Atlas des centres. Mesurer les dynamiques des centres-villes français (FNAU)


La Fédération nationale des Agences d'Urbanisme (FNAU) a mise en ligne en février 2023 un Atlas des centres dont l'objectif est de mesurer les dynamiques des centres-villes français.


Projet d’observation des centres villes

Depuis les années 70, le centre-ville a semblé entrer dans une période de déclin. Victime de l’étalement urbain et du délitement des structures sociales traditionnelles, il s’est fragilisé. Ce phénomène inégal a plus particulièrement touché les petites centralités et les « villes moyennes ». Pourtant, depuis une dizaine d’années, de nouveaux processus sont à l’œuvre. La fin de l’ère des hydrocarbures et l’aspiration de certains groupes sociaux à un modèle de société « post industriel » centré sur des relations de proximité redonnent une pertinence toute nouvelle à cet espace.

De nombreux élus ont pris conscience de ces mutations et orientent désormais leurs choix vers la protection et la redynamisation de leur centre-ville afin d’en faire un atout pour leur commune. C’est également dans ce sens que des programmes nationaux d’aménagement du territoire ont vu le jour, à l’instar d’Action Cœur de ville ou de Petites villes de demain.

Les acteurs publics manquent cependant encore d’outils pour appréhender un espace aussi complexe que le centre-ville. Il n’existe par exemple pas de référentiel national pour servir de base de comparaison entre différentes communes. L’ambition de ce projet d’observation des centres villes est de fournir un outil de comparaison multithématique capable d’aider les acteurs des centres villes dans l’auto-diagnostic de leur centre et faciliter leurs prises de décision.


Un projet en réseau, en trois étapes


Ce projet s’inscrit plus largement dans le dispositif d’observation mutualisée des espaces urbains créé depuis 2013 par la Fnau, en partenariat avec France Urbaine et Intercommunalités de France (AdCF) qui mobilise un réseau d’experts très impliqués, issus des agences d’urbanisme et des collectivités territoriales.

Pour rappel, le projet d’observation des centres-villes s’inscrit sur un chantier de deux années autour de trois étapes.
  • Etape 1 : Identification des communes françaises exerçant des fonctions de centralité et réalisation d’une typologie. Cette première étape a été finalisée en mai 2021 et a donné lieu à un poster sur la typologie des centralités françaises
  • Etape 2 : Délimitation des contours des centres villes des communes retenues dans l’étape 1
  • Etape 3 : Production d’indicateurs statistiques pour établir un portrait de « l’état de santé » des centres-villes étudiés
Le poster sur la typologie des centralités françaises est fourni avec une base de données des centre-villes à télécharger également.


L'atlas des centres de la FNAU est assorti d'un outil de cartographie interactive consultable par ici :

La méthodologie d’identification des centres-villes (sur laquelle il n'y a pas vraiment de consensus) repose sur le choix de deux critères : 
1) le rôle structurant de l'emploi et des équipements 
2) la place dans le système territorial 


L'étude a permis de déterminer 3 136 centralités réparties en 5 catégories :
  • polarité structurante (haut niveau d'emplois et d'équipements, attraction des actifs des territoires environnants)
  • polarité multiconnectée (lieu d'emplois mais niveau d'équipements moins élevé, connectée à plusieurs polarités structurantes)
  • centralité indépendante (bénéficie d'une certaine offre en équipements et emplois, mais pas d'aire d'influence)
  • centralité relais (près de 70% des actifs se rend dans une polarité structurante pour travailler)
  • centralité résidentielle (peu d'emplois, 80% des habitants travaillent ailleurs)
Cette typologie, qui croise offre en emplois et en équipements et aire d'influence, est à analyser et discuter. Ainsi les trajets domicile-travail restent l'un des critères majeurs pour définir le niveau de centralité, alors qu'il peut y en avoir d'autres.


Les données détaillées sont à télécharger au format xlsx. Outre un tableau de bord des indicateurs, un onglet permet d'accéder à la typologie par communes avec un niveau détaillé de 11 types de centralités.  


Pour compléter 

Nicolas Lebrun (2023). Réinterroger la centralité marchande. Pôles, territoires, discontinuités et réseaux au service de la centralité Géographie. Université Paris 8 - Vincennes-Saint-Denis, 2023. 

Résumé de son HDR : 
Faire centre. Appréhender la centralité. Evaluer l’urbanité d’un espace central. Voilà un débat, aussi vieux que l’analyse spatiale, au coeur des préoccupations des chercheurs de l’ensemble des sciences sociales depuis bien longtemps. C’est notamment le cas lorsqu’on étudie la fonction marchande. L’auteur constate que l’évaluation de la centralité marchande va communément de pair avec le binôme centre-polarisation et avec le binôme accessibilité-attractivité. Pourtant, à trop réduire les logiques marchandes à ces éléments, nous sommes peut-être passé à côté de quelque chose. Ainsi, nos pratiques de consommation ont évolué notamment sur les 20 dernières années : nous sommes de plus en plus motiles et mobiles, et la consommation s’insère dans des chaînages de déplacements de plus en plus complexes. Mais en parallèle, lorsque nous consommons, le recours à la proximité ou à la livraison à domicile, n’ont jamais été autant sollicités. En conséquence l’offre marchande est de plus en plus polymorphe, le lieu de vente n’étant qu’un moyen parmi d’autres d’atteindre le client potentiel. La théorie développée ici par l’auteur est que le primat de la centralité marchande de polarisation est révolu. Il existerait autant de modes de centralité qu’il existe de formes spatiales de bases : le point, la ligne, l’aire, le réseau. La première partie propose d’aborder successivement les quatre modes de centralité ainsi constitués : la centralité de polarisation, la centralité de positionnement, la centralité d’ancrage, la centralité en distanciel. Il s’agit de voir en quoi chaque mode de centralité a ses propres logiques, interagit différemment avec la fonction marchande, correspond à des comportements de consommation différents, génère des formes et paysages marchands spécifiques. Mais reste à voir, dans une seconde partie, comment ces modes de centralité s’articulent entre eux, pour constituer la coloration marchande des lieux. Alors seulement sera abordée la question de la mise en valeur par l’usage de la centralité marchande théorique du lieu. Et c’est dans l’appréhension de la distorsion entre centralité théorique et usages réels que se trouve la clé d’une utilisation optimale de la fonction marchande comme levier d’urbanité. Le commerce pourra alors être envisagé comme constitutif d’une centralité apaisée.

Pour Nicolas Lebrun, en ce qui concerne la centralité marchande, il convient de distinguer différents types de centralités (d'ancrage, de positionnement, de polarisation). En conclusion de son HDR, il attire l'attention sur les quatre points suivants : 
  • Faire centre n’est pas une fin en soi
  • L’usage de la centralité suppose un rapport sensible à l’espace
  • Une centralité marchande non valorisée n’est pas toujours gaspillée
  • Différents niveaux de centralité 

Lien ajouté le 5 septembre 2023

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