Ukraine-Russie. Retour sur la guerre en cartes et en analyses


Comme le note l'IFRI, « l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022 constitue un tournant majeur des relations internationales. Les objectifs stratégiques de Vladimir Poutine n’ont pas été atteints et la suite de la guerre est incertaine. Les risques d’escalade – y compris nucléaire – sont réels et une extension régionale des hostilités ne saurait être exclue. Les conséquences de ce conflit sont d’ores et déjà mondiales : recomposition des alliances, hausse des prix de l’énergie, insécurité alimentaire grandissante ». Ce billet propose une revue cartographique en deux temps, d'abord en recensant les cartes et graphiques disponibles sur ce conflit, puis en renvoyant vers des pistes d'analyse et de débat.

1) Retour en cartes et en graphiques sur un conflit géopolitique majeur

« À la Une : l’Ukraine, un an après…». Vendredi 24 février 2023, cela fait un an jour pour jour que l’invasion russe débutait en Ukraine. Bilans, rétrospectives, suppléments, éditions spéciales vont se succéder dans la presse tout au long de cette semaine (Revue de presse de RFI). 

« Un an de guerre en Ukraine. Le Dessous des cartes » (Arte-TV). Les grands enjeux et les acteurs du conflit russo-ukrainien. Une analyse géopolitique et cartographique de l'émission Le Dessous des cartes pour mieux comprendre ce séisme majeur de l’histoire du XXIe siècle.

« Invasion de l'Ukraine : un monde a chaviré  » (Les Échos). L'attaque de l'Ukraine par la Russie le 24 février 2022 a bouleversé la géopolitique mondiale. Pour la première fois depuis 1945, l'Europe est le théâtre d'un conflit de haute intensité.


« De l'invasion russe à la bataille de Bakhmout : un an de guerre en Ukraine raconté en cartes » (Le Figaro). Le Figaro retrace, en cartes animées et commentées, un an de batailles acharnées en Ukraine depuis les premiers jours de l'invasion russe.

« Les cartes de la guerre en Ukraine, depuis l’invasion russe de février 2022 » (Le Monde). Un an après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le journal Le Monde propose de visualiser l’évolution du conflit sur le terrain et ses conséquences dans le monde. Les cartes et infographies réunies dans cet article permettent de suivre l’évolution des territoires contrôlés par les Russes en Ukraine depuis le 24 février, ainsi que les enjeux humanitaires, économiques et militaires du conflit. « L'espace mondial fragmenté par la guerre en Ukraine » (série de cartes).

« Résolution sur l’Ukraine à l’ONU : un indicateur du jeu des alliances planétaire » (France-Culture). À un an du déclenchement de la guerre en Ukraine, zoom sur le vote des 193 États à l’ONU concernant les résolutions sur l'Ukraine et la Russie. Voir la carte du journal Le Monde.

Comparaison des votes du 3 mars 2022 et du 23 février 2023 à l'Assemblée générale des Nations Unies vis-à-vis de la guerre en Ukraine (AB Pictoris).

« Comprendre le vote aux Nations unies du 23 février 2023 » (Le Grand Continent). On remarque relativement peu de changements entre le vote du 23 février 2023 et celui du 2 mars 2022. Il y a toutefois une majorité de la population mondiale qui vit dans un pays s’étant abstenu lors du vote (51,4%). Les gouvernements représentant 55,9 % de la population mondiale ont décidé de ne pas s’opposer frontalement à Moscou.


« Carte de l’Ukraine au 24 Février 2023, un an après l'invasion russe » (Edmaps).

« Un an de guerre en Ukraine ». Carte évolutive co-publiée par AbPictoris et Diploweb pour identifier les ruptures (YouTube). 

Carte chronologique interactive permettant de suivre les opérations jour par jour, avec les dates significatives du conflit surlignées en gris (Grid). 

« Après un an de guerre en Ukraine, quelles perspectives pour la suite du conflit ? » (Géo)

« Ukraine : un an de guerre (février 2022 - février 2023) » (National Geographic)

« Les données des satellites révèlent l'étendue des combats en Ukraine » (The Economist). Les cicatrices de la guerre peuvent être trouvées bien au-delà des lignes de front.

« L'invasion de l'Ukraine par la Russie en cartes. Un guide visuel de la guerre » (Financial Times).


« 365 jours. Un an de guerre en Ukraine » (Zeit Online). Assaut, résistance, contre-offensive, guerre de tranchées : la Russie attaque l'Ukraine depuis un an. Une storymap montrant les principales phases de la guerre à partir de cartes et d'images satellites.

Le South China Morning Post revient sur un an de guerre avec des photos marquantes en N&B et une série de cartes et graphiques explicatifs.

Al Jazeera cartographie des principales batailles de la guerre en Ukraine à partir d'images aériennes ou au sol, assorties de cartes chronologiques.

« Le conflit un an plus tard, en cartes ». Une brève revue de "cartoblographie" à partir de morceaux choisis et de reportages (Kenneth Field).p

« Pendant la guerre en Ukraine, le Groupe Wagner tisse sa toile en Afrique  » (France Culture). Alors que le conflit en Ukraine bat son plein, le groupe de mercenaires et outil de l’expansion russe soutient sur le continent africain des régimes autoritaires. Le tout en développant une logique de prédation visant à exploiter les ressources locales. Voir la carte du journal Le Monde.

« Guerre Ukraine-Russie - Faits et chiffres » (Statista).

« La guerre en Ukraine en données : un an de victimes, de violences et de déplacés » (Grid).

« Soldats morts par habitants dans les régions russes » (Reddit) d'après les décès identifiés par BBC-Mediazona. A partir de ces données, le journal allemand Spiegel a produit une datavisualisation impressionnante dans un article intitulé « Les morts sur lesquels Poutine cherche à garder le silence ». Avec une question récurrente concernant ces cartes et graphiques par points (dotmaps) : ces dataviz ne contribuent-elles pas paradoxalement, au lieu de mettre en visibilité, à invisibiliser de fait tous ces morts anonymes ? Une question qui se posait déjà à propos de la manière dont le data journalisme représentait les morts du Covid-19.

« D'où viennent les soldats russes mobilisés ? » La Russie ne divulgue aucune information sur le nombre d’hommes mobilisés ni sur les victimes de la guerre en Ukraine. Cette étude s'appuie sur l’augmentation des dépôts bancaires dans les régions de la Russie. La chaîne Horyushko Telegram est aussi engagée dans la recherche, la publication et le calcul de Russes tués. Recherche conduite avec des sources ouvertes (réseaux sociaux, sites Internet, chaînes Telegram).

« De plus en plus d'Ukrainiens s'installent à l'étranger alors que la guerre se poursuit » (Bloomberg). Plus de 8 millions d'Ukrainiens, principalement des femmes et des enfants, ont fui le pays suite à l'invasion russe. Une datavisualisation montre la répartition par pays d'accueil. L'UNHCR estime que cela représente 19,5% de la population du pays, près d'un Ukrainien sur cinq a quitté son pays depuis un an. 

« Un an de guerre en Ukraine : la galerie de dessins » (Chappatte).

« L'invasion de l'Ukraine par la Russie : une tragédie post-soviétique. » Un dossier pédagogique de Julie Deschep pour Le Livre scolaire

2) Pistes d'analyse et de débat

« Un an de guerre en Ukraine, l’émission spéciale de Mediapart » (Mediapart). Vladimir Poutine a, depuis l’automne, un discours non pas contre l’Ukraine mais contre l’Occident pris collectivement.

« 365 jours de guerre en Ukraine : plongée dans les sociétés russes et ukrainiennes » (France-Inter). Un an après, quel bilan les sociétés ukrainiennes et russes tirent-elles de cette guerre ?

« Le premier fil du premier jour de la guerre, il y a un an » (Anna Colin Lebedev). « Poutine est fou. Peut-être, mais peu importe, car nous avons surtout besoin de comprendre la rationalité interne de son action. Nous avons besoin de cerner l'étendue de son projet, de voir ses points saillants (l'Ukraine, et au-delà, les Etats-Unis, l'Occident) ». Pour suivre les analyses d'Anna Colin Lebedev (@colinlebedev), spécialiste de l'Ukraine et de la Russie post-soviétique.

« Ukraine-Russie, la guerre de propagande » (Arte-TV). Dans les médias et les réseaux sociaux, le conflit entre Moscou et Kiev est raconté, mis en scène. Tour d’horizon de la guerre de communication entre les deux pays.

« Ukraine-Russie, un an après..."  Entretien avec Pierre Verluise directeur du site Diploweb, émission Planisphère (Radio Notre-Dame). 

« L'innovation ukrainienne dans une guerre d'usure » (CSIS). La guerre en Ukraine est devenue une guerre d'usure. Aucune des deux parties n'a gagné beaucoup de territoire depuis les offensives réussies de l'Ukraine fin 2022, alors même que le nombre de victimes a augmenté.

« Guerre en Ukraine, un an après : que faire ? » (Pascal Boniface) Un an après le déclenchement de l'offensive russe sur l'Ukraine, quelles sont les perspectives du conflit ? Deux options se dessinent : l'enlisement ou l'embrasement. Il y a une sorte de prudence, d'hypocrisie. On ne dit rien sur les buts de guerre.

« La guerre en Ukraine refonde l’Europe en la soudant » (La Croix). Pour Sylvain Kahn et Jacques Lévy, auteurs du Pays des Européens (2019), il ne fait aucun doute que face à la guerre en Ukraine, l’Union européenne « agit », s’employant à « isoler l’agresseur », et devient ainsi « le catalyseur d’une alliance » des républiques démocratiques.

« Poutine veut une guerre éternelle » (Le Grand Continent). Le sociologue russe Grigori Yudin revient sur les buts poursuivis par Poutine. Il y inscrit la guerre d'Ukraine dans une perspective plus large – qui ne connaît pas de frontières.

« Ignorer la guerre : les sociétés civiles russes et l’Ukraine » (Le Grand Continent). Poutine n’a pas anéanti l’opposition — il a orchestré une apathie généralisée, une passivité mêlée à de la crainte, dans une confusion entretenue.

Déambulation historique avec Stéphane Audoin-Rouzeau, l'historien face à la guerre (France Culture).

« Armer l'hiver en Ukraine ». Un rapport de l'équipe Eyes on Russia révèle le changement délibéré des attaques de la Russie contre l'infrastructure énergétique de l'Ukraine pour militariser l'hiver (Centre for Information Resilience).

« Faut-il négocier la paix avec Poutine ? ». Décryptage dans l'édito de Patrick Cohen C à vous (France-TV).

« La Paix, c'est la guerre. Faut-il négocier maintenant avec Poutine ? ». Par Thorniké Gordadzé (Terra Nova).

Lien ajouté le 16 mars 2024

Le basculement des votes à l'Assemblée générale sur l'Ukraine entre le 2 mars 2022 et le 24 février 2025 (Le Monde). A l’ONU, le rapprochement entre les Etats-Unis et la Russie devient tangible.

Liens ajoutés le 28 novembre 2025

« Plan de paix en 28 points proposé par Donald Trump » (Revue Conflits)

« Pourquoi il y a tant de doutes sur l’origine du plan de paix imposé par Donald Trump à l’Ukraine » (Huffpost)

« Ukraine : les lignes rouges » (L'Essentiel du Dessous des Cartes - ARTE)

À Genève, Ukrainiens et Américains et Européens discutent d’un éventuel "traité de paix" sur la base du plan dévoilé par Trump, qui fait la part belle aux revendications russes. Zelensky a parlé d’un choix terrible pour les Ukrainiens sommés de choisir entre "leur dignité et la perte d’un partenaire-clef", les États-Unis. L’occasion pour nous de rappeler quelques réalités historiques et juridiques.

Lien ajouté le 1er décembre 2025

« La guerre russe en Ukraine, pivot d’un jeu géopolitique mondial » (Visionscarto). Par Manon Mendret, journaliste indépendante. Coordination éditoriale et cartographie : Philippe Rekacewicz.

La Russie parvient tant bien que mal à maintenir son influence régionale et internationale malgré les sanctions et les pressions de l’Occident, tout en tentant de fédérer des États qui essaient de s’opposer à l’hégémonie occidentale. Alors comment la Russie organise-t-elle ses liens, avec d’une part son « étranger proche », d’autre part le « Sud global » avec lequel elle développe des partenariats, malgré des divergences persistantes ? C’est le tour d’horizon que propose ce texte qui s’appuie, entre autres, sur la lecture et l’analyse de cinq ouvrages fondamentaux [1]. Cette contribution, rédigée en 2024 avant le début du deuxième mandat de Donald Trump, a été partiellement mis à jour en 2025, mais ne prend pas en compte les derniers événements qui sont en train de bouleverser durablement l’architecture géopolitique mondiale.

Lien ajouté le 3 décembre 2025

« Quels sont les territoires que la Russie exige en échange de la paix en Ukraine ? Explication visuelle en cartes » (The Guardian).

Seán Clarke montre que Moscou exige la reconnaissance de ses conquêtes pour envisager la paix. Il rappelle que cinq oblasts structurent désormais l’enjeu territorial ukrainien depuis l’annexion de la Crimée en 2014 et l’invasion de 2022. La Crimée confirme son rôle central car la Russie s’en sert pour lancer ses frappes et affirmer sa puissance maritime. L’Ukraine attaque la flotte et le pont de Kertch, dont les 19 km illustrent la portée symbolique et stratégique de cette péninsule. Le Donbas, avec Luhansk et Donetsk, concentre des industries majeures et une population russophone. Les combats acharnés autour de Bakhmut ou d’Avdiïvka montrent que Moscou veut contrôler entièrement ce cœur industriel, clé de ses ambitions territoriales. Kherson et Zaporizhzhia élargissent cet arc stratégique. Kherson contrôle l’eau du canal alimentant la Crimée. Zaporizhzhia abrite la plus grande centrale nucléaire d’Europe, qui fournissait 20% de l’électricité ukrainienne avant son arrêt forcé. La ligne de front se fige mais la violence demeure, avec plus de 38 000 frappes recensées depuis 2022. La Russie avance lentement dans le sud-est, au prix de pertes massives. Chaque gain territorial renforce ses exigences dans les négociations. Ces revendications révèlent une géopolitique fondée sur le rapport de force. La paix dépendra de la manière dont Kyiv et ses alliés accepteront ou refuseront ces annexions. Le conflit rappelle que la carte reste un instrument décisif du pouvoir. 

Lien ajouté le 4 décembre 2025

« Le retour de la puissance en géopolitique : le cas de l'Ukraine » (The Conversation).

Laurent Vilaine et Damien Afonso, géopoliticiens à l’ESDES-UC Lyon, montrent que la guerre Russie-Ukraine réactive les lois classiques de la puissance. Leur analyse insiste sur le temps long, le rôle du territoire et la permanence des rivalités dans l’espace européen. L’invasion de grande ampleur de l’Ukraine lancée par la Russie en 2022 a mis en évidence des constantes géopolitiques qu’on avait parfois eu tendance à croire caduques. Le conflit confirme l’empreinte de la géographie. Le Dniepr redevient un axe stratégique, le relief guide la défense, la mer Noire contrôle les flux céréaliers. Même avec les drones, le terrain façonne les opérations et limite les promesses du numérique. Les auteurs soulignent le choc des récits. L’Ukraine défend sa souveraineté, la Russie revendique un héritage impérial. Cette rivalité mémorielle structure les stratégies et explique la résilience ukrainienne, largement sous-estimée par Moscou. Le conflit révèle l’incapacité occidentale à anticiper. Malgré les signaux, il faut 2022 pour relancer le réarmement européen. La guerre montre aussi que la masse reste décisive. Artillerie, stocks et effectifs demeurent centraux face à la seule technologie. Les auteurs rappellent la constante la plus contraignante : la dissuasion nucléaire. Elle borne l’escalade et explique la prudence des puissances. La Russie instrumentalise l’ambiguïté atomique pour limiter les soutiens occidentaux à l’Ukraine. L’invasion entraîne des recompositions géopolitiques majeures. Entrée de la Finlande et de la Suède dans l’Otan, rupture avec l’Europe, recentrage énergétique vers la Chine et l’Inde. Le coût stratégique pour Moscou dépasse le théâtre ukrainien. Le « Sud Global » agit selon ses intérêts. Pétrole russe acheté à bas prix, absence d’alignement politique, logique opportuniste. Les alliances révèlent que les dépendances énergétiques structurent plus les positions que les idéologies affichées. Les auteurs concluent que cette guerre rappelle la durabilité des règles géopolitiques. Puissance, territoire, rapports de force et intérêts guident les trajectoires. L’enjeu majeur reste notre difficulté à anticiper des dynamiques pourtant structurelles. 

Lien ajouté le 6 décembre 2025

« Ukraine : comment les Européens voient-ils la fin de la guerre ? » (Le Grand Continent).

L’étude conduite par Destin Commun dans les quatre principales puissances militaires européennes (France, Royaume-Uni, Allemagne et Pologne) et aux États-Unis révèle les enseignements de la guerre en Ukraine tirés par les populations. Dans un contexte de fortes inquiétudes quant à une contamination du retour de la guerre en Europe, les Européens sont unis sur des sujets clefs : refus d’un accord de paix défavorable à Kiev, besoin de renforcement des capacités de défense — et pertinence du concept de sécurité collective.

  1. Le soutien à l’Ukraine demeure élevé, mais des signes de lassitude apparaissent
  2. Des inquiétudes grandissantes quant à un retour de la guerre
  3. Les extrêmes droites face à la guerre
  4. Rejet du rôle joué par Trump dans les négociations et du plan de paix russo-américain
  5. Les sondés sont une majorité à considérer que la Russie violerait un cessez-le-feu
  6. Une victoire militaire en Ukraine encouragerait la Russie à élargir sa guerre à l’Europe
  7. La sécurité collective de l’OTAN est toujours identifiée comme importante 

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