Le Blanc des cartes. Quand le vide s'éclaire (Atlas Autrement)


Sylvain Genevois, Matthieu Noucher. Le Blanc des cartes. Quand le vide s'éclaire. Atlas Autrement, mai 2024. Cartographe : Xemartin Laborde.

Lors de la publication d’un nouvel atlas, les auteurs s’interrogent en général sur les connaissances géographiques qu’ils souhaitent porter au regard et à l’analyse du lecteur. C’est du moins ainsi qu’ont longtemps été produits les atlas géographiques dans l’idée de dévoiler le monde en  partant de ses éléments constitutifs : d’aller des « pleins » aux « vides », du visible à l’invisible. Le présent atlas prend le parti résolument inverse en choisissant de s’intéresser d’abord au vide. Le Vide – dans un sens absolu – n’existe pas sur la planète. S’il n’y a rien, c’est déjà qu’il y a quelque chose...

Absence d’informations ou de données, oublis involontaires ou invisibilisation à des fins politiques ou culturelles, les blancs laissés sur les cartes ne sont pas neutres. Ces zones vides décuplent la curiosité et parfois même les fantasmes de ce qu’elles représentent ou peuvent cacher. Ce qui est vide est-il le reflet du rien ? Alors que nous sommes aujourd’hui saturés de données disponibles, des blancs sur les cartes subsistent. Les auteurs dévoilent ici, grâce à une quarantaine de cartes, un nouveau monde et révèlent la diversité de ces « silences » cartographiques.

PLAN DE L'ATLAS

Introduction. Pour un atlas du vide

I) DU DÉLUGE AUX DÉSERTS DE DONNÉES

  • Google Street View, une vision fragmentée du monde 
  • Les fonds marins. Une exploration encore lacunaire
  • OpenStreetMap, une carte mondiale ?
  • Quand le vide en dit plus que le plein
  • Les territoires invisibilisés
  • Sous le blanc des nuages

II) FAIRE PARLER LES BLANCS DES CARTES

  • Null Island
  • Latitude Zéro
  • Point Nemo
  • « Null value », « Null countries »
  • Isohypse zéro
  • Zéro pointé

III) REPRÉSENTER LE VIDE

  • Personne n’habite ici
  • Plus personne ne réside ici
  • Personne n’est connecté ici
  • Rien à voir ici ?

IV) RÉVÉLER OU MASQUER LE BLANC

  • Quiet zone
  • Le brouillard de la guerre
  • Combler les blancs de la carte
  • Rendre visible la relégation
  • Faire exister les blancs
  • Balises AIS et pêche illégale
  • Survol aérien interdit

CONCLUSION

ANNEXES

  • Bibliographie
  • Sources
  • Les auteurs

 Pour en savoir plus, voir le site de l'éditeur.

Personne n'habite ici (source : Le Blanc des cartes. Quand le vide s'éclaire)

Dans ce type de représentations, le vert exprime ce qui, en principe, est laissé en blanc pour évoquer le « vide » démographique ou la très faible densité. En réalité, ces zones sont humanisées et mises en valeur, l'occupation humaine étant seulement non permanente.

Le vide et l’absence sont à prendre en compte de trois manières dans cet Atlas :

  • lorsque l’information géographique n’a pas été jugée suffisamment importante pour être cartographiée ;
  • lorsqu’on en a une notion trop vague ;
  • lorsque l’on choisit, pour toutes sortes de motifs conscients ou inconscients, de la rendre invisible. Brian J. Harley a souligné que les « silences cartographiques » n’ont rien d’oublis naïfs, mais peuvent relever d’intentionnalités politiques ou culturelles et agir sur nos imaginaires. 

Les règles que les auteurs se sont données pour représenter les différents types de blancs :
  • absence de données = vrais blancs. Cela peut correspondre aussi bien à des données non disponibles (N/A ou N/D), non connues ou non communicables (N/C) ;
  • données floues = autre couleur. Le gris est en général plus à même de représenter les « zones grises » liées à des zones de conflits, d’instabilité économique ou politique, de trafics en tout genre où le maintien de l’opacité des données peut être volontaire ;
  • valeurs inversées = choix d'une autre couleur qui tranche. La couleur choisie est le vert dans le cas de la série de cartes « Personne n'habite ici », de manière à faire ressortir le phénomène. Ce vert décliné en différents tons, est ce qui a fini par présider à la charte graphique de l'Atlas.
Les « terra incognitae » ont changé par rapport aux cartes d'autrefois. Cartographier les blancs, ce n'est plus seulement combler les vides, mais prendre en compte le flou, le transitoire, l'incertain...

Pour en savoir plus

  • « Le blanc des cartes : quand le vide s’éclaire » (CR des Clionautes)
  • « Le Blanc des cartes  : ce qu’il révèle » (Le Mag du Ciné)
  • « Le blanc des cartes : les mystères du vide ? » (France Culture)
  • « Le Blanc des cartes, l’envers à moitié vide » (Libération)
  • #BlancsDesCartes : sélection de ressources sur le sujet (X-Twitter)

Liens ajoutés le 5 juin 2024

Lien ajouté le 28 mai 2024 

Lien ajouté le 23 juin 2024

Lien ajouté le 13 novembre 2024

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