Les ensembles de données démographiques quadrillées sous-représentent systématiquement la population rurale à l'échelle mondiale

 

Source : Láng-Ritter, J., Keskinen, M. & Tenkanen, H. (2025). Global gridded population datasets systematically underrepresent rural population. Nature Communication 16, 2170. https://doi.org/10.1038/s41467-25-56906-7

L’étude de l’Université Aalto (Finlande), publiée dans Nature Communications, révèle que 53 à 84% des habitants des zones rurales isolées échappent aux bases de données comme WorldPop ou LandScan, ce qui biaise les estimations démographiques au niveau mondial. Les modèles actuels, basés sur la lumière nocturne ou sur des recensements incomplets, sous-évaluent fortement la population rurale, notamment en Afrique et en Asie. Or, 43% de l’humanité vit en zone rurale selon les chiffres officiels, sans doute bien plus en réalité. L’étude s’appuie sur 307 projets de barrages dans 35 pays pour comparer les estimations aux chiffres réels de relogement. Elle montre que les erreurs de 2010 se répètent en 2015 et 2020, ce qui fausse les estimations de population (population mondiale estimée à 8,2 milliards actuellement). L’étude appelle à intégrer des images satellites en haute résolution, des relevés de terrain, des données mobiles anonymisées. Une cartographie démographique plus juste permettrait une meilleure allocation des ressources et une planification plus équitable.

Pourcentages de biais moyens sur les cinq grilles de population dans les 35 pays avec
zones rurales évaluées (source : Láng-Ritter et al., 2025)



Les cinq ensembles de données de population quadrillées sont librement accessibles via les liens Web fournis dans ce tableau. L'ensemble de données GeoDAR 28 contenant les polygones de réservoir est disponible gratuitement en téléchargement sur Zenodo. Les attributs de réservoir doivent être achetés auprès de la Commission internationale des grands barrages par l'intermédiaire du Registre mondial des barrages. Le fichier de polygones résultant de cette étude est accessible au public. Il contient les 307 zones rurales évaluées et les estimations de population pour chaque zone rurale.

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L'histoire par les cartes. La mappa mundi de Leardo (1452)


Source : « Le projet Lazarus va apporter un nouvel éclairage sur la plus ancienne carte de la collection de l'UWM » (Université du Wisconsin à Milwaukee)

La mappa mundi de Leardo est une carte du monde dessinée à la main datant de 1452. Il s'agit de l'un des éléments phares de la collection de la bibliothèque de l'American Geographical Society, hébergée depuis près de 50 ans à l’University of Wisconsin Milwaukee (UWM). Le cartographe Giovanni Leardo a réalisé cette mappemonde à Venise pour un commanditaire inconnu – probablement un dignitaire religieux. La carte place Jérusalem en son centre, avec l'est pointé vers le haut. Dans le cercle qui l'entoure figure un calendrier, avec les phases de la lune, les fêtes des saints ainsi que d'autres informations.

La mappa mundi de Leardo - 1452 (source : Université du Wisconsin)

La bibliothèque de l'American Geographical Society contient aujourd'hui plus de deux millions d'ouvrages, dont des cartes, des photos, des atlas, des globes. Mais la carte de Leardo est l'ouvrage le plus ancien de la collection. L'original est conservé dans une pièce sombre et à température et humidité contrôlées, ce qui fait qu'elle était difficile à montrer aux visiteurs. L'obtention d'une reproduction de pointe est l'une des raisons pour lesquelles l'UWM accueille le Projet Lazarus à l'université en mars 2025. La numérisation en haute résolution pourrait mettre en lumière des détails qui se sont estompés au fil des siècles. Le projet Lazarus utilise l'imagerie multispectrale pour faire ressortir les détails manquants ou ternis sur des documents fragiles ou endommagés. Le traitement des photos prises sous différentes fréquences lumineuses permet d'en extraire de nouveaux détails. L'original est sur vélin ou peau d'animal traitée. La bibliothèque disposera désormais d'une image numérique pour un fac-similé de meilleure qualité, elle pourra l'imprimer sur un support semblable au vélin. 

Outre l'Université du Wisconsin qui en propose une version numérique, la mappa mundi de Leardo est consultable sur le site de la bibliothèque du Congrès.

Extraits de la notice :

"La plus ancienne carte du monde conservée à la bibliothèque de l'AGS est la Mappamundi de Leardo. Il s'agit de l'une des trois cartes du monde connues signées et datées par le cartographe vénitien du XVe siècle, Giovanni Leardo. Les deux autres, similaires mais non identiques, se trouvent à la Bibliothèque communale de Vérone, en Italie, et la troisième au Musée civique de Vicence, en Italie. Cette carte représente les régions du monde connues des Européens à la fin du Moyen Âge. Elle est considérée comme l'un des plus beaux exemples de carte du monde d'époque médiévale conservée dans l'hémisphère occidental." 

"On sait peu de choses sur Giovanni Leardo, géographe et cosmographe vénitien du XVe siècle, si ce n'est que trois de ses cartes du monde, signées par leur auteur, datent de la fin du Moyen Âge. Il s'agit de la plus ancienne carte du monde conservée à la bibliothèque de l'American Geographical Society et elle est considérée comme le plus bel exemple de mappemonde médiévale de l'hémisphère occidental. Les deux autres cartes de Leardo, similaires mais non identiques, se trouvent en Italie, à la Bibliothèque communale de Vérone et au Musée civique de Vicence. La carte représente les régions du monde connues des Européens à la fin du Moyen Âge – l'Europe, l'Asie et l'Afrique – et, comme sur de nombreuses cartes murales médiévales, elle montre Jérusalem au centre et est oreintée vers l'est. Archer M. Huntington acheta la carte et la présenta à l'American Geographical Society en 1906. En 1928, la société publia un fac-similé en couleur grandeur nature accompagné d'un texte de John K. Wright, intitulé The Leardo Map of the World: 1452 or 1453. L'ouvrage de Wright consistait essentiellement en une description détaillée du tracé, des noms et des caractéristiques de la carte elle-même. Rand McNally reproduisit également la carte pour une carte de Noël en 1952."

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Carte détaillée du paysage sous la calotte glaciaire de l'Antarctique


Source : Pritchard, H, Fretwell, P., Fremand, A. & al., « Bedmap3 updated ice bed, surface and thickness gridded datasets for Antarctica », Scientific Data,  vol. 12, 414, 2025, https://www.nature.com/articles/s41597-025-04672-y (article disponible sous licence Creative Commons Attribution 4.0 International)

La carte la plus détaillée à ce jour du paysage sous la calotte glaciaire de l'Antarctique a été réalisée par une équipe de scientifiques internationaux dirigée par le British Antarctic Survey (BAS). Baptisée Bedmap3, elle intègre plus de six décennies de données acquises par avions, satellites, navires et même traîneaux à chiens.

Les résultats ont été publiés le 12 mars 2025 dans la revue Scientific Data. La carte nous donne une vue claire du continent blanc comme si ses 27 millions de kilomètres cubes de glace avaient été retirés, révélant les emplacements cachés des plus hautes montagnes et des canyons les plus profonds. Une révision notable de la carte concerne l'endroit où la couche de glace sus-jacente est la plus épaisse. Des relevés antérieurs situaient cet endroit dans le bassin de l'Astrolabe, en Terre Adélie. Cependant, une réinterprétation des données révèle qu'il se trouve dans un canyon anonyme à 76,052°S, 118,378°E, en Terre Wilkes. L'épaisseur de la glace à cet endroit est de 4 757 m.

Topographie de l'Antarctique d'après la Bedmap3 (source : Pritchard, Fretwell, Fremand & al., 2025)


Bedmap3 est désormais appelé à devenir un outil essentiel pour comprendre comment l’Antarctique pourrait réagir au réchauffement climatique, car il permet aux scientifiques d’étudier les interactions entre la calotte glaciaire et le lit. Bedmap3,  comme son nom l'indique, est la troisième tentative de cartographie du substrat rocheux de l'Antarctique, entreprise en 2001. Cette nouvelle tentative représente une avancée considérable. Elle inclut plus du double de points (82 millions) par rapport aux précédents, représentés sur une grille de 500 m.

D’importantes lacunes dans les connaissances ont été comblées par des études récentes menées dans l’Est de l’Antarctique, notamment autour du pôle Sud, le long de la péninsule antarctique et des côtes de l’Antarctique occidental, ainsi que dans les montagnes transantarctiques. Le contour des vallées profondes est mieux représenté, tout comme les endroits où des montagnes rocheuses émergent de la glace. Les dernières données satellitaires ont également enregistré avec plus de précision la hauteur et la forme de la calotte glaciaire, ainsi que l'épaisseur des plateformes de glace flottantes qui s'avancent au-dessus de l'océan à la marge du continent.

La carte offre également une vue complète et nouvelle des lignes d’échouement à l’échelle du continent – ​​les endroits où la glace au bord du continent rencontre l’océan et commence à flotter. Le paysage du lit rocheux sous la glace de l'Antarctique est détecté par diverses techniques, notamment le radar, la réflexion sismique (ondes sonores) et les mesures de gravité. En soustrayant cette topographie de la forme et de l’élévation de la glace au-dessus, on obtient des statistiques fascinantes sur le pôle Sud :

  • Volume total de glace de l'Antarctique, y compris les plateformes de glace : 27,17 millions de km³
  • Superficie totale de la glace de l'Antarctique, y compris les plateformes de glace : 13,63 millions de km²
  • Épaisseur moyenne de la glace de l'Antarctique, y compris les plateformes de glace : 1 948 m (hors plateformes de glace : 2 148 m)
  • Élévation potentielle du niveau mondial des océans si toute la glace fondait : 58 m

« De manière générale, il est devenu évident que la calotte glaciaire de l'Antarctique est plus épaisse qu'on ne le pensait initialement et qu'elle contient un volume de glace plus important, reposant sur un lit rocheux situé sous le niveau de la mer. Cela accroît le risque de fonte de la glace en raison de l'incursion d'eaux océaniques chaudes aux confins du continent. Bedmap3 nous montre que l'Antarctique est légèrement plus vulnérable qu'on ne le pensait. »

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De villes en villes. Atlas des déplacements domicile-travail interurbains


Anne Aguiléra, Benoit Conti, Sylvestre Duroudier, Florent Le Néchet, De villes en villes. Atlas des déplacements domicile-travail interurbains, Université Gustave Eiffel 2024, Les collections de l’IFSTTAR (ouvrage mis à disposition sous Licence Creative Commons 4.0 International).


Contenu et réalisation de l'Atlas

À travers une série de cartes régionales, cet Atlas interactif illustre les flux pendulaires depuis et vers les villes françaises de 50 000 à 700 000 habitants. Ce travail, mené par des chercheur.e.s du LVMT et de Géographie-cités dans le cadre d’un partenariat avec l’entreprise Transdev, offre un regard inédit sur ces mobilités et souligne aussi le manque d’offres de transport alternatives à l’automobile.

Cet Atlas a été réalisé dans le cadre d’un partenariat entre le Laboratoire Ville Mobilité Transport (LMVT), unité mixte de recherche (UMR) entre l'Université Gustave Eiffel et l’École nationale des ponts et chaussées et l’UMR Géographie-cités (avec la collaboration de Sylvestre Duroudier, maître de conférences à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, membre de l’UMR), dans le cadre d’un partenariat avec Transdev. Il s’intéresse aux navettes interurbaines depuis et vers les villes françaises de 50 000 à 700 000 habitants, qui concernent 8 trajets interurbains sur 10. Il rend compte de la géographie régionale et intra-régionale de ces déplacements, du profil (âge et profession) des actifs concernés, et identifie les configurations plus ou moins favorables à l’usage des transports collectifs.

Les déplacements interurbains, grands oubliés des politiques de transport

En France continentale, plus de 3 millions de personnes vivent et travaillent dans deux villes distinctes (au sens de l’aire d’attraction de l’Insee). C’est 50 % de plus qu’en 1999. Pour rejoindre leur lieu d’emploi, ces actifs interurbains parcourent des distances importantes : entre 25 et 50 km pour les deux tiers d’entre eux, et plus de 50 km pour les autres. Selon l’Insee, ces navettes interurbaines, dont 9 sur 10 sont réalisées en voiture, comptent pour un tiers des émissions de l’ensemble des déplacements domicile-travail. Elles sont pourtant peu étudiées, et restent peu prises en compte dans les politiques de report modal vers les transports collectifs.

Si les trajets interurbains entre deux communes périurbaines sont nombreux en volume, leur géographie précise reste complexe à saisir finement car ces flux concernent principalement de petits effectifs, inférieurs à 10 actifs. Malgré leur nombre, ils sont donc peu visibles dans cet Atlas. Selon les régions, la part respective des navettes entre les différentes catégories de communes montre des disparités importantes (tableau ci-dessous). Par exemple, la part des échanges entre communes centres est particulièrement élevée (par rapport à la moyenne) en Occitanie, Pays de la Loire, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Île-de-France, et la plus faible dans les Hauts-de-France. Les flux entre communes périurbaines sont les plus élevés en Auvergne-Rhône-Alpes, et les moins importants en Île-de-France.

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Prior Lake Database, une base de données complète sur les lacs dans le monde (données SWOT)


Source : Wang, J., Pottier, Cl. Cazals, C & alii (2025). The Surface Water and Ocean Topography Mission (SWOT) Prior Lake Database (PLD) : Lake Mask and Operational Auxiliaries, Water Ressources Researchhttps://doi.org/10.1029/2023WR036896 (article et données en libre accès).

Résumé

Les lacs comptent parmi les réserves d'eau les plus répandues à la surface de la Terre. L'un des principaux objectifs de la mission satellite SWOT (Surface Water and Ocean Topography) est de surveiller l'élévation, la superficie et l'évolution des réserves d'eau de surface dans les lacs à l'échelle mondiale. Pour atteindre cet objectif, des informations préalables sur les lacs, telles que leur localisation et leur étendue de référence, sont nécessaires pour organiser les observations de SWOT et calculer la variation de leurs réserves au fil du temps. Nous présentons ici la base de données des Prior Lake (PLD) de la mission SWOT afin de répondre à cette exigence. Cet article met l'accent sur le développement de la « PLD opérationnelle », qui se compose (a) d'un masque haute résolution englobant environ 6 millions de lacs et réservoirs répondant au critère de taille minimale de 1 ha, tel que défini dans les objectifs scientifiques d'observation des lacs de SWOT, et (b) de multiples auxiliaires opérationnels qui soutiennent le masque des lacs dans la génération des produits de données vectorielles lacustres standard de SWOT. Nous avons construit le masque des lacs antérieurs en harmonisant l'ensemble de données mondiales sur les lacs Circa-2015 de l'UCLA et plusieurs bases de données de réservoirs de pointe. Des auxiliaires opérationnels ont été produits à partir de données géospatiales multithématiques afin de fournir des informations essentielles au fonctionnement du PLD, notamment sur les bassins versants et les zones d'influence des lacs, la phénologie des glaces, les relations avec les rivières antérieures SWOT et la couverture spatiotemporelle des survols SWOT. À l'échelle mondiale, plus des trois quarts des lacs antérieurs ont une superficie inférieure à 10 ha. Environ 97 % des lacs, soit la moitié de la superficie mondiale des lacs, sont intégralement observés au moins une fois par cycle orbital. Le PLD sera amélioré de manière récurrente tout au long de la mission et constitue un cadre essentiel pour l'organisation, le traitement et l'interprétation des observations SWOT sur les environnements lacustres, d'une importance fondamentale pour la science des systèmes lacustres.

Prior Lake est actuellement la base de données la plus complète sur les lacs (environ 6 millions) et leurs attributs associés. Elle sert également de base aux données SWOT sur les lacs.

Carte mondiale et répartition des lacs (source : Wang et al., 2025)

Données

Le PLD SWOT opérationnel est accessible en accès libre via la plateforme Hydroweb.next sous licence Etalab 2. GeoDAR est décrit dans Wang et al. (2022a) et la version 1.1 est accessible via Wang et al.  (2022b) sous licence CC BY 4.0 sur le référentiel de données Zenodo. GREI-p2k est décrit dans Fan et al. (2024) et accessible via Song (2024) sous licence CC BY 4.0 sur la Banque de données scientifiques. 

GRanD est décrit dans Lehner et al. (2011), et la version 1.3 est actuellement archivée et accessible via le site Web de Global Dam Watch (Mulligan et al., 2021). 

HydroBASINS est décrit dans Lehner et Grill (2013), et la version 1.c est archivée et accessible via le site Web HydroSHEDS.

SWORD est décrit dans Altenau et al. (2021) et la version 17 est  accessible en open data via Altenau et al. (2025) sur le référentiel de données Zenodo. 

Les données SWOT Cal/Val et les bandes d'orbites scientifiques sont accessibles via le site Web des données altimétriques par satellite AVISO.

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Quels pays censurent le plus Internet ?


Source : « Internet Censorship : A Map of Internet Censorship and Restrictions » (Comparitech)

La carte montre quels pays censurent le plus Internet et lesquels exercent le moins de contrôle sur les sites en ligne. Elle est basée sur des données collectées par le site technologique Comparitech. Dans cette étude exploratoire, les chercheurs ont mené une comparaison pays par pays afin d'identifier les pays qui imposent des restrictions strictes sur Internet et ceux où les citoyens bénéficient au contraire d'une liberté maximale. Entre les deux extrêmes, on peut trouver des situations très variées. En 2025, près de 60 pays ont renforcé leur censure sur Internet, contre 50 lors de l'étude de 2024. La plupart des nouvelles restrictions concernent les réseaux sociaux et les applications de messagerie, les médias politiques et la pornographie. Avec l'introduction croissante de systèmes de vérification de l'âge dans des pays comme l'Australie, la France, le Royaume-Uni, les États-Unis et l'Allemagne, et un nombre croissant de pays renforçant leur censure des médias sociaux malgré le fait qu'ils soient des pays relativement « libres », notre vie privée numérique est de plus en plus menacée. L'article s'interroge : « la censure en ligne est-elle en train de devenir la norme ? »

Carte de la censure et des restrictions sur Internet (source : Comparitech)

La carte a été produite avec l'application Datawrapper. Les données ayant servi à élaborer la carte sont mises à disposition sur le site au format csv. Ce qui permet de refaire la carte en choisissant ses seuils de discrétisation, la légende en dégradé continu étant peu lisible.

Méthodologie mise en oeuvre

Six critères ont été pris en compte : 1) les restrictions ou interdictions concernant le téléchargement de fichiers (torrenting), 2) la pornographie, 3) les réseaux sociaux, 4) l'usage de VPN, 5) les médias d'information et 6) les applications de messagerie/VoIP. Plus le score est élevé, plus la censure est importante. Cette méthodologie permet de disposer d'une grille commune, elle peut être discutée du fait que la censure peut s'exercer par des moyens plus ou moins visibles ou détournés. 

  1. Torrenting ou partage de données en "peer to peer" (2 points)
    Restreint, mais accessible (1 point)
    Sites web interdits et/ou activement supprimés (1 point)

  2. Pornographie (2 points)
    Restreint, mais accessible (1 point)
    Banni (1 point)

  3. Médias politiques (2 points)
    Restreint dans une certaine mesure, par exemple en exerçant une certaine censure (1 point)
    Fortement censuré. Par exemple, les chaînes réservées au gouvernement et/ou journalistes risquent de lourdes peines de prison ou d'être tués (1 point).

  4. Médias sociaux (3 points)
    Une certaine censure a lieu, par exemple des personnes condamnées à des peines de prison pour du contenu publié sur les réseaux sociaux (1 point)
    Restreint, par exemple preuve de démantèlement de plateformes lors de manifestations, d'examens scolaires, etc. et/ou surveillance étroite des plateformes (1 point)
    Banni (1 point)

  5. Usage de VPN (2 points)
    Restreint (1 point)
    Banni (1 point)

  6. Applications de messagerie/VoIP (1 point)
    Restreint. Certaines plateformes sont par exemple interdites (les fournisseurs de télécommunications gouvernementaux ou publics offrent souvent des alternatives) (1 point)

Pistes d'interprétation de la carte

Les pires pays en matière de censure sur Internet sont la Corée du Nord, la Chine et l'Iran (note de 12/12), suivis de l'Irak, la Birmanie, le Pakistan, la Russie et le Turkménistan (11/12), l'Égypte, Oman, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (10/12). Même si les VPN sont techniquement bloqués dans certains pays, certains fonctionnent encore. De même, de nombreux sites web censurés créent des sites miroirs pour permettre l'accès à des personnes résidant dans des pays restreints, mais ceux-ci sont souvent bloqués dès que les autorités en prennent connaissance.

Aucun pays européen ne bloque ou n'interdit les réseaux sociaux, mais trois d'entre eux les restreignent (la Biélorussie, la Turquie et l'Ukraine). Au cours de la période couverte par le rapport, des centaines de citoyens biélorusses ont été emprisonnés et des milliers d'autres ont fait l'objet de sanctions pénales ou administratives pour leurs activités sur Internet. La Turquie et l'Ukraine surveillent également  le contenu des réseaux sociaux de leurs citoyens. Ces trois pays, ainsi que l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Hongrie, la Lettonie et la France, ont également mis en place un certain niveau de surveillance/censure sur les réseaux sociaux. 

Cuba est le seul pays d’Amérique du Nord à restreindre l’utilisation du VPN. Les restrictions imposées aux médias se sont intensifiées en Amérique du Sud, notamment en Équateur, en Colombie et au Paraguay. Dans ces deux pays, les journalistes et les médias sont fréquemment victimes de menaces, d'agressions et d'attaques, parfois même d'assassinats. Le Venezuela continue d'appliquer des restrictions et une censure sur les réseaux sociaux. Des cas de surveillance des réseaux sociaux ont été signalés en Argentine, au Brésil, en Colombie et en Équateur.

Vingt-deux pays asiatiques ont bloqué ou interdit des sites de torrent. Le Qatar et Oman ont multiplié leurs tentatives de blocage de sites web l'année dernière. La majorité des pays asiatiques ont des restrictions sur la pornographie en ligne (42 sur les 49 couverts), 31 d'entre eux connaissant des interdictions/blocages complets. En Asie, les médias d'information sont soumis à de fortes restrictions et à une censure sévère. Seuls deux pays – Taïwan et le Timor-Leste – n'imposent pas de restrictions importantes. La majorité des autres pays (38 au total) sont soumis à une censure sévère.

Parmi les pays africains étudiés, 38 appliquent des restrictions sur les réseaux sociaux, mais seule l'Érythrée est allée jusqu'à bloquer systématiquement l'accès à ces sites. Cependant, 44 pays appliquent une certaine surveillance/censure de ces plateformes.

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Le choc climatique frappe déjà les villes les plus peuplées du monde (rapport WaterAid)


Source
: Water and climate Rising risks for  urban populations, University of Bristol (WaterAid, March 2025) 

Cette étude universitaire, commandée par l'organisation à but non lucratif WaterAid, examine les 100 villes les plus peuplées du monde ainsi que 12 autres villes sélectionnées. Le rapport constate que 95 % d'entre elles affichent une nette tendance à un temps plus humide ou plus sec.

Une augmentation des épisodes extrêmes

  • 15 % des villes étudiées dans ce rapport affichent une tendance à l'intensification, que les auteurs qualifient de « coup de fouet climatique », caractérisé par une augmentation substantielle des épisodes de sécheresse et d'humidité extrêmes. Ces épisodes extrêmes, qui se succèdent rapidement, peuvent rendre la préparation et le rétablissement des communautés particulièrement difficiles. Ces villes sont réparties dans le monde entier, de l'Asie au Moyen-Orient, en passant par l'Afrique et les États-Unis. 
  • L'Asie du Sud et du Sud-Est est un point chaud régional caractérisé par une forte tendance aux précipitations. Cette région connaît une augmentation des épisodes humides et extrêmement humides, ce qui accroît le risque d'inondations extrêmes. Nombre des plus grandes villes du monde se situent dans cette zone. 
  • L'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord connaissent une tendance à l'assèchement et sont susceptibles de connaître des sécheresses plus fréquentes et plus longues. 
  • Plus de 20 % des villes connaissent une inversion de leurs extrêmes climatiques. Environ 13 % évoluent vers un climat humide plus extrême, tandis qu'environ 7 % évoluent vers un climat sec plus extrême. 
  • La convergence des vulnérabilités sociales et infrastructurelles sous-jacentes avec ces modèles climatiques crée des points chauds de risque dans deux régions clés.

Tendances à l'humidification ou à l'assèchement pour 112 villes mondiales sur la période 2003-2023
comparée à 1982-2002 (source : WaterAid, 2025)


Faire face aux aléas climatiques et aux fluctuations du climat dans les villes est extrêmement difficile. De nombreuses villes sont déjà confrontées à des problèmes d'approvisionnement en eau, d'assainissement et de protection contre les inondations, compte tenu de la croissance rapide de leur population. Mais le réchauffement climatique aggrave la situation : les infrastructures des pays riches, souvent vieillissantes, sont conçues pour un climat qui n'existe plus, et la multiplication des extrêmes climatiques rend la mise en place d'infrastructures indispensables encore plus difficile dans les pays à faible revenu.

La hausse des températures, due à la pollution par les combustibles fossiles, peut aggraver les inondations et les sécheresses, car l'air plus chaud peut absorber davantage de vapeur d'eau. Cela signifie que l'air peut aspirer davantage d'eau du sol pendant les périodes chaudes et sèches, mais aussi libérer des pluies plus intenses lors des pluies. « Notre étude montre que le changement climatique est radicalement différent à travers le monde », a déclaré la professeure Katerina Michaelides, de l'Université de Bristol, au Royaume-Uni. Son coauteur, le professeur Michael Singer, de l'Université de Cardiff, a qualifié cette tendance de « sensation d'étrangeté mondiale ».

Méthodologie

Les chercheurs ont analysé l’évolution du climat des villes à partir d’un indice normalisé des précipitations et de l'évapotranspiration (SPEI) combinant les précipitations et l’évaporation chaque mois de 1983 à 2023. Les valeurs de l’indice supérieures à un seuil largement utilisé ont été classées comme extrêmes. Afin d'évaluer l'évolution sur quatre décennies, les données ont été réparties en deux périodes de 21 ans. Les villes ayant connu au moins 12 mois d'un type de climat extrême (humide ou sec) et au moins 12 mois de l'autre type de climat extrême au cours de la seconde période de 21 ans ont été classées comme ayant connu un "retournement climatique". Les villes ayant connu au moins 5 mois ou plus d'extrêmes humidité et extrême sécheresse au cours de la seconde période ont été classées comme ayant connu un "coup de fouet climatique". Les tendances globales en matière d'humidité ou d'assèchement ont été déterminées à partir des données recueillies sur les 42 années.

Les données démographiques utilisées pour déterminer les 100 villes les plus peuplées sont basées sur la densité de population, et non sur les limites administratives des villes, de manière à reflèter plus fidèlement leur taille. La vulnérabilité sociale a été mesurée à l'aide de l'indice de développement humain standard, et les données relatives aux infrastructures d'eau et de déchets proviennent d'un ensemble de données mondiales publié en 2022.

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Carte historique et escape game. Mission secrète à Caen en 1450


Les cartes historiques sont souvent utilisées dans les escape games. On peut utiliser des cartes anciennes pour aider les joueurs à naviguer dans un environnement historique spécifique ou pour dissimuler des indices et des énigmes à découvrir. C'est le cas par exemple du jeu Mission secrète à Caen en 1450. Développé par l'équipe éducative des Archives départementales du Calvados, cet escape game propose une activité pluridisciplinaire, adaptable à tout niveau, consacrée à Caen à la fin du Moyen Age.

Le plan de Belleforest (1575), document pivot de cette activité, est une des rares sources à offrir une assez grande facilité de lecture en même temps que des possibilités d'exploitation nombreuses. Bien que postérieur d’un siècle à la période médiévale, cette première représentation de Caen sous la forme d’un plan imprimé conserve de nombreuses caractéristiques de la ville au 15e siècle.

"Le vray pourtraict de la ville de Caen". Hors-texte de la Cosmographie universelle de tout le monde
par François de Belleforest 1575 (source : Archives du Calvados)



L'action du jeu se situe à la fin de la guerre de Cent Ans, au printemps 1450. Caen, occupée par les Anglais depuis 1417, est assiégée par les Français. Les élèves ont pour mission d'écourter le siège afin que la ville et ses habitants sortent sans grands dommages de cette épreuve de force. Pour ce faire, ils doivent rassembler des éléments leur permettant de sortir de Caen afin de communiquer au roi de France des informations sur l'organisation de la défense anglaise. La résolution des énigmes du jeu leur permettra de localiser la tour à partir de laquelle il pourront s'échapper; de se procurer une corde pour en descendre la paroi ainsi qu'un mot de passe afin de pouvoir, au préalable, circuler dans Caen la nuit sans prendre le risque de se faire arrêter.

Cette activité est facilement modifiable à partir du cahier d'activités disponible dans l'espace enseignant du jeu, afin que vous puissiez la faire correspondre au mieux à vos objectifs et au temps que vous souhaitez y consacrer.

La résolution de la plupart de ces énigmes nécessite une impression papier préalable de leurs supports. Vous pourrez télécharger dans l'espace enseignant du jeu un cahier d'activités conçu comme le complément des pages numériques composant ce jeu.

Pour en savoir plus

« Millénaire de Caen 2025 : à la découverte de la ville de Guillaume le Conquérant au Moyen Âge » (France-Info)

« Tout savoir sur l'escape game » (escapegame.fr)

« Escape games et apprentissages » (DRANE Occitanie)

« 1991, un escape game pédagogique » (Num@lille)

« De nombreux escape games, testés et analysés » (scape.enepe.fr/)

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Prague Squared ou comment un cartogramme quadrillé peut apporter de la lisibilité à l'information géographique


Source
: Münzberger, J. (2025). Prague Squared. Journal of Maps, 21 (1). URL : https://doi.org/10.1080/17445647.2025.2473593. Article en libre accès et distribué selon les termes de la licence Creative Commons Attribution 4.0.

Le projet Prague Squared (« Prague au carré ») a pour objectif de visualiser efficacement les données statistiques de la ville de Prague en utilisant des méthodes de cartographie thématique, des principes de la perception visuelle et de l'infographie. L'objectif est d'offrir une méthode alternative et non conventionnelle pour communiquer visuellement et facilement les informations statistiques produites par les autorités municipales. Les divisions municipales irrégulières peuvent créer des conflits entre le contenu thématique, la structure géométrique et les annotations. Ce projet surmonte ces limitations grâce à une anamorphose cartographique (cartogramme de surface) où les découpages municipaux sont représentés sous forme de carrés géométriques tout en préservant la contiguïté spatiale. Une caractéristique géographique clé, la généralisation du cours de la Vltava, permet de garder un repère géographique pour s'orienter. Les noms des circonscriptions municipales sont également abrégés pour plus de clarté. Le projet utilise une combinaison de techniques choroplèthes et de symboles proportionnels, garantissant la lisibilité des différentes couches de données. Cette approche offre un moyen structuré, lisible et intuitif de comprendre les relations entre les données et peut révéler des connexions, des tendances ou des corrélations.

Prague Squarred (source : Münzberger, 2025) - Cartogramme disponible en haute résolution sur le site


L'article remonte aux origines de l'invention du cartogramme au XIXe siècle. Les origines du cartogramme quadrillé sont identifiables dans l'Atlas statistique de la population de Paris (1873) du statisticien français Toussaint Loua. Dans son Statistical atlas of the United States (1874), A. Walker a été l'un des premiers à utiliser des visualisations composées de carrés subdivisés indiquant les proportions relatives des variables pour chaque État. Une première version contiguë du cartogramme mosaïque est reconnaissable dans la visualisation des statistiques sur les cultures produites par l'Office impérial de statistique de l'Empire allemand (Statistisches Jahrbuch für das Deutsche Reich). La première apparition remonte à 1904, à partir de données de 1903, et ce type de visualisation a continué à être utilisé dans cet annuaire depuis lors. Les cartogrammes quadrillés sont souvent utilisés comme cadre pratique pour intégrer d'autres données sous forme de variations choroplèthes, de graphiques, de diagrammes ou de tracés. L'utilisation de la combinaison avec des variations de couleurs est évidente dès le début de la méthode. La réponse à la facilité de compréhension de ce concept se trouve dans le domaine de la perception visuelle et de la psychologie. 

Dès les années 1920, un groupe de psychologues allemands et autrichiens formule le Gestaltisme, une étude du fonctionnement de l'esprit humain. Ils introduisent un ensemble de règles et de principes fondamentaux de perception et d'organisation des éléments visuels, permettant de comprendre comment les individus perçoivent et interprètent l'information visuelle. Le Gestaltisme affirme que lorsqu'une personne regarde une image ou une scène particulière, les éléments ne sont pas perçus individuellement (puis assemblés pour former une image complète), mais la scène est perçue dans son ensemble (automatiquement et sans effort conscient). Ces découvertes, issues de la psychologie de la perception, ont également été appliquées aux domaines de la visualisation de données, du graphisme et de l'art.

La schématisation est un élément important de la cartographie thématique, qui permet de simplifier et de s'abstraire de la réalité spatiale au profit d'un message plus clair et plus compréhensible. Cependant, cette approche comporte des avantages et des inconvénients qu'il convient de prendre en compte attentivement lors de la création de cartes thématiques. Les avantages incluent une interprétation simplifiée des données. Dans le cas de Prague Squared, cette approche permet de minimiser les problèmes liés à la géométrie irrégulière des quartiers urbains. Parmi les autres avantages de la schématisation, on peut noter la mise en valeur des éléments thématiques. Un autre avantage réside dans la polyvalence et la portabilité. La nature schématique des cartes facilite le transfert d'informations vers différentes plateformes et supports. En revanche, une utilisation excessive des schémas risque de faire passer à côté de détails importants ou de relations entre les données. Un effort excessif de schématisation peut conduire à une abstraction, susceptible d'entraîner des conséquences indésirables : plus une image (carte) est abstraite, plus le goût personnel joue un rôle. De plus, des malentendus peuvent survenir, notamment chez les lecteurs de cartes peu expérimentés qui pourraient ne pas saisir l'intention du schéma et avoir des difficultés à relier les éléments schématiques à la réalité.

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Les relations seigneuriales en Languedoc à travers les outils de l'analyse de réseau et un SIG historique


Alexandre Vergos a conduit un remarquable travail d'analyse sur les relations seigneuriales en Languedoc, à l'aide des outils de l'analyse de réseau et un SIG. Au cours des XIe et XIIe siècles, les deux principales puissances se disputant l’hégémonie dans le comté en attirant de nombreux châtelains à leur cour sont les comtes de Melgueil et les seigneurs de Montpellier. Ces deux familles sont dans une rivalité sourde, entretenant un ensemble de relations de vassalité et de fidélité avec les seigneurs des environs pour asseoir leur pouvoir. 

Pour visualiser les réseaux développés par les deux suzerains, Alexandre Vergos a tiré de la base de données toutes les familles ayant participé aux actes des deux suzerains, pour ensuite les représenter géographiquement à l’aide du logiciel QGIS. Chaque famille participante est représentée par un cercle (ou demi-cercle si elle se retrouve dans les deux entourages) dont la taille est proportionnelle au nombre de participations. La combinaison de l’analyse de réseaux au moyen de graphe et d’une représentation géographique par l’intermédiaire d'un SIG permet de croiser différents facteurs pour analyser, de la manière la plus pertinente possible, le développement et l’évolution des réseaux de familles aristocratiques ancrées géographiquement autour d’un centre de pouvoir. Dans le cadre d’un comté multipolaire comme l’est le comté de Melgueil, le contrôle des pôles de pouvoir est primordial pour la haute aristocratie afin de maintenir la fidélité de leurs vassaux face à leurs rivaux. L’analyse structurale du réseau global des familles châtelaines permet ainsi de mettre en évidence la quasi-absence de liens entre les familles les plus fidèles aux deux camps.

Liens entre familles de la moyenne aristocratie en Languedoc 1110-1143 (source : Vergos, 2021)




Cette démarche méthodologique s'inscrit dans le cadre d'une thèse de doctorat qui a été soutenue en mars 2024 :

Alexandre Vergos (2024). Pôles de pouvoir et réseaux d'alliances dans le comté de Melgueil à la période féodale (XIe-XIIe siècles). Thèse sous la direction d’Hélène Débax et Vincent Challet (Université de Toulouse) https://theses.fr/2024TLSEJ021

Comme la thèse n'a pas encore été publiée, il est possible de se référer à cet article qui donne une idée de la méthodologie : 

Alexandre Vergos (2021).  Étudier et représenter les réseaux des familles aristocratiques aux XIe-XIIe siècles : le comté de Melgueil, Passerelles SHShttps://revedel-ouest.univ-nantes.fr/passerelleshs/index.php?id=98&lang=fr#tocto1n2

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Cartographie des institutions culturelles en accès libre sur Internet (Open GLAM)


Open Glam est un réseau informel de personnes et d’organisations cherchant à favoriser l’ouverture des contenus conservés ou produits par les institutions culturelles (GLAM : Galleries, Libraries, Archives, Museums – Galleries, bibliothèques, archives et musées)

Ouvrir les institutions culturelles passe par deux types d’action :

  • l’ « open content » (ouverture des contenus) : ouverture des reproductions numériques d’œuvres qui sont elles-mêmes dans le domaine public
  • l’ « open data » : ouverture des données concernant ces œuvres (catalogues, bases de données descriptives, etc...)

L'enquête Open GLAM fournit un aperçu des politiques et des pratiques d'accès libre concernant les galeries, les bibliothèques, les archives et les musées (GLAM) à l'échelle mondiale. L'enquête révèle des disparités importantes entre pays en matière d'accès ouvert aux institutions culturelles.

Cartographie des institutions culturelles en accès libre (source : enquête Open GLAM)



Plus de 1600 institutions ou organisations ont été répertoriées entre 2018 et 2024. L'enquête, réalisée sur une base contributive, n'a pas vocation à être exhaustive. Il convient également de distinguer le degré d'ouverture des données qui peut concerner l'intégralité ou seulement une partie des données. Pour télécharger les données par pays et organisations (sous licence CC BY 4.0 attribution internationale) :

Pays

Institutions culturelles en accès ouvert

États-Unis d'Amérique

291

Allemagne

158

Royaume-Uni

112

Suède

82

Pologne

78

France

70

Pays-Bas

58

Espagne

55

Finlande

53

Brésil

50

Estonie

44

Norvège

44

Portugal

43

Suisse

33

Belgique

31

Lituanie

31

Italie

29

Hongrie

25

Roumanie

24

Australie

22

Tchéquie

22

Autriche

21

Slovénie

21

Canada

20

Danemark

20

Nouvelle-Zélande

20

Uruguay

14

Grèce

13

Lettonie

12

Japon

11

Irlande

10

Bulgarie

9

Russie

9

Argentine

8

Serbie

7

Slovaquie

7

Indonésie

6

Mexique

6

Croatie

5

International

5

Ukraine

4

Chili

3

Inde

3

Malte

3

Chypre

2

Islande

2

Luxembourg

2

Turquie

2

Aruba

1

Cameroun

1

Europe

1

Israël

1

Monténégro

1

Qatar

1

Taïwan

1

Venezuela

1

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