Des cartes pour alerter sur la pollution de l'air autour des écoles à Paris et à Marseille


Deux associations environnementales, Respire et Greenpeace, ont réalisé des cartes scolaires de la pollution de l'air à Paris et à Marseille. Grâce à ces dispositifs, il est désormais possible de savoir si l'air que les enfants respirent dans leur école est pollué.

A Paris, malgré une réduction relative, 85% des établissements dépassent encore les seuils de l'OMS

Accès à la carte interactive :
http://carte-des-ecoles.de-l-air-pour-nos-enfants.fr/

L'association environnementale Respire a publié mercredi 27 mars 2019 une carte scolaire de la pollution de l'air à Paris. Elle permet pour la première fois de connaître avec précision, établissement par établissement, les niveaux de pollution auxquels sont exposés les enfants aux abords des lieux qui les accueillent : crèches, écoles (maternelles et élémentaires), collèges et lycée. La carte mesure trois polluants : le dioxyde d'azote, les particules PM₁₀ et les particules PM₂,₅.

Le dioxyde d'azote (NO₂) irrite les voies respiratoires et s'avère particulièrement nocif pour les publics fragiles (asthmatiques, malades...). Il est émis pour moitié par le trafic routier et pour un cinquième par le chauffage. Les microparticules de moins de 10 micromètres, surtout les plus fines en dessous de 2,5 micromètres, pénètrent l'appareil respiratoire et peuvent provoquer des inflammations, notamment chez les personnes fragiles ou malades. Elles proviennent principalement des activités industrielles (1/3), du chauffage et du trafic routier (1/4 chacun).

L'étude porte sur 12 520 établissements scolaires d’Île-de-France. Entre 2012 et 2017, le nombre d’établissements dépassant les seuils de pollution au NO2 a été divisé par deux à Paris, passant de 66% des écoles secondaires à 30% d’entre elles. Mais 85% des établissements dépassent les seuils de particules PM₂,₅. La plus grande partie (548) des établissements en dépassement se situe à Paris. Mais près de 125 établissements de proche couronne et 9 de grande couronne sont également concernés",

Fermer le panneau de bienvenue pour accéder à la carte. Utiliser le menu en haut à gauche pour sélectionner un type d'établissement, un type de polluant et une année de référence entre 2012 et 2017.



La précision de la carte est de 12,5 mètres dans Paris et 50 mètres en banlieue. Pour produire cette cartographie, Respire a superposé les adresses des établissements scolaires publics et privés sur la carte de mesure de la qualité de l’air moyenne annuelle d’Airparif entre 2012 et 2017. Cette modélisation a été faite à partir des données de ses 70 capteurs fixes qui donnent une précision relative des mesures. L'estimation de la pollution se fait à partir de l'adresse de l'établissement, mais celui-ci peut donner sur plusieurs rues, ce qui peut générer des approximations. La situation est inquiétante surtout pour la ville-centre de Paris, malgré les efforts déployés depuis plusieurs années par la Mairie.

L'association Respire émet une liste de recommandations pour réduire la pollution de l'air à Paris :
- étendre et intensifier des zones à faibles émissions (ZFE).
- créer une voie «verte» sur les autoroutes urbaines.
- mener des mesures locales à proximité immédiate des établissements.
- renforcer la mesure de la qualité de l’air à l’intérieur des écoles. 
- redéfinir les seuils de pollution en fonction des recommandations de l’OMS.
Télécharger le rapport complet de la pollution de l'air dans les écoles d'Ile de France.


A Marseille, 58% des écoles sont concernées par la pollution de l'air selon Greenpeace

Accès à la carte interactive : 
http://www.greenpeace.fr/pollution-ecole/marseille/

A Marseille, avec sa carte publiée jeudi 28 mars 2019, l'ONG Greenpeace s'est intéressée aux écoles maternelles, élémentaires et primaires, aux crèches et aux halte-garderies de l'agglomération. Elle y a scruté la pollution au dioxyde d'azote, un gaz nocif pour la santé principalement issu des moteurs diesel en ville. 22% des écoles et crèches sont à moins de 50 mètres d’une concentration illégale de dioxyde d’azote, et 58% à moins de 200 mètres. L'ONG appelle les citoyens à interpeller leurs élus sur cette situation.




Si la cartographie de la pollution de l'air existe depuis de nombreuses années, c'est assez inédit de la voir croiser avec les données sur l'implantation des établissements scolaires. Ces cartes sont instructives voir alarmantes, de part le choix de la symbologie et le contenu des explications qui accompagnent la carte. La cartographie par densité de points a tendance à renforcer le sentiment de concentration et de diffusion de la pollution sur l'ensemble des territoires urbains concernés. Surtout pour la carte de Marseille qui a fait l'objet d'un traitement par interpolation (aplats de couleurs), tandis que la carte de Paris en cercles proportionnels se veut davantage informative. Dans les deux cas, la cartographie met en évidence une pollution accrue des écoles à proximité du réseau routier.

Ces cartes ont été élaborées dans un but à la fois de sensibilisation et d'alerte de l'opinion publique. Les parents sont invités à prendre conscience de l'environnement nocif où vivent leurs enfants et donc à faire pression sur les élus et les responsables ou au moins à les inciter à renforcer les mesures déjà prises. Mais la prise de conscience peut venir des élèves eux-mêmes comme l'a montré la récente mobilisation pour le climat qui a rassemblé un grand nombre de jeunes. Il peut être intéressant de reprendre ces cartes et de les analyser pour conduire des activités en éducation au développement durable ou en éducation à la santé. Cela constitue de bons supports pour des séances pédagogiques en Histoire-Géographie, en SVT ou en EMC. Elles peuvent aussi donner lieu à des recherches d'information en EMI pour analyser la manière dont les médias et les réseaux sociaux ont relayé leur message (souvent en le déformant et en l'amplifiant) avec des images évoquant le smog urbain.

Il resterait à mesurer la pollution de l'air dans les classes qui est souvent assez irrespirable, comme le fait remarquer Gilles Fumey dans un article de Libération (Géographie en mouvement, 24 mars 2019) :
"Métro, rues, appartements : on mesure la qualité de l’air partout, sauf dans les classes des établissements scolaires. Où – passons sur les odeurs – l’air est souvent irrespirable. Les Suisses nous donnent un outil pour mesurer le désastre dans cet espace de vie scolaire. Et étoffer la géographie de la pollution." 
http://geographiesenmouvement.blogs.liberation.fr/2019/03/24/pollutions-en-classe/

Entre 2013 et 2017, l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI) a effectué des prélèvements dans 301 écoles maternelles et élémentaires réparties dans 31 départements, dont 38 en Ile-de-France. Publiés en 2018, les premiers résultats de cette étude concluent que la qualité de l’air est « globalement assez satisfaisante » dans les écoles françaises. Elle relève cependant quatre « points de vigilance ». Dans un peu plus de 40 % des établissements, au moins une salle est jugée très confinée, c’est-à-dire avec une forte concentration en dioxyde de carbone (CO2).
http://www.cstb.fr/assets/documents/oqai-bulletin-11-qualite-air-ecoles-france.pdf






Prolongements

Carte des crèches et écoles implantées sur un site pollué (site Chroniques cartographiques) :


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