Cartographia. Comment les géographes (re)dessinent le Monde


Françoise Bahoken, Nicolas Lambert. Cartographia. Armand Colin, 2025, 240 p. (à découvrir sur le site de l'éditeur)

La Terre est-elle vraiment ronde ? Pourquoi le Nord est-il en haut sur nos cartes ? Quelle est réellement la plus haute montagne ? Les continents existent-ils vraiment ? Peut-on truquer une élection avec des cartes ? Autant de questions sérieuses ou insolites qui révèlent les dessous souvent méconnus de la fabrique cartographique. Dans cet essai accessible et richement illustré, Françoise Bahoken et Nicolas Lambert racontent comment les humains ont progressivement cartographié l’espace qui les entoure.

De la préhistoire à nos jours, de Claude Ptolémée à Albert Einstein, du précurseur Pei Xiu à l’ingénieuse Marie Tharp et l’horloger John Harrison, ce livre foisonnant d’anecdotes retrace une véritable épopée scientifique et technique, faite d’intuitions brillantes, d’erreurs fécondes et d’aventures humaines hors du commun. Dans une approche critique, il montre aussi que les cartes sont à la fois des instruments de connaissance au service du pouvoir et des outils de lutte pour le contester, voire le renverser.

Sommaire de l'ouvrage

Introduction : Il était une fois la cartographie.

Chapitre 1 : Mandarine ou citron ?
Forme. Quelle est la forme de la Terre ? Depuis quand le savons-nous ? Et comment a-t-il été possible d’en déterminer la taille ?

Chapitre 2 : Quelle heure est-il au pôle Nord ?
Coordonnées. Comment déterminer l’emplacement précis d’un lieu sur une carte ?

Chapitre 3 : « Un truc de fille »
Altitude. Comment mesurer la hauteur des montagnes ? Pourquoi choisir le niveau de la mer comme altitude 0 ? L'occasion de parler de Marie Tharp et du rôle des femmes en général en cartographie

Chapitre 4 : Le paradoxe de l’aviateur
Projection. Comment représenter la surface de la Terre sur une feuille de papier ?

Chapitre 5 : Breaking News
Orientation. Pourquoi le Nord est-il en haut ? Tous les cartographes procèdent-ils ainsi ?

Chapitre 6 : La trahison des images
Mensonge. Comment faire mentir les cartes ? Les longueurs n’existent pas, les cartographic traps, les vérités relatives de Google Maps, etc.

Chapitre 7 : Un sport de combat !
Pouvoir. « Qui contrôle la carte contrôle le monde » (Pierre Singaravélou, 2008).

Conclusion : Penser le monde en cartographe.

Auteurs

Françoise Bahoken est chercheuse du Développement durable à l’Université Gustave Eiffel (département Aménagement, mobilités, environnement – AME), chargée d’enseignements à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Associée au laboratoire Géographie-cités (CNRS) et à la Fondation Paul Ango Ela pour la géopolitique en Afrique centrale.

Nicolas Lambert est ingénieur de recherche CNRS au Centre pour l’analyse spatiale et la géovisualisation (RIATE). Il enseigne la cartographie à l’université Paris Cité et anime la rubrique « le regard du cartographe » dans le journal l’Humanité.

Lien ajouté le 8 octobre 2025

« Faut-il corriger la carte du monde et rendre à l'Afrique sa juste place ? » (TV5 Monde).

On peut se demander pourquoi notre vision du monde est restée toujours collée à la représentation de Mercator. Françoise Bahoken l'explique par la démocratisation de la géographie sur le web. "Les grands dispositifs sur le web utilisent tous cette projection par défaut". Google par exemple vient de changer récemment de projection, mais c'est une des explications. Dans d'autres milieux, celui de géographes, d'universitaires ou d'activistes, nous dit la chercheuse, ce n'est pas cette projection qui est privilégiée. Ils préfèrent adapter la projection à la région du monde étudiée et au théme représenté. La campagne "Correct the Map" pour faire adopter la projection de Gall-Peters, qui représente plus fidèlement la taille des continents et des pays. Soutenue à la mi-août par l'Union africaine, cette initiative veut développer l'usage de cartes donnant une image plus juste de la taille des pays. Des cartes que ces organisations veulent distribuer largement dans les salles de classe et les institutions internationales. Cela changerait considérablement les perceptions fausses sur les pays que des millions de gens ont pu se forger au cours des siècles.

Articles connexes

Mad Maps, « l'atlas qui va changer votre vision du monde » par Nicolas Lambert et Christine Zanin