Source : Noor-Yasmin Djataou, Hélène Furnon-Petrescu, Carine Seiler (2024). « Pauvreté et conditions de vie des jeunes dans le monde rural : comment adapter les réponses institutionnelles ? », Inspection Générale des Affaires Sociales, novembre 2024.
Ce rapport produit par la mission de l'IGAS apporte un éclairage sur la pauvreté des jeunes ruraux de 16 à 29 ans, leurs conditions de vie et analyse leurs facteurs spécifiques de fragilité au regard de ceux de l’ensemble de la jeunesse. Longtemps qualifiés d’« invisibles », moins nombreux que les jeunes urbains, les jeunes ruraux focalisent moins l’attention alors que leur place – et les choix qu’ils réalisent (partir ou rester) – sont cruciaux pour l’avenir des territoires ruraux. Les annexes du rapport comportent de nombreuses cartes et données sur la pauvreté de la jeunesse qui réside dans les territoires ruraux (voir en particulier l'annexe 4 sur les distances et paniers de services).
Une jeunesse rurale qui se sent souvent délaissée
L’Igas en dresse un état des lieux inédit, à 360 degrés qui dessine le portrait d’une jeunesse rurale qui se sent souvent délaissée et met en lumière des freins spécifiques, dont l’éloignement et une mobilité empêchée. Il en recense les conséquences, domaine par domaine. Moindres opportunités d’insertion ou de formation, problèmes d’accès au logement, santé mentale, inégalités de genre présentent aussi des traits particuliers en ruralité. La mission estime que 338 000 jeunes ruraux vivraient sous le seuil de pauvreté.
30 recommandations opérationnelles
L’action publique peine à répondre à ces vulnérabilités multiples et à certaines situations de « perte de chance », à agir en grande proximité dans des territoires très dispersés. Les politiques publiques transverses sont insuffisamment ciblées vers les jeunes ruraux précaires, cependant que les dispositifs sectoriels à destination des jeunes, trop souvent calqués sur le modèle urbain, prennent mal en compte les contraintes inhérentes à la ruralité. Le rapport livre une trentaine de recommandations opérationnelles, d’une part, pour apporter des réponses spécifiques aux besoins des jeunes ruraux à travers des mécanismes adaptés à la non-densité, notamment à travers un cadre de priorisation renouvelé, d’autre part, pour développer des réponses destinées à l’ensemble des jeunes précaires dont pourront bénéficier les jeunes ruraux. C’est aussi un enjeu démographique pour nos territoires.
Synthèse en FALC - Pauvreté et conditions de vie jeunes monde rural.pdf
Rapport Igas - Pauvreté et conditions de vie des jeunes dans le monde rural (rapport).pdf
Rapport Igas - Pauvreté et conditions de vie des jeunes dans le monde rural (annexes).pdf
Pour compléter
« Rapport de l’IGAS sur la jeunesse rurale : de la mobilité sociale, scolaire, géographique empêchée » (Le Café pédagogique)
Quel rôle joue l’origine géographique sur le parcours scolaire et professionnel ? Les inégalités sociales sont un point d’orgue à la précarité, dans la France des bourgs comme dans celle des tours. L’origine sociale a des effets sur la réussite des élèves, cela est bien documenté. L’IGAS (inspection générale des affaires sociales) a publié un rapport de 112 pages en janvier 2025 « Pauvreté et conditions de vie des jeunes dans le monde rural : Comment adapter les réponses institutionnelles ? » Celui-ci s’appuie sur des travaux récents qui « permettent d’esquisser le portrait d’une jeunesse rurale, longtemps invisible, dont les risques d’isolement et d’éloignement forment des facteurs spécifiques ou aggravants de précarité ». Il souligne l’absence d’équité sociale et territoriale et des facteurs multiples liés au maillage territorial de l’offre de formation qui amoindrissent les choix d’orientation ou des phénomènes d’autocensure. Force est de constater la corrélation entre pauvreté, précarité, ruralité, et absence de mobilités.
« Double peine sociale et territoriale pour les élèves des zones rurales populaires » (Le Café pédagogique)
Pour sa 18e édition, l’AFEV braque les projecteurs sur les trajectoires, espoirs et difficultés des lycéens issus des classes populaires, en ville comme à la campagne. Une enquête qui confirme que le lieu de vie et surtout l’origine sociale pèsent sur les parcours et les projections d’avenir.
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