I) Présentation et prise en main du site Migration Patterns
Présentation de l'application en ligne
Migration Patterns est une carte interactive de l'US Census Bureau et de l'Université de Harvard qui montre les zones géographiques où les jeunes Américains s'installent. La carte permet de cliquer sur n'importe quelle "zone de navettage" (commuting zone) pour voir où les jeunes adultes « se déplacent entre l'enfance (lieu de vie à 16 ans) et le jeune âge adulte (lieu de vie à 26 ans) ». Le site peut être utilisé de plusieurs manières :
- en déplaçant la souris à la surface de la carte interactive de manière à faire apparaître les aires d'origine/destination (plus la couleur est bleue, plus le pourcentage de jeunes adultes ayant déménagé depuis ou vers ces zones est important) ;
- en cliquant sur une zone de navettage au choix (celle-ci devient orange) ou en utilisant le moteur de recherche pour savoir combien de jeunes adultes sont restés sur place et sur quelle distance ils ont déménagé en moyenne pour leur travail et si cette distance est inférieure ou supérieure à la moyenne nationale (181 miles) ;
- en sélectionnant les options fournies qui permettent d'examiner les schémas de migration pour des groupes démographiques spécifiques (Noirs, Hispaniques, Blancs, Asiatiques) et par rapport au niveau de revenu des parents. L'application permet de comparer avec les zones de navettage du même Etat ou du reste des Etats-Unis.
Données et méthodologie
Le site utilise les données fiscales de l'Etat fédéral pour les années 1994, 1995, 1998-2018 en lien avec les données de recensement 2000 et 2010, les données de l'American Community Survey de 2005-2018 et les informations d'adressage du ministère du Logement et du Développement urbain. L'échantillon d'analyse couvre les enfants nés entre 1984 et 1992 à partir de leur lieu de vie à 16 ans et à 26 ans. Les données sont sujettes à des erreurs dues à la variation d'échantillonnage et à l'ajout de bruit pour éviter la divulgation de données privées.
Il s'agit de montrer l'incidence géographique de la croissance du marché du travail local en fonction des lieux de résidence dans l'enfance. La question principale est la suivante : lorsque les salaires augmentent sur un marché du travail américain donné, les avantages vont-ils aux individus qui grandissent dans des aires proches ou dans des aires éloignées ? Cette matrice de migration montre que 80% des jeunes adultes migrent à moins de 100 miles de l'endroit où ils ont grandi. 90% migrent à moins de 500 miles. Les distances de migration sont plus courtes pour les personnes noires et hispaniques et pour celles issues de familles à faible revenu. Ces modèles de migration fournissent des informations sur l'incidence géographique de premier ordre de la croissance des salaires locaux. Ils sont issus de résultats de recherche dans le cadre d'une collaboration entre l'US Census Bureau et l'Université de Harvard. Les opinions et conclusions exprimées sont celles des auteurs et ne reflètent pas forcément les vues de l'US Census Bureau.
Atouts et limites de ce site de cartographie interactive
Les données sont téléchargeables sous forme de fichier zip (274 Mo). Il convient de remarquer qu'elles ne prennent pas en compte le dernier recensement de 2020 et qu'elles sont représentées assez classiquement sous forme de carte choroplèthe (aires de départ/arrivée), alors qu'on pourrait avoir des cartes de flux origine-destination. La cartographie interactive est malgré tout intéressante, elle permet de faire ressortir des schémas (patterns) de mobilité et de mettre en évidence des logiques de proximité/éloignement géographique. L'idée que les mobilités résidentielles des 16-26 ans seraient principalement motivées par le marché du travail peut également être discutée.
Pour en savoir plus sur la méthodologie, voir l'article de Ben Sprung-Keyser, Nathaniel Hendren et Sonya Porter (juillet 2022) :
The Radius of Economic Opportunity : Evidence from Migration and Local Labor Markets
II) Pistes d'exploitation pédagogique pour analyser les mobilités résidentielles
1) Faire apparaître les logiques de proximité en montrant les aires d'attraction à l'échelle locale ou régionale
Voici par exemple le cas de Kansas City dont l'aire d'attraction est principalement locale. On peut prendre d'autres cas semblables ou différents...
2) Mesurer les limites des logiques de proximité, notamment pour les grandes villes qui peuvent attirer des jeunes (ou en envoyer vers) d'autres régions des Etats Unis.
Voici par exemple le cas de San Francisco. On peut prendre d'autres cas semblables ou différents...
3) Montrer les différences selon l'appartenance ethnique et/ou les revenus des parents
Voici le cas Saint-Louis. 81% des jeunes adultes noirs restent dans la ville. Lorsqu'ils déménagent, c'est par exemple vers Atlanta, surtout pour les Noirs à revenus supérieurs. On peut prendre des exemples montrant des schémas migratoires semblables ou différents.
Merci pour la référence. Voici le lien direct vers l'article sur Nature : https://t.co/NmkSRKYIYB
— Sylvain Genevois (@mirbole01) August 15, 2022
Les auteurs analysent sur Facebook les "amitiés" de 72 millions d'Américains âgés de 25 à 44 ans. Données consultables sur le site d'Opportunity Insightshttps://t.co/XTZgpYzbs0 pic.twitter.com/Hconoxsblu
Cette étude sur la connectivité semble montrer qu'on peut sortir du déterminisme géographique du lieu de résidence : "Grandir dans une communauté connectée améliore les résultats des enfants et leur donne une meilleure chance de sortir de la pauvreté"https://t.co/DmE8cOTfIK pic.twitter.com/HjXYyNlkPG
— Sylvain Genevois (@mirbole01) August 15, 2022
Map shows the share of the population that resides in the state where they were born. Source: https://t.co/8U3jJ54lnG pic.twitter.com/pUeqpDPpmp
— Simon Kuestenmacher (@simongerman600) August 19, 2022
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