Connaître l'état des eaux souterraines de l'Union européenne (projet Under the Surface)


Un groupe de journalistes de toute l'Europe a travaillé pour collecter, analyser et présenter des informations sur l'état de la ressource en eau. Le projet Under the Surface est basé sur les données que chaque État membre doit communiquer à l'Union européenne sur l'état qualitatif et quantitatif de ses eaux souterraines. Le projet a été initié par Arena for Journalism in Europe et Datadista. Inspiré par les précédentes enquêtes de Datadista sur les eaux souterraines en Espagne, Arena a invité un groupe de journalistes européens à sa conférence Climate Arena en novembre 2023, pour partager des idées et discuter de la faisabilité du projet. Après avoir choisi les partenaires et les méthodes, cette nouvelle équipe de 14 journalistes a démarré ses travaux en janvier 2024.

Le projet "Under the Surface" trouve, en l'absence de données de tous les pays, que l'Europe manque d'eau : plus de 15% des aquifères sont en mauvais état. L'UE exige en principe que tous les États membres, ainsi que l'Islande et la Norvège, fournissent des données sur l'état de leurs aquifères. Sur ces 29 pays, 16 ont soumis des données complètes et accessibles au public, celles de l'Allemagne et du Portugal n'étant que partiellement accessibles. Onze pays ne figurent pas du tout sur la carte : dix n’ont fourni aucune information à l’UE et un, l’Autriche, a choisi de cacher des parties clés de ses données qui empêchent leur cartographie. Les experts scientifiques, informés des résultats du projet Under the Surface, ont averti que sans données complètes, ils ne pouvaient pas connaître l'étendue réelle des dégâts causés aux eaux souterraines du continent. 

Carte interactive montrant l'état des nappes phréatiques pour 17 pays européens (Source : Under the Surface)

La carte interactive montre la qualité et la quantité des eaux souterraines dans 18 pays (pour 17 membres de l’UE + la Norvège). Il couvre les nitrates et une gamme limitée de pesticides et de métaux. Les substances problématiques telles que les PFAS – connues sous le nom de « produits chimiques éternels » – et les produits pharmaceutiques ne sont pas inclus car l'UE n'exige pas de tests. 

La carte révèle que 15 % des masses d’eau incluses dans la carte sont en « mauvais état », ce qui représente 26 % des aquifères par zone de couverture. Un épuisement ou une pollution importante des aquifères est susceptible d’avoir un impact très large, car celles-ci desservent souvent une région plus vaste et une population plus importante. En République tchèque et en Belgique, le nombre d’aquifères qualifiés de « pauvres » dépasse celui des aquifères sains. Ils sont suivis de près par l'Espagne, la France et l'Italie. La Bretagne fait partie des régions particulièrement touchées par la pollution de ses nappes phréatiques.

Les données sont disponibles à travers un formulaire à remplir.

Pour compléter 

« Explorez la carte inédite de la pollution des eaux souterraines en France ». Le Monde a agrégé les mesures correspondant à 300 contaminants (pesticides, métaux, médicaments...) dans 24 700 stations de surveillance. La carte des contaminations des eaux souterraines en France a été conçue par Le Monde, dans le cadre du projet « Under the surface », mené avec six médias partenaires, initié par le média espagnol Datadista et coordonné par Arena for Journalism in Europe.

La carte des contaminations des eaux souterraines (source : Le Monde-Les Décodeurs)


Le Centre commun de recherche de la Commission européenne a produit des cartes indiquant la localisation des aquifères, leur profondeur et leurs interactions avec la géologie et le climat locaux. Ce type de données peut éclairer de nombreux domaines, de l'agriculture à l'adaptation au changement climatique. Le Programme mondial de cartographie et d'évaluation hydrogéologiques (WHYMAP) est une initiative mondiale visant à mieux étudier et gérer les ressources aquifères. En utilisant des sources de données infranationales, nationales et régionales très diffuses et de qualité différente, une image cohérente de la situation hydrogéologique à l'échelle mondiale a été obtenue pour la première fois. WHYMAP montre « divers environnements d'eaux souterraines caractéristiques dans leur étendue surfacique :
  • La couleur bleue est utilisée pour les bassins d'eaux souterraines de grande taille et plutôt uniformes.
  • La couleur verte symbolise les environnements hydrogéologiques de structure géologique complexe.
  • La couleur marron délimite les zones avec des aquifères locaux et peu profonds dans lesquels un substrat rocheux relativement dense est exposé à la surface
Cinq catégories définissent les taux de recharge potentiels de plus de 300 mm à moins de 2 mm/an (allant dans les trois couleurs principales du foncé (taux de recharge très élevés) au clair (potentiel de recharge très faible).

Bassins d'eaux souterraines et recharge (source : Richts A., WHYMAP, 2011)

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Nappes d'eau souterraine : bilan de l’évolution des niveaux en 2022-2023 (BRGM)