Bending Lines : Maps and Data from Distortion to Deception
http://www.leventhalmap.org/digital-exhibitions/bending-lines/
Conçue par Garrett Dash Nelson, le nouveau conservateur de cartes de la BPL, l'exposition était prévue pour se dérouler en présentiel. Mais avec la crise sanitaire liée au coronavirus, elle est devenue une expérience en ligne immersive accessible sur Internet. Au départ, il s'agissait de monter une exposition sur les biais de la carte, en recourant notamment aux cartes de propagande (persuasive maps) disponibles parmi les 250 000 cartes, atlas, globes et autres documents cartographiques de la BPL. Le titre de l'exposition a été choisi en réaction à la façon dont Donald Trump avait utilisé une carte du Service météorologique national en prolongeant et détournant la trajectoire du cyclone Dorian (lire ce billet) :
- Pourquoi vouloir convaincre ? (Why Persuade ?) examine les raisons pour lesquelles les cartes en viennent à devenir des outils de communication ou de propagande. Chaque entrée au choix propose une explication : pour des raisons de spéculation foncière, de concurrence commerciale, de marketing publicitaire, de nationalisme ou d'impérialisme, d'incitation à la guerre et de manière de la conduire à ses propres fins, de campagnes électorales, de batailles idéologiques, d'opposition ou de dissidence.
- Comment repousser les lignes (How The Lines Get Bent) traite des techniques de visualisation de cartes et de données. Comment projeter le globe sur un plan ? Quelles techniques pour élaborer une carte ? Quel rôle important des données ? Comment à partir des mêmes données, on peut raconter différentes histoires ? Quels usages des cartes dans les médias ?
- Le pouvoir de faire croire (The Power To Make Belief) lie la représentation visuelle au pouvoir de connaissance que nous confère la carte et au degré de confiance que l'on est susceptible de lui accorder. Avec comme sous-thèmes d'étude : La vérité en tant que système social ; Pouvoir et autorité ; Race et Empire ; Inventer un langage de symboles ; Frontières, nations et territoire ; Se cartographier.
In this 1899 map a British colonial administrator borrowed ideas from climatology and human ecology to produce a map of an entire continent with a horrifying title: "The Colonizability of Africa." https://t.co/zU3uwBAzpj— Leventhal Map & Education Center at the BPL (@bplmaps) June 3, 2020
Original at @SchomburgCenter pic.twitter.com/mGvEOnk2ER
En outre l'exposition propose un parcours éducatif spécialement dédié au public scolaire (mais aussi pour les curieux ou les néophytes) avec des activités pédagogiques liées à chacune des 3 étapes précédentes :
- Une activité à partir d'une carte de Richard Edes Harrison (The World Divided) parue en 1941 dans le magazine Fortune permet de s'initier à la technique et à la compréhension des projections azimutales (voir l'article sur la géographie à l'ère aérienne).
- Une activité à partir de la carte de la population de Tokyo basée sur les données du recensement de 1926 (Color by numbers, number by colors) permet de comprendre l'intérêt et les limites des cartes choroplèthes par aplats de couleurs.
- Une activité à partir des élections présidentielles aux Etats-Unis en 1888 (Counting up votes) : permet de s'initier à la cartographie électorale et à la construction de cartes avec histogrammes.
- Une activité à partir d'un Guide touristique de la République d'Afrique du Sud de 1978 (Selective inattention) montre à quel point la politique officielle d'apartheid imprégnait les cartes. Elle permet de réfléchir au processus de choix et de généralisation de l'information géographique.
- Une activité à partir d'une carte de la Première Guerre mondiale issue du Daily Mail (1914) utilisant des icônes pour représenter des soldats, des avions et des sacs d'or (Big blimps and little lieutenants) : l'occasion d'aborder la différence entre icone et symbole cartographique et de montrer la difficulté à hiérarchiser l'information à partir de simples icones figuratives.
- Une activité à partir d'une carte commerciale publiée par l'American Radiator Company et probablement distribuée à l'Exposition universelle de Chicago de 1893 (Global Business) montre l'importance du choix de la taille et de la couleur des symboles.
- Une activité à partir d'un planisphère de John Bartholomew montre l'étendue de l'empire colonial britannique dans les années 1890 (An empire once, twice around the world) : une manière d'utiliser la projection Mercator pour augmenter la taille des possessions britanniques.
- Une activité à partir d'une carte humoristique de Frederick W. Rose dans laquelle les nations et les empires sont composées de figures allégoriques illustrant les tensions politiques en 1877 (The ever-threatening octopus) : l'occasion de comprendre l'intérêt et les limites des cartes "sério-comiques" pour traiter des relations internationales
- Une activité à partir d'une carte du futur réseau autoroutier des Etats-Unis (Patriotic pavement) tel que le voyaient les lobbies de l'automobile en 1918 permet de travailler sur les noms et le titre de la carte qui contribuent à lui donner une orientation patriotique (cf combat pour la route assimilé à l'engagement pendant la guerre).
- Une activité à partir de deux cartes représentant les transports publics (train et métro) à Boston au XIXe siècle, l'une pour montrer un réseau dense et étendu et l'autre pour faire ressortir dans un SIG le désert des transports en commun en banlieue (Data story. A golden era of trains or a transit wasteland). On peut ainsi travailler sur les intentions du cartographe lorsqu'il analyse et interprète des données.
- Une activité à partir d'une carte des revenus des enseignants dans le Massachussets (Data story. Where are the highest paid Massachusetts teachers ?) montre l'importance du mode de calcul à partir d'une moyenne ou d'une médiane.
- Une activité interactive (Do you trust this map ?) permet de tester le degré de confiance ou de méfiance que l'on peut avoir envers certaines cartes utilisées dans l'actualité. Comment le titre, les étiquettes et autres noms orientent la lecture de la carte ? Comment les données sont-elles symbolisées ? De quelles informations dispose-t-on concernant la source des données, la manière dont elles ont été recueillies et comment elles ont été traitées ? Quelles autres techniques le cartographe a-t-il utilisées pour simplifier et visualiser les informations ?
Chaque activité pédagogique est agrémentée de liens et de références pour approfondir l'analyse et pour retrouver les documents sources utilisés, de sorte qu'il est assez aisé de récupérer les ressources cartographiques pour bâtir ses propres activités (notamment si l'on bute sur les pages en anglais).
"Même lorsqu'une carte n'essaie pas délibérément de tromper ses lecteurs, elle doit tout de même réduire la complexité du monde réel en mettant l'accent sur certains éléments et en en masquant d'autres. La réduction du globe en trois dimensions sur une feuille de papier en deux dimensions ainsi que la conversion de lieux, de personnes et de statistiques en symboles, lignes et couleurs relèvent d'opérations nombreuses qui sont en elles-mêmes sources d'importantes distorsions".
3) Croire (au moins en partie) ce que l'on voit de manière à dépasser l'idée que la carte serait en soi mensonge ou trahison
Le Leventhal Map & Education Center propose des cartes historiques non seulement sur Boston (voir son Atlascope) et le nord-est des Etats-Unis, mais aussi sur beaucoup d'autres régions et pays du monde. Ces cartes sont géoréférencées et disponibles dans différents formats (voir également le guide QGIS pour les intégrer dans un SIG) :
http://collections.leventhalmap.org/
Vous pouvez suivre les informations et les cartes diffusées par le Centre cartographique et pédagogique Leventhal à travers le compte Twitter @bplmaps.
De nombreuses institutions culturelles proposent des visites virtuelles de leurs collections et des conférences accessibles en ligne (cf Les musées de chez soi, une sélection de liens sur le site Eduscol).
Michele Navakas explore les « paysages liquides » de la Floride au XVIIIe à travers l'histoire de la cartographie et du paysage. https://t.co/Wm9GLqyoEm
— Sylvain Genevois (@mirbole01) August 5, 2021
Pour consulter la chaîne vidéo du Leventhal Map & Education Centerhttps://t.co/6evKz6n64f https://t.co/XteiUmOyS8
Get students thinking critically about maps with our world map sort activity. Follow the link to learn more—and happy sorting! #teachingwithmapshttps://t.co/s3kljAnomL#GeographyTeacher #SocialStudiesTeacher #EdChat pic.twitter.com/njctVMOnEZ
— Leventhal Map & Education Center at the BPL (@bplmaps) September 3, 2021
Lien ajouté le 12 octobre 2021
In the zine map "We Never Wanted Him Here," a group of cartographer-activists look at the legacy of Columbus in the American landscape, drawing on visual references to historical maps in our collections. https://t.co/d5wiu9wqMj pic.twitter.com/nrgth3WVFb
— Leventhal Map & Education Center at the BPL (@bplmaps) October 12, 2021
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