L'idée de proposer des cartes d'itinéraires verticales pour en faciliter la lecture est déjà ancienne. @Matamix leur donne une nouvelle approche originale en proposant de cartographier ce que l'on perçoit lorsqu'on se déplace sur la ligne TGV Paris-Lyon-Marseille. La démarche est transposable sur d'autres itinéraires.
Dans le premier exemple, il s'agit de cartographier le nombre de vaches sous forme d'isotypes à chaque kilomètre parcouru. Dans le second exemple, la carte devient un graphique de type diagramme en barres non dénué de spatialité (distance en km du départ à l’arrivée). Trois dimensions viennent à l’esprit si on veut essayer de retranscrire l’expérience du paysage quand on s’assied dans un train :
Ce qui vit : est-ce qu’on peut apercevoir du monde derrière sa fenêtre ? Des humains ou des animaux ? Difficile de connaître la localisation des chevreuils et des sangliers alors concentrons nous sur les vaches et les autres.
Ce qu’on voit : En regardant l’occupation du sol aux abords de la voie ferrée, on se rapproche de l’impression visuelle que l’on peut ressentir en regardant par la fenêtre.
Ce qui pousse : les cultures sur les parcelles à proximité nous montrent aussi qu’on traverse des mondes différents au fur et à mesure de l’approche de la Méditerranée.
Tentative de description du paysage sur la ligne à grande vitesse Paris-Lyon-Marseille. Ce qui vit / ce qu'on voit / ce qui pousse.
Depuis la version 3.14 de QGIS, les utilisateurs de ce système d'information géographique (SIG) ont la possibilité d'afficher des couches rasters ou vectorielles en fonction de paramètres temporels.
Nous faisons le postulat que, dans le cadre de l'enseignement de l'Histoire et de la Géographie, l'ajout d'une dimension chronologique aux représentations cartographiques peut contribuer à une meilleure compréhension et appropriation des processus mais aussi des concepts abordés dans nos disciplines.
Nous illustrerons ici ce propos à travers deux exemples tirés de la mise en œuvre des programmes d'Histoire et de Géographie de collège. Nous tenterons également de cerner les limites et les perspectives de cet outil.
Deux exemples de mise en œuvre du contrôleur temporel de QGIS
I- Programme de 3e - La Première Guerre mondiale, échelle et déroulement du conflit au prisme des plaques commémoratives de l'église Saint-Sauveur de Montivilliers (Seine-Maritime)
Cette base de données fait l'objet dans un premier temps d'un travail d'analyse de données par les élèves. La « carte temporelle » élaborée à partir de cette analyse est conçue comme un prolongement de ce travail. En ce sens, elle facilite la généralisation à partir de l'exemple étudié par les élèves. Ainsi la répartition des décès dessine la ligne de front qui caractérise la guerre de position. Il est possible de constater la reprise de la guerre de mouvement à la fin du conflit. La concentration successive en certaines parties de la ligne de front durant la guerre de position permet de formuler l'hypothèse de batailles de grande ampleur. Par ailleurs, les décès intervenus lors de la campagne des Dardanelles ou dans les colonies sont une occasion d'évoquer la dimension mondiale du conflit. Enfin, les décès intervenus loin du théâtre des opérations témoignent de l'articulation entre le front et l'arrière.
Répartition des lieux de décès des soldats de Montivilliers
Animation - Répartition des soldats de Montivilliers morts sur le champ de bataille
Parmi celles-ci figurent le lieu et la date de décès de ces soldats. Elles fournissent les paramètres nécessaires à la réalisation d'une "carte temporelle" avec QGIS. Pour prendre en main ce nouvel outil, le tutoriel de Nyall Dawson est particulièrement éclairant. Il présente le
fonctionnement basique de cet outil ainsi que des usages plus pointus
(compteur, barre de défilement temporel).
Tutoriel simple pour la réalisation d'une animation avec des effectifs cumulés
Nous présentons ici l'élaboration pas à pas de l'animation, de la mise en forme du tableau de données à son affichage dans QGIS. Pour ce faire, nous nous appuierons sur un extrait de la base.
Dans un premier temps, il faut préparer la base de données afin de permettre son affichage dans QGIS :
Étape 1 : Géolocaliser
En premier lieu, les lieux de décès des soldats sont géolocalisés. Pour ce faire, leurs coordonnées géographiques sont ajoutées à la base.
Étape 2 : Établir les effectifs cumulés par lieux de décès
Ensuite, les données sont triées par ordre alphabétique des lieux de décès puis par ordre chronologique des dates de décès.
Cette opération permet de réaliser ensuite le décompte des effectifs cumulés successifs des soldats décédés par lieu de décès.
Étape 3 : Paramétrer l'affichage des figurés
Enfin, l'affichage de ces effectifs cumulés est paramétré selon les règles suivantes. Le champ DATE DU DECES est retenu pour débuter l'affichage du figuré. Pour y mettre un terme, un nouveau champ est ajouté à la base. Il est intitulé FIN AFFICHAGE. Sa date est conditionnée selon les modalités suivantes :
Si un seul soldat décède en un lieu donné, il faut indiquer la date de décès du dernier soldat de l'ensemble de la base ;
Si le soldat est le dernier soldat décédé en un même lieu, il faut
indiquer la date de décès du dernier soldat de l'ensemble de la base ;
Dans les autres cas, il faut indiquer la date de décès du prochain soldat.
Étape 4 : Enregistrer le tableau de données
Le tableau est désormais prêt à être importé dans QGIS et est enregistré au format *.csv.
Étape 5 : Créer une couche vectorielle dans QGIS
Le tableau est importé en tant que couche vectorielle dans QGIS (Couche / Ajouter une couche / Ajouter une couche de texte délimité). Les champs LATITUDE ET LONGITUDE permettent de géolocaliser chaque figuré ponctuel. La prise en compte des différents types de données (chaîne de caractères, nombre décimal, nombre entier, date) est automatique.
La couche vectorielle ainsi créée est ensuite enregistrée dans l'un des formats qui gèrent les champs au format date (GéoPackage, Shapefile, SQLite, ...).
Étape 6 : Réaliser une carte avec des figurés proportionnels
Les figurés ponctuels sont ensuite représentés sous la forme de cercles proportionnels au nombre de décès cumulés en un même lieu, c'est-à-dire au champ NOMBRE.
Étape 7 : Paramétrer l'animation temporelle
L'affichage dynamique des cercles proportionnels est ensuite réglé en fonction des paramètres définis précédemment. Pour ce faire, il faut ouvrir le panneau Propriétés de la couche puis l'onglet Paramètres temporels. Après activation du contrôleur temporel dynamique, il faut définir la configuration, les bornes d'affichage et les champs qui leur sont associés.
Étape 8 : Lire l'animation
Après sélection de la couche dans le panneau latéral, l'activation du panneau de contrôle temporel permet de lire l'animation. Elle s'inscrit dans une plage dont les bornes sont définies par défaut en fonction des réglages précédents (DATE DE DECES la plus ancienne, FIN AFFICHAGE la plus récente).
Le réglage du pas permet ensuite de paramétrer la vitesse de défilement des figuré.
Ici, nous avons réglé le pas sur deux jours. L'animation peut être visualisée ci-dessous :
II- Programme de 4e - Transition urbaine, villes millionnaires et
mégapoles (1950-2020)
C'est pourquoi nous employons une "carte temporelle" pour mettre en perspective les deux études de cas préconisées par les instructions officielles, en l'occurrence New York et Kinshasa.
Il est à noter que la conception de cette carte n'est pas tout à fait similaire à la précédente. En effet, il ne s'agit plus d'effectifs cumulés, c'est-à-dire de données continues, mais de données discontinues. Les populations urbaines sont en effet disponibles selon un pas de cinq ans. La "carte temporelle" réalisée est donc davantage une succession animée des populations des villes millionnaires ou des mégapoles entre 1950 et 2020.
Il est possible de paramétrer l'affichage de la carte pour faire disparaître le caractère saccadé de l'affichage lié à la discontinuité temporelle des données. Nous n'avons pas fait ce choix afin de souligner la relation entre ressources statistiques disponibles et représentation cartographique.
Animation - Évolution de la population des agglomérations millionnaires entre 1950 et 2020
Perspectives
La dimension chronologique n'est évidemment pas étrangère à la pensée spatiale et par voie de conséquence aux représentations cartographiques, qu'elle serve à étudier l'évolution d'un phénomène ou une variable temporelle comme les cartes isochrones. La géomatique permet de renouveler pour partie ces représentations, notamment par une plus grande interactivité ou une actualisation, parfois en "temps réel", des données représentées. Des "cartes temporelles" sont par conséquent mobilisées par de nombreux domaines scientifiques. Citons par exemple la gestion et la prévention des risques sanitaires et environnementaux,
le suivi du changement global, la gestion de certaines ressources comme
l'eau ou la planification en matière de mobilités. Leur irruption dans le champ scientifique est relativement ancienne. Ainsi, Waldo Tobler mobilise dès les années 1970 une animation pour appréhender la croissance démographique à Détroit. Ces représentations cartographiques font également partie de notre quotidien. Que l'on songe par exemple aux animations des bulletins météorologiques. Or, elles apparaissent peu mobilisées dans l'enseignement de la Géographie dans le secondaire en France. Par ailleurs, les pratiques issues des usages des cartes" statiques" prédominent, en particulier la confrontation d'une même portion d'espace à des dates différentes à des fins comparatives. C'est ce que propose notamment le site de l'IGN intitulé Remonter le temps !. Plus généralement, les données sur lesquelles s'appuient ces pratiques sont avant tout des images aériennes ou satellitaires. Les animations qui reposent sur des données quantitatives précédemment présentées sont d'un usage encore peu fréquent.
L'analyse et l'interprétation de telles "cartes temporelles" avec des élèves du Secondaire sont, à notre connaissance, des pistes peu étudiées. Nous livrons ici quelques pistes d'interprétation. Ce n'est pas tant la durée représentée, très différente entre les deux animations évoquées, que le nombre d'entités successivement affichées qui permet, selon nous, de faire sens. Cependant, la nécessité de renouveler, parfois, le visionnage de ces animations peut peut-être représenter une limite à leur interprétation par les élèves. Si l'accumulation de figurés permet de révéler une information géographique, la multiplication des villes millionnaires en Chine par exemple, ou historique, comme le déroulement d'une bataille majeure de la Première Guerre mondiale, elle focalise le regard et l'attention. Il est possible qu'elle contribue à détourner les élèves d'autres aspects tout aussi pertinents mais moins spectaculaires.
Par ailleurs, si les deux "cartes temporelles" présentées peuvent apparaître comme identiques aux yeux des élèves, il nous semble nécessaire d'attirer leur attention sur les données qui ont permis leur réalisation. Elles ne sont pas comparables. Des données discrètes ont servi à l'élaboration de la représentation de l'évolution de la population des villes millionnaires. A l'inverse, l'animation qui illustre les lieux de décès des soldats de Montivilliers s'appuie sur des données continues.
L'élaboration de chaque animation relève par ailleurs de choix qui doivent être explicités afin d'éduquer aux données et à leur usage. L'affichage fugace du lieu de décès d'un soldat de Montivilliers est une option que nous n'avons pas retenue afin de mettre en évidence le déroulement des combats (front, batailles principales).
L'application en ligne Asteroid Launcher permet d'étudier les conséquences d'un astéroïde qui toucherait la Terre. On peut faire varier le diamètre, la vitesse et l'angle d'impact de l'astéroïde. Ce simulateur permet de visualiser les effets dévastateurs d'un impact d'astéroïde en sélectionnant l'emplacement, le type (fer, roche, carbone, comète, etc.), le diamètre, la vitesse et l'angle d'entrée de l'astéroïde. Les données issues de la base SEDAC permettent en outre de calculer l'impact sur la population et sur les habitations.
La simulation est basée sur des articles de Gareth Collins et Clemens Rumpf.
Gareth S. COllins, H. Jay Melosh, Robert A. Marcus (2005). Earth Impact Effects Program: A Web-based computer program for calculating the regional environmental consequences of a meteoroid impact on Earth. Meteoritics & Planetary Science 40, Nr 6, 817–840. https://impact.ese.ic.ac.uk/ImpactEarth/ImpactEffects/effects.pdf
La part des jeunes dans la population de l’Union européenne devrait continuer à baisser d’ici 2050 (moins de 15% contre 16,3% en moyenne en 2021) avec des écarts importants selon les régions (Nuts3).
Évolution de la part des jeunes dans la population de l'Union européenne - projection 2021-2050 (source : Eurostat)
Au 1er janvier 2021, les jeunes (âgés de 15 à 29 ans) représentaient environ 16,3 % de la population totale de l’ UE. Ils représentaient plus d’un quart de la population totale de la région de la capitale danoise Byen København (26,7 %), ainsi que dans les villes étudiantes d’Overig aux Pays-Bas (25,4 %) ou de Heidelberg en Allemagne (25,1 %). Il y a 46 régions de niveau NUTS 3 dans l’UE où les jeunes représentent au moins un cinquième de la population totale. Ces régions sont principalement des régions urbaines avec de nombreuses villes universitaires concentrées dans un petit nombre d’États membres de l’UE — Belgique, Danemark, Allemagne, Grèce, Espagne, France, Chypre, Pays-Bas et Suède.
Sur la base des projections démographiques d’Eurostat « EUROPOP2019 », les jeunes représenteront 14,9 % de la population de l’UE d’ici 2050, soit une part inférieure de 1,4 point à leur part au 1er janvier 2021, ce qui témoigne d’un vieillissement progressif de la population de l’UE. Selon ces projections, la proportion de jeunes devrait rester constante ou continuer à croître dans les 16 régions, qui avaient déjà une proportion relativement élevée de jeunes en 2021. Ces régions sont presque exclusivement situées en Allemagne (14 régions), à l’exception de Bezirk Verviers — Deutschsprachige Gemeinschaft en Belgique, et de l’un des départements français d’outre-mer, Mayotte. À l’autre bout de l’échelle, il y a trois régions où la proportion de jeunes devrait diminuer de plus de 30 %: Chełmsko-zamojski (-31,7 %), Paris (-32,1 %) et Noord- Drenthe aux Pays-Bas (-35,2 %).
Cet Atlas des territoires éducatifs à La Réunion est proposé dans le cadre du projet de recherche « Géographie de l’école réunionnaise » (GEORUN) porté par le laboratoire ICARE (EA 7389, Université de la Réunion). La cartographie permet de mettre en évidence le fonctionnement des territoires scolaires. Elle invite à contextualiser et à mettre en débat des questions concernant l'École.
OBJECTIFS
Il s'agit de dresser un panorama de l’école à la Réunion à partir de données statistiques issues de différentes bases de données à l'échelle nationale et académique :
Quelle est l’implantation des établissements scolaires ?
Y a-t-il des spécificités des territoires éducatifs à La Réunion ?
Comment traiter des inégalités scolaires en interrogeant les déterminants socio-économiques et socio-culturels ?
Pour en savoir plus : voir le descriptif du projet de recherche Georun.
ENJEUX ET PERSPECTIVES
Les enjeux économiques et sociaux sont importants pour le territoire de la Réunion qui accuse des inégalités socio-spatiales et souhaite pouvoir réduire les fractures scolaires. Le projet revêt une double dimension valorisation et prospective :
la production d’un Atlas des territoires éducatifs est de nature à intéresser la société civile, les institutionnels et les décideurs ainsi que tous les partenaires de l’éducation (enseignants, parents, élèves, étudiants...), de l’enseignement primaire et secondaire ainsi que de l’enseignement supérieur, où les étudiants viennent avec leurs parcours scolaires
outre la valorisation de résultats scientifiques, ce projet peut permettre de mettre en place, avec les différents partenaires, un outil de réflexion et d'aide à la décision.
DISPARITÉS ENTRE ETABLISSEMENTS SCOLAIRES A PARTIR DE l'IPS
Depuis octobre 2022, le Ministère de l'Éducation Nationale a publié en open data les données concernant l'Indice de position sociale (IPS) des écoles et des collèges. Cela traduit un progrès notable dans le mouvement d'ouverture des données publiques. Bien que l'on ne dispose pas des écarts-types ni des évolutions au sein de chaque établissement, ces données permettent de conduire des analyses socio-territoriales à l'échelle de la France métropolitaine et des Départements et Régions d'Outre-Mer. La carte ci-dessous permet d'étudier les données IPS concernant La Réunion, un territoire ultramarin particulièrement touché par les inégalités scolaires.
Cliquer sur les établissements scolaires pour faire apparaître leur nom, leur effectif et leur IPS