1) L'empreinte écologique : un indicateur pratique mais qui pose problème
L'empreinte écologique (environmental footprint) ne doit pas être confondue avec la biocapacité (biocapacity) ni avec l'empreinte humaine (global human footprint). Alors que l'empreinte écologique sert à montrer l'impact direct sur les ressources, l'empreinte humaine est davantage un moyen d'évaluer la pression globale sur l'espace.
Malgré son intérêt pédagogique, l'empreinte écologique a fait l'objet de nombreuses réserves (voir cet article). L'une des plus importantes concerne son empreinte dans nos consciences. En alertant sur le risque d'épuisement des ressources terrestres, elle constituerait un outil d'information pour le citoyen devenu éco-responsable. Mais en envoyant des signaux alarmants sur l'avenir, elle ne ferait que véhiculer un message catastrophiste et contre-productif allant à l'encontre du but recherché. Elle serait souvent confondue avec l'empreinte carbone qui mesure uniquement les émissions de CO2 en lien avec le réchauffement climatique (voir par exemple ce simulateur qui ramène le problème à une question de comportement individuel). L’outil est si pédagogique qu’on le prend au pied de la lettre, en oubliant que l'équivalent en surface terrestre consommée reste virtuel. Pour la géographe Sylvie Brunel, « le concept d’empreinte écologique est une fumisterie ». Selon elle, l'empreinte écologique ne prendrait pas en compte « le progrès des techniques, qui permet de découpler la production de bien-être et la consommation de ressources ». Derrière ce débat, on retrouve l'opposition de points de vue entre durabilité forte (non soutenabilité du modèle de développement actuel en raison de l'épuisement des ressources) et durabilité faible (possibilité de compenser par le progrès technique et humain).
D'après le Global Footprint Network (GFN), si chaque personne dans le monde consommait comme un Français, il faudrait 2,7 planètes pour subvenir à nos besoins et absorber nos déchets. Pour un Américain, ce serait 5 planètes contre seulement 0,7 pour un Indien (chiffres 2019) :
A supposé qu'il signifie véritablement un état d'épuisement de la planète à ne pas dépasser (sous réserve de prendre en compte les progrès et changements possibles), ce jour du dépassement diffère beaucoup d'un pays à l'autre :
La source principale pour trouver des cartes sur l'empreinte écologique est le site du Global Footprint Network (GFN). Ce think tank indépendant, fondé en 2003, fournit chaque année des données actualisées et consacre un site spécialisé pour consulter et télécharger des cartes avec les données :
Pour comprendre les différentes cartes thématiques proposées par le GFN, il convient d'avoir en tête les définitions et de bien distinguer l'empreinte écologique de la biocapacité, qui dépend elle-même de l'importance des surfaces bioproductives de chaque pays (champs cultivés, pâturages, pêcheries...).
L’empreinte écologique a été établie afin de quantifier l’impact de l’humanité sur le milieu naturel. Elle est calculée en estimant la capacité de charge du milieu naturel et en la comparant aux niveaux de consommation et de déchets. Elle est mesurée en hectares globaux (gha) pour la productivité biologique moyenne d'une année donnée, actuellement d'environ 12 milliards d'hectares (variant d'une année à l'autre). L’empreinte écologique permet ensuite de replacer les hectares globaux effectivement consommés (et gaspillés) dans le contexte de la biocapacité existante dans chaque pays.
La perception de ces deux indicateurs (empreinte écologique et biocapacité) diffère assez nettement selon qu'on les représente globalement ou rapportés à la population de chaque pays :
(source : Global Footprint Network)
Afin de mieux représenter les disparités entre pays, Benjamin Hennig a proposé en 2013 une cartographie de l'empreinte écologique mondiale sous forme d'anamorphose. Cette représentation est plus conforme au poids et à la répartition de la population, bien que le code couleur utilisé puisse être discutable (un système de feu tricolore allant du vert au rouge).
— CHAUNU (@EmmanuelChaunu) July 30, 2019
L'humanité se dépasse ! #JourDuDepassement #DessinDePresse #dessindujour #dessin #illustration pic.twitter.com/uAbRhvDvX4— Effet Rache (@EffetRache) July 29, 2019
— Régis Gay (@gayregis) July 31, 2019
Depuis l'an 2000, le PIB mondial a connu une croissance de 250%. Depuis l'an 2000, le jour du dépassement s'est avancé de deux mois.— Laurent Quenach de Quivillic (@LaurentQuenach) July 29, 2019
Quand allez-nous arrêter cette folie de la croissance à tout prix ?#JourDuDepassement pic.twitter.com/gAoofj19dC
Je l'ai utilisé avec classe de seconde, et effectivement assez inadapté au milieu rural, et les élèves avaient aussi du mal à quantifier dépenses énergétiques. Mais cela a permis de lancer débats, questions et de chercher des réponses et des solutions.
— Cecile De Joie (@profcdj) August 17, 2021
Nous sommes le 28 juillet et aujourd'hui, l'humanité a consommé plus de ressources que la planète ne peut produire en un an.
— Sciences et Avenir (@Sciences_Avenir) July 27, 2022
Comment détermine-t-on le #JourDuDépassement ? @Lise_Loume https://t.co/RDBFtSNbym
28 JUILLET 2022. Jour du dépassement de la Terre : l’humanité entre dans le rouge selon #WWF #jourdudepassement
— Sylvain Genevois (@mirbole01) July 28, 2022
La date a lieu de plus en plus tôt dans l'année
29 décembre 1970
4 novembre 1980
11 octobre 1990
23 septembre 2000
7 août 2010
28 juillet 2022https://t.co/nOTu4IW7si pic.twitter.com/BDAGKAkOeZ
Le dessous des cartes - Écologie : des pays plus "verts" que d’autres ? Le samedi c’est le format long de l’Hebdo du DDC😊 https://t.co/j7imeLIK8O
— Emilie Aubry (@emilieaubry1) November 12, 2022
Si l'humanité vivait comme un Qatari, il faudrait 9 planètes pour supporter toute cette empreinte carbone. Plus de graphiques ici : https://t.co/WOxeWOaw3p pic.twitter.com/0JPpTo9TWR
— Libération (@libe) November 21, 2022
Lien ajouté le 3 décembre 2022
Singapore has the highest per capita CO2 footprint of any country. This interactive map reveals the largest contributors to climate change around the world.https://t.co/GuYgoxtkRI pic.twitter.com/Dc1JcGrNiQ
— gmapsmania mapstodon.space/@mapsmania (@gmapsmania) December 2, 2022
Liens sur Internet
#MoveTheDate Solutions :
L'empreinte écologique - Le Dessous des cartes 2010 (Arte) :
http://www.youtube.com/watch?v=fRxJZEZp42A
L'empreinte écologique - Le Cartographe :
http://le-cartographe.net/dossiers-carto-91/monde/176-lempreinte-ecologique
Empreinte écologique 2019. Une carte en anamorphose proposée par Worldmapper :
http://worldmapper.org/maps/grid-ecologicalfootprint-2019/
Empreinte écologique en projection Buckminster Fuller :
http://www.viewsoftheworld.net/wp-content/uploads/2019/07/EcologicalFootprintMap.png
L'empreinte carbone des villes dans le monde selon le modèle GGMCF
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Comment la cartographie animée et l'infographie donnent à voir le changement climatique
Resource Watch, un portail intégré pour visualiser des jeux de données en vue d'assurer "un avenir durable" à la planète
Quand la lutte contre les émissions de CO2 passe par la dénonciation des entreprises les plus concernées : une carte militante élaborée par le site Decolonial Atlas
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