plus particulièrement sur les leviers d’action utilisés par les autorités pour le contrôle des activités de la population en ligne et les moyens de surveillance dont dispose le pays.

En complément

40 cartes pour comprendre Internet. De la création du réseau ARPANET en 1969 aux réseaux sociaux d'aujourd'hui, le journal Vox propose une histoire d'Internet en cartes avec également ses enjeux actuels : http://www.vox.com/a/internet-maps




Carte de l’Internet : quelle hiérarchie des puissances ? Par Charlotte BEZAMAT-MANTES, Laurent BLOCH, Pierre VERLUISE, le 13 mai 2015 (site Diploweb)
http://www.diploweb.com/Carte-de-l-Internet-quelle.html

Lien ajouté le 24 mai 2021

Telegeography publie la version 2021 de sa carte mondiale de l'Internet :


Parmi les nouveautés à souligner :
  • Une croissance de 35% de la capacité d'Internet au niveau mondial - d'environ 450 Tbit/s à plus de 600 Tbit/s entre 2019 et 2020. La capacité mondiale et le trafic Internet ont augmenté en 2020 en raison principalement de la généralisation du télétravail et de la formation à distance, avec plus de personnes qui utilisent Internet que jamais auparavant.
  • L'Europe reste la région avec la capacité la plus élevée, elle a également connu la plus forte croissance de 2019 à 2020.
  • Les fournisseurs de services ont dû augmenter leurs infrastructures cloud avec des plateformes distribuant les données et l'information à l'échelle de grandes régions.

Lien ajouté le 28 septembre 2021
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