Quelle démocratisation des grandes écoles depuis le milieu des années 2000 ? Rapport IPP (janvier 2021)


Cécile Bonneau, Pauline Charousset, Julien Grenet, Georgia Thebault, Quelle démocratisation des grandes écoles depuis le milieu des années 2000 ? Rapport IPP n° 30 - Janvier 2021 :
http://www.ipp.eu/publication/janvier-2021-quelle-democratisation-grandes-ecoles-depuis-le-milieu-des-annees-2000/

Ce rapport réalisé par l'Institut des Politiques Publiques (IPP) documente l’évolution du recrutement des classes préparatoires et des grandes écoles depuis le milieu des années 2000. L’étude privilégie une approche quantitative s’appuyant sur un ensemble de données administratives qui n’ont pas jusqu’à ce jour été exploitées de manière systématique. Ces données sont mobilisées pour caractériser l’évolution du profil des étudiants de ces formations selon plusieurs dimensions : leur origine sociale, leur genre, leur origine géographique et leur parcours scolaire antérieur.

Le rapport d'étude (308 pages) montre que les dispositifs « d’ouverture » mis en place par les grandes écoles n’ont pas atteint leurs objectifs :
  • aucune diversification de leur recrutement social
  • inégalités géographiques d’accès très marquées et très stables
  • forte sous-représentation féminine
Cet échec met en lumière les limites de l’approche jusqu’ici privilégiée : un foisonnement d’initiatives locales, sans réelle coordination nationale et rarement évaluées. Les écarts de performances scolaires n’expliquent qu’une partie des inégalités d’accès aux grandes écoles : d’autres facteurs sont en jeu.

Le rapport contient des graphiques qui mettent en évidence les inégalités d'accès selon l'origine sociale, géographique et le genre. Deux cartes traitent des inégalités d'accès géographiques par départements (pages 101 et 102). 





L’analyse des inégalités territoriales d’accès aux grandes écoles fait ressortir des contrastes marqués : dans la plupart des départements situés au nord, au nord-est et au centre de la France, moins de 4 % des individus scolarisés en troisième en 2005-2006 ont accédé à une grande école. À l’inverse, les taux d’accès aux grandes écoles sont supérieurs à 7 % dans la plupart des départements franciliens (à l’exception notable de la Seine-Saint-Denis), dans le Finistère, en Île-et-Vilaine, dans le Rhône, la Haute-Garonne, la Loire-Atlantique, les Pyrénées-Atlantiques, la Gironde, l’Aveyron, les Alpes-Maritimes et le Puy-de-Dôme.




Écart Parisiens/non-Franciliens. Parmi les élèves de la cohorte de troisième 2005-2006, seuls 5,1 % des non-Franciliens ont accédé à une grande école contre 13,9 % des Parisiens, soit un différentiel de 8,8 points de pourcentage qui représente un écart relatif de 63 %. Les différences de composition sociale et de performances scolaires moyennes entre départements ne parviennent à expliquer qu’une petite partie de cet écart (1,8 point de pourcentage, soit 20 % de l’écart total). Le pouvoir explicatif de ces deux facteurs est plus faible encore (10 %) lorsqu’on cherche à expliquer l’avantage dont bénéficient les élèves parisiens pour l’accès aux 10 % des grandes écoles les plus sélectives. Ces résultats indiquent que les inégalités géographiques d’accès aux grandes écoles renvoient à des causes largement extérieures à l’origine sociale et aux performances scolaires des élèves, à l’image de la forte concentration spatiale des classes préparatoires et des grandes écoles en Île-de-France, qui tend à pénaliser les élèves non franciliens dans l’accès à ces formations.

En France, comme dans la majorité des pays européens, les régions capitales concentrent les populations étudiantes. Le CGET a consacré des analyses accompagnées de cartes et de graphiques dans la publication :

Regards sur les territoires (2017) "Partie V : Éducation et enseignement supérieur, approches territoriales" (page 101 et suiv.)

Près du quart des nouveaux bacheliers changent d’académie pour débuter leurs études supérieures :