Source : Rapport sur l’état des services publics. Les besoins en services publics à l’échelle des territoires (Collectif Nos Services Publics, 5 novembre 2025).
Les services publics sont-ils prêts à "affronter les dynamiques multiples qui traversent le pays ?", s’interroge le 3e Rapport sur l’état des services publics, consacré aux besoins en services publics à l’échelle des territoires. En se focalisant sur six secteurs clés (guichets administratifs, santé, éducation, enseignement supérieur, logement, eau), le rapport met en lumière des dynamiques inégalitaires qui ne se réduisent pas aux évolutions démographiques et économiques. Il explore les résultats et les failles du modèle actuel d’accès aux services publics à partir des données de la statistique publique, d’analyses juridiques et historiques ainsi que, de la réalité vécue des citoyennes et citoyens, en leur donnant la parole sur leur expérience au contact des services publics sur le temps long, dans des zooms sur les territoires aux enjeux diversifiés du Jovinien (Yonne), de Saint-Paul (La Réunion), de Meylan (Isère) et de Villeurbane (Rhône). Un service public pour tous et toutes, vraiment ? L’objectif du rapport est d’alimenter le débat public en mettant en lumière les succès mais aussi les limites du modèle actuel de services publics en matière de lutte contre les inégalités. Par une analyse comparative rigoureuse des territoires, il s’agit de construire un consensus éclairé sur les priorités à définir dans un contexte en mutation rapide.
Le collectif Nos Services Publics à l'origine de ce rapport pointe les évolutions démographiques qui "redéfinissent les besoins sociaux, territoriaux et institutionnels", alors que l’éducation fait face à une forte baisse démographique. Or, ces dynamiques démographiques sont "souvent mises en avant pour expliquer les évolutions du service public, notamment lorsqu’il s’agit de fermer des établissements dans les territoires ruraux dont le nombre d’habitants se réduit", explique le rapport. L’enjeu est alors "d’accompagner ces évolutions sans affaiblir les moyens éducatifs de lutte contre les inégalités sociales dès la petite enfance", poursuit-il, alors que les débats dans le cadre du PLF 2026 se cristallisent autour des suppressions de postes qui accompagnent cette baisse démographique. Pour cette 3e édition, le collectif interroge particulièrement des "lectures territoriales souvent binaires, qui naturalisent des fractures entre territoires ruraux et urbains, entre QPV et gentrification urbaine, entre QPV et territoires ruraux, ou encore entre l’Hexagone et les territoires ultra-marins".
Le rapport comporte de nombreuses cartes pour étayer le raisonnement à l'échelle des bassins de vie qui est l'échelle utilisée par la DEPP considérant qu’il reflète les espaces dans lesquels les habitants réalisent l’essentiel de leur vie quotidienne. Pour ce collectif, le zonage du bassin de vie "ne rend pas compte de l’accessibilité effective". Il s’interroge sur la pertinence de ce zonage pour appréhender l’accès au service public d’éducation, et propose plutôt d’envisager "d’autres maillages territoriaux".
Le chapitre 6 (p.162 et suivantes) concerne le service public de l'école qui est abordé à travers plusieurs dimensions :
- L’école républicaine pour lutter contre les inégalités sociales. Si historiquement, du moins depuis la IIIe République, le rôle de l’école apparaît comme le creuset de la citoyenneté en France, les inégalités s’accroissent depuis trente ans.- Où sont les établissements scolaires ?Les cartes d'implantation et d'accessibilité aux établissements scolaires témoignent d'inégalités croissantes entre zones urbaines, périurbaines et rurales, avec des temps de parcours parfois dix fois plus longs dans les départements en déprise scolaire. La cartographie des zones d’éducation prioritaire n’a été révisée qu’en 2014 et les situations dans l'Outre-mer sont souvent hors normes, particulièrement en Guyane et à Mayotte comme le montre la cartographie de l'IPS moyen des collèges.
- Un accès au service public de l’éducation encore très inégal de la crèche à l’orientation post-bacL'offre éducative est encore insuffisante pendant les premières années qui constituent une période décisive. Au collège et au lycée, les stratégies familiales inégalitaires sont de fait financées par les deniers publics. Les cartes illustrent la répartition de l’indicateur de ségrégation sociale entre collèges publics et collèges privés par département et parmi l’ensemble des collèges. Les fortes inégalités d’accès à l’orientation scolaire se maintiennent également.- Une qualité d’éducation inégale en fonction des conditions d’enseignementLe niveau d’encadrement dans les établissements scolaires est hétérogène selon les territoires. En REP et en REP+, les primes perçues ne sont pas suffisantes pour compenser le manque d’attractivité, sauf exception. Pour mesurer les moyens dégagés pour les établissements selon l’encadrement, le ministère a développé l’indicateur H/E. La mise en relation de cet indicateur avec la mesure de la catégorie sociale de l’établissement (indicateur IPS pour « indice de position sociale ») permet de constater qu’il n’y a apparemment pas de corrélation entre le niveau socio-économique des familles des collégiens et les moyens alloués au service public de l’éducation.
- De programmes scolaires centralisés aux rapports de pouvoir entre parents, écoles, établissements publics et privésDerrière ces différentes dyamiques, en particulier territoriales, des rapports de pouvoir se jouent qui peuvent e xpliquer les résultats contrastés du service public de l’éducation par rapport aux objectifs assignés. D’une part, le rôle des parents d’élèves est central dans les rapports de force entre le ministère et les autres acteurs de l’éducation, comme les collectivités. D’autre part, le faible poids, y compris médiatique, ou politique, et dans les associations de parents d’élèves, des populations et des collectivités concernées par l’éducation prioritaire, peut expliquer le non-renouvellement de la géographie de l’éducation prioritaire, du fait par exemple de leur stigmatisation
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