Sixième édition du défi cartographique #30DayMapChallenge (novembre 2024)


La 6e édition du défi cartographique du #30DayMapChallenge s'est terminée fin novembre 2024. Lancé en 2019 par Topi Tjukanov, un cartographe finlandais, le défi est devenu au fil des années un projet de cartographie sociale qui se déroule chaque année au mois de novembre. L'édition 2024 introduit des thèmes nouveaux concernant la cartographie collaborative, les conflits, la mémoire, la planète bleue, le micomapping, les heatmaps. L'Arctique remplace l'Antarctique qui était au défi de l'an dernier, deux couleurs remplace noir & blanc. Une place importante est réservée aux données (Data : HDX - Data : my data - Data : OpenStreetMap - Data : overture). Enfin le dernier challenge (The final map) laisse une grande liberté.



Les réalisations peuvent être retrouvées à partir du hashtag #30DayMapChallenge sur différents réseaux sociaux :

 30 cartes pour voir le territoire autrement (IGN)
https://www.ign.fr/reperes/30-cartes-pour-voir-le-territoire-autrement


Articles connexes

La carte de Cassini embellie sur le site du Géoportail


Source : « Une nouvelle version interactive de la carte de Cassini, la première carte intégrale du royaume (XVIIIe siècle), a été mise en ligne sur le Géoportail » (BNF-IGN, Communiqué de presse du 28 novembre 2024). 

La Bibliothèque nationale de France (BnF) et l’Institut national de  l’information géographique et forestière (IGN) ont noué un partenariat afin de rendre accessible sur le Géoportail, portail web permettant l’accès à des services de recherche et de visualisation de données géographiques ou géolocalisées, une nouvelle version numérisée de la célèbre carte de Cassini. Il s’agit de la première carte générale et détaillée du royaume de France réalisée entre 1756 et 1815 par la famille de cartographes Cassini.  

Composée de 180 feuilles accolées, cette carte exceptionnelle conservée au département des Cartes et plans de la BnF, est l’un des rares exemplaires aquarellés à la main réalisé dans les années 1780. Elle donne une vision d’ensemble du royaume dans ses frontières de l’époque, ce qui explique l’absence de Nice, de la Savoie et de la Corse, mais aussi la présence de villes aujourd’hui belges, luxembourgeoises ou allemandes. Chaque feuille a été découpée en 21 rectangles collés sur une toile de jute afin d’en permettre le pliage et le transport.  Grâce à ce partenariat, les utilisateurs peuvent naviguer de façon interactive à travers une version assemblée de la carte, tout en la superposant à des cartes modernes ou à des prises de vues aériennes actuelles. Cette version est de bien meilleure qualité, avec une résolution et un contraste plus importants que celle diffusée précédemment sur le Géoportail. Numérisée en 2015 par la BnF en haute résolution, la Carte de Cassini est également accessible sur Gallica la bibliothèque numérique de la BnF, ainsi que sur l’application mobile Cartes IGN et le site « Remonter le temps ». 

La nouvelle version est vraiment plus précise. La possibilité de zoomer sur des traits permet de placer les moulins, notamment, avec plus de précision. Toutefois les versions ayant été aquarellées à la main ont parfois des petites différences qui méritent d'être comparées ponctuellement. La carte de Cassini intégrée dans le Géoportail est la version en couleur (feuilles gravées et aquarellées) issue de l’exemplaire dit de « Marie-Antoinette » du XVIIIe siècle. La légende qui accompagne la carte de Cassini sur le Géoportail vaut le coup d'oeil par la précision et la beauté de ses symboles (à télécharger en pdf). Jean-Marc Viglino en a tiré une police svg utilisable dans un SIG.

Au même titre que les autres couches du Géoportail, la carte de Cassini peut être intégrée dans un SIG sous la forme de flux WMTS (voir les Geoservices WMS/WMTS sur le site de l'IGN). Exemple ici d'intégration de la carte dans QGIS.



On ne dispose pas de cartes de Cassini pour l'outre-mer. Le Géoportail comporte malgré tout une belle carte du XVIIIe siècle pour la Guyane. En toute logique, le Géoportail devrait mettre d'autres cartes du XVIIIe pour les autres territoires d'outre-mer. Pour la Corse, il y a le plan Terrier du XVIIIe disponible via les Géoservices de l'IGN

Pour compléter

« Portrait cartographique du Royaume de France : l’aventure des Cassini » (La Fabrique de l'Histoire).

Au XVIIIe siècle, la France a vu naître une œuvre cartographique sans précédent : la carte de Cassini, la première représentation géométrique et topographique de tout le territoire national. Réalisée sur plus de 70 ans par quatre générations d’une même famille d’astronomes et cartographes, cette carte est bien plus qu’un simple outil : elle est un témoignage historique, scientifique et technique unique. Débutée sous Louis XV, la carte de Cassini a marqué une rupture avec les anciennes méthodes. Grâce à des techniques comme la triangulation et des relevés sur le terrain, elle a permis de produire une carte rigoureuse et détaillée. Ses créateurs ont relevé de nombreux défis, alliant innovation scientifique, observation astronomique et expertise topographique. La carte de Cassini ne se contente pas de montrer les frontières et les routes : elle représente les clochers, moulins, forêts, cours d’eau, et autres éléments essentiels à la vie des territoires. Elle reflète une vision civique et scientifique, tout en ayant une utilité militaire stratégique. Aujourd’hui, les avancées numériques permettent de superposer les cartes de Cassini aux représentations modernes, offrant un regard unique sur l’évolution des territoires. Un véritable trésor scientifique et culturel pour comprendre le passé et planifier l’avenir. La carte de Cassini témoigne de valeurs de persévérance et de transmission. Ce projet ambitieux, fruit de décennies de travail, continue d’inspirer par sa précision et son utilité. Une nouvelle version interactive est désormais accessible sur le Géoportail de l’IGN.

Articles connexes

L'histoire par les cartes : histoire du quartier Richelieu à Paris (1750-1950)





Open Source Places, une base de données de 100 millions de POI en open source (Foursquare)


Source : « Foursquare Open Source Places : A new foundational dataset for the geospatial community » (Foursquare)

La plate-forme Foursquare, qui se présente comme « leader du secteur pour tout ce qui concerne le géospatial », lance Open Source Places, un ensemble de données ouvertes comprenant 100 millions de lieux d’intérêt (POI) classés selon 22 attributs de base. La carte reflète la diversité des lieux d'intérêt dans le monde. L'inégale densité de l'information traduit l'inégale répartition de la population (les pleins et les vides de l'oekoumène). Cette couverture inégale est aussi celle de millions d'utilisateurs qui ont contribué à saisir l'information (principalement dans les zones développées bénéficiant de bonnes connexions et d'utilisateurs bien équipés). D'une certaine manière, la carte reflète l'inégale géonumérisation du monde. 

L'inégale densité des « lieux d'intérêt » ou POI selon Open Source Places  (source : Foursquare)


1) Diffuser des POI en open source, un enjeu majeur

Les données rassemblent des informations livrées par des sociétés « à partir de sources tierces faisant autorité ainsi que de milliards de photos, de conseils et d'avis générés par les utilisateurs, issus de 10 ans d'expérience en matière de collecte de commentaires des consommateurs »Ces données POI sont destinées selon Foursquare à « stimuler l'innovation dans l'ensemble de la communauté géospatiale ». Étant donné leur origine, il n'est pas étonnant de voir dominer les données concernant des lieux ayant un usage commercial. 

Même si ces données sont gratuites, il s'agit pour Foursquare de valoriser son image d'entreprise spécialisée dans le géospatial. Les POI fournissent souvent la couche fondamentale pour le développement open source. Foursquare a bâti nombre de ses applications à partir de ces données ouvertes. Foursquare Places a été construit sur un système de crowdsourcing, à partir des données d'utilisateurs utilisant ses applications mobiles. Tout l'enjeu est désormais de parvenir à maintenir une base de données synchronisée avec le monde réel. C'est certainement l'une des raisons qui ont conduit à la mise à disposition de ces données POI en open source : poursuivre, voire amplifier le travail de saisie et de mise à jour de ces données sur une base contributive, ce qui est l'objectif de sa Placemaker Community, souvent mise en avant par Foursquare comme une des spécificités de l'entreprise.

2) L'accès aux données au format parquet

L’ensemble des données est fourni au format parquet. Il est prévu qu'il soit mis à jour mensuellement. Ces données peuvent être filtrées par catégories et par type de lieux commerciaux ou non commerciaux (voir le schéma de base ici).

L'extraction des données à partir de gros fichiers au format parquet nécessite des compétences techniques. On peut utiliser l'interface Fused qui permet de faire des extractions simples à partir d'un secteur géographique (téléchargement des données au format geojson). Mark Litwintschik et Simon Willison fournissent des conseils pour procéder à des extractions avec DuckDB ou pour les récupérer sur Github (plus de 10 Go de données à télécharger en plusieurs fichiers).

Certains data analystes comme Tim Wallace soulignent l'intérêt de pouvoir disposer d'une telle masse de données ouvertes. Mais comme pour tout jeu de données, ouvert ou non, il est bon de savoir à quoi on a affaire. Bien que Foursquare garantisse des données gratuites et de haute qualité, certaines données sont quelque peu incohérentes ou mal renseignées. Avec le temps, il devrait être possible d'éliminer ces bizarreries. 

3) La consultation à travers une interface cartographique

Les données peuvent être visualisées directement à travers l'interface cartographique Fourquare Studio


À mesure que l'on zoome, on voit apparaître les cellules géométriques qui donnent la somme de lieux et leurs grandes catégories (vente de détail, manger et boire, voyage et transports, services aux entreprises et professionnels, événementiel). Pour aller plus loin, il faut s'abonner à l'application Studio. D'où l'intérêt de télécharger les données dans un SIG pour pouvoir faire des analyses plus fines à l'échelle des sous-catégories. A noter cependant : on ne dispose pas de la nature et de la géolocalisation précises des données, celles-ci ayant été catégorisées et agrégées avant diffusion à l'échelle de chaque cellule. En cela, le jeu de données Open Source Places montre bien l'intérêt et les limites du big data et de l'open data tels qu'ils sont mis en oeuvre aujourd'hui par les grandes entreprises.


Articles connexes

AllThePlaces : géodonnées et vision du monde commercial à travers Internet

Le monde de l'Internet en 2021 représenté comme un planisphère par Martin Vargic

Guide de l'Insee pour faciliter l’accès aux données

Cartes et données sur la population mondiale (Population & Sociétés, 2024)

Jeu de données SEDAC sur l'évolution des villes dans le monde entre 1975 et 2030

Cartographier l'empreinte humaine à la surface du globe

Utiliser Wikidata pour chercher des informations géographiques

Une base de données historiques sur les personnages célèbres dans le monde (de 3500 avant JC à 2018)

Geonames, une base mondiale pour chercher des noms de lieux géographiques

OpenDataSoft : une plateforme avec plus de 1800 jeux de données en accès libre

Data France, une plateforme de visualisation de données en open data

Numbeo, une banque de données et de cartes sur les conditions de vie dans le monde

La cartographie dans la tradition islamique : Ṣūrat al-Arḍ


Source : Mapping in the Islamic Tradition : Ṣūrat al-Arḍ (2024). Library of Congress.

Dans une présentation intitulée « Ṣūrat al-Arḍ : des manières de voir les représentations islamiques du monde et au-delà », Karen Pinto, chercheuse associée en études religieuses à l'Université du Colorado, présente la vision du monde du point de vue de la tradition cartographique islamique. Dans cette tradition dite Ṣūrat al-Arḍ (Configuration du monde d'après le célèbre ouvrage d'Ibn Haqwal), l'art, la géographie, la religion et la philosophie fusionnent pour présenter des images aux origines cosmographiques et à l'identité spatiale orientée vers le Sud. À partir des messages codés dans ces cartes, la chercheuse nous fait découvrir des récits historiques longtemps cachés et nous permet de revisiter les contributions de cette tradition cartographique à l'histoire de la cartographie de notre monde. Cette conférence fait partie de la présentation d'automne 2024 de la Philip Lee Phillips Society, « Cartographie dans la tradition islamique ».

Karen Pinto, originaire de Karachi au Pakistan, formée à Dartmouth et à Columbia, s'est spécialisée dans l'histoire de la cartographie islamique et ses intersections entre les traditions cartographiques ottomanes, européennes et autres au niveau mondial. Elle a passé trois décennies à traquer des cartes dans les collections de manuscrits orientaux du monde entier. Elle possède un référentiel de 3 000 images de cartes islamiques, dont beaucoup n'ont jamais été publiées auparavant. Son livre Medieval Islamic Maps and Exploration a été publié par la University of Chicago Press en novembre 2016, et a remporté le prix Outstanding Academic Title Award 2017 de Choice. Elle a également remporté le prix Ibn Khaldun pour son travail sur la Méditerranée dans l'imaginaire cartographique islamique. En plus de ses études sur le Moyen-Orient et l'Islam, elle s'intéresse aux humanités numériques, aux études spatiales et au développement de modèles 3D pour améliorer notre compréhension des cartes médiévales. 

Quelques extraits de la conférence

« Aujourd'hui nous sortons notre téléphone et Google Maps, nous disons que nous voulons aller ici, là et partout... Mais comment faisions-nous au VIIe siècle ? Tous ces musulmans partant à la conquête du monde, comment savaient-ils où ils allaient ? C'est une question fascinante. »

« La première chose que je fais est de dire à mes étudiants, rangez tous vos livres, prenez un morceau de papier et dessinez la première carte qui vous vient à l'esprit. Combien d'entre eux font celle qui montre le nord en haut avec l'Amérique au centre ? Ils font ce type de carte, mais certains d'entre eux en dessinent d’autres différentes. C'est vraiment intéressant de voir, quelle est la carte qui tourne dans leur tête ? Quelle est votre carte mentale ? Où est votre carte mentale ? »

« L'océan qui nous entoure c'est, comme vous le savez, le motif de toutes les cartes pré-modernes. Au début de la période moderne, soudainement on voit apparaître l'Atlantique et le Pacifique. Étaient-ils été divisés ? Non. Vous pensez qu'ils sont divisés. Mais si vous regardez Google Maps sous un angle particulier, vous verrez que les océans sont tous connectés. Nous avons toujours un océan qui nous entoure. »

« J'ai passé des heures et des heures à regarder ces cartes en me demandant, qu'est-ce que c'est ? Des lignes et des cercles étranges et quelques créatures ornementales, et puis vous commencez à lire et vous commencez à dire, oh, ce sont des noms de lieux que je reconnais. Oh, c'est le golfe Persique, vraiment ? Et ça ce n'est pas l'Afrique et l'Espagne ? »

« Ce que tous les amateurs de cartes aiment universellement, c'est d'identifier des lieux et déterminer quel lieu se trouve où. Sur ces cartes, un certain nombre de lieux ont disparu. Je suis allé sur le terrain à la recherche de lieux car ils ne figurent pas dans les manuscrits. Ils ont été oubliés. Et la seule façon de les trouver est d'aller sur place. J'ai donc été sur place en Syrie et en Turquie, à la recherche de lieux sur la carte de la Méditerranée, c'est dire à quel point les gens qui s'intéressent aux cartes sont obsédés. »

« C'est juste comme ça que sont les cartes. C'est quand vous ne les comprenez pas, quand elles n'ont aucun sens, quand vous devez aller creuser pour trouver le sens derrière ces cartes ou ce qu'elles essaient de vous montrer, c'est ce qui est fascinant. »

« Et puis cette idée : si on commençait à regarder le monde avec une autre direction en haut, en particulier avec les musulmans, avec le sud en haut, ils privilégient l'Afrique, n'est-ce pas ? Ils regardent vers l'Afrique. Ils ne privilégient pas l'Europe. Donc le sud est en haut. »

« Si vous prenez une goutte de cartographie chinoise pré-moderne, une goutte de cartographie européenne pré-moderne, une goutte de cartographie africaine pré-moderne, vous les prenez et les additionnez, qu'est-ce que vous obtenez ? Vous obtenez une carte islamique. Parce que le truc à propos du monde musulman, qui est si intéressant et qui est représenté ici, c'est la figure de la péninsule arabique qui est au centre des cartes. Donc ils sont au carrefour. Le centre de la croix. Ils sont au centre de la croix du monde. Et même maintenant, quand vous pensez au monde, si vous pensez simplement à la carte, la péninsule arabique est juste là connectant l'Afrique à l'Asie, à l'Europe. Vous avez donc cette connectivité incroyable ».

Pour compléter

« Quand j'étais étudiant diplômé à Columbia en 1991, ma professeure, la regrettée mais incroyablement grande Olivia Remie Constable (1961-2014), m'a suggéré d'écrire un article de séminaire sur les géographes musulmans médiévaux. Cela m'a envoyé dans les recoins sombres de la collection d'histoire et de géographie islamiques au 11e étage de la bibliothèque Butler. Là, je suis littéralement tombé sur les 6 volumes de Konrad Miller de la fin des années 1920 : Mappae Arabicae : Arabische Welt und Länderkarten des 9–13. Jahrunderts. (6 vol. Stuttgart, 1926–1931) réimpressions en noir et blanc de centaines de cartes islamiques médiévales cachées dans des manuscrits orientaux jusqu'alors peu connus dans le monde de l'histoire de la cartographie occidentale.

« L'harmonie masque le conflit : la Méditerranée dans l'imaginaire islamique médiéval  » (exposition de Karen Pinto)

« Tout est dans la carte » (New York Review of Books)
L’attachement des Etats à leurs frontières et le déclin des dynasties ne s’expliquent pas uniquement pas des facteurs idéologiques ou politiques. Dès le XIVe siècle, l’historien arabe Ibn Khaldoun, souligne le rôle que jouent la géographie et la morphologie géophysique d’un pays dans son destin et celui de sa région. Dans cet article de la New York Review of Books traduit par Books en janvier 2014, Malise Ruthven souligne notamment toutes les significations que peuvent prendre une simple carte pour une nation, et nous réapprend à penser le monde autrement.

Articles connexes

Le nord en haut de la carte : une convention qu'il faut parfois savoir dépasser

Désaxer la carte pour porter un autre regard, mais lequel ?

Atlas ptolémaïques de la Bibliothèque du Congrès : un guide de ressources

Le monde luso-hispanique à travers les cartes : un guide de la Bibliothèque du Congrès

Cartographie du surpoids et de l’obésité aux États-Unis et dans le monde


Source : Ng, Marie et al., National-level and state-level prevalence of overweight and obesity among children, adolescents, and adults in the USA, 1990–2021, and forecasts up to 2050. [Prévalence du surpoids et de l’obésité aux États-Unis (1990-2021) et prévisions jusqu’en 2050]. The Lancet, article en accès ouvert.

Présentation

D’après la définition de l’OMS, une personne est en surpoids lorsque son indice de masse corporelle (IMC) est supérieur à 25 et elle est obèse lorsque celui-ci est supérieur à 30. Le surpoids et l’obésité ne cessent d'augmenter aux États-Unis. L'obésité a presque triplé au cours des 50 dernières années. Le monde compte plus d'un milliard de personnes obèses dont l'indice de masses corporelle (IMC) dépasse les 30 kg/m2. Il convient de comprendre les tendances actuelles et les trajectoires futures au niveau national et au niveau des États pour évaluer le succès des interventions actuelles et éclairer les futurs changements de politique de santé. Dans cet article, les auteurs ont estimé la prévalence du surpoids et de l’obésité de 1990 à 2021 avec des prévisions jusqu’en 2050 pour les enfants et les adolescents (âgés de 5 à 24 ans) et les adultes (âgés de plus de 25 ans). En outre, ils ont établi des estimations et des projections spécifiques pour chaque État concernant les adolescents âgés de 15 à 24 ans et les adultes pour les 50 états et Washington DC.

Prévalence estimée du surpoids et de l'obésité dans 50 États américains en 2021 chez les adolescents et les adultes, par sexe (source : The Lancet)

Principaux résultats

En 2021, on estime qu'environ 15,1 millions d'enfants et jeunes adolescents (âgés de 5 à 14 ans), 21,4 millions d'adolescents (âgés de 15 à 24 ans) et 172 millions d'adultes (âgés de plus de 25 ans) étaient en surpoids ou obèses aux États-Unis. 

Le Texas avait la prévalence standardisée selon l'âge la plus élevée concernant le surpoids ou l'obésité chez les adolescents de sexe masculin (âgés de 15 à 24 ans), soit 52,4 % (47,4-57,6), tandis que le Mississippi avait la prévalence la plus élevée chez les adolescentes (âgées de 15 à 24 ans), soit 63,0 % (57,0-68,5). 

Chez les adultes, la prévalence du surpoids ou de l'obésité était la plus élevée dans le Dakota du Nord pour les hommes, estimée à 80,6 % , et dans le Mississippi pour les femmes à 79,9 % . La prévalence de l'obésité a dépassé l'augmentation du surpoids au fil du temps, en particulier chez les adolescents. 

Entre 1990 et 2021, la variation en pourcentage de la prévalence standardisée de l'obésité selon l'âge a augmenté de 158,4 % chez les adolescents de sexe masculin et de 185,9 % (139,4–237,1) chez les adolescentes. Chez les adultes, la variation en pourcentage de la prévalence de l'obésité était de 123,6 % chez les hommes et de 99,9 % chez les femmes. 

Les résultats des prévisions suggèrent que si les tendances et les schémas passés se poursuivent, 3,33 millions d'enfants et de jeunes adolescents supplémentaires, 3,41 millions d'adolescents et 41,4 millions d'adultes supplémentaires seront en surpoids ou obèses d'ici 2050. Le nombre total d'enfants et d'adolescents en surpoids et obèses atteindra 43,1 millions et le nombre total d'adultes en surpoids et obèses atteindra 213 millions en 2050. Dans la plupart des états des États-Unis, on prévoit qu'un adolescent sur trois et deux adultes sur trois souffriront d'obésité. Bien que les États du Sud, tels que l’Oklahoma, le Mississippi, l’Alabama, l’Arkansas, la Virginie-Occidentale et le Kentucky, devraient continuer à connaître une prévalence élevée de l’obésité, les changements de pourcentage les plus élevés à partir de 2021 sont prévus dans des États comme l’Utah pour les adolescents et le Colorado pour les adultes.

Interprétation

Les politiques actuelles n’ont pas réussi à lutter contre le surpoids et l’obésité. Sans réforme majeure, les tendances annoncées seront dévastatrices au niveau individuel et collectif, le poids de la morbidité et les coûts économiques associés continueront d’augmenter. Une gouvernance plus forte est nécessaire pour soutenir et mettre en œuvre une approche systémique multidimensionnelle visant à lutter contre les facteurs structurels du surpoids et de l’obésité aux niveaux national et local. Bien que les innovations cliniques doivent être exploitées pour traiter et gérer de manière équitable l’obésité existante, la prévention au niveau de la population reste au cœur de toute stratégie d’intervention, en particulier pour les enfants et les adolescents.

Les données et les cartes sont disponibles dans les annexes de l'article.

Fiche d'information de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur l'obésité et le surpoids.

Pour compléter 

« Tendances mondiales de l'insuffisance pondérale et de l'obésité de 1990 à 2022 : une analyse groupée de 3 663 études représentatives de la population portant sur 222 millions d'enfants, d'adolescents et d'adultes » (The Lancet). Accès aux données de l'article sur Zenodo ou sur le site de la Ncdrisc (National Adult Body-Mass Index).

« Quel État américain a le taux d’obésité le plus élevé ? »  (Visual Capitalist, 30 juillet 2024).
Taux d'obésité chez les adultes en 2022 par État et territoire des États-Unis. L'obésité est définie comme un indice de masse corporelle (IMC) égal ou supérieur à 30. Les chiffres proviennent des Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies et sont mis à jour en janvier 2024. Les chiffres sur l'obésité sont basés sur la taille et le poids autodéclarés. Accès aux données sur le site du CDC (Centers for Disease Control and Prevention)

« Une personne sur huit vit désormais avec de l’obésité dans le monde » (Organisation mondiale de la Santé).

« L'obésité touche surtout les personnes d'âge moyen et les pauvres » (Robert Wood Johnson Foundation).

« Cartes. Géographie de l’obésité ». Par Hervé Théry, Patrick Caron (Diploweb, 30 octobre 2019).
Il existe, dans nombre de pays du monde, une correspondance entre offre abondante de viande et obésité. 

« Comment les villes aggravent l'épidémie d'obésité » (Fast Company).
Le mythe selon lequel l'obésité n'est qu'une question personnelle ne tient pas compte du rôle que jouent les villes pour décourager les modes de vie sains.

« Relation entre obésité et vote électoral des États américains » (Data Is Beautiful).
On sait que l’obésité est liée au statut socio-économique, qui est lui-même l'un des déterminants du vote électoral. Si les États qui comptent le plus d'obèses votent républicain, il faut cependant faire la distinction entre corrélation et causalité. D'autres facteurs entrent en considération tels que l’appartenance religieuse ou l'éducation. Il convient de conduire des études au niveau individuel et non uniquement au niveau des Etats ou des comtés. Étant donné que les systèmes politique, économique et de santé aux États-Unis sont très différents de ceux d'autres pays, les recherches menées aux États-Unis sont difficilement généralisables (voir cette étude sur le Royaume-Uni).

Articles connexes

L'insécurité alimentaire dans le monde (rapport du FSIN)

L’autosuffisance alimentaire est-elle possible pour La Réunion ?

Les grands enjeux alimentaires à travers une série de story maps du National Geographic



Ilots de chaleur et inégalités urbaines en France


Céline Grislain-Letrémy, Julie Sixou, Aurélie Sotura. « En milieu urbain, les ménages modestes sont en général plus exposés aux îlots de chaleur » (Insee Analyses, octobre 2024).

Les vagues de chaleur se traduisent par des températures significativement plus élevées en milieu urbain que dans la campagne environnante. Au sein même des villes, ce phénomène d’îlot de chaleur affecte différemment les quartiers selon la densité et la qualité des bâtiments, selon la végétation et selon les niveaux d’activité humaine. À Paris, Bordeaux, Lille et Nantes, ce sont à la fois les ménages les plus aisés et les plus modestes qui sont les plus exposés, car ils habitent dans les centres-villes. À Lyon, Marseille, Montpellier, Nice et Strasbourg, les ménages modestes sont les plus exposés au phénomène d’îlot de chaleur urbain et les ménages aisés sont les moins exposés, car ils habitent dans des quartiers périphériques moins denses, plus verts et aux constructions récentes. De façon générale, les ménages pauvres avec au moins une personne particulièrement jeune ou âgée sont exposés à des températures en moyenne légèrement plus élevées que les autres ménages. Ces ménages sont plus vulnérables aux fortes températures, et disposent de moins de possibilités pour y faire face : ils ont notamment plus rarement la climatisation ou une résidence secondaire.

Au sein même des villes, certains quartiers sont davantage exposés aux îlots de chaleur en raison notamment de différences de densité, de caractéristiques des bâtiments, de végétation et de niveaux d’activité humaine [Institut Paris Région, 2010]. Le centre des agglomérations est ainsi nettement plus exposé aux îlots de chaleur, comme l’illustrent les exemples de Paris et Lyon. Selon leur lieu de résidence, souvent très lié au revenu, certaines populations sont ainsi davantage exposées. La relation entre niveau de vie et exposition aux îlots de chaleur découle principalement de l’organisation spatiale des villes. Parmi les neuf villes étudiées ici, deux configurations apparaissent.

Indice d’îlot de chaleur nocturne, Paris et Lyon été 2017 (source : (Insee Analyses, octobre 2024)

Les autres exemples de villes françaises sont disponibles dans le rapport complet de l'INSEE :

Céline Grislain-Letremy, Julie Sixou, Aurélie Sotura. « Urban Heat Islands and Inequalities : Evidence from French Cities » (Insee, octobre 2024)

Pour compléter

Fontès-Rousseau C., Lardellier R., Soubeyroux J.-M., « Un habitant sur sept vit dans un territoire exposé à plus de 20 journées anormalement chaudes par été dans les décennies à venir » (Insee Première n°1918, août 2022).

Institut Paris Région, « Les îlots de chaleur urbains », Répertoire de fiches connaissance (Institut Paris Région, novembre 2010).

Articles connexes

La France est-elle préparée aux dérèglements climatiques à l'horizon 2050 ?


12 événements cartographiques qui ont bouleversé notre monde (Map Happenings)


Le site MapHappenings.com, dédié à l'information et à la réflexion sur l'industrie de la cartographie, consacre une série de billets sur 12 événements cartographiques qui ont bouleversé notre monde. Racontées par James Killick, cartographe qui a travaillé sur le projet Mapquest, puis pour ESRI et Apple Maps, ces histoires renvoient à un passé qui semble déjà ancien, celui du début de l'ère informatique et de l'essor du géoweb. Que les initiatives proviennent de la sphère publique ou de la sphère privée (souvent des deux), on y découvre l'importance des grands projets qui ont permis l'essor des technologies et de la cartographie numérique.


Vous pouvez découvrir ces histoires en anglais. Votre navigateur devrait facilement faire la traduction si vous n'êtes pas familier avec la langue de Shakespeare. En voici les principales entrées thématiques :
  • Part 1 — The First Map
    « La première carte » est difficile à déterminer, tout dépend de ce que l'on appelle carte (une représentation rupestre, une tablette d'argile, un papyrus...)

  • Part 2 — The Birth of Coordinates
    « La naissance des coordonnées » remonte au moins à Eratosthène qui a inventé le système des latitudes et des longitudes, mais il faut attendre le XVIIIe siècle pour qu'on soit capable de mesurer avec un peu d'exactitude la longitude.

  • Part 3 — Road Maps !
    « Cartes routières » : les atlas routiers ont une longue histoire. Aujourd'hui, la plupart des jeunes savent à peine lire une carte papier, et encore moins s'en servir (l'index des rues, ça vous dit quelque chose ?). Les cartes routières papier existent pourtant encore ! Au cas où vous ne me croiriez pas…

  • Part 4 — The Epic Quest for Longitude
    « La quête épique de la longitude » a une longue histoire qui remonte au moins au début du XVIIIe siècle.

  • Part 5 — The Dawn of Tube Maps
    « L’aube des plans de métro ». Depuis la carte d'Harry Beck publiée pour la première fois en 1933, les cartes de métro ont beaucoup évolué gagnant en complexité et schématisme. Est-ce à dire qu'elles ont perdu leur simplicité attrayante au profit de la complexité et de l'incohérence ?

  • Part 6 — The Advent of Computer Based Mapping
    « L’avènement de la cartographie assistée par ordinateur ». Premier programme civil à avoir réussi à mettre au point un ordinateur en 1943, UNIVAC I a joué un rôle clé dans l'avènement de l'ère informatique. Il faut attendre les années 1960 pour que le Harvard Laboratory for Computer Graphics invente le système de cartographie synagraphique (SYMAP).

  • Part 7 — Those Views from Above…
    « Ces vues d’en haut…». C'est au cours de la Première Guerre mondiale qu'apparaissent les premières images prises par avion. En 1972, la NASA lance le premier satellite Landsat annonçant une nouvelle ère, celle de la télédétection terrestre depuis l'espace.

  • Part 8 — Oh Brother, Where Art Thou?
    « Oh frère, où es-tu ? ». Ce n'est qu'en 2016 que la pénétration mondiale des smartphones a dépassé les 50 %, on peut donc affirmer que cela ne fait que 8 ans que la majorité des gens sur cette planète sont capables de déterminer rapidement leur emplacement. Retour sur les techniques de positionnement, leur histoire et celles qui se profilent pour demain.

  • Part 9 — A Curious Phenomenon Called ‘Etak’
    « Un phénomène curieux appelé Etak ». En 1985, les systèmes de navigation GPS n'existaient pas encore. Etak Navigator, lors de sa sortie, en étant le premier système de navigation automobile au monde, faisait figure de produit révolutionnaire.

  • Part 10 — A Relentless Quest for Maps
    « Une quête incessante de cartes » revient sur l'histoire de Mapquest, un projet de 1996 qui semble déjà ancien. A son lancement, MapQuest ne fournissait même pas d'itinéraire. Il ne faisait qu'une chose : il affichait une carte statique pour une adresse, et seulement si cette adresse se trouvait aux États-Unis. Mais MapQuest savait où vous vouliez aller. MapQuest a donc été le premier site à proposer des publicités « géocentriques ». Les hôtels, les compagnies aériennes et les chaînes de restauration rapide ont adoré.

Pour compléter

Minds behind maps. « Les cartes sont partout. Internet a fait exploser le besoin de savoir ce qui se passe, où et quand. Ce sont les conversations avec des personnes derrière les cartes qui alimentent le monde moderne.  De longues conversations qui prennent le temps de poser le contexte et d'expliquer la complexité de ces projets ». Voir l'interview de James Killick, cartographe qui a travaillé sur le projet Mapquest, puis chez ESRI et Apple et qui administre le site Map Happenings.


Articles connexes


Europe : 12 cartes et un projet (exposition virtuelle de la Bibliothèque nationale d'Espagne)

L'histoire par les cartes : 18 globes interactifs ajoutés à la collection David Rumsey


Une cartographie du génocide à Gaza (Forensic Architecture)


« Une cartographie du génocide : la conduite d'Israël à Gaza depuis octobre 2023 » (Forensic Architecture).

Depuis le début de la campagne militaire israélienne à Gaza en octobre 2023, Forensic Architecture collecte des données relatives aux attaques contre les civils et à la destruction des infrastructures par l'armée israélienne. L'analyse de ces activités révèle la destruction quasi totale de la vie civile à Gaza. Le site a collecté et analysé également les ordres d'évacuation émis par l'armée israélienne dirigeant les civils palestiniens vers des zones de Gaza désignées comme « sûres ». Ces ordres ont entraîné des déplacements répétés et à grande échelle de la population palestinienne à travers Gaza, souvent vers des zones qui ont ensuite été attaquées par Israël.

Les conclusions de Forensic indiquent que la campagne militaire israélienne à Gaza est organisée, systématique et vise à détruire les conditions de vie et les infrastructures civiles nécessaires à la vie.

À cette fin, la plateforme « Une cartographie du génocide » et le rapport qui l’accompagne élaborent une cartographie complète de la conduite militaire à Gaza depuis le 7 octobre 2023. Elle déploie une gamme de méthodes pour observer la manière dont les opérations militaires d’Israël ont engendré des dommages généralisés et suggère comment ces observations pourraient éclairer des évaluations plus larges de la conduite militaire d’Israël pendant cette période.

Le terme « génocide » est utilisé au sens du juriste polonais Raphaël Lemkin, dont la réflexion a été déterminante pour la définition formulée à l'article II de la Convention de 1948. Le génocide, selon Lemkin, signifie un plan coordonné d'actions visant à la destruction des fondements essentiels de la vie des groupes nationaux, dans le but d'annihiler ces groupes eux-mêmes.

Les résultats de plus d'un an de surveillance et de recherche sont disponibles en ligne :

Les données collectées et analysées permettent de mettre en évidence 6 catégories spécifiques de conduite militaire  :

  1. Contrôle spatial – le façonnage physique de Gaza selon une conception stratégique ;
  2. Déplacement – les déplacements répétés et forcés de civils et une évaluation des « mesures humanitaires » d’Israël ;
  3. Destruction de l’agriculture et des ressources en eau – destruction des champs, des vergers, des serres, des infrastructures agricoles et hydrauliques ;
  4. Destruction des infrastructures médicales – ciblage systématique des hôpitaux et du personnel de santé ;
  5. Destruction des infrastructures civiles – ciblage des services publics, des routes, des écoles, y compris celles servant d’abris, des édifices religieux et des bâtiments gouvernementaux ;
  6. Ciblage de l’aide – ciblage systématique des infrastructures et du personnel nécessaires au transport et à la distribution de l’aide humanitaire et à la préparation de la nourriture.

Forensic Architecture (FA) est une agence de recherche basée à Goldsmiths (Université de Londres). Sa mission est de développer, utiliser et diffuser de nouvelles techniques, méthodes et concepts pour enquêter sur la violence provenant d'États ou d'entreprises. L'équipe comprend des architectes, des développeurs de logiciels, des cinéastes, des journalistes d'investigation, des scientifiques et des avocats.

Voir aussi :

Liens ajoutés le 18 novembre 2024
Lien ajouté le 23 novembre 2024
Articles connexes

Israël-Hamas. Cartographie des massacres du 7 octobre 2023

Décrypter le conflit Israël-Hamas à partir de cartes

Palestine Open Maps, un site pour obtenir des cartes et des données spatiales sur la Palestine

Le Moyen-Orient, une construction instable et récente : la preuve en cartes et en schémas

La carte, objet éminemment politique : la cartographie du Moyen-Orient entre représentation et manipulation

L'histoire par les cartes : histoire du quartier Richelieu à Paris (1750-1950)


Le site dédié au projet de recherche Richelieu. Histoire du quartier (1750-1950) est né de la collaboration de plusieurs institutions publiques situées au cœur du IIe arrondissement de Paris dont la BNF, l'Institut national d'histoire de l'art, l'École nationale des chartes, le Centre Allemand d'histoire de l'art DFK Paris, et le Centre André Chastel Sorbonne Université.

Ce projet étudie le patrimoine du quartier compris entre le Louvre, l’Opéra, la place des Victoires et les grands boulevards, communément désigné sous le nom de "Richelieu" , à travers ses dynamiques architecturales, humaines et économiques et en croisant des sources iconographiques et cartographiques.

La navigation s'effectue à partir de thèmes regroupant des documents iconographiques ou à partir de la carte qui permet d'identifier l'implantation des rues, des bâtiments, des jardins à l'échelle des parcelles cadastrales. La carte interactive donne un accès direct à chaque source avec son descriptif.

Site du projet de recherche Richelieu. Histoire du quartier (1750-1950).

Le project Richelieu donne accès aux données de la recherche produites et réutilisées, ainsi qu'au code et aux outils numériques produits, sous des licences libres. L'ensemble des données du projet sont disponibles sous licence Creative Commons CC BY-BC-SA 4.0, qui permet le partage, la réutilisation et la modification des données.

Pour accéder aux données brutes, une API est disponible et permet une réutilisation facile. Un datapaper est en cours de constitution pour faciliter la réutilisation des données du projet. Pour citer les données du projet :

Duvette, C., Thiroux, L., Gain, J., Kervegan, P., Akgönül, T., Dasilva, E., & Baranger, L. (2024). Richelieu. Histoire du quartier (données de recherche) (1.0). https://quartier-richelieu.inha.fr

L'intégralité des outils produits par le projet Richelieu sont accessibles sur le dépôt GitLab de l'INHA. Plus spécifiquement, le code du site est disponible à cette adresse. Le code produit par le projet Richelieu est rendu disponible sous la licence libre GNU GPL v. 3.0. Pour citer le site :

Kervegan, P., Hervieu, M., Duvette, C., Thiroux, L., Gain, J., Akgönül, T., Dasilva, E., & Baranger, L. (2024). Richelieu. Histoire du quartier (site) (1.0). 2024-11. https://gitlab.inha.fr/snr/rich.data/application

Articles connexes


Découvrir le Paris de la Révolution française en arpentant la ville


L'histoire par les cartes : Atlas historique du Ciel




Toutes les sociétés ont cherché à comprendre l’Univers. Les premiers passionnés du ciel étaient aussi bien mathématiciens que philosophes, horlogers que navigateurs. Ils s’appelaient Thalès, Ptolémée, Al-Khwarizmi, Kepler, Galilée, Newton, Shoujing, Einstein, Herschel, Hubble… Grâce à eux, nous envoyons aujourd’hui des fusées dans l’espace, nous explorons la Lune et les planètes, nous cherchons à savoir s’il existe une vie extraterrestre… Cet atlas raconte l’histoire des découvertes de ces hommes et de ces femmes, connus ou anonymes, qui sur tous les continents ont participé à cette formidable épopée. Avec le concours de Sciences et Avenir/La Recherche, Pierre Léna et Christian Grataloup ont réuni les meilleurs chercheurs (physiciens, anthropologues, historiens, astronomes…) pour rendre accessibles 6000 ans de découvertes. Un atlas qui est autant un livre d’histoire qu’un livre de science.

Pour la sortie en librairie de l'Atlas historique du Ciel de Christian Grataloup et Pierre Lena, les éditions Les Arènes présentent plusieurs double-pages :
Christian Grataloup : « Il est urgent d'avoir une vision du ciel comme on l'a de l'Antarctique » (Radio France).
« L’Atlas historique du ciel relate les découvertes humaines qui ont contribué à notre connaissance du ciel, de Copernic, "celui qui dit non, il faut mettre le soleil au centre", à Einstein, grâce à qui "on va s'apercevoir que les lumières que l'on voit sont des informations qui viennent à des dates différentes". [...]. Le ciel, nous ne le voyons presque plus alors que ce fut un spectacle familier, une interrogation quotidienne pour pratiquement tous les hommes jusqu'à une période très récente », rappelle Christian Grataloup. « Nous qui vivons dans des villes illuminées, on ne voit plus le ciel [...] Cet atlas est sorti au moment où est parue une comète nommée Tsuchinshan-Atlas. Beaucoup ne l’ont pas vu ou seulement sur des écrans... Inquiétude de ne plus voir le ciel vu de la Terre à cause des satellites d’Elon Musk. Au-delà de 100 km, c’est le Far West ». #BlancsDesCartes

« Satellite Starlink ou météore : quel était l’objet lumineux vu dans le ciel en France ? » (Numerama). La lumière qui a traversé le ciel français le mardi 27 août 2024 était bien due au retour sur Terre de l'un des 6000 satellites Starlink d'Elon Musk. Il pourrait en envoyer jusque 40 000 dans l'espace.

« Le ciel vu des Missions » (Esquisa Fapesp).
Avec des télescopes fabriqués avec le peuple Guarani du sud du Brésil, le jésuite Buenaventura Suárez a observé avec précision les éclipses lunaires et solaires et les lunes de Jupiter auXVIIIème siècle.

L'Atlas Coelestis de John Seller (1700) est l'un des premiers atlas céleste de poche et le premier atlas céleste publié en Angleterre. C'est grâce aux progrès de l'astronomie que les bases de la géographie vont être posées au XVIIIe siècle, notamment à travers la fixation des grands repères (voir par exemple l'Atas Coelestis de Johann Gabriel Doppelmayr, 1742)

« Atlas international des nuages et des types de ciels » (Office international météorologique, 1939).
La première classification des nuages qui ait été publiée ne remonte qu'au début du XIXe siècle et est due à Lamarck (1802). Le célèbre naturaliste ne se proposait pas de classer tous les nuages possibles. La Conférence Météorologique Internationale, tenue à Munich en 1891, recommanda expressément une classification et accrédita un Comité spécial chargé de la mettre au point définitivement et de la publier avec illustrations sous forme d'Atlas.

L'Atlas Farnèse est une sculpture en marbre du IIe siècle après JC. C qui s'inspire d'un original hellénistique. C'est la plus ancienne représentation du globe céleste avec un total de 42 constellations.

Articles connexes

L'histoire par les cartes : Atlas historique de la Terre

L'histoire par les cartes : Atlas historique mondial

L'histoire par les cartes : Atlas historique de la France

Les grands événements de l'Histoire mondiale expliqués en cartes

L'histoire par les cartes : une carte animée de la "densité impériale" à travers les époques

Atlas de l'Anthropocène : un ensemble de données sur la crise écologique de notre temps


Quand les cartes révèlent les frontières fantômes


Certaines frontières continuent à vivre après leur mort. Dans son dernier ouvrage, Les Provinces du temps. Frontières fantômes et expériences de l’histoire (2023), Béatrice von Hirchhausen piste les traces qu’elles laissent dans nos imaginaires géographiques et qui structurent l’expérience politique - présente et future. 

« La frontière fantôme désigne les traces laissées par des frontières défuntes dans les sociétés contemporaines et dont on repère l’actualisation fluctuante dans des cartes exprimant des choix sociétaux... L’intuition de ce concept vient d’une question qui m’obsède depuis longtemps, celle des longues durées, des traces du passé et des rémanences que j’observais dans les paysages et sur les cartes de l’Europe centrale et orientale [...]  J’en suis effectivement venue à réserver le terme "fantôme" aux traces que l’on observe dans les cartes qui engagent les choix des acteurs locaux. Ce sont par exemple les cartes électorales. Quand on prend les cartes électorales depuis les élections libres de Pologne de 1989, on voit apparaître une géographie structurée entre les trois anciens empires qui se partageaient ce territoire. On voit même apparaître quatre blocs car la partie de l’ancien empire allemand qui n’a été intégrée au territoire polonais qu’après 1945 présente un visage singulier. Ces cartes électorales sont compliquée à expliquer ». Source :  « Traverser les frontières fantômes, une conversation avec Béatrice von Hirschhausen » (Le Grand Continent)

« La métaphore de la "frontière fantôme" permet à l’auteure d’enquêter sur l’apparition de discontinuités d’ordre géoculturel, celles-ci pouvant à la fois relever du passé et des circonstances présentes, de la réalité et des imaginaires. En même temps, la métaphore du fantôme se démarque d’autres métaphores utilisées pour traiter des longues durées géographiques, comme les « prisons de longue durée » dont parlait Fernand Braudel.Les frontières fantômes peuvent être définies comme des "traces de territorialités défuntes dans les sociétés contemporaines". Avec un travail de terrain, la géographe montre que ces frontières sont liées à des géorécits, des récits articulés à l’espace ». (CR des Cafés géographiques)

Béatrice von Hirchhausen (2023). Les Provinces du temps. Frontières fantômes et expériences de l’histoire ( 2023), CNRS éditions.

Les cartes électorales de l’Ukraine et de la Pologne de ces dernières décennies ont souvent donné à voir le dessin des empires passés qui s’étaient partagé ces territoires. Les frontières fantômes sont ces traces laissées par des entités politiques défuntes dans les pratiques sociales contemporaines. Comment et pourquoi des limites territoriales, qui n’ont plus de réalité politique, peuvent-elle réapparaître après plusieurs générations ? Pourquoi semblent-elles s’être imprimées dans l’esprit des gens ?
C’est à partir de terrains menés en Europe centrale et orientale, et notamment en Roumanie, que Béatrice von Hirschhausen, directrice de recherche au CNRS au laboratoire Géographie-cités, tente de comprendre ce phénomène fascinant. Sillonnée d’anciennes frontières d’empires, la région permet d’observer certains de leurs fantômes. Elle offre un véritable laboratoire pour étudier la production des espaces : entre histoire et culture, entre routines et imaginaires. Cette analyse géographique de l’action individuelle comme des attitudes collectives, montre comment les sociétés se pensent à partir de l’espace. Elle permet d’expliquer des comportements non par un « nous » identitaire ou par des mentalités mais par des conventions locales plus ou moins stables : « ici, on fait comme ça ». Une réflexion neuve sur les différences culturelles.

Justine Tentoni, « A la recherche des frontières effacées ». A propos de Béatrice Von Hirschhausen, Les Provinces du temps. Frontières fantômes et expériences de l'histoire (Non fiction)

À (re)lire : un très beau numéro de la revue L'Espace géographique sur  « Frontières fantômes et ambivalence des espaces d’identification ».

« Religion et frontières fantômes en Europe de l’Est » (Geographie-cités).

L’Europe de l’Est reste traversée par les frontières fantômes des empires défunts. Ce legs ne vaut que par son actualisation dans le présent, et par rapport au futur espéré, attendu ou redouté. Certaines de ces frontières fantômes sont d’ordre religieux. Entretien Avec Béatrice von Hirschhausen, directrice de recherche au CNRS, membre de l’UMR Géographie-cités, membre du Centre Marc Bloch (Berlin), dans le cadre de la série « A Point nommé (Chaire « Yves Oltramare – Religion et politique dans le monde contemporain ») de Jean-francois Bayart, Geneva Graduate Institute, 22 mars 2023.

(Re)écouter le podcast « Avez-vous déjà franchi une frontière fantôme ? » (Géographie-cités)
Les frontières fantômes : l’exemple des cartes électorales en Pologne : Visio-conférence de Beatrice Von Hirschhausen / Traduction en russe : Ivan Savchuk @EHESS_fr

« Les frontières fantômes, un nouveau concept pour penser le mur dans les têtes ? » (Revue Abibac)

« Avez-vous déjà franchi une frontière fantôme ? » (Radio France)

« On a vu des frontières fantômes apparaître, par exemple au moment des élections en Allemagne. Sur la carte, les territoires de l'ancienne RDA affichaient des votes très spécifiques. La frontière fantôme est une frontière politique qu'on voit réapparaître dans certaines circonstances, soit dans le paysage, soit dans des attitudes et des pratiques sociales »

Nous sommes en 2023, 109 ans après le début de la Première Guerre mondiale, et pourtant les frontières impériales d’avant la Première Guerre mondiale sont toujours visibles sur la carte électorale de la Pologne – et sur bien d’autres, d’ailleurs. Par Szymon Pifczyk, @sheemawn

C'est le fantôme du passé de la Pologne. Les Polonais appellent ce type de carte « widać zabory » (partition visible).

Vous avez peut-être vu récemment un gif animé montrant le retard de l’Allemagne de l’Est. Même si le communisme a un rôle à jouer dans ce retard, ce n’est pas le seul facteur. Il s’avère que l’Allemagne de l’Est était différente du reste de l'Allemagne avant même d'être communiste.
Articles connexes