Dans le cadre des débats actuels autour de la ruralité, la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du Ministère de l'Education Nationale (MEN) propose une typologie des communes pour caractériser les territoires, à des fins d’étude et de pilotage du système éducatif.
1) Une typologie des communes pour décrire le système éducatif - Note d'information de la DEPP n°19.35 - octobre 2019 (à consulter)
Cette démarche inclut une définition du rural et de l’urbain, et propose également des distinctions au sein de ces deux sous-ensembles. Neuf types de communes sont définis pour la France métropolitaine, en combinant trois zonages et outils de l’Insee : deux se rapportent à la morphologie de la commune (zonage en unités urbaines et grille de densité), le troisième aux liens fonctionnels que les communes entretiennent entre elles, et avec les grands pôles urbains, au sens des trajets domicile-travail (zonage en aires urbaines). A ce stade, cette typologie ne couvre pas les départements d'outre-mer, la grille de densité n'étant pas disponible pour trois d'entre eux (Guadeloupe, Guyane et Mayotte).
Le travail statistique a visé à produire des catégories de communes suffisamment homogènes, au sens des valeurs prises sur des indicateurs scolaires fréquemment associés à la ruralité :
- existence d’une école publique sur le territoire de la commune,
- taille de cette école
- appartenance à un réseau pédagogique intercommunal (RPI)
Typologie des communes rurales et urbaines (source : DEPP-MEN)
Six habitants sur dix et autant d’élèves résident dans les communes urbaines denses et très denses. Dès que la commune est très peu dense, la proportion d’élèves n’ayant pas d’école publique dans leur commune devient élevée et dépasse 45 %. La proportion d’élèves scolarisés dans un réseau pédagogique intercommunal (RPI) y atteint ou dépasse 30 %, alors qu’elle est inférieure à 15 % dans les autres types de communes. En revanche, la proportion d’élèves dans une école publique à 1 ou 2 classes ne fait pas apparaître de césure marquée.
Les territoires se distinguent également selon les conditions socio-économiques, induisant un contexte familial plus ou moins favorable à la réussite des élèves. Ce contexte peut être résumé par un indice de position sociale, qui est attribué aux familles des parents d’élèves à partir de leurs professions. La différenciation des territoires selon le contexte socio-économique reflète avant tout la proximité des grandes villes. Ces dernières sont plus dynamiques en termes de créations d’emploi, et concentrent les fonctions d’encadrement et à forte valeur ajoutée. Les familles de milieux sociaux favorisés y sont surreprésentées.
Les parcours des élèves se différencient également suivant le type de territoire, ce qui tient en partie au contexte socio-économique, aux conditions d’accès à l’offre scolaire et aux perceptions des familles vis-à-vis des études. Neuf ans après leur entrée en sixième, les élèves issus des communes rurales éloignées ont moins fréquemment obtenu un baccalauréat général ou technologique (46 % pour les élèves résidant dans des communes éloignées très peu denses) alors que cette proportion atteint 60 % pour les élèves qui résidaient en sixième dans une commune urbaine très dense.
Niveau de diplôme neuf ans après l’entrée en sixième, selon le type de commune
de résidence en sixième en % (source : DEPP-MEN)
de résidence en sixième en % (source : DEPP-MEN)
La proportion de jeunes en difficulté de lecture atteint son maximum
pour les jeunes résidant dans des petites villes (13 %, dont 6 % de
difficultés sévères). Elle est relativement élevée dans les communes
rurales éloignées et les bourgs (entre 12 % et 13 %). C’est dans les
communes urbaines périphériques peu denses qu’elle est la plus faible (9
%, dont 4 % de jeunes en difficultés sévères). Les écarts entre types
de territoires sont toutefois modérés, et doivent être interprétés avec
précaution, car ils peuvent être influencés par les migrations
résidentielles. Une partie des jeunes qui poursuivent des études
supérieures, ou accèdent à un emploi, vont résider en ville.
Les données sont téléchargeables au format XLS.
2) Une mesure de l’éloignement des collèges - Note d'information de la DEPP n°19.36 - octobre 2019 (à consulter)
La DEPP publie par ailleurs une autre note d'information qui concerne l’éloignement des collèges, y compris pour les départements d'outre-mer. L'indicateur synthétique tient compte pour un établissement donné :
- du profil de la commune de résidence des élèves (rurale, urbaine, dense ou peu dense...)
- de l’offre scolaire alentour aussi bien en lycée (distances à la formation de seconde générale et technologique, à la formation de seconde professionnelle, au Centre de formation en apprentissage les plus proches) qu’en collège (distances à la Segpa, aux dispositifs ULIS, UPE2A, aux sections linguistiques, etc.).
- de l’offre culturelle (bibliothèques, cinémas-théâtres) et sportive (bassins de natation, gymnases).
Si les collèges les moins éloignés se situent, très majoritairement,
dans les grandes agglomérations, les collèges les plus éloignés se
situent en outre-mer, le long de la diagonale allant des
Ardennes jusqu’aux Landes, ainsi qu’en zone de montagne. Pour la
plupart, ces collèges éloignés sont implantés dans une commune rurale. Les
collèges les plus éloignés sont plutôt homogènes socialement. Ils se
caractérisent par des moyens en enseignement plutôt supérieurs à la
moyenne, en raison notamment de leurs effectifs plus faibles. Les
résultats au Diplôme National du Brevet y sont légèrement meilleurs ; mais les différences
concernant l’orientation des élèves sont plus marquées, en faveur de la
voie professionnelle, en particulier de l’apprentissage.
Les données sont téléchargeables au format XLS.
Plusieurs enseignements ressortent de cette étude. Les collèges les moins éloignés se situent tous à Paris et dans la petite couronne. La plupart des collèges les plus éloignés sont ruraux. Les collèges les plus éloignés se situent notamment le long de la ligne allant des Ardennes jusqu’aux Landes. L’homogénéité sociale est plus grande pour les collèges les plus éloignés. Dans les collèges éloignés, le passage en seconde générale et technologique est moins fréquent. L’ancienneté des enseignants est plus faible dans les collèges les moins éloignés.
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