Feral Atlas, une exploration de l’Anthropocène perçu à travers la féralisation

 

Cet atlas multimédia très original est publié par la Stanford University. Le projet rassemble 79 enquêtes de terrain réalisées par des scientifiques, des humanistes et des artistes : https://feralatlas.supdigital.org/

"Le Feral Atlas vous invite à naviguer dans les paysages terrestres, maritimes et aériens de l'Anthropocène. Nous sommes convaincus qu'en vous déplaçant sur le site - en vous arrêtant pour regarder, lire, réfléchir et peut-être parfois vous gratter la tête - vous trouverez lentement vos repères, à la fois par rapport à la structure du site et par rapport aux préoccupations et concepts fondamentaux auxquels il donne forme."

Si vous êtes un peu perdu, c'est normal : le Feral Atlas repose avant tout sur l'exploration. Vous pouvez toujours vous repérer en consultant le Super Index (accessible en haut à droite de l'écran). On commence par choisir une des entités sauvages qui défilent sur la page d'accueil. Une explosion (Anthropocene Detonator) vous emmène dans l'un des quatre paysages, chacun étant un collage évoquant les mondes créés par Invasion, Empire, Capital et Acceleration.



Puis vous pourrez cliquer sur un point d'intérêt qui vous amènera à une page Tipper, une méditation sur la façon dont les modes de travail changent le monde. N'hésitez pas à tout moment à cliquer sur le côté gauche de l'écran, ce qui vous amène à un rapport de terrain sur l'écologie sauvage à laquelle participe l'entité que vous avez choisie. Les rapports de terrain s'ouvrent avec des « cartes de flux », c'est-à-dire des représentations visuelles qui offrent une certaine idée de la dynamique spatiale de cette écologie sauvage particulière.

L’Anthropocène y est abordé sous l'angle de la féralisation d’écosystèmes favorisés au départ par des infrastructures humaines et qui ont prospéré en dehors de tout contrôle humain. Le terme féralité vient du mot latin fera qui veut dire bête sauvage.

"Par féral, on entend ici une situation dans laquelle une entité, élevée et transformée par un projet humain d’infrastructure, poursuit une trajectoire au-delà du contrôle humain. En soi, il n’y a rien de mauvais dans l’absence de contrôle humain. L’écologue Annik Schnitzler utilise le terme « féral » pour décrire les forêts européennes qui croissent sur les terres agricoles abandonnées et les parcelles industrielles. Cet usage correspond à la définition donnée par L’Atlas féral. Ni les humains, ni nos espèces compagnes, ne peuvent survivre sans ce genre de féralité, qui permet aux arbres de réinvestir des territoires dont les projets d’infrastructures les avaient exclus pendant de nombreuses années. Dans le même temps, la discussion autour de l’Anthropocène requiert d’apporter une attention toute particulière à la féralité qui a mal tournée : les déchets de l’industrie et de la guerre estropient les métabolismes et les écosystèmes ; les organismes introduits se diffusent à travers de nouveaux paysages, anéantissant les écologies natives ; de nouvelles maladies surgissent de façon soudaine et se répandent sur la planète. Une fois encore, les effets féraux ne sont pas obligatoirement néfastes. Cependant, ceux qui posent problème ont commencé à s’accumuler, mettant en jeu l’habitabilité de la terre plus-qu’humaine."

Pour en savoir plus : lire la traduction de l’introduction de Feral Atlas : The More-Than-Human Anthropocene, un ouvrage multimédia d’Anna Tsing, Jennifer Deger, Alder Keleman et Feifei Zhou à paraître chez Stanford University Press : https://www.terrestres.org/2019/05/26/la-vie-plus-quhumaine/

 


Lien ajouté le 19 octobre 2021


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