L'ampleur inégale de la déforestation en Amazonie selon Amazon Conservation


Source  : Finer M, Mamani N, Spore J (2022) Amazon Deforestation Hotspots 2021. MAAP : 153.

Le projet de surveillance de l'Amazonie andine (MAAP) d'Amazon Conservation a révélé dans son rapport qu'environ 1,9 million d'hectares ont été perdus en Amazonie en 2021, principalement au Brésil et en Bolivie. Les données cartographiques mettent en lumière les différentes causes de déforestation dans chaque pays, du fait notamment de l'agriculture, de l'élevage du bétail et de la construction de routes. Le rapport montre surtout que l'ampleur de la déforestation est inégale selon les pays.

Points chauds de déforestation en Amazonie (au 18 septembre 2021). Source : MAAP: 153


Comme le montrent les cartes et graphiques disponibles sur le site, l'évolution est différenciée selon les pays et régions de l'Amazonie. Au Brésil, la déforestation se produit le long des routes principales traversant les États de l'est et du sud-est (Acre, Amazonie, Pará et Rondônia). En Amazonie péruvienne, la plupart des pertes de forêt primaire ne se sont pas produites le long des routes, mais plutôt dans une zone concentrant des colonies mennonites. En Bolivie, les images satellites montrent un schéma de déforestation plus dispersé dans toute la forêt sèche du sud-est de Chiquitano. En Colombie, c'est l'élevage de bétail et l'agriculture de subsistance qui sont, à petite échelle, les principaux moteurs de la déforestation.

On peut noter deux enseignements positifs : 

  • la répression de l'exploitation minière illégale au Pérou 
  • une bande centrale contiguë de la forêt amazonienne qui agit toujours comme un puits de carbone

Accès aux rapports de surveillance de l'Amazonie andine (MAAP) d'Amazon Conservation pour les années 2021 et antérieures.

Lien ajouté le 5 septembre 2022


Lien ajouté le 6 juin 2023


Lien ajouté le 15 février 2024

Lien ajouté le 3 septembre 2025

Le sort des "rivières volantes" pourrait déterminer le « point de basculement » de l'Amazonie, selon un rapport (Programme MAAP)

Radwin présente un rapport de l’ONG Amazon Conservation (MAAP) sur le "tipping point" amazonien. L’étude montre comment les "rivières volantes", flux d’humidité recyclée par la forêt, conditionnent l’avenir du bassin et risquent d’être brisées par la déforestation. Le "tipping point" n’est pas un basculement instantané mais un processus progressif : certaines zones de l’Amazonie passent plus vite vers la savane. Les cartes du MAAP révèlent des risques différenciés selon les régions, soulignant l’importance d’analyses locales. L’Amazone recycle environ 75% de ses pluies grâce à l’évapotranspiration, parfois 5 à 6 fois avant que l’humidité ne bute sur les Andes. Mais quand la forêt est détruite, plus de 50% de l’eau s’écoule au lieu d’être recyclée, accentuant l’aridification et la mortalité des arbres. Selon certaines projections, 27% du bassin amazonien pourrait devenir savane partielle d’ici 2050 et 6% savane stable. Carlos Nobre (Université de São Paulo) rappelle qu’autrefois une sécheresse sévère survenait tous les 20 ans, mais quatre se sont produites en seulement deux décennies. Le sud du Pérou et le nord de la Bolivie dépendent particulièrement de ces rivières volantes. Le MAAP a observé qu’en saison sèche (juillet-août), la déforestation du Brésil interrompt ces flux, réduisant les pluies en aval, au détriment des Andes et de leurs populations. Le rapport avertit que la construction de routes, comme la BR-319 au Brésil, ouvre de nouveaux fronts de déforestation capables de bloquer ces flux d’humidité. Cette "route du tipping point" menace la stabilité climatique de toute l’Amazonie occidentale. Les chercheurs insistent sur la nécessité de réduire la déforestation dans l’est de l’Amazonie et de lancer des projets de restauration stratégique. L’enjeu est de reconstruire les bases du cycle hydrologique qui conditionne l’équilibre du biome. 


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