Pour un spatio-féminisme. De l'espace à la carte (Nepthys Zwer)


«  Nos usages de l'espace reflètent notre situation sociale. En effet, le rapport qu'une personne entretient avec l'espace en dit long sur la place et le rôle qui lui reviennent en société. Où et comment habite-t-elle, vit-elle, travaille-t-elle ? Dans quel périmètre sa vie se déploie-t-elle ? Comment se déplace-t-elle et à quelle vitesse ? »

Zwer Nepthys (2024). Pour un spatio-féminisme. De l'espace à la carte. La Découverte

Dans cet essai novateur, richement illustré et nourri de théories féministes, Nepthys Zwer mobilise l'approche spatiale pour apporter un nouveau regard sur les phénomènes d'aliénation, de soumission et de domination. Alors que la cartographie a toujours été employée et instrumentalisée par les pouvoirs dominants masculins, Nepthys Zwer se sert de la contre-cartographie pour révéler d'autres aspects de notre rapport à l'espace et explorer au travers des représentations mentales, imaginaires et culturelles, l'assignation dans l'espace public. Cet ouvrage cherche les voies d'une émancipation, non seulement pour dénoncer mais aussi pour dépasser les situations d'inégalité et d'injustice sociale que subissent les groupes subalternes.

Nepthys Zwer, chercheuse en histoire, est une spécialiste de l'œuvre d'Otto Neurath et du système graphique d'information Isotype. Elle est notamment l'autrice de L'Ingénierie sociale d'Otto Neurath, paru aux PURH en 2018 et de Cartographie radicale. Explorations (Dominique Carré/La Découverte, 2021) avec Philippe Rekacewicz, et a dirigé Ceci n'est pas un atlas (Éditions du commun, 2023). Elle anime imagomundi.fr, site de recherche indépendant dédié à nos représentations de l'espace.

Pour en savoir plus

«  Le spatio-féminisme selon Nepthys Zwer ». Interview de l'autrice par Quentin Lafay dans le cadre du podcast L'Idée sur France Culture. Notre espace ne relève pas de l'évidence avec laquelle on l'arpente au quotidien. La ville est-elle un espace neutre ? Comment l’espace et la géographie participent à construire les inégalités entre les hommes et les femmes ? En quoi notre rapport à l'espace est-il genré ?

«  Le spatio-féminisme ». Le mot est présenté dans l'émission Zoom zoom zen sur France Inter. Alors que la cartographie a toujours été employée et instrumentalisée par les pouvoirs dominants masculins, Nepthys Zwer se sert de la contre-cartographie pour révéler d'autres aspects de notre rapport à l'espace.

«  Pour un spatio-féminisme, De l'espace à la carte ». CR de l'ouvrage par Justine Collin pour Cybergéo. Les cartes réalisées par les citoyen.ne.s illustrent la revendication d’un droit à la ville face aux signes manifestes d’une gentrification accélérée où les familles sont forcées de partir en périphérie. C’est peut-être là le point faible de cet ouvrage, bien que très ambitieux et illustré : il ne laisse pas à une place suffisante au travail de terrain réalisé par l’autrice en détaillant les différentes étapes de la réalisation d’une contre-carte.

Lien ajouté le 30 septembre 2025

«  La difficile mobilité urbaine des femmes actives en Amérique latine » (The Conversation)

Celia Herrera (Université catholique Andrés Bello) étudie la mobilité des femmes en Amérique latine. Elle montre, à partir de l'exemple de Caracas (Vénézuéla) que les contraintes urbaines et sociales produisent des inégalités d’accès aux ressources, faisant de la mobilité un révélateur des rapports de genre dans la ville. L'Indice de marchabilité sensible au genre, développé par la Banque interaméricaine de développement, constitue une référence pionnière pour la collecte de données et la conception de politiques de mobilité urbaine intégrant une perspective de genre. Cet indice propose des outils et des critères pratiques (état des trottoirs, connectivité, sécurité routière, façades et bâtiments, confort et mobilier urbain, signalisation) pour évaluer l'accessibilité et la sécurité urbaines à partir de l'expérience des femmes et des filles.

Lien ajouté le 23 octobre 2025

«  Compter les féminicides. Le féminisme des données en action ». Par Catherine D'Ignazio

Pourquoi les militants de base en Amérique latine comptent les féminicides – et comment ce travail vital de justice sociale remet en question la science des données traditionnelle. Ce qui n'est pas comptabilisé ne compte pas. Et les institutions traditionnelles omettent systématiquement de rendre compte des féminicides, ces meurtres de femmes et de filles liés au genre, notamment les femmes cisgenres et transgenres. Face à cette lacune, Counting Feminicide met en lumière le travail des activistes des données des Amériques qui documentent ces meurtres et remettent en question la logique dominante de la science des données en plaçant le soin, la mémoire et la justice au cœur de leur travail. S'appuyant sur Data Against Feminicide, un projet de recherche collaborative à grande échelle, Catherine D'Ignazio décrit le travail créatif, intellectuel et émotionnel des activistes des données sur les féminicides, à l'avant-garde d'une éthique des données qui prend en compte rigoureusement et systématiquement le pouvoir et les personnes.

La carte des féminicides au Mexique de l'ingénieure et militante des droits humains María Salguero (une nouvelle version de sa carte est en cours de réalisation ). Entre 2016 et 2021, M. Salguero a recensé environ 10 000 féminicides, en rassemblant manuellement des informations provenant de registres officiels, des médias et d'autres sources. Sa carte identifie chaque victime et, lorsque cela est possible, l'agresseur et les circonstances du crime.


Articles connexes



La carte, objet éminemment politique. Cartographie radicale par Nepthys Zwer et Philippe Rekacewicz