Le 9e rapport sur l’état de l’océan (OSR9) publié le 25 septembre 2025 par l’Institut européen Copernicus et l’organisation scientifique Mercator Ocean International alerte sur les impacts du réchauffement sur les écosystèmes marins. Publié chaque année par le Service Copernicus Marine, le rapport documente les changements généralisés de l'océan qui affectent les écosystèmes, la production alimentaire, les économies, les vies humaines et les moyens de subsistance, ainsi que la régulation climatique régionale et mondiale.
Le rapport révèle un océan qui connaît une acidification rapide, une élévation du niveau de la mer et un réchauffement des océans (au-dessus et au-dessous de la surface) dans tous les bassins océaniques, qui sont également pollués par les déchets plastiques provenant de tous les continents.
- L'océan mondial a atteint un record de 21°C au printemps 2024, avec une accélération continue et constante de la teneur en chaleur de l'océan de 0,14 W/m² par décennie.
- L'Atlantique Nord-Est et les mers adjacentes se réchauffent deux fois plus vite que la moyenne mondiale, soit +0,27°C par décennie depuis 1982.
- Les vagues de chaleur marines ont atteint des températures record en 2023 et 2024, dépassant de 0,25 °C les records de 2015 et 2016
Aperçu des thèmes clés de l'OSR9. Adapté de von Schuckmann et al., 2025
(source : Copernicus Ocean State Report 9 Résumé)
- Changement océanique
- Changements dans l'écosystème marin
- Changement sociétal
- Changement économique
- Comprendre les connexions
Le rapport établit un lien clair entre réchauffement des océans et prolifération d’espèces invasives. En Méditerranée par exemple, la hausse des températures bouleverse la biodiversité et fragilise la pêche artisanale. De mai 2022 à janvier 2023, la Méditerranée a connu sa plus longue vague de chaleur marine en 40 ans, avec +4,3°C au-dessus des normales. Ces eaux anormalement chaudes ont accéléré la reproduction d’espèces invasives, modifiant les écosystèmes côtiers. Dans le delta du Pô, au nord-est de l'Italie, des crabes bleus de l'Atlantique, envahissants et voraces, ont entraîné un effondrement de la production de palourdes de 75 à 100 %. Le ver de feu barbu, long de 70 cm et doté de soies venimeuses, perturbe la pêche artisanale en Sicile, détruisant appâts et poissons capturés. Sa prolifération illustre comment le réchauffement des eaux amplifie l’impact d’espèces déjà présentes.
Illustration de ce que l'ONU appelle la « triple crise planétaire » : changement climatique, perte de biodiversité et pollution plastique des océans. Adapté de von Schuckmann et al., 2025
(source : Copernicus Ocean State Report 9)
Pour compléter
« Marine heatwaves modulate food webs and carbon transport processes » (Nature Communications)
Mariana Bif (Université de Miami) et une équipe internationale du MBARI révèlent dans Nature Communications que les vagues de chaleur marines bouleversent les réseaux trophiques océaniques et ralentissent le transfert du carbone vers les grands fonds, fragilisant ce puits planétaire. Les chercheurs ont étudié la mer du Golfe d’Alaska, touchée par deux vagues de chaleur, “The Blob” (2013-2015) et celle de 2019-2020. Grâce aux flotteurs robotiques du programme GO-BGC, ils ont observé que ces événements modifient la composition du plancton et le cycle du carbone. Ces transformations montrent que chaque vague de chaleur marine agit différemment selon les espèces dominantes. Le ralentissement du flux de carbone vers le fond accroît le risque de réémission dans l’atmosphère, réduisant la capacité des océans à atténuer le changement climatique.
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