Cartes et données sur les séismes en Turquie et en Syrie (février 2023)


Une série de tremblements de terre de forte magnitude (supérieure à 7,5 sur l'échelle de Richter) a frappé la Turquie et la Syrie le 6 février 2023, causant des destructions massives et faisant plus de 45 000 morts (bilan au 1er mars 2023). Les secousses ont été enregistrées dans une bonne partie de l'Europe et jusqu'au Groenland, avec de nombreuses répliques dans les jours qui ont suivi. Ces séismes se sont produits dans des régions assez démunies, à l'est de la Turquie et au nord de la Syrie. 

L'aide humanitaire peine à être acheminée et beaucoup de victimes n'ont pu être secourues. Des immeubles entiers ne respectant pas les normes anti-sismiques se sont effondrés. Le président Erdoğan se retrouve sous le feu des critiques pour avoir approuvé un vaste programme d'amnistie en 2018, qui a régularisé des millions de bâtiments non conformes aux normes sismiques, en dépit des précédents qu'a connus la Turquie en matière de catastrophe (le séisme d'Izmit en 1999 avait fait plus de 17 000 morts). En Syrie, la population, déjà très affectée par la guerre civile, se retrouve dans une situation de vulnérabilité accrue. Dans un contexte géopolitique très difficile à gérer, l'enjeu humanitaire se transforme en enjeu politique.

Face à une catastrophe de cette ampleur, il est important, en tant que géographes, de proposer des pistes d'analyse scientifique et des ressources didactiques qui sortent du catastrophisme ambiant. Ce billet de recension n'a pas vocation à être exhaustif, mais seulement à proposer des ressources pour enseigner. Il vise tout d'abord à distinguer les dimensions de traitement médiatique d'une catastrophe, des pistes d'analyse scientifique en termes d'aléa / risque / vulnérabilité mais aussi d'enjeux (économiques, sociaux, politiques, environnementaux...). Il propose également de montrer l'usage (et les limites) des outils de cartographie numérique pour la mise en visibilité des zones à risques, l'organisation de l'aide humanitaire mais aussi la modélisation et la simulation pour d'autres séismes (notamment à Istanbul).


Données de secousses sismiques enregistrées par l'Observatoire Kandilli et
l'Institut de recherche sur les tremblements de terre (KOERI)


1) Traitement médiatique de la catastrophe

« Séismes en Turquie et en Syrie : visualisez l'épicentre et les zones touchées » (Le Monde). 

« La Turquie, une longue histoire de séismes dévastateurs » (RFI). Il s'agit du cinquième séisme le plus meurtrier du XXIe siècle (Le Monde-Les Décodeurs). 

« Les séismes du 6 février 2023 en Turquie et Syrie » (carte-infographie de Visactu). Voir le graphique des principaux séismes en Turquie depuis 1900.

« En Turquie et en Syrie, secousses sismiques, répliques politiques » (Le Monde). L’acheminement de l’aide à la Turquie et à la Syrie est conditionné à la fois à l’accessibilité des routes, à la météo, mais aussi au morcellement géopolitique de la région. Voir la carte du journal Le Monde et sa présentation par Delphine Papin dans le cadre de l'émission Cartes en mouvement (France Culture).

« Séismes, histoire d'un cataclysme politique » (Radio-France). De Voltaire à Aznavour jusqu’au drame humanitaire qui sévit aujourd'hui en Turquie et en Syrie, les séismes sont toujours, aussi, des cataclysmes politiques.

Les zones touchées par les séismes à l'échelle de la France (France Bleu). Si ce type de comparaison visuelle (#mapcomparison) permet de donner une idée générale de l'importance de la catastrophe, on compare ici des territoires et pas des populations dont la vulnérabilité, rappelons-le, n'est absolument pas la même.

« Comment la Turquie a été secouée par plus de 10 000 répliques depuis le tremblement de terre du 6 février » (Reuters). La datavisualisation proposée par Reuters Graphics permet de comparer quelques grands séismes avec leur nombre de répliques et de montrer que ces dernières peuvent être nombreuses, même si leur intensité décline progressivement. De grandes répliques peuvent se produire, mais elles ne sont pas la norme - et elles deviennent moins probables avec le temps.

La comparaison entre un article du New York Times et un article de la BBC permet d'observer deux types de traitement médiatique : le premier repose plutôt sur des cartes et des données satellitaires (data journalism), le deuxième est basé davantage sur des photographies au sol (visual journalism) à hauteur d'hommes. Dans les deux cas, on observe le rôle important de la géolocalisation. Au delà des images, Reuters propose un storytelling plus pédagogique avec des cartes montrant la fréquence des séismes et des schémas explicatifs concernant les types de failles (voir également cette storymap). Kenneth Field (@kennethfield) compare, à travers une revue cartographique, la manière dont les médias ont cartographié la catastrophe.

Comparateurs d'images aériennes et satellitaires avant et après la catastrophe : images Planet (voir le montage vidéo). Vue avant/après d'un impressionnant glissement de terrain dans une oliveraie près d'Hatay.

Reconstitution par le New York Times des façades de rues d'Antakya en surimpression des images de drones prises après le tremblement de terre. Cela fait penser aux images d'anastylose que l'on trouve d'habitude dans le domaine de l'archéologie (New York Times). Dans le même style, le journal propose une reconstitution en 3D de l'effondrement de l'immeuble Renaissance : un complexe d'appartements haut de gamme censé transformer l'enclave rurale d'Ekinci en banlieue animée et qui s'est effondré du fait d'une série de mauvaises décisions architecturales (« Comment un immeuble d'appartements haut de gamme est devenu un piège mortel », New York Times)

Densité de population et intensité des secousses (carte 3D par @Kontur Inc). Voir également la carte en relief proposée par @Riccarto pour rendre visuellement la forte intensité des séismes.

« Un village syrien d'Idlib emporté par une inondation après l'effondrement d'un barrage » (Arabnews). Voir la cartographie de la zone inondée par l'UNOSAT.

« Séisme en Turquie : un barrage fissuré fait craindre une nouvelle catastrophe » (reportage vidéo TF1-Info)

Séismes et effet de ricochet. Peu relayée pour l'instant, la question de la vulnérabilité des barrages (souvent en terre) en Turquie. Ils pourraient avoir joué eux-mêmes un rôle dans les mouvements  tectoniques (Jordan News).

« La ville qui ne s'est pas effondrée : comment Erzin est devenue un refuge après le tremblement de terre en Turquie » (NBCNews) Cette ville de la province de Hatay, dans le sud de la Turquie, n'a subi aucun décès et n'a vu aucun bâtiment s'effondrer du fait de la décision de longue date de ne pas autoriser les constructions qui violent les lois du pays.

« Le président Erdoğan sous le feu des critiques pour avoir supervisé un vaste programme d'amnistie en 2018 ». Ce programme a régularisé des millions de bâtiments non conformes aux normes sismiques du pays, en dépit des précédents en matière de catastrophes (Financial Times). Les amnisties en la matière sont fréquentes en Turquie, surtout à l'approche des élections pour séduire les habitants et les promoteurs. Mais la campagne de régularisation de 2018 était sans précédent : plus de 7 millions de logements devenus "conformes" du jour au lendemain. Jusqu'à 75 000 bâtiments dans la zone du tremblement de terre ont bénéficié d'un tel sursis » (The Guardian).

« Pourquoi l’armée turque a-t-elle si peu réagi et est intervenue aussi tard après les tremblements de terre ? » (Foreign Policy).

Si le terme de résilience revêt un sens fort dans le domaine de la géographie des risques, il convient de noter que le terme est récupéré politiquement par Erdogan qui a annoncé un "programme de reconstruction d’urgence et de résilience au profit des provinces sinistrées" (sic). Ce programme prévoit la fin des immeubles de grande hauteur (avec des petites unités limitées à 3 ou 4 étages maximum) ainsi que des études préalables tenant compte des conditions géologiques, géophysiques, géotechniques, hydrogéologiques, sismotectoniques et morphologiques.  « Nous ne pouvons laisser nos villes se vider... Nous construirons et remplacerons chaque maison détruite par une nouvelle maison meilleure, plus belle et plus sûre », a déclaré le président de la Turquie.

Kenneth Field passe en revue les cartes produites par les médias ayant couvert l'événement (presse anglophone).

2) Pistes d'analyse scientifique en termes d'aléa / risque / vulnérabilité et enjeux

« Séismes en Turquie et en Syrie : l'une des pires catastrophes naturelles depuis un siècle » (Radio-France). Avec Leïla Vignal géographe, professeure et directrice du département de géographie à l'École normale supérieure (ENS), spécialiste de la Syrie et du Moyen-Orient.

« Trois questions à Robin Lacassin sur les séismes du 6 février 2023 en Turquie ». Robin Lacassin, chercheur CNRS et géologue à l'IPGP et Université Paris Cité, revient en vidéo sur les mécanismes à l'origine de ces secousses (Chaîne IPGP). 

« Séisme en Turquie et en Syrie : où sont les failles ? ». Avec Pascal Bernard, sismologue à l’Institut de physique du Globe de Paris et Michel Campillo, sismologue, professeur à l’Université Grenoble Alpes (Radio-France).

« Turquie / Syrie : les grands séismes de février 2023, entre aléa, risque vulnérabilité et résilience » (Géoimage). Un dossier proposé par Laurent Carroué et Pierre Ferrand à partir d'images satellites interprétées, qui montre que "cette catastrophe n’est en rien fatale ; elle témoigne des profondes impasses d’un modèle de croissance spéculatif, extensif et court-termiste. Elle pose surtout en termes nouveaux la question d’une véritable sortie de crise fondée sur une nouvelle résilience systémique".

« Un séisme qui intéresse autant la politique que la géologie ». Entretien vidéo avec Pierre Raffard qui analyse les conséquences immédiates et à plus long terme de cette tragédie (Société de Géographie).

« Série Turquie, Syrie : après le séisme » (France-Culture). Dans l'épisode 1 ("L’Etat turc face à ses responsabilités"), Yoann Morvan explique qu'"au-delà des bâtiments individuels et commerciaux, un certain nombre d’infrastructures publiques - l’une des fiertés du régime - ont aussi été détruites. Cela pose la responsabilité de l'État car certains bâtiments étaient censés servir de refuge aux populations comme des hôpitaux ou permettre l’arrivée des secours comme l’aéroport d’Antioche ». Pour Gülçin Erdi, « ce séisme est le miroir des dysfonctionnements du régime présidentiel et suscite de nombreuses interrogations sur les conditions de réalisation des élections [présidentielles de mai 2023] notamment dans les régions touchées par la catastrophe ».  Pour Nouran Gad, "dans une société déjà en situation de crise économique avec une xénophobie antisyrienne latente, des rumeurs de pillages commises par des Syriens se sont rapidement diffusées et les cas de discriminations ont explosé". Dans l'épisode 2 ("Les sinistrés otages du régime syrien"), Ziad Majed rappelle que "les Nations unies ont souvent eu une politique attentiste vis-à-vis de la Syrie, les négociations avec son allié russe étant très lentes. Là, l’aide est urgente et elle va être nécessaire pendant longtemps sans attendre que la Syrie ou la Russie soient d'accord". Dans l'épisode 3 ("La puissance régionale turque ébranlée ?"), selon Jana Jabbour "ce séisme crée un contraste entre l’efficacité du gouvernement turc et l’apathie des gouvernements arabes en Syrie, au Liban et en Jordanie. Paradoxalement, ce séisme a relancé le débat autour du modèle turc." Pour Aurélien Denizeau, "chacun a des intérêts à envoyer ces aides humanitaires. Elles peuvent favoriser et accélérer la normalisation des relations avec certains États comme l’Egypte, Israël mais aussi l’Arménie. Elles servent aussi à des États comme la Grèce à montrer à l’opinion publique turque qu’on les aide et que les rivalités diplomatiques sont mises en scène par le président Erdogan."

« Séismes, inondations : penser le risque naturel » (France Culture, Géographie à la carte). Pour Magali Reghezza-Zitt géographe spécialiste des risques naturels, de la vulnérabilité urbaine et des stratégies de gestion, « il n'y a pas d'un côté une culture du risque et de l'autre un déni absolu du risque, ce n'est pas si simple. Ce n'est pas parce qu'on connaît le risque qu'on en a une mémoire, ce n'est pas parce que l'on sait en partie comment résoudre le problème que cela va marcher le jour J [...]. Il y a une dimension politique dans la gestion des risques et en amont dans la prévision des catastrophes. Dans certains cas, l'inaction, la non prise en compte des décisions, est un choix. Il y a, dans la catastrophe et l'après catastrophe, un récit de légitimation du pouvoir. Quels que soient les époques et les régimes, dans les Etats modernes et pré-modernes, la sécurité fait vraiment partie des prérogatives régaliennes. [...] Vous acceptez à un moment donné de vivre en société parce qu'un pouvoir vous garantit cette sécurité. Et donc la vacance du pouvoir est quelque chose de terrible qui rompt le pacte social. [...] Vous avez une mise en scène du pouvoir qui va se réaffirmer à travers la gestion de crise...».

Séisme en Turquie : « ce sont 400 kilomètres de faille qui ont été brutalement réactivées » (Futura Sciences). Mustapha Meghraoui, chercheur en paléosismologie à l’université de Strasbourg, apporte des éclaircissements sur ces terribles événements, qui étaient prévisibles en considérant les contraintes tectoniques accumulées.

Les données satellitaires montrent à quel point le séisme de 6,8 qui s'est produit en 2020 était proche géographiquement des récents séismes de 2023 (écart d'environ 55 km seulement entre les deux). Est-ce que l'on aurait pu s'y attendre ? C'est une question sur laquelle de nombreux scientifiques travailleront dans les semaines et les mois à venir (Dr Chris Milliner).

« Temporary seismic quiescence : SE Turkey » (Geophysical Journal). Même si le XXe siècle a été une période d'une relative quiétude, la mémoire du risque est à prendre en compte. 

Le professeur de géophysique Diego Melgar (@geosmx) a reconstitué une modélisation 3D des tremblements de terre à partir des enregistrements.

Erdik, M., Tümsa, MBD, Pınar, A., Altunel, E. et Zülfikar, A preliminary report on the February 6, 2023 earthquakes in Türkiye (Tremblor). Le rapport commence par l'étude des mécanismes géologiques, mais aborde ensuite le problème du non respect des règles de construction (d'où des effondrements de bâtiments en crêpes particulièrement meurtriers), l'impact sur les infrastructures (routes, barrages, hôpitaux...), les questions spécifiques liées aux phénomènes de liquéfaction, l'absence de dispositif d'alerte précoce (le séisme a eu lieu de nuit) ainsi que la faible couverture du  risque par les assurances (les pertes assurables sont difficiles à estimer mais pourraient dépasser les 4 milliards de dollars). Depuis 2000, l'assurance tremblement de terre est obligatoire pour les habitations privées situées en zones à risque. Elle est couverte par le pool turc d'assurance contre les catastrophes (TCIP, DASK en turc). Le système d'assurance obligatoire contre les tremblements de terre en Turquie devrait permettre de couvrir environ 55 % des bâtiments endommagés. Le pool couvre les montants jusqu'à un certain niveau, mais au-delà l'assurance est facultative et couverte par des assureurs privés.

Rashmin G, Escudero I., Anil O, Edward D-J. & al., Global Rapid Post-Disaster Damage Estimation (GRADE Report), 2023, februar 6, Kahramanmaraş Earthquakes, Türkiye Report, Washington, DC (Banque mondiale). Ce rapport de la Banque mondiale estime à plus de 34 milliards de dollars les dommages causés par les séismes en Turquie, soit l'équivalent de 4 % du PIB du pays en 2021. Ce montant pourrait être deux fois supérieur du fait des coûts liés à la reconstruction. Les baisses de PIB dues aux perturbations économiques engendrées par les tremblements de terre en Turquie (plus de 10 000 répliques en un mois) viennnent s’ajouter aux dommages directs.

Taftsoglou M., Valkaniotis S., Karantanellis E., Goula E., Papathanassiou, Preliminary mapping of liquefaction phenomena triggered by the February 6 2023 M7.7 earthquake, Türkiye / Syria, based on remote sensing data (Zenodo). Ce rapport préliminaire sur la cartographie des phénomènes de liquéfaction est basé sur l'imagerie satellitaire optique (imagerie VHR Maxar, Planet, Copernicus Sentinel-2 et autres) ainsi que sur les orthophotos Copernicus Sentinel-1 SAR et UAV. Il cartographie 750 sites avec liquéfaction et étalement latéral. En raison de limitations (couverture de neige, disponibilité en images VHR), la cartographie a été limitée au tremblement de terre M7.7 le long de la zone de faille de l'Anatolie orientale et n'inclut pas la liquéfaction déclenchée par le tremblement de terre M7.6 d'Ekinözü.

Stein, R.S., Toda, S., Özbakir, A. D., Sevilgen, V., Gonzalez-Huizar, H., Lotto, G., Sevilgen, S., 2023, Interactions, stress changes, mysteries, and partial forecasts of the 2023 Kahramanmaraş, Türkiye, earthquakes. Selon ce rapport, la rupture de la faille d'Anatolie orientale était prévue par deux études scientifiques depuis 20 ans. Mais aucune des deux études ne donnait de prévision au sens strict. Si les moyens techniques actuels permettent de mesurer les contraintes qui s'exercent sur les failles, il n'est pas possible de dire à quel moment il peut y avoir rupture. Ces deux études identifiaient néanmoins les lieux où un séisme était le plus susceptible de frapper le long de la faille de l'Anatolie orientale (Tremblor).

Ce ne sont pas les séismes qui tuent. À propos des séismes de Kahramanmaras (Turquie) du 6 février 2023 (L'Information géographique). Jean-François Pérouse montre que « ce sont des facteurs très humains, trop humains qui expliquent la transformation de ces séismes en catastrophe sans précédent pour le pays dans une région au développement urbain rapide et incontrôlé ces trois dernières décennies ».

« Séismes de Turquie du 6 février 2023 : apports de la télédétection » (Planet-Terre). Caractérisation du rejet des failles par interférométrie RADAR et corrélation d’images. Contexte géodynamique de la plaque anatolienne.


3) Cartes et données SIG à visualiser en ligne ou à télécharger

Cartographie préliminaire des ruptures de faille réalisée à partir d'une analyse des données satellitaires post-séisme (USGS). Voir aussi la storymap qui donne l'essentiel des interprétations  :
https://usgs.maps.arcgis.com/apps/webappviewer/index.html?id=5229bb842bd64b688d769abbefe43b46

Cartographie des zones impactées à partir d'images satellites en open data :
https://ouutu.maps.arcgis.com/apps/webappviewer/index.html?id=86251995abe0496da17122a1b7a1c562

Carte des dommages élaborée par le Jet Propulsion Laboratory de la NASA et le California Institute of Technology en Californie du Sud à partir des images satellites Copernicus Sentinel-1 de l'Agence spatiale européenne (ESA) :
https://aria-share.jpl.nasa.gov/20230206_Turkey_EQ/DPM/

Images mises en téléchargement par l'Observatoire de la Terre (EOS-RS) et le Centre d'imagerie et d'analyse rapides avancées de Singapour (ARIA-SG) :
https://eos-rs-products.earthobservatory.sg/EOS-RS_202302_Turkiye_Syria_Earthquake/

Données de secousses sismiques enregistrées par l'Observatoire Kandilli et l'Institut de recherche sur les tremblements de terre (KOERI) - Université du Bosphore :
http://udim.koeri.boun.edu.tr/zeqmap/hgmmapen.asp#

Cartes et données SIG mises à disposition par le service de gestion des urgences de Copernicus :
https://emergency.copernicus.eu/mapping/node/155224
https://emergency.copernicus.eu/mapping/list-of-components/EMSR648

Cartographie polygonale des zones impactées à partir de l'analyse des images Maxar (changements entre 2019 et 2023) :
https://maxar-opendata.s3.amazonaws.com/events/Kahramanmaras-turkey-earthquake-23/building_change/DataDescription.txt

Analyse d'images du CNES par le Service régional de traitement d'image et de télédétection (SERTIT) https://sertit.unistra.fr/rms/?action=783
https://sertit.unistra.fr/rms/?action=777

Carte d'évaluation des dommages aux bâtiments par Gece Yazilim, Yer Cizenler et İhtiyaç Haritası :https://hasar.6subatdepremi.org/

Il s'agit d'une évaluation préliminaire au 20 février 2023 en fonction du niveau d'endommagement. Il peut y avoir plus de bâtiments endommagés que ceux représentés sur la carte. Cette cartographie d'estimation ne se substitue pas aux enquêtes détaillées qui ont lieu dans un deuxième temps (voir cet article).

Une autre application en ligne peut être utilisée en complément. Il s'agit du géoportail de la Turquie qui fournit les images satellites suite aux tremblements de terre :
https://atlas.harita.gov.tr/#6.99/37.498/37.15

Carte des risques sismiques en Turquie élaborée en 2018 par l'AFAD (Agence chargée de la gestion des urgences et catastrophes au sein du Ministère turc de l'Intérieur). Destinée à remplacer la carte de 1996 qui n'était plus à jour, cette carte était censée aboutir à un renforcement des règles de construction parasismiques après le terrible séisme d'Izmit en 1999 (17500 morts). Mais l'absence de contrôles en a limité l'application.
https://www.thbb.org/media/474741/turkiye_deprem_tehlike_haritasi.pdf



« Earthquake Insurance in Turkey ». Ce rapport de la Banque mondiale, publié en 2006, cherche à évaluer les critères de prise en charge du risque sismique par les assurances. Suite au séisme de 1999, il s'agit de réévaluer la sinistrabilité à l'échelle de tout le territoire de la Turquie (la carte en 5 zones reprend le même zonage que la carte des risques ci-dessus) :
https://www.alnap.org/system/files/content/resource/files/main/turkeyeqinsurance-book.pdf



En l'absence de cartographie exhaustive concernant l'âge et la résistance des batiments à l'échelle de la Turquie, on peut néanmoins disposer de ce type de données pour Istanbul. Un article récent, publié en 2022, donne des modèles de simulation en cas de séisme.

Carte mondiale des risques sismiques (Global Earthquake Model). Cette carte de 2018 décrit la distribution géographique de l'accélération maximale du sol (PGA) avec une probabilité de 10 % d'être dépassée dans 50 ans. La carte a été élaborée à partir de modèles probabilistes de risques sismiques développés par diverses institutions et projets à l'échelle nationale et régionale ainsi que par des scientifiques de la Fondation GEM. 

La carte interactive de Seismic Explorer permet de visualiser 40 ans d'activité sismique à la surface du globe, avec des informations sur la magnitude, la profondeur et l'emplacement de chaque tremblement de terre enregistré.

La base de données Active Faults of Eurasia (AFEAD), sortie fin 2022, dispose d'une carte interactive. En cliquant sur les failles, on accède à des descriptifs avec les articles scientifiques correspondant.

Des images et des analyses à partir d'images satellites Pléiades (CNES) sont mises à disposition dans le cadre de la Charte internationale « Espace et catastrophes majeures ». Cartes réalisées par UNITAR / UNOSAT.

4) Utilisation de la cartographie pour organiser l'aide humanitaire

« La région n'était pas prête à endurer cela : après le séisme en Syrie, le défi des secouristes pour acheminer l'aide humanitaire aux victimes » (France-Info).

« Acheminer l’aide humanitaire en Syrie après le séisme : le casse-tête devenu course contre la montre ».  L'article pose plusieurs questions : faut-il rouvrir tous les points de passage, suspendre les sanctions, dépolitiser l'aide ? (RTBF). 

« Après la catastrophe, le difficile déploiement de l’aide humanitaire en Syrie et en Turquie » (National Geographic). Au total, la Turquie a reçu des offres d’assistance de 103 pays et a coordonné l’arrivée de 11 320 personnels de 90 pays. […] À l’inverse, en Syrie, peu d’aide gouvernementale a été envoyée dans les zones les plus sinistrées, la région étant sous contrôle rebelle. L’aide bilatérale a été réduite et l’accès des ONG strictement limité.

« Séisme en Turquie : la colère de membres d'ONG empêchés de faire leur travail » (Géo). Dès le 15 février 2023, les autorités turques appliquent brutalement la politique gouvernementale de centralisation du contrôle de l'aide. Les centre de distribution "non-officiels" sont repris en main par de nombreux militaires, forces armées et de police. Plusieurs centres de distribution, pourtant très bien gérés par les Kurdes, sont aussi été fermés par la gendarmerie. 

« Craindre le politique : la réponse humanitaire aux catastrophes dites "naturelles" » (Cahiers d'Outre-Mer). "Le rapport des humanitaires au politique lors de la réponse aux catastrophes en zones de conflit : un cercle vicieux ?" Le schéma explicatif proposé dans cet article prend tout son sens si l'on se réfère aux difficultés rencontrées par l'aide humanitaire lors des séismes en Turquie et Syrie.

« Les satellites, précieux alliés dans l’organisation des secours en Turquie et en Syrie » (Le Courrier International).

Cartographie collaborative à partir des données d'OpenStreetMap (HotOsm). Données SIG à télécharger sur le site Data.humdata.org (couches bâtiments, routes, zones peuplées, établissements de santé, ports et aéroports...).

A compléter par les rapports très détaillés du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (UNOCHA) qui publie des bulletins réguliers sur l'impact des séismes en Turquie et en Syrie.

Impact Initiatives est un "think-and-do tank" basé à Genève qui vise à améliorer l'impact de l'action humanitaire. Il montre, par une série de cartes, la grande vulnérabilité et les besoins des personnes résidant dans le nord-ouest de la Syrie.

Comment le système d'information rapide sur les tremblements de terre LastQuake, conçu par des sismologues du Centre Sismologique Euro-Méditerranéen (CESM), et le système de crowdsourcing ont-ils été utilisés immédiatement après le tremblement de terre. Voir le projet « Médias sociaux, sismologie citoyenne et réduction des risques sismiques » (SCOR).

Données de population 2021 de la Turquie par sexe, par âge et par niveaux administratifs sur le site Human data (Hdx).

L’académie de Toulouse explique comment utiliser un SIG pour "amener les élèves, à travers une étude de cas contextualisée, à produire une carte narrative (story map) sur une image satellite d’une ville frappée par un aléa".

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