Avec la crise de la Covid19, les villes moyennes ont-elles bénéficié d’un regain d’attractivité ?


La ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, Jacqueline Gourault, a confié en septembre 2021 à France Stratégie la mission d’objectiver les dynamiques territoriales à l’œuvre dans les villes moyennes avant et pendant la pandémie et de resituer leur rôle dans une vision renouvelée du développement et de la cohésion des territoires. Pour y répondre, France Stratégie a combiné des analyses de données statistiques ainsi que des auditions d’experts et de l’ensemble des acteurs concernés et publie deux études à partir de l’analyse d’un panel de 202 villes moyennes françaises.

Longtemps à l’écart des principales politiques publiques d’aménagement du territoire, les villes moyennes reviennent sur le devant de la scène, avec notamment le programme Action cœur de ville de l’Agence nationale de la Cohésion des territoires depuis 2018. La crise sanitaire a renouvelé l’intérêt public pour elles, et contribué à ce qu’elles connaissent un regain d’attractivité, alimenté par les départs des grandes villes, les possibilités accrues de travail à distance et l’image d’une meilleure qualité de vie.

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L'étude porte sur les unités urbaines de plus de 20 000 habitants, avec une commune-centre de plus de 10 000 habitants, situées en dehors de l’aire d’attraction des villes des 22 métropoles institutionnelles. Ensemble, les 202 villes moyennes observées représentent environ 35% de la population française, un chiffre très stable depuis des décennies, et 30% de l’emploi salarié privé en 2019. Elles jouent un rôle central à l’échelle locale (75% sont des préfectures ou sous-préfectures). Elles sont observées ici sur les 10 dernières années selon 3 critères principaux : prix de l’immobilier, démographie, emploi dans le privé. 42% de ces villes ont connu des trajectoires plus favorables que la moyenne nationale, et 16% moins favorables. On note une attractivité générale de l’Ouest et des littoraux et des difficultés liées à l’emploi dans le centre et le quart Nord-Est – mais cela ne résume pas toute l’hétérogénéité des villes moyennes. 

Par ailleurs, les couronnes des villes moyennes sont souvent plus dynamiques que leurs pôles. La crise de la Covid-19 a affecté différemment les territoires, et on ne peut à ce stade conclure à un effet positif général. Sur l’emploi, les villes moyennes ont néanmoins été plus dynamiques que les métropoles. Quelques villes moyennes jusqu’ici en retrait ont même renversé la tendance. Côté immobilier, la pandémie n’a pas entraîné de modifications substantielles. Les données 2020 attestent d’une montée des prix concentrée dans les pôles des villes moyennes, suggérant un possible rattrapage par rapport aux couronnes. Une tendance que les premières remontées 2021 semblent confirmer.

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