L'État de droit dans le monde à travers l'indice du World Justice Project


L'Indice de l'État de droit 2025 du World Justice Project (WJP) évalue 143 pays et juridictions à travers le monde. Pour la huitième année consécutive, l'État de droit a reculé dans la plupart des pays. La détérioration actuelle de l’État de droit à l’échelle mondiale peut s’expliquer par une érosion des contraintes pesant sur les pouvoirs gouvernementaux, la transparence gouvernementale, les droits fondamentaux et la justice civile. 

État de droit dans le monde. Scores et classements des 143 pays et juridictions
(source : Indice de l'État de droit du WJP 2025)

Les scores vont de 0 à 1, où 1 correspond au score le plus élevé (fort respect de l'État de droit) et 0 au score le plus bas (faible respect de l'État de droit).

Pour la huitième année consécutive, l'état de droit s'est affaibli dans davantage de pays que dans ceux où il s'est amélioré (68 % en recul contre 32 % en amélioration). 68 % des pays ont connu un déclin en 2025, contre 57 % en 2024 et 59 % en 2023. En moyenne, les scores globaux de l'état de droit ont baissé de 0,5 %. Les chiffres de la carte ci-dessous reflètent la variation annuelle en pourcentage des scores globaux de 2024 à 2025.

L'État de droit a reculé dans 68 % des pays entre 2024 et 2025 
(source : Indice de l'État de droit du WJP 2025)


La Hongrie continue de reculer dans le classement de l'État de droit, dans un contexte de déclin mondial. Le pays, dirigé par l'homme fort de droite Viktor Orbán, a obtenu le score le plus bas de l'Union européenne en matière d'État de droit. Mais la Hongrie n'est pas le seul pays où la justice s'en sort mal : le rapport attribue des notes inférieures en matière d'État de droit à deux tiers des États membres de l'UE par rapport à 2024, en raison d'un « gouvernement ouvert réduit, de détériorations du système judiciaire et d'une application plus faible de la réglementation ». L’étude relève des tendances à la baisse également au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Russie et en Ukraine. La Russie enregistre le déclin global le plus marqué entre 2024 et 2025, tandis que le recul marqué de l'État de droit aux États-Unis les place entre la Slovénie et le Portugal dans un classement des pays de l'UE, de l'AELE et de l'Amérique du Nord. À l’autre extrémité de l’échelle, le Danemark est le pays de l’UE qui affiche la meilleure performance en matière d’État de droit (0,90) au sein de l’UE et de l’AELE, suivi de la Norvège, de la Finlande et de la Suède.Trois pays de l'UE sur quatre ont connu un déclin de la justice civile et pénale, la justice civile devenant moins exempte de discrimination et les systèmes pénaux moins impartiaux. Dans plus de la moitié des pays de l'UE, les tribunaux sont de plus en plus soumis à une influence gouvernementale indue. 

Même si on observe un déclin mondial de l'État de droit, dans un contexte de montée de l'autoritarisme, de rétrécissement de l'espace civique et d'indépendance judiciaire affaiblie, certains pays dans le monde défient cette tendance. Des progrès sont donc possibles

Télécharger le rapport Rule of Law Index 2025 

Accéder à la carte interactive

Télécharger les données 2025

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Géoconscience, un nouveau regard sur le territoire


Maxime Blondeau (2024). Géoconscience, un nouveau regard sur le territoire, Allary éditions (voir le site de l'éditeur).

Et si l'humanité changeait de regard sur son territoire ? Savez-vous que le sommet de la planète n'est plus l'Everest mais le mont Chimborazo dans les Andes ? Que la moitié de la population humaine vit à moins de cent kilomètres d'un littoral ? Que la masse totale du béton et du ciment sur Terre vient de dépasser celle du vivant ? Ou encore que soixante-six départements français portent le nom d'une rivière ?

Avec des cartes surprenantes et des photos immersives, Maxime Blondeau nous révèle le caractère vital et fascinant de notre habitat commun. Un voyage scientifique et poétique pour éveiller notre conscience géographique, notre géoconscience.

Lire un extrait

Maxime Blondeau enseigne la cosmographie à Sciences Po Paris et à l’École des Mines de Paris. Ses publications sur LinkedIn sont suivies par 200 000 abonnés et cumulent 160 millions de vues. Géoconscience est son premier livre.

« Géographie ? Cosmographie ? Maxime Blondeau se passionne pour une réécriture de la Terre qui marie les vieilles (et nouvelles) cartes, les photos et les images satellites. C’est sur les réseaux sociaux qu’il a capté une partie de son public. Rencontre avec un cosmographe, version XXIe siècle » (Gilles Fumey, Faut-il réécrire la Terre ? Géographie en mouvement).

Pour compléter 

Le Petit Atlas (RFI)

Véritable atlas sonore de 10 minutes, la chronique du cosmographe Maxime Blondeau, diffusée chaque mois sur RFI dans "C’est Pas du Vent", explore les forces et fragilités des territoires. Chaque épisode raconte la rencontre d’un lieu avec le temps, un voyage sensible où la géographie devient récit. En conclusion, un morceau musical intégral incarne le territoire et sa langue. Par cette approche singulière, Maxime Blondeau unit géographie, écologie et culture, invitant à changer notre regard sur les lieux que nous habitons. Une chronique réalisée par François Porcheron.

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La gratuité des transports collectifs urbains : une carte et un débat


La Cour des comptes a publié en septembre 2025 un rapport sur « La contribution des usagers au financement des transports collectifs urbains ». Elle indique qu’en 2019, le coût moyen d’un déplacement en transport collectif urbain (TCU) est de 3,55 €, avec 0,76 € (22% seulement) couverts par l’usager, 1,82 € (51%) par les employeurs et 0,97 € (27% par les subventions publiques). Sur les seuls coûts de fonctionnement, la part des usagers est de 41 % des financements, avec de forts contrastes selon les villes, de 0 % (gratuité) à 61 % (Lyon) comme l’indique la carte. La part des usagers a baissé ces dernières années, au vu des moindres tarifs appliqués, et de réseaux de plus en plus étendus en lien avec la périurbanisation. Ce qui pose la question de la gratuité des transports en commun, très appréciée par les usagers mais encore peu mise en oeuvre en raison du coût pour les entreprises et les collectivités.

La carte

Ratio  « R/D » de couverture des dépenses de fonctionnement par les recettes tarifaires, par réseau en 2019
(source : Cour des comptes)

La carte fournit un aperçu des ratios recettes-dépenses (R/D) pour 88 Autorités organisatrices de la mobilité (AOM). Il convient de préciser que plusieurs organismes publient des statistiques relatives au ratio R/D et des écarts de plusieurs points sont couramment constatés. Ces différences proviennent des variations dans les définitions et les périmètres utilisés. Le réseau de Lyon présente un ratio  « R/D » (Recettes/Dépenses) qui se détache largement de celui des autres réseaux, avec 61 % en 2019. Avec l’Île-de-France, seuls quelques autres réseaux avaient une couverture supérieure à 30 %, comme Nantes, Montpellier, Tours, Bordeaux, Toulouse, Lille, Strasbourg. 

Le débat

Aurélien Bigo, chercheur sur la transition énergétique, avance plusieurs éléments de débat en ce qui concerne la pertinence de la gratuité des Transports collectifs urbains (TCU) : 

  • Ses effets sur l’usage du bus ou le report modal : s’il y a de nouveaux usagers, quelle part provient de la gratuité, ou de l’éventuel renforcement concomitant de l’offre ? quelles parts viennent de la voiture, de la marche, du vélo ?
  • Le prix n’est que rarement la première raison de non usage des TCU (6 % seulement)…
  • C’est bien plus souvent le manque d’offre, de fréquence, la qualité de service… la priorité pour augmenter l’usage devient alors d’augmenter l’offre.
  • Dans ce contexte, par rapport à une tarification solidaire, faut-il se priver des recettes des usagers qui ont les moyens de financer les TCU ?
Alors que la mesure est généralement bien perçue par la population et notamment les usagers, ne souffre-t-elle donc que de défauts ? On peut citer comme avantages :
  • Le côté pratique pour les usagers
  • Les tarifications sociales présentent un risque de non recours aux aides
  • Des économies sur la gestion de la billettique
  • Enfin, dans certaines petites villes, la contribution des usagers est tellement faible que la gratuité n’y est pas forcément très coûteuse
Aurélien Bigo en retient les éléments de synthèse suivants :
  • La pertinence de la gratuité dépend du contexte local, en particulier de la taille des villes et de la part de financement qui vient des usagers
  • Mais à un moment où la priorité doit être de financer un choc d’offre, et alors que les finances publiques sont particulièrement sous contraintes, ce n’est pas la priorité pour la plupart des réseaux
  • La tarification doit viser un subtil équilibre entre augmentation du financement de l’offre et accessibilité du réseau, en particulier pour les plus vulnérables. D'aucuns proposent une tarification sociale basée sur le revenu...
Pour compléter 

Rapport de la Cour des comptes sur "La contribution des usagers au financement des transports collectifs urbains"

Gratuité des transports en commun : une option qui fait débat (Vie publique)
https://www.vie-publique.fr/eclairage/286538-transports-publics-gratuits-un-choix-qui-fait-debat

Liste des villes ayant mis en place la gratuité des transports en commun (Wikipédia)

L’Observatoire des villes du transport gratuit fournit une carte des 46 villes ayant mis en place un transport gratuit pour la majorité des usagers (en France métropolitaine)

Les transports gratuits : une fausse bonne idée ? (Bon Pote)

Transports publics gratuits, une mesure inefficace contre la pollution en ville (The Conversation)

Avis de la Fnaut - La voix des usagers sur la gratuité des TC
Avis du Gart (Groupement des autorités organisatrices des mobilités)
https://www.gart.org/actualite/les-enseignements-du-gart-sur-la-gratuite-des-transports-publics/

La gratuité des transports fait-elle ses preuves ? Débat entre Philippe Duron et Arnaud Passalacqua (Forum Vies Mobiles)
https://forumviesmobiles.org/regards-croises/15548/la-gratuite-des-transports-fait-elle-ses-preuves

Yves Crozet, Bruno Faivre d’Arcier, Aurélie Mercier, Guillaume Monchambert, Pierre-Yves Péguy. Réflexions sur les enjeux de la gratuité pour le réseau TCL. [Rapport de recherche] SYTRAL et LAET, Lyon, 2019, pp.116

Lien ajouté le 27 octobre 2025


"Les bus plus rapides peuvent-ils vraiment être gratuits ?" (New York Times)
Le débat sur la gratuité des transports concerne d'autres pays que la France. Zohran Mamdani a construit sa campagne électorale à New York en exploitant la frustration suscitée par le système des bus. « Des bus rapides et gratuits », a-t-il promis, les deux objectifs étant liés. « Aujourd'hui, dans la ville la plus riche du pays le plus riche de l'histoire du monde, un New-Yorkais sur cinq n'a pas les moyens de payer le bus », a déclaré M. Mamdani, défendant son projet lors du dernier débat de campagne la semaine dernière. Si l'on rendait cet argent aux gens, et plus de leur temps, suggère-t-il, les retombées économiques pour la ville dépasseraient même le coût d'un programme de gratuité qui, selon lui, pourrait coûter 700 millions de dollars par an. Les critiques, et même certains défenseurs des transports en commun, mettent en garde contre l'incompatibilité de ses deux objectifs : dépenser des sommes aussi importantes pour subventionner les bus, et il ne restera pas grand-chose pour les améliorer, surtout à un moment où le gouvernement fédéral sape le soutien aux transports en commun et où l'économie est fragile.
 
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Datavisualisation sur les distances parcourues en France de 1800 à 2023


Le changement climatique par les données (La graphothèque - Bon Pote)


Le nouveau projet Bon Pote est en ligne : la Graphothèque, une base de données visuelles pour mieux appréhender les enjeux écologiques. Le but est de mieux comprendre le climat par les chiffres.

Bon Pote est un média indépendant sur l'environnement, 100% financé par ses lecteurs. « La mission de Bon Pote est d’informer sur le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité, tout en montrant le rôle actif que chacun peut jouer pour un futur plus respectueux de la planète. Il est certes trop tard pour éviter certaines conséquences, mais il n’est et ne sera jamais trop tard pour agir et éviter le pire. Nous démystifions les idées reçues avec rigueur, en nous appuyant sur la littérature scientifique disponible. Dans la mesure où le changement climatique est politique, une veille médiatique quotidienne est assurée afin de faire le lien entre l’actualité politique et les conséquences que les décisions peuvent avoir sur notre avenir climatique. »


Les graphiques sont regroupés par rubrique (climat, énergies, biodiversité, conséquences, solutions). Les données sont sourcées et les graphiques sont tous téléchargeables (dommage que l'export en png ne conserve pas le format vectoriel utilisé en ligne). Un des atouts du site est de permettre de faire des sélections et des comparaisons à partir de graphiques interactifs.

Des parcours thématiques sont proposés en lien avec des articles et des infographies :


Le site Bon Pote comporte d'autres ressources intéressantes : une boîte à outils pour calculer son empreinte carbone ou encore un jeu de cartes sur le thème 12 discours de l’inaction climatique. La rubrique Idées reçues donne des pistes de réflexion sur des questions importantes en matière de société et d'environnement : « Adaptation : les modèles climatiques sont-ils fiables ? », « la France est-elle prête à faire face au changement climatique ? », « Faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète ? »... 

Lien ajouté le 23 octobre 2025

« Cartographie de la désinformation climatique dans les médias français et brésiliens » (QuotaClimat)

Plus de 529 cas de mésinformation climatique ont été détectés en huit mois dans les médias audiovisuels français. C’est le constat du rapport publié par QuotaClimat avec Data for Good et Science Feedback. Ces contenus s’inscrivent dans 19 campagnes coordonnées, portées par des acteurs bien identifiés : secteurs fossiles, automobile, énergétique, agricole, ingérences étrangères… et parfois certains médias eux-mêmes. L’objectif n’est plus de nier le réchauffement clima tique, mais de délégitimer les solutions de la transition, semer le doute et retarder l’action. Pendant ce temps sur les réseaux sociaux, ces mécaniques sont aussi présentes avec des lobbies et grands groupes industriels qui investissent dans les influenceurs pour imposer leurs narratifs sur les solutions au réchauffement climatique.

Lien ajouté le 24 octobre 2025

« TotalEnergies condamné partiellement pour greenwashing  » (‪Reporterre)

Le tribunal judiciaire de Paris a partiellement condamné TotalEnergies le 23 octobre 2025 pour pratiques commerciales trompeuses liées à sa communication sur la neutralité carbone. Saisie en 2022 par plusieurs ONG, dont Greenpeace, Les Amis de la Terre France et Notre affaire à tous, la justice a jugé que certaines déclarations du groupe étaient susceptibles « d’altérer le comportement d’achat du consommateur » et de « l’induire en erreur ». En cause, la campagne de communication lancée en mai 2021 lors du changement de nom de Total en TotalEnergies, qui mettait en avant son ambition « d’atteindre la neutralité carbone » et « d’être un acteur majeur de la transition énergétique ». Pour les associations, cette promesse relevait du « greenwashing », le groupe continuant parallèlement d’accroître sa production d’hydrocarbures.


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La carte, objet éminemment politique. Les manifestations « No Kings » aux États-Unis et dans le monde


Des millions d'Américains ont manifesté le samedi 18 octobre 2025. Rassemblés autour du mot d’ordre « No Kings » (Pas de rois), environ 7 millions de manifestants, selon les organisateurs, ont défilé pour dénoncer le pouvoir autoritaire du président Donald Trump. Plus de 2 700 rassemblements se sont tenus dans les grandes villes américaines ainsi que dans des petites villes du centre des États-Unis, et des bourgades d’Etats républicains. Le mouvement de contestation s'est également étendu à quelques grandes villes en Europe. 

L'appel à l'action a été lancé à partir d'une carte publiée sur le site No Kings, largement diffusée sur Internet et sur les réseaux sociaux. Les cartes de manifestations jouent un rôle central dans la naissance et la propagation des mouvements sociaux, en raison du fait qu’elles sont conçues dès le départ pour être diffusées et reproduites à la fois par les médias et par les sites Internet. Ces cartes, souvent associées à des textes, des images ou des slogans, participent d’une forme de contre-pouvoir, voire de contre-culture. De la carte-slogan à l'action politique, voyons comment cette carte a circulé dans les médias et sur les réseaux sociaux et comment elle peut être interprétée en lien avec d'autres symboles.

I) Au départ, une simple carte d'appel à l'action

La carte publiée sur le site No Kings est assez classique. Elle s'inscrit dans le répertoire d'actions utilisé aujourd'hui pour sensibiliser l'opinion publique et encourager à l'action. Il s'agit, pour les organisateurs, de répertorier les lieux prévus de manifestations plusieurs jours ou semaines avant qu'elles n'aient lieu. Elle a vocation au départ à informer pour trouver le lieu de rassemblement le plus proche de chez soi. Plus de 2500 rassemblements, réunions ou événements sont annoncés le 14 octobre dans 1700 villes des États-Unis. Même si cette « protest map » relève seulement d'un appel, elle a vocation à mobiliser un maximum de manifestants contre la politique autoritaire de Trump, y compris en Europe. L'accumulation de gros points sur la carte accrédite l'idée d'un mouvement d'ampleur.

La carte d'appel à l'action sur le site No Kings - 2500 lieux de manifestation prévus le 14 octobre 2025



La mobilisation « No Kings » du 18 octobre s'inscrit dans une certaine continuité puisqu'il s'agit d'une deuxième journée de manifestation. Les premiers rassemblements No Kings ont eu lieu le 14 juin en réponse à un défilé militaire que Trump avait prévu pour le 250e anniversaire de l'armée américaine et son 79e anniversaire. Selon les estimations, la première manifestation avait réuni entre 2 et 4,8 millions de personnes au cours de 2 150 actions à l'échelle nationale. Elle était déjà elle-même supérieure aux manifestations « Hands Off » du 5 avril, qui avaient également  mobilisé un nombre important de personnes, entre 919 000 et 1,5 million de personnes.

Il convient de noter que, par rapport à la première carte qui comptait 2 000 points de rassemblement, la nouvelle carte en compte 500 de plus. Il s'agit de montrer que le mouvement de contestation prend de l'ampleur. Cette nouvelle vague de manifestations survient dans un contexte de frustration croissante et d'opposition généralisée à la répression militaire du président Trump contre les villes dirigées par les démocrates à travers l'Amérique. Autre point de différence : lors de la manifestation du 14 octobre, la décision d'organiser des événements No Kings dans toutes les villes sauf Washington D.C correspondait au choix délibéré de mettre l'accent sur le contraste par rapport aux cérémonies officielles (cf forme de contre-événement) et de ne pas donner à l'administration Trump l'occasion d'attiser le conflit et de le mettre en avant. Lors de la manifestation du 18 octobre, toutes les villes sont concernées y compris Washington D.C.

La carte interactive « No Kings » n'est pas particulièrement intéressante en soi, si ce n'est comme visualisation de l'ampleur géographique du sentiment anti-Trump aux États-Unis. Il s'agit en apparence d'une simple carte interactive indiquant les lieux des manifestations contre l'autoritarisme croissant de l'administration Trump. Pourtant si on l'observe de plus près, on s'aperçoit qu'elle donne lieu à quelques variations. Ainsi en Europe notamment pour Londres, Madrid, Porto ou Stockohlm, le slogan "No Kings" a été remplacé par "No Tyrants" ou "No Dictators", de manière à élargir la contestation à toute forme de pouvoir autoritaire voire dictatorial. Le trumpisme ne concerne pas que les États-Unis. La montée de l'autoritarisme et la restriction des libertés concernent beaucoup d'autres pays dans le monde. Ce qui ferait de l'Amérique un symbole d'un mouvement de contestation beaucoup plus large à l'échelle mondiale.

La carte d'appel à l'action sur le site No Kings pour la partie Europe - "No Tyrants, No Dictators"



Le site No Kings ne permet pas de télécharger la liste des lieux prévus de manifestation. Il est conseillé d'utiliser le site We the people dissent qui recense tous les événements liés au mouvement No Kings à partir d'une carte et d'une base de données mise à jour quotidiennement depuis juin 2025. La carte distingue les lieux de manifestation en fonction de leur coloration politique à l'élection présidentielle (pro démocrate ou pro républicain). 

Manifestations prévues le 18 octobre aux Etats-Unis à partir du site We the people dissent
(en rouge les comtés favorables à Trump / en bleu ceux favorables à Harris / en violet plus mixtes)


II) Le message et sa diffusion sur les réseaux sociaux

A l'heure d'Internet et des réseaux sociaux, la carte entend faire passer un message. Elle n'est pas seulement destinée à informer sur les lieux de rassemblement les plus proches. Elle a vocation à être reprise et diffusée sur les réseaux sociaux. On la retrouve aux côtés d'autres images ou slogans destinés à renforcer le message. 

La carte des rassemblements accompagnée du slogan "No Thrones, No Crowns, No Kings"
(« Pas de trônes. Pas de couronnes. Pas de rois ») - Source : @indivisible.org



Les membres de la génération Z, qui ont grandi à l'ère d'Internet, utilisent couramment les médias sociaux comme plate-forme pour organiser et coordonner les manifestations. La diffusion de la carte est le fait d'activistes, mais aussi de simples manifestants ou sympathisants du mouvement. Cette diffusion est variable en fonction des réseaux sociaux et mériterait une étude plus poussée. On remarque par exemple une diffusion bien moindre sur le réseau Twitter contrôlé par Elon Musk, proche du président républicain.

Ces rassemblements, nés à Portland avant de s’étendre au pays entier, marquent le retour d’une opposition organisée. "Les démocrates montrent enfin de la colonne vertébrale", souligne Ezra Levin, cofondateur du mouvement Indivisible (une carte recense les nombreuses actions conduites par ce groupe). Plus de 200 organisations se sont engagées comme partenaires des manifestations du 18 octobre ; aucune n'a abandonné par crainte d'une réaction négative de Trump. L'Union américaine pour les libertés civiles (American Civil Liberties Union), association de défense des droits civiques, est partenaire, tout comme le groupe de défense Public Citizen. Des syndicats, dont la Fédération américaine des enseignants (American Federation of Teachers) et le SEIU, font partie de la coalition. Le nouveau mouvement de protestation 50501, né auparavant d'un appel à manifester dans les 50 États sur une seule journée, est également partenaire. Parmi les autres partenaires figurent la Human Rights Campaign, MoveOn, United We Dream, la League of Conservation Voters et Common Defense.

III) Le traitement de l'information par les médias

Les médias ont également relayé la carte publiée par le site No Kings. Mais à la différence des réseaux sociaux, ils ne reprennent pas la carte telle quelle. Afin d'éviter de servir de relais de propagande et sans doute aussi par souci d'assurer un traitement de l'information, les médias proposent en général des versions reconstruites à partir des données fournies par le site officiel No Kings, qui reste malgré tout la source des données. Cela peut aller de la simple carte par points afin de conserver une certaine neutralité ou lisibilité de l'information jusqu'à un traitement plus poussé mettant en lumière les hauts-lieux de la contestation. Ce faisant, le but des organisateurs de voir largement circuler le message via les medias est en partie atteint. 

Le journal The Guardian diffuse une carte par points uniformes en ajoutant quelques noms faisant ressortir les zones concentrant le plus de rassemblements. Le message se veut assez neutre, nonobstant le titre qui ne prend pas la précaution de mentionner qu'il s'agit seulement des lieux prévus pour les rassemblements. 

« Les manifestations No Kings aux États-Unis » (source : The Guardian)


La chaîne d'information CNN s'en tient à une carte également assez minimaliste indiquant le nombre de manifestations prévues par comté, ce qui a tendance à uniformiser l'information à l'échelle du territoire. Les cercles sont pourtant proportionnels au nombre d'événements (de 1 à 30). Mais ils sont de taille beaucoup plus petite que sur la carte du site officiel No Kings. Sous la carte est ajoutée une note : « L'ampleur et la portée de chaque événement prévu sont inconnues et le site web du groupe indique qu'il s'engage à mener une action non violente ». De fait, CNN semble avoir conscience du risque de répression et de la peur éventuelle que peut inspirer ce type de carte (d'où aussi la volonté de neutraliser le message et de lisser l'information).

« Des manifestants se rassemblent contre l'administration Trump lors d'événements No Kings  à travers le pays » (source : CNN)


A partir des mêmes données, Axios propose une carte rapportant le nombre d'événements par ville (voir la carte déjà réalisée pour la manifestation du 14 juin). On y voit ressortir les grandes métropoles du Nord-Est et de la côte ouest des États-Unis qui ont voté contre Trump, mais aussi des villes de rang plus modeste.

« Rassemblements, réunions et événements de mise en visibilité No Kings prévus le 8 octobre 2025 » (source : Axios)


On retrouve parmi les lieux de rassemblement les places symboliques de défense des droits civiques, notamment Grant Park à Chicago, ville surveillée par la Garde nationale et où la mobilisation est particulièrement forte. « Même dans les villes où les troupes sont déployées, des millions de personnes devraient manifester contre le président dans le cadre d'une 2e manifestation... Nous ne nous laisserons pas intimider » (The Guardian).

IV) De la carte-slogan à son interprétation par rapport à d'autres symboles

Les Républicains ont qualifié les manifestations No Kings de « rassemblements de haine contre l'Amérique », en les assimilant à des ennemis de l'intérieur, des partisans du mouvement antifa, voire des terroristes (voir le témoignage de Mark Bray, menacé de mort pour ses travaux sur l’antifascisme et qui a fui les États-Unis pour l'Europe). Les manifestants ont répliqué avec des panneaux « We love America » comme symbole de défense de la liberté et de la démocratie ou encore « l'Amérique appartient à son peuple et non aux rois ». À Austin (Texas), le gouverneur Greg Abbott a déployé la Garde nationale, la division des Texas Rangers, des policiers d'État et le Département de la sécurité publique du Texas avant le rassemblement, avec le soutien d'avions et d'autres moyens tactiques. Il a déclaré dans un communiqué que « la violence et la destruction ne seront jamais tolérées au Texas » et qu'il avait donné l'ordre à tous les agents des forces de l'ordre et à toutes déployé toutes les ressources nécessaires pour assurer la sécurité des habitants ». Cette décision a suscité de vives critiques de la part des Démocrates. 

Face à l'administration Trump qui souhaite réprimer les manifestations, le mouvement No Kings entend montrer qu'il s'agit de la « plus grande manifestation pacifique de l'histoire américaine ». Des manifestants ont rempli Times Square à New York, où la police a déclaré n'avoir procédé à « aucune arrestation liée aux manifestations », alors même que plus de 100 000 personnes se sont rassemblées pacifiquement dans les cinq arrondissements. De l'avis général, les manifestations étaient essentiellement festives, avec souvent des personnages gonflables et des manifestants costumés. La foule, d'une population diversifiée, comprenait des parents poussant des enfants en poussette, des retraités et des personnes accompagnées d'animaux de compagnie. Des manifestations comme celles-ci rassemblent des groupes multigénérationnels et leur côté ludique peut contribuer à créer un élan et à renforcer une communauté. Elles reflètent le malaise croissant de nombreux Américains face à des événements tels que les poursuites pénales contre les ennemis politiques de Trump, sa répression militarisée de l'immigration et l'envoi de troupes de la Garde nationale dans les villes américaines - une mesure qui, selon le président américain, visait à lutter contre la criminalité et à protéger les agents de l'immigration (les déploiements de la Garde nationale à Chicago et Portland ont été temporairement suspendus par décision de justice).


Ce n'est pas tant le pays qui est célébré que l'Amérique en tant que symbole de liberté. Dans les dessins et caricatures, on trouve de nombreuses références à la Déclaration d'indépendance de 1776, événement fondateur de la constitution et de la démocratie américaine.

« Trump et Johnson ignorent clairement l'histoire américaine. No Kings par Rob Rogers - Tinyview (©)


Par son pouvoir performatif, la carte est à interpréter conjointement avec d'autres symboles brandis pendant les manifestations. Lors des défilés, elle laisse la place à une autre iconographie propre aux manifestants qui expriment leur point de vue à travers des affiches, banderoles et autres panneaux affichant leur réprobation.

Lors des manifestations à travers les États-Unis, certains manifestants portent du jaune – un symbole d’unité et une référence à d’autres mouvements de résistance non violente, selon les organisateurs. « Tout au long de l'histoire, les personnes qui se sont rassemblées pour protester contre les régimes autoritaires ont utilisé une couleur facilement reconnaissable parmi des milliers de personnes », peut-on lire sur un tract publié sur le site web No Kings. « Le jaune est un rappel éclatant et sans équivoque que des millions d'entre nous sommes unis par la conviction que l'Amérique appartient à son peuple, et non aux rois ». Le site du mouvement évoque également Hong Kong, où les manifestants portaient des parapluies jaunes, déclarant que les rubans jaunes sont des symboles d'espoir, de responsabilité et de réforme. Le mouvement des rubans jaunes des Ukrainiens est un signe de résistance à l'agression russe. On pourrait aussi faire allusion au mouvement des Gilets jaunes, bien que la symbolique soit quelque peu différente. Partout en Europe, des manifestations ont également eu lieu à Berlin, Madrid et Rome, en signe de solidarité avec leurs homologues américains. À Londres, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés devant l'ambassade des États-Unis.

L'idée de porter des costumes d'animaux gonflables farfelus lors des manifestations a fait son chemin après que Seth Todd, un membre de la communauté mexicaine d'Amérique, a été aspergé de gaz lacrymogène par un agent fédéral alors qu'il portait un costume de grenouille gonflable lors d'une manifestation devant un centre de l'ICE à Portland, dans l'Oregon. Banderoles géantes, fanfares et pancartes ont envahi les rues (voir les images des manifestations populaires relayées par The Guardian).

La grenouille comme symbole de dissidencce publique (source : @gwenckatz.bsky.social)


Une immense bannière reprenant le préambule de la Constitution américaine "We the People" (Nous, le peuple) a circulé pour être signée, symbole d’un sursaut civique et d’une réaffirmation démocratique face à la concentration du pouvoir. Cette fois, la foule comprenait une nouvelle vague de manifestants, indignés par les raids des services d'immigration, le déploiement de troupes fédérales dans les villes, les licenciements gouvernementaux, les coupes budgétaires drastiques, la réduction progressive du droit de vote, la réduction des exigences vaccinales, l'annulation des traités avec les tribus et le projet de loi dit « One Big Beautiful Bill ». Sur son réseau Truth Social, Donald Trump a repris à son compte le statut de roi dénoncé par les manifestants dans plusieurs vidéos générées par l'intelligence artificielle. Sur une vidéo, il s'imagine en Tom Cruise à bord de son avion de chasse - siglé King Trump - comme dans Top Gun. Alors que la bande originale du film résonne, Donald Trump survole les manifestants sur lesquels il largue un liquide brun qui ressemble à de la boue ou à des excréments. De son côté, Scared Ketchup a composé le clip  No Kings 2.0 en soutien aux manifestants (On ne s'arrêtera pas tant que la liberté n'aura pas sonné. Pas de rois ! Pas de couronnes ! Pas de trônes ! Hors de question !). Des publications sur les réseaux sociaux ont affirmé qu'une chaîne de télévision avait utilisé d’anciennes images pour gonfler les rangs des manifestations "No Kings", mais il s'agit d'une fausse information alimentée par l'IA d'Elon Musk.

Seth Abramson a réuni plus de 250 photographies lors de la 1ère manifestation « No Kings » du 14 juin 2025. Son but est de rassembler le plus grand nombre possible de photos de foules lors des manifestations qui ont lieu aux États-Unis, mais aussi dans le monde. Ces photos sont accessibles à travers une interface cartographique qui permet de les consulter par lieux. Une performance artistique a été réalisée sous la forme de banière humaine reproduisant le slogan « No Kings » sur la plage de San Francisco lors de la manifestation du 14 juin. La performance a été renouvelée le 18 octobre avec le slogan « No Kings Yes On 50 », en référence à la California proposition 50, un amendement constitutionnel visant à revoir le découpage électoral. La proposition, si elle est votée, entraînerait l'entrée en vigueur de la loi sur la lutte contre la fraude électorale, qui permettrait à l'État de Californie d'utiliser un nouveau découpage électoral établi par la législature pour les élections de 2026, 2028 et 2030. Les Démocrates souhaiteraient compenser le récent redécoupage électoral du Texas par les changements proposés en Californie.

Bannière humaine réalisée à Ocean Beach (San Francisco) le 14 juin (source : Seth Abramson)


La même performance artistique réalisée le 18 octobre avec le slogan « No Kings Yes On 50 »

Selon l'étude d'Erica Chenoweth, Soha Hammam, Jeremy Pressman et Christopher Wiley Shay qui ont analysé les données à partir du décompte des manifestants, « No Kings » pourrait bien faire partie des plus grandes journées de protestation de l’histoire des États-Unis. Le nombre de participants et l’étendue géographique des manifestations sont des signes de l’opposition populaire persistante à la deuxième administration Trump. Leurs estimations suggèrent qu'entre 2 et 4,8 millions de personnes ont participé à plus de 2 150 actions à l'échelle nationale lors de la journée du 14 juin. 

Avec 7 millions de personnes (estimations), la 2e journée de manifestation organisée le 18 octobre constitue une mobilisation encore plus importante. « Alors que l'attention des médias se concentre souvent sur les acteurs qui se plient aux exigences de Trump, dans la rue, le mouvement de protestation populaire continue de s'opposer à l'administration avec une persistance notable au fil du temps [...]. La mobilisation populaire par la protestation ne constitue ni l'intégralité de l'opposition à l'administration Trump, ni ne suffit à elle seule à imposer un changement. Pourtant, historiquement, le grand public, de concert avec d'autres acteurs sociétaux tels que les opposants politiques, les avocats, les syndicats et les tribunaux, continuera probablement à jouer un rôle crucial aux États-Unis et ailleurs dans la défense de l'État de droit et des normes démocratiques. » 

Selon le journaliste et auteur spécialisé dans les données Elliott Morris, qui s'est appuyé sur des estimations de comptage participatif, la deuxième manifestation « No Kings Day » se situerait entre 5 et 6,5 millions de participants. L'estimation, basée sur les rapports des responsables et des organisateurs locauux ainsi que des participants, suggère que le chiffre des organisateurs – qui font état de 7 millions de participants à l'échelle nationale – est peut-être un peu optimiste (mais pas impossible). Que le nombre exact soit de 5, 6, 7 ou 8 millions, les manifestations de samedi constituent très probablement la plus grande manifestation sur une journée depuis 1970, surpassant même les manifestations de la Marche des femmes contre Trump en 2017. Ces estimations participatives sont accessibles gratuitement ici en espérant qu'elles seront utiles aux chercheurs et aux journalistes qui cherchent à améliorer la compréhension collective de l'activité politique et des manifestations aux États-Unis. Au 18 octobre 2025, Strength in Numbers estime qu'au moins 12,8 millions de personnes, soit 3,7 % de la population, ont manifesté contre le président depuis son entrée en fonction.

Selon les politologues Erica Chenoweth (Université Harvard) et Maria Stephan (organisatrice en chef du projet Horizons), le taux important de participation représente un « seuil critique », celui qui peut conduire à l’expulsion d’un parti au pouvoir et de sa figure de proue. Elles ont étudié les mouvements de résistance civiques de 1900 à 2006 partout dans le monde pour en arriver à ce constat : la seule façon de contrecarrer ce genre de mobilisation citoyenne pacifique est finalement de s’assurer qu’elles deviennent violentes, la violence divisant par deux son pouvoir de changement.

Dana Fisher, professeure à l'Université de Washington DC et autrice de plusieurs livres sur l'activisme américain, estime que les marches du 18 octobre pourraient constituer l'une des plus grandes manifestations de l'histoire récente des États-Unis. Pour elle, ces manifestations « ne vont pas changer la politique de Trump, mais elles pourraient renforcer à tous les niveaux les élus qui s'opposent à Trump ». Un vent de résistance se lève, sera-t-il durable ?

Articles connexes

La carte, objet éminemment politique : les cartes de manifestations à l'heure d'Internet et des réseaux sociaux

Utiliser l’outil de cartographie infracommunale de l’INSEE


Un outil de visualisation très pratique

L'outil de cartographie infracommunale de l'Insee permet de visualiser des données fines à l'échelle des ilots Iris et des données carroyées de 200m et 1km de côté pour l'ensemble du territoire français (hexagone et outre-mer). Cet outil est très pratique dans la mesure où il évite d'avoir à télécharger les données. Il fournit un outil de visualisation directe et permet de croiser avec d'autres informations, notamment l'implantation des principaux équipements des communes dans les domaines de la santé, de l’enseignement ou du commerce.

Outil de cartographie infracommunale (source : Insee)



Les cartes proposées représentent des données issues du recensement de la population, de la source Filosofi et de la base permanente des équipements : population par âge, par lieu de résidence, part des ménages pauvres, niveau de vie des individus, équipements et services accessibles à la population. L'outil sera enrichi ultérieurement d'autres indicateurs et sources de données.

Exemples d'utilisation

Cela reste un visualisateur : il n'est pas possible de choisir les couleurs des symboles ni de seuiller les données (pour cela il vaut mieux utiliser l'outil Statistiques locales proposé par l'INSEE). Malgré tout, les exemples ci-dessous montrent tout l'intérêt de pouvoir croiser des informations issues de différentes bases de données. 

Part des personnes âgées de 65 ans ou plus et implantation des médecins généralistes en France (source : INSEE)



Part des ménages pauvres et implantation des collèges à Marseille (source : INSEE)



Part de la population diplômée du supérieur et psychologues à Lyon (source : INSEE)



Documentation sur les Iris et les données carroyées

Cartographier les inégalités en France à partir des données carroyées de l'INSEE

L'inégale accessibilité financière au logement au sein des régions de l'Union européenne (projet House4All - Espon)


Le projet de recherche européen « Accès à un logement abordable et de qualité pour tous » (House4All) propose des données immobilières qui mettent en évidence la crise du logement ainsi que l'inégale accessibilité au logement en fonction des pays et des régions de l'UE.

Le projet House4All et son contexte

L'Europe est actuellement confrontée à une crise du logement, car de plus en plus de personnes peinent à faire face à la hausse du coûts des loyers. C'est particulièrement vrai dans les grandes villes, où de nombreuses personnes rencontrent des difficultés. Dans l'UE, les prix des logements ont augmenté plus vite que les revenus ces dernières décennies. La pandémie de COVID-19 et la guerre en Ukraine ont aggravé la situation et, à court et moyen terme, l'insécurité du logement et les difficultés économiques pourraient s'accentuer. Il est donc difficile pour les habitants de payer leur logement, et certains risquent même d'être expulsés et de se retrouver sans abri. Globalement, la pénurie croissante de logements abordables dans un grand nombre d'États membres est un facteur indéniable d'aggravation des inégalités, qui devient par conséquent une préoccupation majeure pour la poursuite des objectifs de cohésion territoriale.

Le projet de recherche européen « Accès à un logement abordable et de qualité pour tous » (House4All) vise à fournir une vue d'ensemble complète et comparative de la mise en œuvre des politiques de logement et à élaborer une définition exhaustive de l'accessibilité au logement à l'échelle de l'UE, en tenant compte d'un large éventail d'indicateurs et de la diversité des territoires européens et de leurs spécificités. Par ailleurs, le projet étudie et cartographie les politiques publiques actuelles en matière de logement abordable et de qualité en Europe. Il met en évidence leur degré de coordination à différents niveaux géographiques et d'intégration dans les politiques d'aménagement du territoire et de développement territorial, ainsi que leur alignement sur les stratégies de développement territorial.

Sélection des données

Actuellement, il n'existe pas de données systématiques à l'échelle européenne sur l'accessibilité au logement à l'échelle régionale, issues de sources de données traditionnelles. Les auteurs du projet se sont donc tournés vers la collecte de données web pour obtenir une indication des coûts du logement, tant à l'achat qu'à la location. L'accessibilité financière étant également une question de revenu, ils ont complété les données collectées par scraping avec des sources de données traditionnelles afin de calculer plusieurs indicateurs d'accessibilité financière. Cette approche permet ainsi de produire une carte paneuropéenne de l'accessibilité financière au logement.

Les cartographies d'accessibilité financière qui sont proposées dans le cadre du projet s'appuient sur deux sources principales : les annonces immobilières collectées par scraping web et les données administratives sur les revenus obtenues auprès d'Eurostat. L'unité spatiale d'analyse est la région NUTS 3. Les prix sont des moyennes par région, calculées à partir d'un ensemble de données collectées le 7 mars 2024.

Après nettoyage des données (suppression des valeurs aberrantes et des annonces incomplètes), le revenu est estimé à partir du PIB par habitant en euros, qui apparaît actuellement comme le meilleur indicateur disponible de manière constante au niveau NUTS3. Il convient de noter que les données sont actuellement lacunaires pour la Slovénie, la Finlande, la Hongrie et la Lituanie, mais elles seront bientôt disponibles dans leur intégralité. Les territoires ultramarins sont également incomplets.

Analyse des résultats

La carte ci-dessous synthétise les résultats de manière provisoire (work in progess). Plusieurs étapes doivent être vérifiées avant une version finale (nettoyage et harmonisation des données, données manquantes à compléter). Malgré tout, la carte permet de mettre en évidence des écarts significatifs à l'échelle européenne, nationale et locale.

Pourcentage du revenu mensuel nécessaire pour louer 100 m² par région européenne (source : House4All)



La Pologne, la Bulgarie et la Roumanie semblent présenter des niveaux d'accessibilité très faibles, ce qui pourrait s'expliquer par le caractère restreint du marché locatif dans ces systèmes de logement. Les régions entourant des capitales telles que Paris, Berlin, Lisbonne et Madrid sont souvent moins abordables que le reste du pays. De plus, les régions côtières ont tendance à être moins abordables que les régions de l'intérieur, notamment en Espagne et en France. En Italie, on observe une différence substantielle entre la côte ouest et la côte est.

Les zones rurales et périphériques présentent un marché immobilier moins dynamique, avec des durées d'annonces de vente plus longues, ce qui peut indiquer une inadéquation entre l'offre et la demande, dans certains cas liée à des défis structurels tels que le déclin démographique, les pénuries de main-d'œuvre et une offre de services limitée.

Il convient de rapporter ces écarts à la part des propriétaires qui varie grandement d'un pays à l'autre de l'UE. Ainsi la Pologne connaît des loyers très élevés, mais une grande partie de la population est déjà propriétaire de son logement (plus de 80%), ce qui n'est pas le cas de l'Allemagne où les loyers sont moins élevés mais concernent plus de personnes (moins de 50% des Allemands sont propriétaires). La France occupe une position médiane.

Le rapport House4All-Espon contient d'autres cartes qui permettent de rapporter l'effort financier à la part de salaire et au nombre d'années nécessaires pour acheter un logement :

Un logement pour tous : Accès à un logement abordable et de qualité pour tous (Rapport House4All - Espon) à télécharger en anglais.

Dynamiques du marché immobilier en Europe - Suivi de la durée des annonces pour les locations et les ventes au niveau local

Portail de données et de connaissances ESPON

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L’inégale abordabilité du logement dans les villes européennes (Cybergéo)

Un quart des ménages en France vivent dans un logement en sous occupation très accentuée

Données géospatiales de recensement agricole à l'échelle de l'Europe (Eurostat)


Eurostat, le site de statistiques officielles de l'Union européenne, poursuit sa publication de données par mailles d'1 km² à travers son application cartographique GridViz. Cette fois, il ne s'agit pas de données de population, mais de données agricoles acquises dans le cadre de l'Enquête européenne sur la structure des exploitations agricoles (ESEA).

Pourquoi ces statistiques sont-elles utiles ?

Les données géospatiales du recensement agricole fournissent des informations sur la localisation géographique des exploitations, par exemple l'emplacement des principaux bâtiments, le lieu d'exercice des principales activités ou le village le plus proche. Elles offrent également des informations plus détaillées sur la structure et le nombre d'exploitations, les surfaces cultivées, le cheptel ou la main-d'œuvre agricole. Ceci est très utile pour les utilisateurs qui souhaitent analyser ces données à des niveaux de résolution spatiale élevés.

Données géospatiales de recensement agricole au niveau de l'UE (source : Eurostat)



Pourquoi sagit-il de données expérimentales ?

Les données de localisation des exploitations agricoles sont collectées via l'Enquête européenne sur la structure des exploitations agricoles depuis 2010. La publication des données de grille, qui fournissent des informations sur un ensemble de variables telles que les cultures, l'élevage, l'irrigation et l'agriculture biologique, n'a pas été possible en raison de l'absence d'une méthodologie harmonisée appliquant un traitement de confidentialité et produisant des indicateurs fiables à l'échelle européenne. Les informations relatives aux exploitations agricoles ne peuvent être divulguées dans une grille à une résolution de 1 km que si celle-ci contient plus de 10 exploitations.

Afin de rendre les données géospatiales du recensement agricole accessibles aux utilisateurs, une nouvelle méthode a été développée pour garantir qu’aucune information confidentielle provenant d’une unité statistique individuelle ne soit divulguée. Les données sont expérimentales car il s’agit de la première tentative de publication de données géospatiales issues du recensement agricole à l’échelle européenne.

Comment sont-elles produites ?

Basée sur l'approche Quadtree (une méthode visant à conserver à la fois la précision et la confidentialité des données), une grille multirésolution est produite à partir des données du recensement agricole. Cette approche a été développée par Eurostat en collaboration avec le Centre commun de recherche. La grille contient des données géoréférencées d'une taille minimale de 1 km, imbriquées dans des grilles de résolution croissante, par exemple de 5 km, 10 km, 20 km, 40 km ou 80 km. La taille des cellules de la grille varie en fonction du respect des aspects de confidentialité statistique, tels que le seuil et la règle de concentration. Cette méthode garantit également la qualité des indicateurs en évaluant que le coefficient de variation estimé ou l’erreur standard relative se situe en dessous d’un niveau acceptable.

Pour plus de détails, veuillez consulter le note méthodologique ou les articles scientifiques publiés dans le Journal of Geographical Systems and Earth System Science Data.

Accès aux cartes et aux données

Les statistiques expérimentales sont présentées sous forme de carte statistique interactive et visualisées dans l'outil GridViz, conçu par le Système d'information géographique de la Commission (GISCO)

Pour télécharger les données, vous pouvez sélectionner l'ensemble complet de données ou choisir parmi des jeux de données individuels (taille de l'exploitation, zone agricole, agriculture biologique, terres irrigables, bétail, main d'oeuvre, âge du manager, formation de chef d'exploitation agricole, écart entre les sexes). 

Les données d'enquête ESEA pour la France sont disponibles sur Agreste. La taille totale de l’échantillon est comprise entre 60 et 80 000 exploitations agricoles tirées dans les 416 000 recensées en 2020 toujours actives et dans la population des exploitations agricoles créées depuis. En 4 ans, la France a perdu 40 000 exploitations. Il ne reste plus, en France métropolitaine, que 349 600 exploitations agricoles en 2023 : 40 000 de moins qu’en 2020 et 314 000 de moins qu’en 2000. L’effectif a fondu de 10,3% entre 2020 et 2023, affectant les micro-exploitations et dans une moindre mesure les petites, moyennes et grandes structures, et davantage l’élevage côté Otex. Avec une SAU moyenne de 93 ha, l’agrandissement se poursuit, tout comme le recours aux salariés et aux prestataires extérieurs.

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Cartes et données sur l'occupation des sols en France (à télécharger sur le site Theia)

Données et cartes sur l'artificialisation des sols en France

Carte de l'utilisation des pesticides en France