En septembre 2020, l’Insee a de nouveau mis à jour les zones d’emploi. Contrairement aux zones d’emploi 2010, construites région par région, celles construites en 2020 sont issues de paramètres nationaux. Seules quelques régions font exception : les DOM et la Corse en raison de leur particularité insulaire qui limite les déplacements domicile-travail. L’Île-de-France a également fait l’objet d’un traitement différent pour tenir compte de la très forte polarisation des flux vers Paris : la part des actifs qui résident et travaillent dans la même zone sont inférieurs à ceux du reste du territoire.
La
nouvelle méthode dessine 306 zones d’emploi (contre 321) en adaptant les critères
pris en compte aux densités démographiques. La méthode à été changée afin de limiter l’effet d’écrasement des très grands pôles d’emploi. « La
méthode repose sur un procédé itératif basé sur l’analyse des
déplacements domicile-travail entre les différentes zones : à chaque
étape, des communes (ou groupes de communes agrégées précédemment) sont
agrégées en fonction de l’intensité des échanges domicile-travail.
Ainsi, toutes les zones constituées polarisent l’emploi, mais à des
degrés différents. »
Principal avantage de cette typologie : elle facilite la comparaison à
l'échelle européenne grâce à une méthodologie inspirée d'Eurostat et de l'OCDE (cf découpage en labor market areas). Avec un inconvénient : ce nouveau mode de calcul rend difficile voire quasiment impossible toute
comparaison avec les anciennes zones d'emploi de 1990 et de 2010. Comme le rappelle
l'Association des Communes de France, « il est nécessaire de rappeler qu’un zonage résulte toujours
d’une convention méthodologique. Aussi rigoureuse soit-elle pour gagner
en robustesse, elle demeure assise sur des choix (seuils, critères,
unités géographiques de base…) qui dicteront les résultats [...] On
remarquera que les "mailles" de zones d’emploi varient en fonction
des densités démographiques et économiques. Elles s’approchent quasiment
d’une échelle départementale dans les espaces de faible densité alors
qu’elles s’apparentent davantage à des arrondissements dans d’autres
régions. »
Comparaison du découpage des zones d'emploi 2010 et 2020 (réalisée avec Q-Gis)
Ce nouveau découpage a l'avantage de s'appuyer sur les migrations
domicile-travail à une échelle plus fine. La refonte des zonages de
l’Insee n'est toutefois pas sans susciter des débats parmi les géographes. L’utilisation des zonages dans l’aménagement du territoire
renvoie à leur rôle dans les politiques publiques. Le seuil choisi (15%)
comme le maintien d’un seul indicateur fondé sur les navettes
domicile-travail sont de moins en moins opérants pour décrire la
diversité des espaces périurbains et le gradient de l’urbain au rural. Lire un résumé des réflexions des chercheurs dans la Chronique 23 du CNIS (juin 2020).
Sept profils se distinguent selon l'orientation économique principale de chaque zone d'emploi. La Bretagne est, avec Avergne-Rhône-Alpes, l'une des régions qui a le profil le plus équilibré avec les 7 types de zones d'emploi représentés dans la même région (orientation à la fois résidentielle, agricole, industrielle, touristique + polarisation par des grandes agglomérations). En outre-mer, La Réunion a un profil moins diversifié que les Antilles.
Les grandes agglomérations, scindées en deux classes selon l’intensité de leurs spécialités, sont caractérisées par des emplois typiques des grandes métropoles et par la présence de grands établissements. Certaines zones d’emploi sont spécialisées dans l’agriculture comme Carhaix-Plouguer en Bretagne, l’industrie comme Oyonnax en Auvergne-Rhône-Alpes ou encore le tourisme comme Sainte-Maxime en Provence-Alpes-Côte d’Azur. D’autres sont davantage diversifiées comme Chaumont dans le Grand Est. Enfin, certaines zones d’emploi ont un caractère plus résidentiel : la part d’actifs qui y habitent et y travaillent est plus faible qu’ailleurs ; elles se situent principalement dans le voisinage des grandes agglomérations.
entre 2010 et 2015 (Source : Insee, 2019)
du revenu disponible en 2013 (source : CGET, 2017)
Accès aux données
Base des 306 zones emploi Insee 2020 (avec fichiers shp à télécharger) :
http://www.insee.fr/fr/information/4652957
Base des zones d'emploi 1990 et 2010 :
http://www.insee.fr/fr/information/2114596
Statistiques locales (outil de cartographie en ligne de l'Insee) :
http://statistiques-locales.insee.fr/#c=indicator&view=map10
Étude nationale : « L'orientation économique des zones d'emploi :
entre spécialisation et diversification des économies locales » : http://www.insee.fr/fr/statistiques/4653582
Analyse des profils socio-économiques par région :
http://www.insee.fr/fr/information/4652090
Atlas des zones d'emploi 2010 (à télécharger sur Data.gouv) :
https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/atlas-des-zones-d-emploi-572211/
La refonte des zonages de l’Insee : réflexions de chercheurs (CNIS, 2020) :
http://www.cnis.fr/wp-content/uploads/2020/06/CNIS-chroniques-23final2.pdf
Lien ajouté le 17 mars 2022
Pôles générateurs de mobilité (habitat, emploi, équipement) dans le Grand Angoulême ⬇️
— Benoit Ribon 🐘 (@benoit_ribon) March 16, 2022
Premier jet en exclusivité pour toi Twitter ! pic.twitter.com/T6iEoSdHsm
L’un des points essentiels consiste à distinguer 4 types d’emplois : les activités de proximité les plus locales (G1), les activités de proximité à envergure régionale (G2), les activités mondialisées courantes (G3) et les activités mondialisées les plus rares (G4). 3/15 pic.twitter.com/GkKms4HXoT
— Olivier Bouba-Olga (@obouba) February 12, 2023
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