MPAtlas, lancé en 2012, est une initiative du Marine Conservation Institute qui souhaite fournir une évaluation indépendante et une vision plus nuancée de la protection marine en se concentrant sur le sous-ensemble d'aires marines réellement protégées pas des réglementations strictes sur l'extraction humaine (no-take). Cet atlas en ligne est tout-à-fait intéressant pour étudier la mise en œuvre réelle (de fait encore très incomplète) de la protection marine par les Etats.
L'Atlas de protection marine proposé par le Marine Conservation Institute (MPAtlas)
Seuls 6.2% des aires marines nationales sont dans des zones mises en œuvre considérées comme "entièrement" ou "hautement protégées". Le MPAtlas distingue 8 niveaux de protection basés sur les réglementations : du vert (niveau élevé de protection) au jaune (niveau faible avec des extractions régulières). Voir le guide et l'arbre de décision qui permet de comprendre la méthode de classification en fonction des activités autorisées ou non dans ces aires marines protégées.
Il n'y a que 7 pays ou territoires qui ont protégé plus de 10 % de leurs aires marines à l'intérieur de zones entièrement ou hautement protégées. Pour la France, le taux de haute protection est seulement de 1,5% (avec des différences selon les aires marines). Voir le détail du classement par pays qui permet de faire des comparaisons intéressantes.
En ce qui concerne la pêche, seuls 2,4% des espaces océaniques sont entièrement ou hautement protégés contre les impacts de la pêche. Le Marine Conservation Institute milite pour atteindre 30% en 2030 (objectif dit 30x30). Voir la carte interactive consacrée à la protection mondiale de de la pêche maritime. Un site SIG en ligne permet d'activer ou désactiver les couches et de conduire des analyses plus détaillées.
Le Marine Conservation Institute a créé l'initiative Blue Parks pour récompenser les aires marines protégées (AMP) qui protègent véritablement la biodiversité marine. Il s'agit également de définir des normes scientifiques pour l'évaluation et le suivi de ces aires.
La base de données de l'Atlas de la protection marine (MPAtlas) diffère de la base de données mondiale des aires protégées (WDPA) qui reste la référence. La WDPA est le catalogue officiel des aires marines et terrestres protégées ; il héberge le plus grand ensemble de données mondiales sur les aires protégées autodéclarées par 245 pays à travers le monde. Cet ensemble de données comprend des informations de base telles que l'emplacement, la zone, les limites spatiales, le type de gouvernance et l'autorité de gestion. La WDPA a été créée en 1981 grâce à un effort conjoint entre le Centre mondial de surveillance de la conservation du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE-WCMC) et la Commission mondiale des aires protégées (WCPA) de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Le but du MPAtlas est davantage de classer les zones en fonction de leurs résultats réels. Sans la mise en place de solides mesures de protection, une aire marine protégée n'a pas les bonnes caractéristiques pour contribuer de manière efficace et mesurable à la conservation de la biodiversité. La WDPA classe les AMP en fonction des objectifs de gestion de l'UICN, tandis que le MPAtlas classe les zones en fonction des déterminants de leurs résultats de conservation. Cette distinction est importante car les objectifs sur papier ne correspondent pas toujours aux réglementations et à la gestion mises en œuvre, et donc aux résultats de conservation. De plus, une AMP est étiquetée « protégée » selon la WDPA au moment de la désignation légale ; cependant, la biodiversité n'est pas sauvegardée tant que les protections ne sont pas légalement mises en œuvre et que l'AMP n'est pas entrée en phase de gestion active sur l'eau. À première vue, les différences dans les statistiques communiquées par ces deux bases de données peuvent sembler contradictoires, mais en réalité la WDPA et MPAtlas fournissent des informations complémentaires sur la protection marine mondiale. L'existence des deux bases de données permet à la WDPA de jouer le rôle de dépositaire des données déclarées au niveau national et à MPAtlas de jouer le rôle d'évaluateur tiers. Ensemble, ces systèmes devraient pouvoir conduire à des objectifs de progrès et de collaboration internationale en matière de conservation marine.
Lien ajouté le 4 octobre 2023
« Les aires protégées à usages multiples sont essentielles pour une conservation équitable et efficace » (article One Earth). Avec une carte et un graphique utiles pour comparer les aires maritimes et terrestres ainsi que leur niveau de protectionhttps://t.co/VXDsMNoI33 pic.twitter.com/sTbqTW7jjN
— Sylvain Genevois (@mirbole01) October 4, 2023
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