Global Forest Watch, une plateforme en ligne pour la surveillance des forêts à l'échelle mondiale


Global Forest Watch (GFW) est une plateforme en ligne qui fournit des données et des outils pour la surveillance des forêts. Grâce à des technologies de pointe, GFW permet d'accéder à des informations quasi en temps réel sur l'évolution des forêts à travers le monde. Il s'agit d'une "surveillance forestière conçue pour l'action" afin de "donner les moyens aux gens du monde entier de mieux protéger les forêts".

Carte interactive du site Global Forest Watch


1) Origine et évolutions de la plateforme GFW

Global Forest Watch a été créé en 1997 par le World Ressources Institute (WRI) dans le cadre de l'initiative Forest Frontiers. À ses débuts, il s'agissait d'un réseau d'ONG produisant des rapports actualisés sur l'état des forêts. À partir des années 2000, GWF a poursuivi la production de cartes et d'analyses forestières à l'échelle mondiale et régionale, tout en développant des projets de cartographie nationaux en collaboration avec les gouvernements. En 2006, GWF et GreenPeace ont créé la toute première carte mondiale des paysages forestiers restés intacts. Pour relever les défis liés à la déforestation, Global Forest Watch a commencé à développer de nouvelles applications web. Au milieu des années 2010, grâce aux progrès de la télédétection, GWF a étendu ses données annuelles et a commencé à diffuser des alertes mensuelles et hebdomadaires sur la déforestation. GWF a mis également en ligne des tableaux de bord afin de comprendre les causes et les conséquences des changements forestiers.

Au niveau mondial entre 2001 et 2024, 34% de perte de couvert végétal s'est produit dans des zones où les principaux facteurs de perte ont été la déforestation. De 2001 à 2024, il y a eu un total de 150 millions d'ha de couverture arborée perdue à cause des incendies au niveau mondial et 370 millions d'ha à cause d'autres facteurs de perte (construction de routes, exploitation minière, inondations...). L'année où la perte de couverture végétale due aux incendies a été la plus importante au cours de cette période est 2024 avec 13 millions d'ha de pertes dues aux incendies (45% de toutes les pertes de couverture végétale pour cette année). 

2) Facteurs à l'origine de la déforestation

Les alertes à la déforestation intégrées au GFW concernent les alertes RADD (Radar pour la détection de la déforestation) du Centre de recherche de Wageningen (WUR) et les alertes GLAD (Analyse et découverte globales des terres) de l'Université du Maryland, qui exploite l'imagerie post-perturbation des satellites Sentinel-1 et Sentinel-2. Cette approche permet d'identifier les causes directes de la déforestation : agriculture à petite et à grande échelle, développement routier, exploitation forestière sélective, exploitation minière, incendies de forêt, inondations ou autres perturbations naturelles. L'identification des facteurs à l'origine des alertes permet une application plus ciblée des lois et réglementations, une meilleure estimation des impacts écologiques et une compréhension plus fine des émissions de carbone liées aux perturbations forestières.

  • Facteurs non naturels (causés par l'homme)

Agriculture à petite échelle : clairières de moins de 2 ha, généralement liées à l’agriculture itinérante sur brûlis (défrichement temporaire suivi de repousse) ou à l’agriculture familiale. Dans les paysages agricoles de petite taille présentant des perturbations mixtes, cela peut inclure l’exploitation forestière artisanale et la collecte de bois de chauffage (généralement utilisé pour la cuisson). 

Agriculture à petite échelle avec brûlage : défrichements pour l’agriculture à petite échelle où le feu a probablement été utilisé, observés par une alerte incendie VIIRS concomitante et un faible ratio de brûlage normalisé Sentinel-2 après perturbation.

Agriculture à grande échelle : défrichements de plus de 2 ha destinés à l'établissement de cultures ou de pâturages, généralement liés à l'agriculture industrielle (par exemple la production de soja, d'huile de palme, de bœuf, etc.), coupes à blanc et défrichements à grande échelle à des fins de spéculation foncière.

Agriculture à grande échelle avec feu : défrichements pour l'agriculture à grande échelle où le feu a probablement été utilisé pour le défrichement, observés par une alerte incendie VIIRS concomitante et un faible ratio de brûlage normalisé Sentinel-2 après perturbation.

Aménagement routier : déboisements pour la création de routes, généralement pour faciliter des récoltes industrielles de bois, mais pouvant inclure des routes destinées à d'autres usages. 

Exploitation forestière sélective : perturbations à petite échelle causées par l'abattage sélectif d'arbres et le débardage (chemins où les grumes abattues sont traînées ou transportées), généralement liées aux récoltes industrielles de bois. 

Exploitation minière : déboisement pour faciliter l'extraction artisanale et industrielle de minéraux.

  • Facteurs naturels

Inondations : perturbations ou dégagements causés par les crues et les cours d'eau sinueux. Cela inclut les inondations naturelles et celles provoquées par l'homme.

Autres perturbations naturelles : perturbations ou clairières sans cause humaine visible. Cela inclut les chablis, les sécheresses, les glissements de terrain et la mort naturelle des arbres.

  • Autres facteurs

Incendie de forêt : Perturbations de grande ampleur dues au feu, sans défrichement immédiat pour l’agriculture. Cela inclut les incendies d’origine humaine et naturelle. Cette catégorie exclut les brûlages dirigés utilisés pour le défrichement agricole, mais inclut les feux de forêt qui se propagent de manière incontrôlée suite à des brûlages dirigés.

Non étiqueté : pixels pour lesquels le seuil de confiance d’une prédiction n’est pas atteint.

3) Cartes et données

Les données du Global Forest Watch sur la perte de couvert forestier due aux incendies montrent les pertes sur la période 2001-2024 à l'échelle mondiale. La carte permet de zoomer sur les zones concernées. Un tableau de bord fournit les données par pays et par année.

De nouvelles cartes mondiales dérivées de données de télédétection fournissent des données spatialisées sur les émissions, les absorptions et les flux nets de carbone des forêts. Alors que les modèles précédents n'estimaient les flux de carbone forestier que pour des pays ou des régions entières, la résolution de 30 mètres de ces données permet aux utilisateurs d'analyser la dynamique du carbone dans les forêts jusqu'à l'échelle locale. Une étude a été publiée en 2021 dans Nature Climate Change. En 2025, de nouvelles recherches (étude disponible sur le site Copernicus) ont permis d'harmoniser les données satellitaires nationales et mondiales pour améliorer le reporting sur le carbone forestier. 

Suivi géospatial révisé et mis à jour des flux de carbone forestier au XXIe siècle (source : Gibbs & al., 2025)


Le modèle du GFW montre que les forêts constituent un puits de carbone net bien plus important que ne le suggèrent les indicateurs nationaux de gaz à effet de serre (NGHGI). Cependant, utiliser le modèle de GFW comme point de comparaison indépendant avec les NGHGI exige une traduction entre les approches de surveillance en raison des différences conceptuelles : le modèle de GFW inclut tous les flux liés aux forêts, tandis que les NGHGI ne rendent compte que des flux anthropiques.

Les rapports et analyses peuvent être consultés sur le site du World Ressources Institute

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