Un débat public sur l'implantation des éoliennes en mer en Normandie


L'implantation d'éoliennes en mer requiert d'importants aménagements et suscite des débats entre acteurs. Quelles zones maritimes doivent être privilégiées, lesquelles doivent être au contraire protégées ? Dans le cadre du débat public pour le lancement d’un 4e parc éolien en mer au large de la Normandie, la Commission nationale du débat public (Cndp) propose des ressources et des ateliers d’échange.
https://www.ensicaen.fr/debat-public-eoliennes-en-mer-en-normandie/




Ce débat public s'accompagne d'un site qui permet de tester différents scénarios d'aménagement à partir de cartes :
http://debatnormandie.fr/fabrique-de-scenarios/



Ce site constitue une ressource très utile pour travailler le débat démocratique et la géographie prospective en classe tout en apprenant à utiliser un SIG simplifié et en croisant des données entre elles.

Pour accéder aux données géographiques "Planification des énergies marines renouvelables"
http://cerema.maps.arcgis.com/apps/MapJournal/index.html?appid=199c7945c2154a24bfd8a28ee3bbd254


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Qualité de l'air et centrales thermiques au charbon en Europe : quelle transition énergétique vraiment possible ?

La cartographie des centrales électriques dans le monde


Assises 2020 du GdR MAGIS : des ressources et des traces d'échanges accessibles en ligne


Créé le 1er janvier 2009 et renouvelé en 2017 par le CNRS, le GdR MAGIS a pour mission d’accompagner la recherche sur l’Information Géographique dans toute sa diversité, de fédérer une communauté scientifique pluridisciplinaire en géomatique, de diffuser les connaissances produites (résultats théoriques, méthodologiques et technologiques). Le GdR MAGIS développe 12 axes de recherches en géomatique et s’appuie notamment sur la modélisation, l’analyse spatiale et l’interdisciplinarité.

Les 23 et 24 juin 2020 devaient se tenir à Lyon les Assises du GdR MAGIS. Compte tenu de la situation de pandémie, il a été décidé de les maintenir, mais sous la forme de visioconférences : chaque groupe réuni autour d'une action prospective (AP) a organisé des séances à distance en visioconférence.

Une partie des diaporamas et des échanges des intervenants sont accessibles en ligne :

Drive & Listen, un site web pour s'immerger en voiture dans les rues des grandes villes mondiales


Drive & Listen est un site web qui permet de découvrir une ville comme si on était en train de parcourir les rues au volant de sa voiture avec l'autoradio branchée sur une radio locale.  
 
Pour accéder au site Drive & Listen :
http://driveandlisten.herokuapp.com/
 
On peut ainsi s'immerger dans les rues de quelques grandes métropoles mondiales, avec les bruits d'ambiance extérieurs ou/et les émissions de radio diffusées localement. En réalité il ne s'agit pas d'images en "live", mais de vidéos qui ont été déposées sur Youtube à différentes dates. 

On peut ainsi déambuler dans les rues désertes en  Chine au moment du confinement ou franchir le pont du Bosphore qui relie les deux parties d'Istamboul. Drive & Listen permet de faire un tour virtuel dans plus d'une 40e de grandes villes mondiales.



Le site réunit deux formes de médias qui se sont beaucoup développés sur Internet depuis le début du XXIe siècle : la radio et la vidéo en streaming. A l'heure où la présence de l'automobile en milieu urbain est de plus en plus remise en cause, on peut s'interroger sur la vision de la ville imprimée par ce type de parcours urbain en auto (-radio) qu'il faudrait comparer à des visites virtuelles à pied, à vélo... et à d'autres approches sonores de la ville.


Lien ajouté le 10 septembre 2021


Lien ajouté le 14 octobre 2021


Lien ajouté le 23 janvier 2023

Radio aporee Maps est une carte sonore dédiée à l'enregistrement de terrain, à la phonographie et à l'art d'écouter. Elle relie les enregistrements sonores à leurs lieux d'origine, afin de créer une cartographie sonore, accessible au public en tant que projet collaboratif. Elle contient des enregistrements de nombreux environnements urbains, ruraux et naturels, révélant leur forme complexe et leurs conditions sonores, ainsi que les différentes perceptions, pratiques et perspectives artistiques. Cela en fait une ressource précieuse pour les projets d'art, d'éducation et de recherche, et pour votre plaisir personnel.

Outre les aspects d'écoute, de sound-mapping et d'archivage, la plateforme Radio aporee convoque également des expérimentations aux frontières de différents médias et de l'espace public. Dans cette approche, la radio signifie à la fois une technologie en transition et un récit. 




Articles connexes



Facebook prend le contrôle de Mapillary, le principal concurrent de Google Street View


L'annonce de l'acquisition de Mapillary par Facebook suscite beaucoup de réactions dans le monde de la cartographie et du numérique. Fondée en 2013, la startup suédoise Mapillary avait comme objectif de créer un ensemble de données images à l'échelle de la rue pour rivaliser avec Google Street View. Contrairement à Google et Apple qui cartographient les rues en déployant des véhicules bardés de caméras et de capteurs, Mapillary misait sur ses contributeurs pour alimenter une énorme bibliothèque de photographies géolocalisées.

En faisant son acquisition, Facebook se dote d'une banque d'images immersives exceptionnelle. Une manière de se donner une chance face à Google Maps. Google, avec une longueur d'avance et des ressources bien supérieures, a collecté plus de 10 millions de kilomètres d'images de rues. Mapillary, quant à elle, dit avoir assuré la cartographie de 3 millions de kilomètres et posséder environ 1 milliard d'images dans son catalogue, ce qui en fait un concurrent sérieux. 

Alors que Google, Apple et Microsoft ont investi des milliards dans des applications de cartographie grand public et acquis de nombreuses entreprises pour contrôler ce secteur, Facebook n'était pas identifiée jusque-là comme une entreprise spécialisée dans le géoweb. Pourtant Facebook a fourni en 2019 plus de 800 000 kilomètres de routes cartographiées à OpenStreetMap. L'entreprise de Mark Zuckerberg est classée en troisième position en nombre de kilomètres cartographiés derrière Mapbox - Development Seed (1,69 million) et Apple (1,64 million).

Facebook a également réalisé une carte interactive pour aider à appréhender la diffusion du coronavirus et proposé de partager ses données anonymisées avec des équipes de chercheurs. Le principal enjeu pour Facebook est de contrer Google, mais aussi de s'imposer dans le domaine en plein essor de la réalité augmentée. Etant donné que Mapillary utilise les cartes d'OpenStreetMap, cela pose question par rapport aux contributeurs d'OSM. A terme, Mapillary pourrait devenir le pilier d'une suite d'outils et de données cartographiques destinés à des services commerciaux.

 Les zones cartographiées par Mapillary en juin 2020 (© Mapillary)






Pour compléter :
  • Facebook s'offre Mapillary, concurrent de Google street View (Sigma Corporation)
  • Facebook poursuit son incursion dans la cartographie en s'offrant la start-up Mapillary (L'Usine Digitale)
  • Coronavirus : Facebook va partager des données anonymisées avec des équipes de chercheurs (Le Monde)
  • Des chercheurs créent une "carte du coronavirus" à partir de données Facebook et Google (BFM-TV)
  • Why on Earth did Facebook Just Acquire Mapillary ? (Medium)
  • Corporate Editors in the Evolving Landscape of OpenStreetMap (International Journal of Geoinformation)

Lien ajouté le 24 août 2020

"Pourquoi diable Facebook vient-il d’acquérir Mapillary ?" (Joe MorrisonL'auteur donne 3 raisons : embêter Google, contribuer à ses projets de réalité augmentée, ajouter la dimension locale dans le profilage des utilisateurs


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Panoramax, l’alternative libre pour photo-cartographier les territoires


L'histoire par les cartes : une série de 14 films documentaires sur les cartes portulans (BNF)


La Bibliothèque nationale de France (@laBnF) et CNRS images présentent « Au cœur des cartes », une série de courts films documentaires sur les cartes portulans, ces cartes marines manuscrites sur parchemins, outils essentiels à partir du XVe siècle pour la maîtrise des mers et la diffusion des résultats des explorations européennes.

De la carte marine la plus ancienne connue – la Carte Pisane – jusqu’aux cartes hollandaises du XVIIe siècles, en passant par le somptueux Atlas Miller, quatorze cartes conservées à la Bibliothèque nationale de France sont présentées en détail et rassemblées dans cette galerie thématique.

Plus de 4 000 cartes anciennes sont accessibles par le moteur de recherche Gallica (avec un accès par continent et par siècle). Une page donne un accès direct aux portulans, globes et cartes du monde entier classés par région (Europe, France, Afrique, Amériques, Japon). A signaler aussi une belle exposition sur les cartes marines. Voir également les ouvrages et cartes de Jean-Dominique de Cassini.


Lien ajouté le 12 avril 2024

Autre carte inspirée des portulans, la carte de Piri Reis (1513) dont on ne conserve que la partie montrant la frange atlantique de l'Europe et de l'Afrique. Sans indication de longitude, cette carte circulaire semble conçue sur un centre hypothétiquehttps://t.co/c6B7gAVbeP pic.twitter.com/ek6OVdEqGY

 

Telegeography met à jour sa carte des câbles sous-marins (versions 2020 à 2024)


L'entreprise Telegeography est spécialisée dans l'analyse des données de télécommunications à l'échelle internationale. La firme américaine basée à San Diego est connue pour la très belle carte interactive des câbles sous-marins qu'elle publie chaque année ainsi que sa carte du réseau mondial Internet.

Les câbles sous-marins transportent des signaux de télécommunications sous les océans et permettent d'acheminer d'énormes quantité d'informations d'un continent à l'autre. Au XIXe siècle, les premiers câbles sous-marins ont été posés pour le trafic lié au télégraphe. Au XXIe siècle, les câbles sous-marins transportent des données numériques pour le téléphone et pour Internet, ils sont au coeur de la mondialisation de l'information (lire ce billet). 

La carte des câbles sous-marins version 2020 (Telegeography) :
http://submarine-cable-map-2020.telegeography.com/


Cette nouvelle version 2020 rappelle les cartes du XIXe siècle à l'époque du télégraphe. Déjà en 2015, Telegeography avait proposé une carte très vintage inspirée de la cartographie du Moyen Age et de la Renaissance (par ses monstres marins, ses cartouches et ses frontières illustrées). Mais il ne faut pas se fier aux apparences : malgré son look ancien, la carte peut être consultée à travers un globe interactif où l'utilisateur peut se déplacer à son gré.



La version 2020 fait apparaître 447 câbles dans le monde et 1194 stations d'atterrissement (lieux stratégiques desservis par ces câbles qui nécessitent des stations à terre pour décrypter et répartir les données numériques).

On y découvre notamment le futur câble 2Africa. D'une longueur de 37 000 km, celui-ci constituera l'un des plus grands réseaux de câbles sous-marins au monde. Il connectera 16 pays d'Afrique et cinq pays d'Europe. Le câble devrait être mis en service d'ici 2023-2024. Outre sa longueur extrême, le câble 2Africa présente une énorme capacité potentielle de plus de 180 Tbps sur 16 paires de fibres. Les membres du consortium à l'origine de sa construction sont China Mobile, Facebook, MTN, Orange, stc, Telecom Egypt, Vodafone et WIOCC.

La page se déroule comme une storymap et permet de zoomer sur d'autres grands projets en cours en Asie-Pacifique, en Amérique latine, entre les Etats-Unis et l'Europe...

Sponsorisée par la société Telecom Egypt, la carte fait un focus sur le cas de l'Egypte, véritable hub numérique international en matière de télécommunications. Par sa position géographique, l'Égypte permet de relier l'Afrique, l'Asie, l'Europe et les États-Unis.
 
 
Lien ajouté le 31 août 2020
Lien ajouté le 20 janvier 2021

Lien ajouté le 24 mai 2021

Telegeography publie sa version 2021 de la carte des câbles sous-marins. Cette nouvelle version revient sur l'historique du déploiement depuis 2012 et met en évidence la construction de nouveaux câbles avec l'implication croissante de géants de l'Internet (Amazon, Facebook, Google, Microsoft).

La carte et les données sont également consultables sur Google Maps et Framacarte

Liens ajoutés le 6 octobre 2021




Lien ajouté le 5 mars 2021
Lien ajouté le 31 mars 2022
Lien ajouté le 11 avril 2022
Lien ajouté le 23 avril 2023
Lien ajouté le 30 septembre 2023
Lien ajouté le 22 février 2024
Liens ajoutés le 12 avril 2024
Articles connexes

L'histoire par les cartes : la carte archéologique de Paris


Paris possède un patrimoine archéologique extrêmement riche, qui s’étend de la Préhistoire à l’époque contemporaine.

Pour consulter la carte archéologique de Paris :
http://geoapps.huma-num.fr/adws/app/a031b266-40f4-11e9-8252-9bef4db631c3/


Cette carte interactive présente plus de 2000 découvertes archéologiques réalisées à Paris. De nombreuses sources de données ont été analysées, allant des mentions de découvertes anciennes des XVIIe et XVIIIe siècles jusqu’aux rapports d’opérations archéologiques préventives les plus récents.

Les archives de Théodore Vacquer – premier archéologue parisien (fin du XIXe siècle) et de la Commission du Vieux Paris, conservées à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, constituent le fonds le plus important pour documenter l’évolution de la ville de Paris. Deux autres ouvrages de référence alimentent la carte et ont été indexés : la Carte archéologique de Paris établie en 1971 par Michel Fleury et la Carte archéologique de la Gaule consacrée à Paris, publié en 1998 par Didier Busson.

Piloté par le Pôle archéologique (DHAAP) de la Ville de Paris" depuis 2014, le projet R&CAP (Référentiel et Cartographie de l’Archéologie Parisienne) bénéficie de la collaboration de l’Inrap, de la Drac Île-de-France et du CNRS (UMR 7041 ArScAn) et fédère de nombreux archéologues et historiens travaillant sur l’histoire de Paris. Il a pour objectif de mettre à disposition des chercheurs et du grand public un inventaire actualisé des découvertes archéologiques, qui sera régulièrement enrichi et valorisé sous la forme de récits thématiques.

Accès au référentiel archéologique de Paris en open data :
https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/referentiel-archeologique-de-paris/


La nouvelle carte archéologique de Paris est pensée comme un outil de connaissance et de diffusion scientifique. Elle a été développée avec l'@Inrap et la Drac IdF en partenariat avec le consortium Huma-num "Paris Time Machine. De nouvelles couches peuvent être affichées et superposées : elles concernent les structures archéologiques (observées/restituées), les voies, les nécropoles, les limites de la cité


En complément, le Pôle archéologique propose des récits interactifs (storymaps) sur les grandes thématiques de l'archéologie parisienne :


Articles connexes



 




Cartographie de la pollution atmosphérique NO2 à l'échelle mondiale (à partir des images Copernicus Sentinel-5P - ESA)


L'Agence spatiale européenne (ESA) donne accès à travers un site de cartographie en ligne à ses données mondiales sur la pollution atmosphérique recueillies à partir du satellite Copernicus Sentinel-5P (s5p) :

Accès images s5p de l'ESA :

Les cartes témoignent des niveaux de concentrations en dioxyde d'azote (NO2) à partir d'une moyenne mobile sur 14 jours. Cette moyenne permet d'éliminer les effets à court terme liés aux conditions météorologiques et à la couverture nuageuse et d'appréhender le niveau de pollution à une échelle régionale. 

Une bouton situé au bas de la carte permet aux utilisateurs d'avancer ou de reculer dans le temps de manière à mettre en évidence les évolutions concernant les niveaux de NO2. Les utilisateurs peuvent zoomer sur une zone particulière pour un aperçu plus détaillé.

On y retrouve les fameuses cartes qui ont été diffusées pendant l'épidémie de COVID-19 et qui montrent les effets spectaculaires du confinement et de l'arrêt de l'économie sur la baisse de la pollution.
A lire sur le site de l'ESA :
Le confinement lié au coronavirus entraîne une chute de la pollution à travers l’Europe


Articles connexes :

 




Les villes les plus polluées dans le monde en 2018

Calculer le bilan carbone de nos déplacements aériens

Le tourisme international et son impact sur les émissions de C0₂


Tous (im)mobiles, tous cartographes ? (Colloque international, Toulouse 2-4 novembre 2020)


Approches cartographiques des mobilités, des circulations, des flux et des déplacements


Méthodes, outils, représentations, pratiques et usages 

Participez et déposez votre contribution jusqu'au 30 juin 2020 !

Le colloque Tous (im)mobiles, tous cartographes ? Approches cartographiques des mobilités, des circulations, des flux et des déplacements : méthodes, outils, représentations, pratiques et usages ambitionne d’être une vitrine de l’avancée récente de recherches et travaux réalisés dans le champ de la production cartographique issue de données portant sur des déplacements au sens large, que ces derniers soient individuels, isolés ou concernent des groupes agrégés en flux ou non, et relatifs à des personnes, des biens ou des marchandises, des idées ou des informations.

Le colloque souhaite montrer la fertilité du croisement des approches thématiques, théoriques et méthodologiques, techniques et technologiques, mobilisées pour la mise en cartes d’informations spatio-temporelles pouvant être difficiles à examiner, parce qu’elles sont complexes, massives ou sensibles.

Les approches transversales et mixtes mises en œuvre par différents acteurs autour du couple « mobilités/carte » seront privilégiées, dans l’objectif de susciter un dialogue, de développer l’interconnaissance et l’échange dans différents champs de la recherche et du développement, de l’enseignement et de la formation, mais aussi dans l’observation et la planification territoriale ou de déplacements.

De multiples formes de contributions permettront les échanges : communications académiques, posters, exposition, mapathon, démonstrations d’applications du geoweb, programmes informatiques, de dispositifs de mobilité...

Retrouvez les éléments de contexte, l'argumentaire, le détail de l'appel à communication et les modalités de soumissions dans les rubriques dédiées du site.



Pour en savoir plus :
https://cartomob.sciencesconf.org/


La carte, objet éminemment politique : les cartes de manifestations à l'heure d'Internet et des réseaux sociaux


A l’heure d’Internet et des réseaux sociaux, la carte est devenue un puissant outil de communication et fournit en même temps un outil de réflexion et d’analyse pour essayer d’appréhender les mouvements de contestation. En tant qu’outil de pouvoir et de contre-pouvoir (Good & Bailly, 1995 ; Harley, 2002 ; Wood, 2010), les cartes s’inscrivent dans des rapports sociaux de domination et de contestation. Les travaux de Brian Harley et de Denis Wood ont montré qu'il convenait de se défaire du réalisme apparent de la carte, de prendre conscience des formes de pouvoir et de domination qu'elle pouvait exercer. Comme l’a montré William Bunge, à travers une cartographie détaillée des enfants noirs victimes d’accidents à cause du white flight des navetteurs dans la région de Détroit (Bunge, 1971), les cartes peuvent devenir, dans certains cas, des instruments de revendication et de protestation. Elles font désormais partie du répertoire de l'activisme social lors des manifestations ou des révoltes (Drozdz, 2020). En cela, elles revêtent un caractère éminemment politique.

1) Des usages politiques des cartes de manifestations

De Paris à Hong Kong, de Caracas à Beyrouth ou Santiago du Chili, les cartes de manifestations jouent souvent un rôle central dans la naissance et la propagation des mouvements sociaux, en raison du fait qu’elles sont conçues dès le départ pour être diffusées et reproduites à la fois par les médias et par les sites Internet. Ces cartes, souvent associées à des textes, des images ou des slogans, participent d’une forme de contre-pouvoir, voire de contre-culture (Genevois, 2020). Martine Drozdz fait le point dans un chapitre récent sur les rapports entre cartes et protestations : 

DROZDZ Martine, 2020, "Maps and Protest". In Kobayashi, A. (Ed.), International Encyclopedia of Human Geography, 2nd edition, vol. 8, Elsevier, p. 367-378. A consulter sur HAL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02432374/document

Martine Drozdz, chargée de recherche au CNRS, travaille sur les mondes urbains et leurs imaginaires, notamment sur les mobilisations de citoyens dans le cadre de l'aménagement urbain à Londres et dans d'autres métropoles (voir ses publications sur le site du LATTS). Dans le chapitre de synthèse qu'elle propose Maps and Protest (à lire sur HAL), elle montre à quel point les cartes sont devenues de puissants outils pour remettre en cause l'ordre spatial dominant et ses représentations. « Les médias et les sources policières constituent souvent des sources incomplètes sur les manifestations ou même minimisent leur taille. Par conséquent, il n'est pas rare que les militants eux-mêmes établissent des cartes de protestation en lien avec les chercheurs ». Elle distingue trois grands types de cartes qui peuvent parfois se combiner : 
  • les cartes de protestation (maps of protest) qui localisent les sites de rassemblements pour des marches ou des manifestations ;
  • les cartes pour protester (maps for protest) qui remettent en question les représentations existantes ou rendent visibles les problèmes de gouvernance ;
  • les cartes véritablement émancipatrices qui mettent en avant des utilisations alternatives de l'espace (emancipatory mapping practices).
L'objectif est non seulement d'indiquer les "lieux de la colère" (Appadurai, 2009), mais également d'utiliser le pouvoir des cartes pour propager des formes de contestation et d'opposition à l'autorité. Martine Drozdz fournit plusieurs exemples de mouvements de protestation qui se servent de la cartographie pour s'assurer une certaine visibilité. Elle cite le cas du collectif californien Anti-Eviction Mapping Project (AEMP) qui référence les sites de résistance à la spéculation immobilière à San Francisco. Elle évoque aussi le cas de JustMap, « une carte collaborative permanente des ressources, des campagnes et des projets de la communauté londonienne » contre la privatisation des logements sociaux, le déplacement forcé des résidents locaux et les coupes budgétaires dans les services publics à Londres. On peut y ajouter l'Atlas de justice environnementale (The Environmental Justice Atlas) créé en 2012 par un collectif d'universitaires de l'Université autonome de Barcelone pour cartographier les conflits sociaux autour des questions environnementales.

Dans un ouvrage consacrée à définir les formes de contre-cartographie, Denis Wood aborde également la question des « protest maps » (Wood, 2010). Il établit une distinction intéressante entre la carte des manifestations « acceptable » pour les autorités (souvent publiée officiellement avant la manifestation) et la carte destinée à « faire pression », orientée davantage vers la révolte spontanée. L’un des éléments distinctifs de cette dernière, c’est le fait que « la colère est à la surface de la carte, elle se propage à partir d’elle » (Wood, 2010, p 116).  

A partir de l'étude de la cartographie des Gilets jaunes, nous proposons une typologie qui reprend en partie les analyses de Martine Drozdz et de Denis Wood en les adaptant plus spécifiquement aux cartes de manifestations (Genevois, 2020). Cette typologie distingue trois types de cartes, qui peuvent parfois se recouper  : 
  • les cartes comme outils d’information pour organiser les manifestations et servir de symbole de ralliement ;
  • les cartes comme support d’affirmation d’un imaginaire et d’une culture politique ;
  • les cartes comme outils de contre-pouvoir voire de résistance à l’oppression.

Extrait de : GENEVOIS, Sylvain (2020). « Des lieux de manifestations aux territoires de la révolte  », Géographie et cultures, 114 | 2020, 37-57. http://journals.openedition.org/gc/14819


2) Exemples à travers des cartes de manifestations mettant en avant les "territoires de la colère

L'exemple des manifestations à Hong Kong (2019-2020)

Qu'il s'agisse des images et des cartes produites par les manifestants pour lancer des appels à l'ordre et sensibiliser à leur cause, ou bien des cartes d'analyse élaborées par des médias ou des observateurs, les manifestations à Hong Kong depuis 2019 ont donné lieu à une importante production cartographique (lire notre article).

On y retrouve les différentes fonctions de la carte de manifestations, depuis la localisation des lieux de rassemblements en différents points de la ville jusqu'à des usages plus politiques pour échapper à des opérations de police ou pour montrer les lieux de répression et de violences policières. Voir par exemple les différents usages du site HKmap.live alimenté en direct à partir des téléphones portables des manifestants.

Suivre les événements à Hong Kong (ou d'autres conflits) en utilisant liveuamap.com

Hong Kong est loin d'être la seule région du monde où les manifestations se développent. Qu'il s'agisse de mouvements d'opposition politique, de revendications sociales ou de manifestations concernant le dérèglement climatique, l’ACLED (Armed Conflict Location & Event Data) qui collecte et analyse les conflits dans le monde, note un développement des mobilisations dans de nombreuses régions. Le GDLET project a réalisé une carte animée qui permet de résumer plus de 30 ans de protestations dans le monde (1979-2015).



L'exemple des manifestations anti-racistes aux Etats-Unis (mai-juin 2020)

La mort de George Floyd le 25 mai 2020 (Noir américain, 46 ans, Minnesota) a déclenché une profonde colère concernant les meurtres liés à la police et au racisme systémique aux Etats-Unis. Des manifestations ont éclaté dans au moins 140 villes à cause du racisme et de la violence policière. Certaines des manifestations sont devenues violentes, provoquant l'envoi de la Garde nationale dans 21 états des Etats-Unis. Le New York Times a choisi de superposer sur une même carte les lieux de manifestation et les Etats ayant décidé de réprimer les désordres. Ce type de cartes a été largement diffusé sur les réseaux sociaux et repris également par la presse internationale (voir par exemple sa déclinaison sur Aljazeera).


Cartographie des lieux de manifestation et des Etats ayant envoyé la Garde nationale
par le New York Times (1er juin 2020)



D'autres cartes ont été proposées afin de montrer l'ampleur du mouvement à l'échelle des Etats-Unis mais également dans le reste du monde (principalement en Europe et en Australie). Une page spécifique sur Wikipedia a été ouverte pour répertorier l'ensemble de ces lieux en crowdsourcing. La carte "George Floyd protests and riots" réalisée à partir de Google Maps a par exemple reçu plus de 2 millions de vues à la date du 9 juin 2020. Cette carte est directement reliée au site Black Lives Matter qui coordonne les informations et relaie les initiatives. Elle ne donne pas d'informations détaillées sur la date ni sur la nature des manifestations. Elle se contente de géolocaliser les lieux sous forme d'icônes qui viennent s'accumuler comme sur une carte à punaises.

Les manifestations en soutien à George Floyd dans le monde (source : Black Lives Matter)



Parallèlement à ces cartes recensant les points de rassemblement pour les marches et manifestations, il est possible d'observer le développement de cartes relayant les informations en temps réel à partir d'images et de vidéos déposées par les manifestants eux-mêmes sur les réseaux sociaux. Il s'agit par exemple du site Liveuamap qui avait déjà relayé le mouvement de contestation à Hong Kong et qui a ouvert une nouvelle rubrique US Protests. L'intérêt de Liveuamap est de conserver un historique des événements et donc de permettre un suivi des manifestations dans l'espace et dans le temps (cf possibilité d'effectuer des recherches en fonction des dates).

Suivi des manifestations anti-racistes de mai-juin 2020 sur US Protests Liveuamap



Les applications de messagerie instantanée ont également proposé leurs services cartographiques pour relayer les informations en temps réel. Voici par exemple la cartographie proposée par Snapchat map qui représente les manifestations sous forme de heat map (cf lieux de manifestations assimilés à des "points chauds").

Cartographie en temps réel des manifestations sous forme de "heat map"
(source : Snapchat map)



Pour montrer l'ampleur du mouvement, le New York Times a cartographié les villes américaines (plus de 2000) où ont eu lieu des manifestations entre le 26 mai et le 9 juin 2020 en indiquant la taille des villes et en y ajoutant 259 images (la carte devient en quelque sorte un mur de photographies).

La carte des manifestations entre le 26 mai et le 9 juin (source : New York Times)


Dans le sillage de ces cartes montrant l'élan de solidarité, CNN a diffusé une carte mettant en avant le soutien unanime des 50 États américains à l'égard du mouvement « Black Lives Matter » : une carte devenue virale et ayant tendance à produire un effet de saturation du message politique (cf risque de récupération).

De leur côté, les médias ont cherché à décrypter l'information et à saisir la réalité et l'importance des violences policères aux Etats-Unis.


Après la mort de Michael Brown, un américain noir non armé tué en 2014 par la police à Ferguson (Missouri), une enquête du Washington Post a révélé que le FBI avait sous-estimé d'environ la moitié les fusillades mortelles de la police (la déclaration auprès de services de police étant volontaire, de nombreux services ne les enregistraient pas). Ce recensement effectué à partir de comptes rendus d'actualité, de publications sur les réseaux sociaux et de rapports de police fait apparaître plus de 5000 victimes sur la période 2015-2020 (en moyenne 1000 personnes tuées par les balles de la police chaque année). Le taux des Noirs américains tués par la police y apparaît comme deux fois supérieur à celui des Blancs. Le Washington Post a mis en ligne cette base de données recensant tous les tirs mortels de la police entre 2015-2020, y compris contre des personnes non armées :

Recensement des interventions mortelles de la police entre 2015 et 2020 à partir de la base de
données établie par le Washington Post (9 juin 2020) 



Lire : Charlotte Recoquillon, « Ce que " Ferguson" révèle du racisme systémique aux États-Unis », Géoconfluences, juillet 2015.

Dans l'idée de dénoncer la répression policière et d'en faire un outil de contre-pouvoir et de résistance à l’oppression, cette carte a été transformée en outil de communication politique. En voici une version assez saisissante en rouge sur fond noir, à laquelle ont été ajoutés les personnes non armées (points rouges) ainsi que les témoignages des victimes (inscrits en continu sur fond noir en arrière plan). De fait cette carte ne se limite plus à informer, elle vise davantage à sensibiliser à une cause à travers un message politique fort adressé au monde entier :

Tirs mortels de la police américaine entre 2015 et 2020
(source : Data is beautiful)
 

Voir  à titre de comparaison, la carte de Philippe Rivière sur la répression du mouvement des Gilets jaunes.

Erik Yan en a donné une représentation 3D avec possibilité de sélectionner la période étudiée entre 2015 et 2020 : à découvrir sous forme de cartographie animée sur le site TowardDataScience.



Les cartes par figurés ponctuels ci-dessus sont à comparer à la carte en aplats du nombre de morts par Etats rapportés à l'importance de la population (pour 100 000 personnes) sur la même période 2015-2020 :




L'Atlas décolonial rappelle par ailleurs les pratiques de discrimination raciale qui existaient déjà au milieu du XXe siècle à travers le phénomène du "redlining", observé notamment à Louisville (Kentucky). Le redlining fait référence à la pratique qui consistait à refuser d'accorder des prêts immobiliers aux minorités en se basant sur la composition socioéconomique et raciale de certains quartiers indiqués en rouge sur la carte. Dans Maps and the social construction of the race, Jeremy Crampton et Amy Hillier montrent que la pratique du redlining était assez courante au XXe siècle, églement à Philadelphie. L'objectif était d'identifier les quartiers urbains jugés indésirables concernant l'attribution d'une assurance logement ou de prêts à hypothèques en raison de la composition raciale de leurs emprunteurs ou de leurs propriétaires.  


Engagé dans de la lutte contre la suprématie blanche aux Etats-Unis, l'Atlas decolonial (@decolonialatlas) relaie les informations concernant les monuments symboles et les traces laissés par l'esclavage et la colonisation.



 

Références bibliographiques
  • APPADURAI A. (2009). Géographie de la colère. La violence à l’âge de la globalisation, Paris : Petite bibliothèque Payot.
  • BAGHAT Alexis, MOGEL Lize (2008) An atlas of radical cartography, Los Angeles : Journal of Aesthetics and Protest Press.
  • BUNGE William (1971). Fitzgerald : Géographie d'une révolution. Morristown : General Learning Press. Ouvrage disponible en téléchargement. https://muse.jhu.edu/book/11514/NJ
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  • GOULD Peter et BAILLY Antoine (1995). Le pouvoir des cartes. Brian Harley et la cartographie. Paris : Economica.
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  • WOOD Denis (2010). Counter-Mapping and the Death of Cartography, Rethinking the Power of Maps, Guilford Press : New York, p. 111-155.

Lien ajouté le 21 août 2020

La montée des manifestations et émeutes anti-gouvernementales dans le monde entre 2009 et 2019 :
 
 
Lien ajouté le 13 octobre 2020

 
Lien ajouté le 23 novembre 2020

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