Africapolis, un projet pour cartographier au plus près l'Afrique urbaine


Africapolis.org est un site Internet lancé le 22 novembre 2018 dans le cadre du huitième sommet Africités à Marrackech. Il a été réalisé conjointement par le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO) de l’OCDE et l’institut e-Geopolis. L'objectif est de cartographier au plus près le phénomène urbain en Afrique où la population est en train de devenir à majorité urbaine.

D’ici à 2050, la population africaine sera de 2,5 milliards de personnes. Sur les 1,3 milliard supplémentaires, 900 millions vivront en ville. Ce qui signifie que les villes vont absorber 70 % de la croissance démographique. Pour Laurent Bossard, le directeur du CSAO, « la transition urbaine sera en charge de la transition démographique et cette transition se passera plus ou moins bien selon que les villes et ceux qui les gèrent en auront la capacité » (voir son interview dans Le Monde du 22 novembre 2018 où il présente en même temps l'intérêt de ce nouveau site).

Le site Africapolis vise deux objectifs principaux :
  • mettre à disposition des information fiables couvrant l’ensemble des agglomérations urbaines en Afrique (aussi bien les grandes métropoles que les villes petites ou intermédiaires qui sont très nombreuses). 
  • définir l'urbain et pouvoir suivre les dynamiques urbaines, l'évolution des zones bâties, la densification, la transition urbaine telles qu'on peut les appréhender dans le contexte africain.

L'Afrique compte déjà 11 métropoles de plus de 5 millions d'habitants, mais près de 7 000 agglomérations de moins de 100 000 habitants. Le seuil qui a été retenu pour définir une "agglomération" est de 10 000 habitants (on sort de la notion de "ville" au sens classique pour considérer la population agglomérée).

Les données d’Africapolis reposent sur un vaste répertoire de recensements de l’habitat et de la population, de registres électoraux et d’autres sources officielles concernant la population, dont certaines remontent au début du XXe siècle. La régularité, le niveau de détail et la fiabilité de ces sources varient d’un pays à l’autre et d’une période à l’autre. Des images satellitaires et aériennes sont utilisées pour recueillir des informations sur le terrain, notamment les zones bâties et la localisation précise des foyers de peuplement. Les registres officiels de la population et les données du recensement constituent l'élément le plus important. Dans certains cas, les derniers relevés disponibles remontent à 30 ans ou plus, et souvent à plus de 10 ans. Compte tenu du rythme des dynamiques démographiques et urbaines, ces périodes sont considérables.

Africapolis, comme e-Geopolis au niveau mondial, a été conçu pour fournir une base de données standardisées et géolocalisées sur les dynamiques d'urbanisation en Afrique afin de rendre les données sur les villes africaines comparables entre pays et dans le temps. Dans cette première version du site, les données des 50 pays sont disponibles pour l'année 2015 avec la possibilité de remonter jusqu'en 1950. Africapolis comble une lacune majeure en intégrant 7 225 petites villes et villes intermédiaires de 10 000 à 300 000 habitants (dont 6 737 agglomérations de 10 000 à 100 000 habitants, où vivent 180 millions d’Africains).

Le site est disponible en français et en anglais. L'interface de consultation est relativement simple. En cliquant sur le menu "Analyses" on peut obtenir des définitions et des mises au point très pédagogiques. Le menu "Explore" permet de choisir le pays et la ville que l'on veut étudier (il faut néanmoins connaître le pays avant d'accéder à la liste des villes !).

 L'interface de consultation du site Africapolis


Une fiche signalétique donne la population urbaine du pays, son nombre d'agglomérations, la population de l'agglomération choisie, sa densité urbaine, sa surface bâtie, son évolution démographique depuis 1950 et même ses caractéristiques en nombre de cellules de Voronoï. A un niveau plus général, on peut comparer les pays entre eux, leur niveau d'urbanisation, leur nombre d'agglomérations ou encore leur population métropolitaine. Les analyses peuvent être conduites à différentes dates entre 1950 et 2015 (déplacer le curseur sur la ligne de temps "Timeslider").

L'accès aux informations peut également s'effectuer directement à partir de la carte interactive. En cliquant sur un pays au choix, ces contours passent en surbrillance orange et les données s'affichent en fonction de la ville sur laquelle on déplace la souris. La taille des cercles est proportionnelle à la population. Pour mieux faire ressortir la typologie proposée, ces cercles se distinguent par des couleurs différentes (ce qui donne à la carte un aspect quelque peu bariolé). L'avantage est de pouvoir faire ressortir la hiérarchie urbaine du premier coup d'oeil. Voici par exemple la hiérarchie des agglomérations au Maroc avec Casablanca au premier rang (plus de 2 millions) et Marrakech, Tanger, Rabat et Fez au second rang (entre 1 et 2 millions). Le tableau récapitulatif à droite de l'écran fournit le nombre d'agglomérations au sein des 6 rangs proposés.




En zoomant sur la carte, l'extension des périmètres bâtis apparaît à l'écran. Voici par exemple la tâche urbaine de Casablanca en rouge (plus de 2 millions d'habitants) avec ses agglomérations satellites en bleu (moins de 100 000 habitants) et en violet (entre 10 000 et 30 000 habitants). En zoomant davantage, on distingue nettement le tissu urbain avec la trame viaire.



 Les plus grandes agglomérations par pays en Afrique


Quarante-cinq des 50 zones urbaines ayant la plus forte densité d'habitants au kilomètre carré se trouvent en Égypte. Quelques 90% des agglomérations les moins connectées se trouvent dans le Sahara et le désert du Kalahari. La carte fonctionne comme un diagramme de Voronoï dans lequel la taille de chaque cellule dépend de la distance entre deux agglomérations, toutes deux comprises dans la cellule. Les grandes cellules indiquent un réseau urbain moins dense.

Les agglomérations les moins connectées entre elles (diagrammes de Voronoï)




Voici une présentation du site Africapolis sous la forme d'une vidéo :




Le site Africapolis peut s'avérer très utile pour conduire des études comparatives sur les villes africaines. Les données et les analyses sont tout-à-fait intéressantes à mobiliser dans le cadre de la question de géographie au CAPES : l'Afrique du Sahel et du Sahara à la Méditerranée (voir notre sélection de ressources cartographiques), mais aussi dans des études de cas à conduire à différentes échelles.

La cartographie en ligne est de qualité bien que la fenêtre cartographique soit un peu réduite à l'écran par rapport à l'interface de consultation des données.

Les données statistiques sont téléchargeables au format xls par pays et par agglomérations. Un jeu de données cartographiques est  fourni en téléchargement au format shp pour utilisation dans un SIG. Il comprend uniquement le bâti urbain. Il faut donc importer les contours des pays africains et ensuite géolocaliser les villes en utilisant les coordonnées géographiques indiquées dans le fichier agglomérations (import de la couches points en format délimité csv ou txt dans QGIS ou dans tout autre SIG). Voici un aperçu des données utilisables.

Lien ajouté le 3 février 2019

Un GIF saisissant montrant l'évolution de l'urbanisation en Afrique de l'Ouest entre 1950 et 2040. Réalisé par le SWAC ou Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO)

Liens ajoutés le 20 mars 2019
 
Evolution du classement des 15 plus grandes villes d'Afrique entre 1950 et 2015

 
 
Liens ajoutés le 5 septembre 2019

Une story map très réussie sur l'urbanisation en Afrique à partir des données du site Africapolis :



Lien ajouté le 2 novembre 2019

Les images satellitaires de la NASA enregistrées entre 2012 et 2019 font apparaître 767 nouvelles villes africaines prises pour la première fois à partir de leurs lumières la nuit. La carte superpose ces images à la carte des 7600 agglomérations urbaines recensées par Africapolis.
http://africapolis.org/download/Nightlight.jpeg


Liens ajoutés le 27 janvier 2020


Liens ajoutés le 21 janvier 2021

Urban Sprawl in sub-Saharan Africa: A review of the literature in selected countries, Ghana Journal of Geography · July 2020, https://www.researchgate.net/publication/343219572_Urban_Sprawl_in_sub-Saharan_Africa_A_review_of_the_literature_in_selected_countries/



Lien ajouté le 1er février 2021
 
La vie du ciment en Afrique - Matière grise de l’urbain est le dernier livre de la géographe Armelle Choplin. La force du livre tient à la capacité de l’auteur à nous démontrer comment interroger la brique et le béton permet de saisir la production de l’urbain en Afrique de l’Ouest : « le ciment permet d’examiner la production capitalistique de la ville, c’est-à-dire les liens entre ville et capitalisme, marchandisation du foncier et de l’immobilier urbain et processus d’accumulation des richesses (lire ce compte-rendu par Isabelle Baraud-Serfaty)

Le livre est disponible en version papier mais aussi en version numérique gratuite. Une interview de l’auteur (d'une durée de 34 minutes) est également disponible en podcast
 
En complément :
Armelle Choplin et Martin Lozivit, « Mettre un quartier sur la carte : Cartographie participative et innovation numérique à Cotonou (Bénin) », Cybergeo : European Journal of Geography [En ligne], Espace, Société, Territoire, document 894, 2019
http://journals.openedition.org/cybergeo/32152


Lien ajouté le 16 mai 2021


Lien ajouté le 24 novembre 2021

Lien ajouté le 9 décembre 2021

Lien ajouté le 28 avril 2022

Lien ajouté le 8 février 2024

Lien ajouté le 21 novembre 2024

Corneille Rogromel et Céline Rozenblat, « Delineating African cities (large urban regions) to compare them within global urban networks », Cybergeo : European Journal of Geography, Data papers, document 1078, mis en ligne le 20 novembre 2024.

Un défi majeur pour l’Afrique est d’évaluer la capacité de ses villes à tirer parti des réseaux mondiaux pour favoriser le développement local. Cependant, cette évaluation est compliquée par l’absence d’un cadre et de critères unifiés, ce qui rend difficile la comparaison des villes africaines entre elles et avec les autres villes dans le monde. Par conséquent, la première étape consiste à rendre les villes africaines comparables. Dans cet article, sont présentés les enjeux de ces délimitations pour les 54 pays africains. La méthodologie est expliquée et sont présentés les résultats de l'adaptation du concept des Grandes Régions Urbaines (LUR) (Rozenblat, 2020) qui englobent les territoires régionaux urbanisés autour des principales villes africaines. Au total, 304 grandes régions urbaines africaines ont pu être délimitées. Elles sont composées de 5 522 unités locales administratives – LAU. La délimitation des LURs rend les zones urbaines d'Afrique comparables à d'autres zones urbaines dans le monde, ce qui permettra d'évaluer dans les prochaines étapes leur intégration dans les réseaux urbains mondiaux par les entreprises multinationales qui, selon notre échantillon, sont situées à plus de 98 % dans ces LURs délimitées.

Spatial distribution of the African Large Urban Regions (LUR) - Source : Cybergéo



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Cartographie des incendies en Californie


Les incendies qui ont ravagé le nord de la Californie en 2018 ont fait un bilan très lourd : 77 morts et plus de 1 000 disparus, au moins 60 000 ha de forêt réduits en cendres, 11 000 habitations brûlées (bilan provisoire au 20 novembre 2018). Il s'agit de l'incendie le plus meurtrier qu'est connu la Californie pour l'année 2018. Un panache de fumée a recouvert cet état jusqu'à la ville de San Francisco.

Des incendies attisés par des vents importants avaient déjà frappé la Californie l'an dernier mais plus au nord (dans la région viticole). En 2018, les feux de forêt se sont étendus aux espaces urbains, la ville de Paradise a été en grande partie ravagée par les flammes. Les pompiers déploient beaucoup d'efforts pour essayer de maîtriser des incendies qui se propagent sur plusieurs fronts. Alors que "Camp fire" ravage le nord de la Californie, deux autres incendies "Woolsey fire" et "Hill fire" se sont déclarés plus au sud vers Los Angeles.

Image satellite du "Camp Fire" le 8 novembre 2018 fournie par la NASA 


Le panache de fumées s'étend à une grande partie de la Californie le 16 novembre 2018


Josh Edelson, photographe indépendant basé à San Francisco, en a fait un reportage photographique et donné des images d'une beauté terrifiante sur le site de l'AFP (le "paradis perdu").

Les médias ont largement relayé les images satellites et les photographies concernant cette catastrophe. Le site Futura Sciences a recensé les images satellites prises par les différentes agences spatiales. Déjà en 2017 les satellites Sentinel (Copernicus) avaient fourni des images sur les incendies en Californie également visibles depuis la Station Spatiale Internationale (ISS). 

La NASA permet de voir l'évolution des incendies en temps réel sur le site EOSDIS Worldview. FIRMS USA/Canada, un partenariat entre la NASA et le service forestier de l'USDA, propose des images et des données en téléchargement pour l'ensemble des incendies qui ont lieu sur le territoire des Etats-Unis dans le cadre de l'Active Fire Mapping Program.

ESRI fournit une cartographie du périmètre des incendies, des zones d'évacuation, ainsi que des informations permettant un suivi de la catastrophe à Camp Fire. Une carte de suivi de l'ensemble des feux aux Etats-Unis est accessible également sur Wilde Fire Information Map.

CAL FIRE, le site officiel de suivi des incendies en Californie, donne des informations et des cartes en temps réel.

Concernant le suivi de la qualité de l'air, consulter le site Purple Air.

Pour avoir les infos à partir de Twitter : 
#CaliforniaWildfires



Le professeur Alistair M. S. Smith décrypte les causes des feux toujours plus nombreux et meurtriers, et propose des solutions pour s’en prémunir (article paru dans Le Monde du 17 novembre 2018).

En France, les incendies de forêt sont devenus également un problème préoccupant en raison du réchauffement climatique, de l'extension des périmètres bâtis et du manque de prévention dans ce domaine. Lire cet article de The Conversation à propos des leçons à tirer des feux d'incendie en France en 2017.

S'agissant du risque incendie, les modalités de gestion et de prévention des risques diffère des autres types de catastrophes. Le risque incendie est notamment moins facile à cartographier et à modéliser (voir cet article de Sciences et Avenir).

Il peut être intéressant de consulter notre série de billets sur le suivi d'une catastrophe à partir de données en temps réel (à partir de l'exemple du cyclone Florence).

En octobre 2019, les incendies menacent de nouveau la Californie.

Le Los Angelès Times propose un site de suivi de ces incendies :
http://www.latimes.com/wildfires-map/

Une carte animée des incendies dans le monde de 2000 à 2019
http://www.reddit.com/r/MapPorn/comments/cw4o3y/active_fires_2000_2019_5_mb/


 
Liens ajoutés le 20 août 2020
 
Les incendies ont repris en Californie en août 2020. La carte interactive des activités d'incendie de l'Université de Californie fournit des informations sur les dernières activités des incendies de forêt. La carte utilise des systèmes de télédétection par satellite pour localiser les foyers en activité. Elle fournit également des informations sur les périmètres d'incendie à partir d'informations sur le terrain et de capteurs aériens.

On peut également consulter la carte des incendies de forêt du Los Angelès Times établie à partir des données satellites de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) et de Calfire.

Le système ALERTWildfire utilise des caméras en direct pour détecter, localiser et confirmer les incendies de forêt. Le système peut également être utilisé pour surveiller le comportement du feu et aider les pompiers à lutter contre les incendies au sol. 

Lien ajouté le 17 septembre 2020
Lien ajouté le 2 février 2021
Liens ajoutés le 16 août 2021


Lien ajouté le 27 mai 2022

Lien ajouté le 25 juillet 2022
Lien ajouté le 27 juillet 2022
Lien ajouté le 1er août 2022
Lien ajouté le 6 août 2022

« Swamped by public outcry, state withdraws controversial wildfire risk map » (OPB).

En Oregon, la cartographie du risque d'incendie fait polémique auprès des propriétaires. Le département des forêts de l'Oregon a été inondé de plaintes en juillet 2022 après avoir publié une carte des risques d'incendie de forêt à l'échelle des parcelles. La carte de l'Oregon Wildfire Risk Explorer, créée par l'Oregon State University dans le cadre d'une nouvelle politique sur les incendies de forêt dirigée par le projet de loi 762 du Sénat, décrivait le risque d'incendie de forêt au niveau de chaque propriété. Cette cartographie s'inscrit dans un ensemble de mesures de prévention contre les feux de forêt que les législateurs des États ont adopté en 2021 en réponse aux incendies de forêt qui ont brûlé 4000 maisons et plus d'un million d'acres en 2020. Les propriétaires ont déclaré avoir peur ne plus être couverts par leur assurance habitation ou de voir leurs primes d'assurance doubler. 

Cal Mukumoto, directeur du département des forêts de l'Oregon, a déclaré dans un communiqué que l'agence avait entendu plus de 2 000 personnes. Il a indiqué que l'État avait précipité la publication de la carte pour respecter la date limite du 30 juin imposée par la législature et n'avait pas laissé suffisamment de temps pour la sensibilisation et l'engagement locaux que « les gens voulaient, avaient besoin et méritaient ». Le Département des forêts de l'Oregon a également retiré les avis qu'il avait envoyés aux personnes dans les zones à risque élevé ou extrême. "Nous allons immédiatement commencer à travailler avec l'Oregon State University sur certaines améliorations visant à améliorer la précision des affectations de classification des risques en fonction de ce que nous avons entendu des propriétaires jusqu'à présent", indique le communiqué de Mukumoto. Un nouveau processus d'appel a été lancé de manière à réviser la carte. Le site de l'Oregon Wildfire Risk Explorer reste toujours accessible avec des informations générales sur les zones de risque incendie, mais avec une notification importante selon laquelle "la carte est en cours de mise à jour" (sic). Au delà de l'anecdote, l'histoire révèle la difficulté à informer les populations sans alarmer et à faire passer des mesures de prévention en matière de lutte contre le risque feux de forêt.

La carte publiée en juin 2022 (et retirée en août) décrivant le risque d'incendie de forêt en Ohio au niveau de la propriété
(source : Oregon Wildfire Risk Explorer)

Lien ajouté le 10 août 2022

Comment la Californie se bat contre des saisons d'incendies de forêt de plus en plus sévères notamment dans le comté de Napa (Financial Times)https://t.co/DVbFNO13kx pic.twitter.com/S5Lcw7DlOJ

Liens ajoutés le 14 janvier 2025

Des incendies de grande ampleur, attisés par des vents violents, ont de nouveau ravagé Los Angelès début janvier 2025. Le bilan provisoire sélève à 24 morts auxquels s'ajoutent des dizaines de disparus. 192 000 civils doivent encore évacuer le secteur. Les dégâts sont catastrophiques, avec plus de 10 000 bâtiments endommagés ou détruits. L'ampleur de la destruction est estimée à 57 milliards de dollars. Les pertes assurées causées par les incendies de forêt en Los Angeles sont estimées être les plus coûteuses de tous les temps. La catastrophe menace de bouleverser l’équilibre fragile entre le risque climatique et l’assurance habitation en Californie.



1) Traitement médiatique de la catastrophe 

« Moi, ça va, mais ma maison : à Los Angeles, la fuite des habitants face à l’enfer des incendies » (Libération)

« C’était une part de mon âme, je suis dévastée : la villa de Laeticia Hallyday détruite par les incendies à Los Angeles » (Le Parisien)

« Les quartiers emblématiques de Los Angeles réduits en cendres » (The Financial Times)

« Évaluation des dégâts causés par les incendies à Los Angeles » (The New York Times)

« Des images satellite avant et après les incendies en Californie montrent des dégâts considérables » (The Guardian)

« Cartographie détaillée des incendies avec origines du feu, périmètres d'incendie et zones d'évacuation obligatoire » (Los Angeles Times)

« Hollywood en feu : les ultrariches découvrent la crise climatique » (Reporterre)

« Quelle est l'ampleur des incendies à Los Angeles par rapport à l'endroit où vous vivez ? » (Call Matters)

« L'État va enquêter sur les raisons pour lesquelles le réservoir de Pacific Palisades était hors d'usage et vide lorsque la tempête de feu s'est déclarée » (Los Angeles Times)

« Comment la Californie combat les incendies depuis le ciel » (Reuters Graphics)

« Incendies à Los Angeles : les vents reprennent, les feux s’étendent et les critiques fusent » (Libération)

« Les Jeux olympiques devraient être annulés : la colère monte contre Los Angeles 2028 » (Le Parisien)

« Après les incendies de Los Angeles, le défi du traitement des débris » (La Croix)


2) Données cartographiques et satellitaires

Images satellites Landsat 8 6 janvier / 14 janvier 2025 (USGS)

« Image Sentinel 2 acquise le 12 janvier 2025 montrant les cicatrices de brûlures des trois incendies de forêt qui ont touché Los Angeles » (Copernicus)

Des cartes et des ensembles de données librement disponibles via le programme de catastrophes de la NASA (NASA)

Données Lidar post-incendie de forêt 2025 pour Los Angeles, Californie (USGS)

« Suivi des incendies, bilan chiffré et cartographie sur le site national des pompiers » (National Interagency Fire Center)

« Cartographie détaillée avec niveau d'endommagement des bâtiments » (FEMA)
 
« Impacts de la sécheresse sur les populations, l'eau et l'agriculture aux Etats-Unis » (ESRI)

« Du carburant pour les incendies en Californie » (NASA)


3) Des incendies de forêt à la question des assurances et du réchauffement climatique

« Les incendies de forêt de janvier 2025 en Californie ont été alimentés par des conditions météorologiques renforcées par le changement climatique d'origine humaine » (Climameter)

« Fréquence et coût des événements météorologiques et climatiques aux Etats-Unis » (NOAA). La Californie arrive en premier pour les incendies de forêt, mais le Texas, la Louisiane et la Floride la dépassent tous risques confondus.

« Les incendies à Los Angeles, une conséquence de la crise climatique » (Courrier International)

« Données cartographiques et de localisation et outils de suivi des feux de forêt » (Kevin Bullock)

« Les avions de lutte contre les incendies déversent de l'eau de mer sur les incendies de Los Angeles : pourquoi l'utilisation de l'eau salée est généralement un dernier recours » (The Conversation)

« Les feux de forêt à Los Angeles poussent le marché de l'assurance californien à ses limites » (Bloomberg)

« Les loyers augmentent plus vite après les catastrophes, mais un programme fédéral peut aider à limiter les excès » (The Conversation)

« Incendies à Los Angeles : le tissu urbain et social en proie aux flammes  ». La Cité des anges, qui a souvent été en proie aux flammes, n’a pas su endiguer la catastrophe, qu’ont aggravée la croissance urbaine et les inégalités structurelles au sein de la population (The Conversation)

« Comment les incendies en Californie renforcent le déni climatique de Trump (Reporterre)

« Le mégafeu de Los Angeles est un avertissement adressé à l’ensemble des populations mondiales » Tribune de Michel Lussault (Le Monde)

« Faut-il laisser brûler Los Angeles ? Dans un article datant de 1983, le géographe Mike Davis "proposait des "arguments pour laisser brûler Malibu. Provocation, cynisme ? » (Philosophie Magazine)

« Incendies à Los Angeles : l’impact majeur sur l’eau, l’air, la faune et la flore » (Le Monde)

« Des millions d'Américains se croient à l'abri des incendies de forêt dans leurs villes. Une nouvelle étude révèle le contraire » (The Guardian)



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Cartographier et comparer l'accès aux soins dans le monde


La Déclaration d'Alma-Ata (1978), dans laquelle l'OMS appelait à assurer la "santé pour tous" d'ici l'an 2000, a fait de la santé une priorité mondiale. Les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), puis les Objectifs de Développement Durable (ODD) ont poursuivi ces aspirations en mettant à nouveau la santé et le bien-être au coeur des objectifs à atteindre. Qu'en est-il du point de vue des progrès réels sachant que beaucoup de pays dans le monde ne bénéficie pas d'une couverture maladie universelle ?

L'Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) est un centre de recherche dans le domaine de la santé rattaché à l'université de Washington. Il publie chaque année une enquête GBD (Global Burden Disease) qui évalue le nombre de décès liés aux maladies, violences et autres facteurs de risques de manière à améliorer les systèmes de santé et réduire les disparités entre pays. Une étude très intéressante a été publiée en mai 2018 afin de mesurer l'accès et la qualité des soins de santé pour 195 pays entre 1990 et 2016 (avec pour certains pays une analyse à l'échelle régionale). Les auteurs ont utilisé l'enquête GBD de 2016 et ont isolé 32 facteurs de décès reflétant un problème d'accès et de qualité des soins. Ils ont gradué chaque cause de décès sur une échelle de 0 à 100, 0 étant le premier centile (le plus bas) observé entre 1990 et 2016 et 100 le 99e centile (le plus haut). A partir de l'ensemble des valeurs graduées, ils ont ensuite construit un indice HAQ (Healthcare Access and Quality) et attribué un score global de 0 à 100 pour l’accès et la qualité des soins de santé sur l'ensemble de la période 1990-2016 (cet indice de santé "personnel" n'inclut pas les risques environnementaux et comportementaux).


Tableau  des 32 facteurs de décès reflétant l'inégal accès aux soins avec calcul de
l'index HAQ moyen
(source : The Lancet)


Les chercheurs ont appliqué cette classification au niveau des pays et des régions. Ils ont également comparé les niveaux et les évolutions de l'indice HAQ avec l'indice socio-démographique (SDI), un indice synthétique du développement global. Ils ont aussi examiné les relations entre les scores nationaux de l’indice HAQ et d'autres données corrélées telles que les dépenses totales de santé par habitant. Toutes ces données ainsi que les méthodes utilisées sont fournies dans un rapport scientifique de 176 pages téléchargeable en libre accès (37 Mo).


Evolution de l'accès et de la qualité des soins sur la période 1990-2016 (source : The Lancet)



Cette carte témoigne d'évolutions très contrastées. En 2016, les performances de l'indice HAQ allaient de plus de 96 pour l'Islande, la Norvège et les Pays-Bas, à moins de 23 pour la République centrafricaine, la Somalie et la Guinée-Bissau. Le rythme des progrès réalisés a pu varier entre 1990 et 2016, avec des améliorations nettement plus rapides pour de nombreux pays d'Afrique subsaharienne et d'Asie du Sud-Est, plusieurs pays d'Amérique latine ayant vu les progrès stagner après des avancées considérables. Sachant que l'accès et la qualité des soins reflètent directement la situation économique, sociale et politique des différents pays, cette carte peut fournir un bon point de départ pour des études plus ciblées concernant les causes qui peuvent expliquer ces évolutions et ces disparités.


Indice HQA par pays et par région 1990-2016 (source : The Lancet)


Cette série de cartes permet de conduire des comparaisons intéressantes par pays et par régions. Les pays développés comme le Japon ou les Etats-Unis observent peu de disparités à l'intérieur de leur territoire. Au contraire, la Chine et l'Inde affichent des écarts importants. Pour la Chine, l'écart va de 91 à Beijing à 48 au Tibet (environ 43 points de différence) tandis que l’Inde, avec un indice globalement plus bas, affiche une disparité cependant moindre (30 points), qui va de 64 à Goa à 34 à Assam. Au Mexique, les écarts dans l'indice HAQ ont quelque peu diminué entre 1990 et 2016, tandis qu'au Brésil, les disparités ont légèrement augmenté entre les États au cours de cette période. La performance de l'indice HAQ témoigne de liens étroits avec le développement global, les pays à indices socio-démographiques (SDI) moyens ou élevés obtenant généralement des scores plus élevés et des gains plus rapides pour les maladies non transmissibles. 

Répartition des pays en fonction de la corrélation entre HAQ et SDI (source : The Lancet)



On observe que, dans tous les pays en développement, des progrès substantiels ont été enregistrés dans le domaine de la santé, particulièrement en ce qui concerne les maladies qui peuvent être combattues par la vaccination. Globalement, la performance nationale de l'indice HAQ est associée positivement à des niveaux plus élevés de dépenses de santé par habitant, mais ces relations sont assez hétérogènes, en particulier dans les pays à SDI faible ou moyen.

Cette étude permet de fournir une compréhension assez fine des progrès réalisés et des défis encore à relever si l'on veut améliorer l'accès aux soins de santé dans le monde. Malgré des gains substantiels depuis 2000, de nombreux pays en difficulté sur le plan socio-démographique (avec un SDI faible ou moyen) sont confrontés à des défis considérables.


Evolution comparée du HAQ par pays et par région (source : The Lancet)


Le site IHME fournit en outre un outil de comparaison statistique et cartographique très riche et très efficace : Global Burden of Disease (GBD) Compare permet d'analyser les niveaux de santé et les tendances du monde en un seul outil interactif. L'interface semble au départ un peu complexe. Un conseil : utiliser le bouton bleu "Take tour" pour avoir un premier aperçu des possibilités offertes par cet outil de data visualisation. 




Dans un premier temps, on peut explorer le classement des maladies et leur évolution entre 1990 et 2017. Les boutons à gauche de l'écran permettent de varier le type de graphique de répartition.


Il est possible ensuite de se concentrer sur un indicateur et de jouer sur les variables en fonction de l'âge, du sexe, du pays d'origine, de son niveau socio-démographique (SDI bas ou élevé). Voici par exemple la carte des décès par maladies cardio-vasculaires dans le monde en 2017 :



Les données sont téléchargeables au format CSV, les graphiques au format PNG. Utiliser le menu "Visualizations" pour afficher des cartes. Il est possible de mener des analyses régionales pour les Etats-Unis, la Chine, l'Inde et le Nigéria. Pour l'Afrique, des analyses peuvent être conduites dans le domaine de l'éducation. Concernant les Objectifs de Développement Durable (ODD), l'outil interactif permet de représenter les données sous forme de carte et de prendre des pays en référence pour les comparer à l'évolution générale. Exemple ici avec la carte de la mortalité infantile dans le monde et son évolution comparée au Bangladesh, au Brésil, en Indonésie et en Ouganda.







Au total l'outil interactif GBD Compare fournit un grand nombre de pistes pour explorer, analyser, comparer des données concernant la santé. Les possibilités de croisement entre cartes et graphiques sont très nombreuses et font penser à un autre outil équivalent Gapminder, tout aussi efficace pour dégager des dynamiques mais qui possède cependant moins de données sur la santé.
 

Lien ajouté le 10 juillet 2024

Lien ajouté le 9 avril 2025

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La condition des femmes dans le monde à travers les cartes


Les villes face au changement climatique et à la croissance démographique


Le cabinet de consulting Verisk Maplecroft a publié en novembre 2018 un rapport fondé sur l'"index de vulnérabilité au changement climatique". Cet index de vulnérabilité prend en compte une cinquantaine de données existantes allant des modèles climatiques aux facteurs économiques, en passant par les projections démographiques.

Ce rapport estime que 84% des villes dont la croissance est la plus rapide au monde font face à des risques « extrêmes » de changement climatique. Certaines des villes les plus peuplées de la planète, comme New Delhi, Bombay, Mexico, Karachi ont un "risque élevé" de voir le changement climatique infliger des dommages à leurs économies et à leurs populations.



Les villes africaines apparaissent comme les plus exposées au réchauffement climatique. Parmi les villes les plus exposées, on trouve : Kampala en Ouganda, où la population annuelle devrait augmenter de 5,1% par an en moyenne entre 2018 et 2035 ; Dar-es-Salaam en Tanzanie (4,8%), Abuja (4,5%) et Lagos (3,5%) au Nigéria ; Addis-Abeba (4,3%) en Éthiopie et Luanda (3,7%) en Angola. Cette vulnérabilité accrue du continent africain n'est pas un fait nouveau. D'autres analyses avaient déjà attiré l'attention sur ce problème (voir par exemple l'étude faite par Maplecroft en 2013 ou cette carte du Monde diplomatique de 2015). Voici la carte proposée par l'AFP à partir de l'étude conduite par Maplecroft.




La relation est forte entre vulnérabilité au changement climatique et taux de croissance démographique. Les villes les plus exposées au risque manquent déjà de services de santé adéquats et de systèmes pour atténuer les effets des catastrophes, elles comptent également des populations extrêmement vulnérables. La pression sur les services essentiels va s'intensifier si les populations continuent d'augmenter. De là à penser que la réduction de la croissance démographique est la seule solution pour réduire les effets du changement climatique, il y a tout de même à s'interroger (cf polémique soulevée par l'affirmation de l'AFP qu'"avoir un enfant en moins" est la solution la plus efficace pour diminuer son empreinte carbone).

Il est malgré tout intéressant de croiser cette carte avec celle montrant la croissance des métropoles à l'échelle mondiale. Depuis 1998, l'ONU publie chaque année les chiffres de l'urbanisation dans le monde. Les données sur la population rurale et urbaine sont téléchargeables ainsi que les cartes et les profils par pays. Ces données sont directement consultables à travers une carte interactive sur le site World City Populations 1950 - 2035.



Cette application en ligne élaborée à partir des données de l'ONU permet d'afficher la population des grandes villes mondiales en 1950, 1990, 2015 et 2035 (projection). Les cercles proportionnels sur la carte permettent de faire ressortir directement les évolutions. En cliquant sur une ville, on obtient son évolution de 1950 à 2035 ainsi que son classement au rang national et au rang international. Voici par exemple la comparaison entre Shanghai et Le Caire.


 



Le site World City Populations 1950 - 2035 fournit également des tableaux de classement des métropoles mondiales par date (ici une comparaison entre 1950 et 2015) :

Le site Urban Age fournit une application cartographique en ligne pour mesurer les croissance des villes sur la période 21012-2030 : http://urbanage.lsecities.net/data/populations-of-the-largest-urban-agglomerations


Lien ajouté le 9 décembre 2021

Lien ajouté le 4 aout 2022

Lien ajouté le 11 décembre 2023

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