Étudier les mobilités scolaires à partir des données de déplacements domicile-études de l'Insee

 

L'étude des mobilités scolaires se développe de plus en plus au croisement des sciences de l'éducation, de la sociologie, de la géographie, de l'aménagement. Elle concerne aussi bien les moyens et les politiques de transports scolaires (effort pour développer les mobilités douces) que l'aire d'attraction des établissements (leurs bassins de recrutement) ou encore l'étude du fonctionnement des territoires scolaires dans leur ensemble (logiques de réseaux d'établissements, liberté ou contrainte dans le choix scolaire qui relève de choix individuels ou collectifs, etc...).


1) Accès et type de données

L'Insee a publié en 2020 une base de données des mobilités scolaires (données de 2017) à l'échelle des communes de la France métropolitaine et des DOM : http://www.insee.fr/fr/statistiques/4509360

La précédente base de données sur les mobilités scolaires datait de 2012 : http://www.insee.fr/fr/statistiques/2022019

Les données sont issues de la base des « déplacements domicile-études » (voir fiche descriptive de l'Insee). Les effectifs correspondent aux croisements du lieu de résidence avec le lieu d'études (flux de population scolarisée de 2 ans ou plus en 2017). Du fait de l'étalement de la collecte, les flux entrants dans un territoire et les flux sortants peuvent ne pas être comptabilisés la même année. Le lieu d'études correspond à la localisation de l'établissement d'enseignement où est inscrit un élève ou un étudiant en cours de scolarité. Le champ de rattachement des étudiants majeurs en internat peut avoir une incidence sur les déplacements domicile - lieu d'études au niveau local. En général, cela ne remet pas en cause les analyses sur la mobilité mais peut expliquer, localement, une partie des évolutions depuis 1999.

Pour pouvoir représenter ces flux de mobilité, il convient d'utiliser des outils cartographiques permettant de traiter et d'analyser des données origine-destination. Il s'agit par exemple de Magrit ou d'Arabesque, deux applications en ligne assez faciles à prendre en main. Il faut également disposer d'un fond de carte des communes françaises (à télécharger sur le site de l'IGN) et être en mesure de calculer leurs centroïdes (ce que fait par exemple le logiciel QGis ou en téléchargeant la couche de points sur Data.gouv.fr). Une autre solution consiste à utiliser les données directement intégrées dans l'application Géoclip Air sur le site France-Découverte qui permet de conduire des analyses à l'échelle de toute la France.

2) Traitement et analyse cartographique

Cette cartographie des flux repose sur une représentation géométrique des relations entre des noeuds, qui ne figurent pas les trajets réels empruntés par les élèves ou les étudiants. Les données ne concernent pas les déplacements scolaires entre les établissements mais entre les communes (à partir de leurs centroïdes) et seulement pour les déplacements qui dépassent 100 personnes (cf seuil fixé par l'Insee qui a agrégé les données). Ces mobilités concernent à la fois les élèves et les étudiants et peuvent correspondre aussi bien à des migrations pendulaires qu'à des déplacements plus occasionnels (cas d'élèves ou d'étudiants hébergés sur leur lieu d'études). En cela, il vaudrait mieux parler de « navettes domicile - lieu d'études », bien qu'il existe des enjeux de mobilité socio-spatiale en arrière plan. 

Malgré ces limites inhérentes aux données mises à disposition, ce type de cartes permet de faire apparaître des logiques de réseaux de mobilités scolaires plus ou moins complexes et hiérarchisés. L'exemple ci-dessous, réalisé à partir des mobilités scolaires à La Réunion (hors migrations en métropole), met bien en évidence les pôles attractifs et les flux qui s'établissent entre eux.

Les mobilités scolaires à La Réunion en 2017 (cartographie réalisée avec Magrit)


Comme le fait remarquer Françoise Bahoken, il ne s'agit pas de données symétriques : il convient donc de mettre des flèches ou alors de transformer les valeurs de flux en amont. En cela, l'application Arabesque apporte une plus-value en permettant de hiérarchiser et orienter les flux.


Les mobilités scolaires à La Réunion en 2017 (cartographie réalisée avec Arabesque)



Voir la comparaison d'Arabesque avec d'autres applications (à partir du jeu de données sur les mobilités scolaires) :
https://gflowiz.github.io/article_foss4g2021/articles/article_FOSS4G2021.html



 



Pour compléter

Enquête de mobilité élèves de collège. Une fiche enquête proposée par le Centre de ressources Ecomobilité.

La mobilité domicile-école dans une classe du secondaire. Réflexion théorique et séquence d’enseignement (Mémoire professionnel de Pascal Greber sous la direction d'Alain Pache - HEP de Vaud).

Les rues scolaires, un concept aux résultats encourageants pour transformer la mobilité urbaine (The Conversation).

La mobilité vers l’école : un enjeu de santé publique trop souvent oublié des politiques publiques (Blog Atlernatives économiques).

Mobilités étudiantes et territoires universitaires : vers une uniformisation des pratiques ? Myriam Baron, Cathy Perret. Espace Populations Sociétés, Centre National de la Recherche Scientifique, 2005, pp.429-442 (à télécharger sur HAL).

Territoires d’études et mobilités résidentielles : Réalisation d’états des savoirs pour l’Observatoire national de la Vie Étudiante - Rapport de recherche de Bastien Bernela et Liliane Bonnal. Université de Poitiers, 2018 (à télécharger sur HAL).


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