James Monteith (1831–1890) a été une figure importante de l'enseignement de la géographie aux États-Unis à la fin du XIXe siècle, même s'il a été un peu oublié depuis. Il est l'auteur de manuels et de cartes destinés au grand public et principalement au public scolaire. Il a cherché des moyens novateurs (pour l'époque) afin de cartographier des espaces à différentes échelles et développer des activités pédagogiques à partir de cartes physiques ou politiques. Il a su utiliser les « marges de la carte » avec beaucoup de talent pour y glisser des coupes, des graphiques, des commentaires ou des questions pour les élèves.
A la suite du Tableau physique d'Alexandre Humboldt, les cartographes américains ont commencé à adopter les cartes physiques et les schémas comparatifs à partir des années 1820-1830. Monteith n'est pas le premier à le faire. Emma Willard avait déjà réalisé des cartes comparatives à usage scolaire quelques décennies auparavant. Monteith ne mentionne pas Emma Willard ni son proche collaborateur William Woodbridge, mais il est probable qu'ils l'aient influencé, son éditeur AS Barnes publiant des livres de Willard et Monteith dans les années 1850. Monteith n'a rien inventé en tant que tel : les cartes en relief ainsi que les cartes de comparaison visuelle existaient déjà avant lui. En revanche, il a su contextualiser et mettre en évidence les cartes de manière à en faire des outils pédagogiques. En se servant des marges de la carte pour reporter les informations, il a évité un écueil courant de la cartographie au XIXe siècle : la surcharge de la carte principale avec un grand nombre de symboles difficiles à déchiffrer.
Monteith a popularisé les cartes en relief. Il a été aussi le maître des "marges de la carte" en proposant des coupes transversales avec des commentaires. Ce qui ne laissera pas que des bons souvenirs : cela débouche sur une géographie physique parfois très descriptive ! Quand on dit que chez James Monteith, tout est dans la marge, en voici un bel exemple avec cette carte muette des Rocheuses aux Etats-Unis où il s'agit de retrouver chaque nom de sommets, de vallées, de fleuves et de leurs affluents.
James Monteith a produit beaucoup de manuels de géographie. A la fois cartographe et éducateur, il a l'idée de comparer des cartes pour donner des ordres de grandeur (comme ici à l'échelle du Kansas, sa référence fétiche). Pour chaque Etat du monde, il fait la comparaison avec un ou plusieurs Etats des Etats-Unis.
L'avantage du Kansas est qu'il tient dans un rectangle et on peut le placer horizontalement ou verticalement (encore faut-il avoir une idée de la superficie de cet Etat pour pouvoir s'en servir d'étalon).
Voici un exercice extrait du manuel de Monteith' Physical and Political Geography - 1866 (à consulter en ligne) où il s'agit de localiser les monts de Kong en Afrique (des monts qui n'ont en fait jamais existé).
Principaux manuels de James Monteith (avec la date de première édition)
- 1853. First Lessons in Geography. New York: A. S. Barnes and Co.
- 1853. Youth’s Manual of Geography. New York: A. S. Barnes and Co.
- 1858. Youth’s History of the United States. New York: A. S. Barnes and Co.
- 1866. Physical and Political Geography. New York: A. S. Barnes and Co.
- 1872. Comprehensive Geography—New England Edition. New York: A. S. Barnes and Co.
- 1876. Comprehensive Geography with map drawing and relief maps . New York: A. S. Barnes and Co.
- 1883. Elementary geography : taught by means of pictures, maps, chars and blackboard exercices. New York : A.S Barnes & Co.
- 1885. New Physical Geography. New York: A. S. Barnes and Co.
- 1885. Barnes’s Complete Geography. New York: A. S. Barnes.
Pour aller plus loin
Andrew Rhodes (2021). James Monteith : Cartographer, Educator, and Master of the Margins [James Monteith : cartographe, pédagogue et maître des marges], Cartographic Perspectives, (97), 9-25, https://cartographicperspectives.org/index.php/journal/article/view/1671/1985
J. Bien (1874). Statistical atlas of the United States based on the results of the ninth census 1870,
https://library.si.edu/digital-library/book/statisticalatla00unit
Cet atlas statistique basé sur les résultats du 9e recensement de 1870 a été réalisé "avec la contribution de nombreux éminents scientifiques et de plusieurs ministères". On y trouve un procédé intéressant pour faire des comparaisons entre États (voir les treemaps proposées p. 101, 123 et 125).
Cet atlas statistique basé sur les résultats du 9e recensement de 1870 a été réalisé "avec la contribution de nombreux éminents scientifiques et de plusieurs ministères". On y trouve un procédé intéressant pour faire des comparaisons entre États (voir les treemaps proposées p. 101, 123 et 125).
Mariana Machová (2025). Like an Old-Fashioned School-Book : Geography III and Object Teaching [« Comme un manuel scolaire à l’ancienne » : Géographie III et l’enseignement par les objets]. Bishop–Lowell Studies, volume 5, 2025 https://www.researchgate.net/publication/398297258_Like_an_Old-Fashioned_School-Book_Geography_III_and_Object_Teaching
Cet article examine le rôle de l’épigraphe tirée des Premières leçons de géographie de James Monteith, qu’Elizabeth Bishop a incluse dans son dernier recueil de poèmes, Géographie III. Il retrace l’origine de l’épigraphe et l’histoire de son intégration dans l’ouvrage de Bishop et soutient que, conjointement au titre du recueil et à sa conception, l’épigraphe souligne le caractère « de manuel scolaire » de l’œuvre. Cela suggère que Géographie III peut être perçue comme une approche alternative des leçons d'objets du XIXe siècle et qu'elle présente les objets et le monde entier non pas comme stables, solides et pleinement compréhensibles, mais comme insaisissables, chaotiques, déroutants et rebelles, et notre situation parmi eux comme précaire. Cette perspective fait du recueil de poèmes une source de connaissance plus authentique que le manuel scolaire avec lequel il interagit.
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