« Plus de vaches que d'habitants ». Et si l'on prenait l'expression au sérieux pour étudier la densité du bétail selon les régions

 

Les cartes du journaliste des Échos Jules Grandin (@JulesGrandin) montrent les départements français où il y avait en 2019 plus de vaches, de porcs ou de moutons que d’habitants. "Cela peut paraître anecdotique, mais cela raconte deux choses : une certaine ruralité et une forme de spécialisation géographique de l’élevage en France", a expliqué le cartographe et chroniqueur de l'émission Quotidien au Huffington Post.


Dans 13 départements, la population de vaches est supérieure à celle des habitants. Il s'agit de : l'Orne, la Manche, la Mayenne, la Meuse, la Haute-Marne, la Nièvre, la Saône-et-Loire, l'Allier, la Creuse, la Corrèze, le Cantal, la Lozère et l'Aveyron. Avec en tête, la Manche, qui compte 744 000 vaches pour environ 493 000 habitants. La Mayenne compte 307 940 habitants et deux fois plus de vaches (Ouest France). 

C'est en Bretagne que la population porcine est la plus importante, avec 7,6 millions d’animaux, soit plus de deux fois son nombre d’habitants. Les départements du Lot, de l'Aveyron, de la Lozère, des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence sont, quant à eux, ceux qui ont une population plus importante de moutons que d'habitants.

Les données sources sont celles fournies par l'INSEE (Chéptel présent dans les exploitations agricoles en fin d'année 2019. Comparaisons régionales et départementales).

Géographie des vaches, des chèvres et des moutons français. Emission Géographie à la carte par Quentin Lafay (France Culture).

Type de bétail le plus courant par région en Europe (MapPorn) à partir des données Eurostats.

Dario Ingiusto (@darioingiusto) a réalisé une série de cartes concernant la répartition des cultures en utilisant les données du Registre Parcellaire Graphique qui fournit les contours des parcelles et îlots culturaux avec leur groupe de cultures majoritaire.

Carte montrant la densité de la culture de la pomme de terre au début du XXe siècle en Europe et aujourd'hui.

Le site Data Stuff a fait le même exercice pour la densité du bétail aux Etats-Unis ainsi que pour d'autres cultures. Les données proviennent du site USDA Quickstats.


Il peut être intéressant de comparer ces cartes avec d'autres types de représentation graphique. La densité du bétail peut être représentée par densités de points. Le rendu n'est pas le même lorsqu'on passe dans une cartographie en mode points (#dotmap). Voici par exemple la comparaison de la répartition de l'élevage de porcs aux Etats-Unis en 1920 et en 2017. Attention : la valeur du point n'est pas la même sur les deux cartes ! Il faudrait retrouver les données de l'époque pour pouvoir conduire une vraie comparaison.



Cartes à points pour bêtes à poilsLocalisation des principaux cheptels et lieux d’élevage par @matamixLes cartes à points sont plutôt rares mais peuvent s’avérer très efficaces pour représenter la dispersion d’une quantité d’individus dans l’espace

Peuplement de la France si on agrège l’ensemble de ces cheptels (source : mtmx.github.io)

Lien ajouté le 13 novembre 2022


Lien ajouté le 12 décembre 2022

Liens ajoutés le 18 mai 2023




Lien ajouté le 24 mai 2023


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Lien ajouté le 9 novembre 2023

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Avant l'invention du globe virtuel, les stéréoscopes permettaient déjà une forme de voyage visuel


Une exposition virtuelle Les Alpes en 3D. Un voyage virtuel à travers la Suisse et le Mont-Blanc en 1900 présente la découverte stéréoscopique de photographies alpines du début du XXe siècle.



Présentation de l'exposition virtuelle 

Extrait de la présentation sur le site de l'Université de Lausanne :

Avant Internet, le cinéma et la télévision, visiter des contrées lointaines depuis son salon était déjà possible. Comment ? Grâce aux voyages stéréoscopiques. Des récits augmentés, composés de textes, de cartes et de photographies géolocalisées que l’on pouvait observer à l’aide d’un stéréoscope : cet appareil ressemblant à une boîte dotée de deux oculaires, très populaire dès la fin du XIXe siècle, permettait de visualiser des images en trois dimensions.

« Prenez deux photos d’un même objet, prises depuis des points de vue légèrement décalés. Regardez-les ensuite grâce à un stéréoscope de façon que chaque œil perçoive une seule des deux images : votre cerveau les fusionnera et vous les verrez apparaître en 3D », explique Daniela Vaj, collaboratrice scientifique au Centre interdisciplinaire de recherche sur la montagne (CIRM).

Cette historienne et spécialiste en information documentaire, coauteure de la base de données Viatimages, a réalisé « Les Alpes en 3D, voyage virtuel à travers la Suisse et le massif du Mont-Blanc », une exposition virtuelle à voir depuis le 30 juin sur le site voyagestereoscopique.ch. Le parcours est visible sur ordinateur, mais une version pour tablettes et smartphones sera bientôt disponible.

Google Map avant l’heure

Dernier fruit du projet Viaticalpes, cette exposition en ligne illustrée par 280 images et disponible en quatre langues retrace l’histoire de la stéréoscopie et des voyages stéréoscopiques. Elle présente en particulier le livre Switzerland through the stereoscope : a journey over and around the Alps, dirigé par la pédagogue américaine Mabel Sarah Emery. Un guide consacré aux Alpes publié en 1901 par l’éditeur new-yorkais Underwood & Underwood, dans une collection spécialisée dans ce type de périples imaginaires, et qui rassemble une centaine de titres. Le succès de cet ouvrage, qui a connu plusieurs éditions et même deux traductions en français et en allemand, « est une preuve du grand intérêt suscité par les Alpes à la fin du XIXe siècle », précise la scientifique. « En effet, il a été l’un des premiers guides publiés dans cette collection parmi ceux consacrés à des destinations telles que l’Égypte, l’Italie, l’Inde, la Chine ou la Russie », poursuit-elle.

Commercialisés sous la forme de petits coffrets par Underwood & Underwood, ces récits multisupport étaient fondés sur l’Underwood travel system, ce concept de cartes interconnectées aux images géolocalisées et aux textes inventé par la maison d’édition elle-même. « Cet éditeur américain a conçu une nouveauté extraordinaire pour l’époque dont je n’ai trouvé d’équivalent nulle part ailleurs. Une sorte de Google Map avant l’heure, mais plus sophistiqué », relève Daniela Vaj. Et d’ajouter : « Avec l’effet de relief obtenu via le stéréoscope, la géolocalisation des images favorisait véritablement le sentiment d’immersion. »

Des itinéraires version 2.0

Conçue avec Christian Kaiser, maître d’enseignement et de recherche en cartographie et géovisualisation à la Faculté des géosciences et de l’environnement, et grâce à l’aide du développeur Manuel Bröchin, l’exposition virtuelle « Les Alpes en 3D, voyage virtuel à travers la Suisse et le massif du Mont-Blanc en 1900 » offre à l’internaute une expérience particulière : la possibilité d’explorer par soi-même en 3D, grâce à des cartes interactives, les photographies géolocalisées du guide Switzerland through the stereoscope ; a journey over and around the Alps. Mais à condition de se munir de lunettes anaglyphes, c’est-à-dire équipées d’un filtre rouge pour un œil et d’un filtre cyan pour l’autre.

L’anaglyphe étant une seconde technique de stéréoscopie, qui remonte elle aussi à la deuxième moitié du XIXe siècle, « nous voulions offrir une expérience immersive proche de celle envisagée par l’ouvrage original, poursuit la chercheuse. C’est pourquoi nous avons transformé les 100 photographies de cet ouvrage, digitalisées à l’origine par la Bibliothèque nationale suisse dans le cadre du projet Viaticalpes, en anaglyphes. Un format qui permet la visualisation du relief à l’aide de lunettes adaptées, que l’on peut se procurer très facilement. »

Pour les personnes qui le souhaitent, les cartes et les images sont également proposées en visualisation normale (2D). L’exposition est visible sur ordinateur. Une version pour tablettes et smartphones sera bientôt disponible.

La base de données Viatimages met à disposition de tout public une sélection de 3500 illustrations extraites d’une centaine de livres, géolocalisées et associées aux extraits de texte les décrivant.


Quand les stéréoscopes permettaient déjà au XIXe siècle une sorte de voyage virtuel 

Le daguerréotype stéréoscopique inventé par Antoine Claudet (1851) permettait dès le XIXe siècle de voyager virtuellement depuis son fauteuil. Le procédé de vue stéréoscopique fut repris et diffusé au début du XXe par l'éditeur Underwood & Underwood. L'invention permettait une forme de voyage virtuel visuel. 


L'âge d'or de la stéréoscopie s'étendit jusqu'en 1939, date à laquelle l’américain William B. Gruber inventa une nouvelle visionneuse stéréoscopique, le View-Master qui connut une grande diffusion. À partir des années 1990 apparaissent les premiers casques de réalité virtuelle. Les progrès rapides dans ce domaine permettent de commercialiser des modèles de casques très économiques. "Google Education" a lancé en 2017 Expeditions, une nouvelle application éducative immersive basée sur des visites en 3D de différents lieux du monde, utilisée dans de nombreuses écoles. Bien que Google ait cessé de mettre à jour cette application en juin 2021, d'autres entreprises ont relevé le défi en raison des nombreuses demandes.

Il est très intéressant de noter que cette "pédagogie visuelle" s'est développée dès le début XXe siècle (soit bien avant l'invention des globes virtuels) à partir de l'usage des stéréoscopes dans l'idée d'amener le monde dans la classe. A découvrir sur le site voyagestereoscopique.ch/.

"Ce n'est guère faire trop d'éloges que de dire qu'un bon ensemble de vues stéréoscopiques équivaut en intérêt à un bon carnet de voyage [...]. Les stéréoscopes, en effet, anticipent les déplacements" (Schwartz, 1996).


Références

Exposition virtuelle Les Alpes en 3D, voyage virtuel à travers la Suisse et le massif du Mont-Blanc en 1900. « Ne commettez pas l'erreur de ne pas vous servir de la carte » (accès aux 6 itinéraires)

Mabel Sarah Emery, Switzerland through the stereoscope ; a journey over and around the Alps, 1901.

Anne Rouhette, Mabel Sarah Emery, La Suisse par le Stéréoscope (1901). La Suisse mise en scène.  Viatica, 6 | 2019.

Manual of instruction from Underwood & Underwood, New York, London, Underwood & Underwood, 1900.

Philip Emerson, William Charles Moore, Geography through the stereoscope, 1907 (version enseignant).

Philip Emerson, William Charles Moore, Geography through the stereoscope, 1907 (version élève).

The world visualized for the classroom ; 1000 travel studies through the stereoscope and in lantern slides, classified and cross referenced for 25 different school subjects; teachers' manual, New York, Underwood & Underwood, 1915.

Joan M Schwartz. The Geography Lesson : Photographs and the Construction of Imaginative Geographies, Journal of Historical Geography 22(1):16-45.

Noël-Marie Paymal Lerebours, Excursions daguerriennes : vues et monuments les plus remarquables du globe (1840-1843), Lerebours (Paris).

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Atlas IGN des cartes de l'anthropocène (2022)


L'IGN publie en 2022 son premier atlas des cartes de l'anthropocène : Cartographier l'Anthropocène. Changer d'échelle pour pouvoir agir.

L’été 2022 a été marqué par l’intensité et la succession de records de chaleur, sécheresse, méga-feux de forêts, inondations et épisodes de vent violents. Face à ces bouleversements, l’IGN, dans sa mission d’appui aux politiques publiques, s’est engagé en 2021 à développer une capacité d’observation en continu. L’enjeu : produire des cartes thématiques sur un nombre limité d’enjeux écologiques majeurs qui rendent compte des changements rapides du territoire et des conséquences sur l’environnement.

Par ce premier Atlas, qui a vocation à devenir un rendez-vous annuel, l’IGN présente ses cartes de l’anthropocène et décrit les enjeux technologiques pour les produire et cartographier les changements.

Anthropocène est un néologisme construit à partir du grec ancien ἄνθρωπος (anthropos, « être humain») et καινός (kainos, « nouveau »), en référence à une nouvelle ère où les activités humaines ont un impact significatif et global sur les écosystèmes planétaires. Débutée à la fin du XVIIIe siècle avec la révolution industrielle, elle succéderait, selon le Néerlandais Paul Josef Crutzen, prix Nobel de chimie, et le biologiste américain Eugène Stoermer, à la période dite holocène en tant que nouvelle époque géologique.

La carte comme révélateur du changement

La carte, sous toutes ses formes, est un extraordinaire outil de médiation et de compréhension du monde. Les cartes de l’anthropocène permettront ainsi d’établir des diagnostics partagés et d’offrir des outils mobilisables par les acteurs pour parler un langage commun et relever les défis environnementaux.

 Carte de l’évolution de l’artificialisation des sols, suivi de l’état des forêts, observation de l’érosion des reliefs et en particulier du trait de côte, cartographie prédictive des zones de biodiversité à protéger, l’IGN est à l’œuvre pour montrer les changements d’un territoire en permanente évolution. En devenant dynamique la carte devient un outil de la planification écologique.


Les capacités d'observation de l'IGN. Pour que la carte déploie tout son pouvoir de médiation, réponde au besoin de pilotage des politiques publiques et mette en capacité les citoyens de modifier leurs comportements, l’IGN doit opérer les virages technologiques structurants vers l’observation en continu.





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Enquête sur la mention « compatible GPS » indiquée sur les cartes IGN des années 1980-90

Zoom sur le service Edugéo (IGN) proposé à travers le portail de ressources Eduthèque

Chercher une carte IGN par thème d'études


Datavisualisation : une population mondiale à 8 milliards d’habitants (Visual Capitalist)


À la fin de l'année 2022 (sans doute dans le courant du mois de novembre), le huit milliardième être humain aura fait son apparition sur Terre. En moins d'un demi siècle, la population mondiale aura doublé, passant de 4 à 8 milliards d'habitants. Pour autant, la répartition de la population est très inégale selon les pays comme le montre la datavisualisation ci-dessous.

Le site Visual Capitalist propose de belles data visualisations à télécharger sur la population à l'échelle mondiale et continentale. Il semble que la mode des #dataviz soit en train de supplanter un peu celle des anamorphoses.

8 milliards d'êtres humains dans le monde en 2022 (source : Visual Capitalist)


Les données statistiques sur la population en 2022 sont issues de l'ONU. Certains chiffres peuvent prêter à caution (comme par exemple 66 millions pour la France et 43 millions pour l'Ukraine). Mais globalement les ordres de grandeur donnés par ces data visualisations restent les mêmes.

"Toutes les quatre minutes environ, 1000 bébés naissent dans le monde. Mais dans quels pays ces bébés sont-ils statistiquement les plus susceptibles de naître ?" (estimations 2022).

Où naissent statistiquement les bébés dans le monde ? Estimations 2022 sur 1000 bébés (source : Visual Capitalist)



Pour compléter

« La population mondiale risque de diminuer de moitié d'ici à 2100 »  (Les Echos).

« Il faut réduire la population pour sauver la planète. C’était déjà l’idée prônée par certains adeptes de la décroissance à la fin des années 1960 » (un thread proposé par @Cobra_FX_)



Lien ajouté le 31 mai 2023

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Les villes face au changement climatique et à la croissance démographique


La carte des résultats aux élections législatives en Italie (scrutin du 25 septembre 2022)

 

Les élections générales 2022 en Italie marquent une victoire historique pour Giorgia Meloni et l’extrême droite. L’alliance des droites dirigée par le parti Fratelli d’Italia obtient, avec plus de 44 % des suffrages, 237 députés sur 400 et 115 sénateurs sur 200 (majorité absolue à la Chambre et au Sénat). Le principal vainqueur de ces élections a été les Frères d'Italie de Giorgia Meloni, un parti dont les racines remontent au Parti national fasciste de Mussolini.

L'élection a vu un faible taux de participation avec seulement 63,91% de participation (voir le détail de l'abstention par commune). L'Alliance de droite (composée des Frères d'Italie, Forza Italia, Ligue et Nous modérés) va former le prochain gouvernement italien, après avoir remporté la majorité des sièges à la fois à la Chambre des députés et au Sénat.

La carte des résultats par communes (version interactive) fait apparaître de nettes différences régionales, avec toujours une opposition assez marquée entre le Nord et le sud de l'Italie. On observe le maintien d'une assez forte implantation du Mouvement 5 étoiles (en jaune) dans le sud de l'Italie et en Sicile, alors que le reste du pays est presque entièrement aux mains du parti Fratelli d'Italia (en bleu). Le parti démocratique (en rouge) résiste tant que bien mal autour de Bologne et Florence et dans quelques grandes villes du Nord.

Carte des résultats montrant le parti en tête dans chaque commune (source : @Filippoteoldi pour le journal Domani)


Filippo Teoldi a élaboré une carte animée qui permet de comparer avec les élections législatives précédentes (depuis 1983). Le déclin des partis de gauche et la montée en puissance des partis de droite et d'extrême droite apparaissent nettement sur un temps long. L'alliance Forza Italia de Berlusconi avait déjà préparé le terrain pour de tels rapprochements.


« Élections en Italie : une victoire historique pour Giorgia Meloni et l’extrême droite » (Le Monde).

« Italie : décryptage d'un tremblement de terre électoral » (Le Point).

« En Italie, l’abstention a fait le match » (Mediapart). La victoire de la droite et de l’extrême droite en sièges cache une stabilité de son électorat. Le pays n’a pas tant viré à droite sur le plan électoral que dans une apathie et une dépolitisation dont le post-fascisme a su tirer profit.

« I risultati alla Camera delle Elezioni 2022 » (Corriere de la Sierra).

« Législatives en Italie : d’où vient l’extrême-droite ? (Le Dessous des cartes – L’Essentiel, ARTE, 26 septembre 2022).

David Cayla (@dav_cayla) explique dans un thread les raisons économiques qui ont pu aboutir à cette victoire de l'extrême droite en Italie :







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Cartes et données sur le terrorisme dans le monde (de 1970 à nos jours)


La Global Terrorism Database (GTD) est une base de données open source contenant des informations sur les événements terroristes dans le monde de 1970 à 2020 (plus de 200 000 cas répertoriés). La GTD est une base de données assez complète et librement accessible sur le terrorisme. Démarrée en 2002 à l'initiative de chercheurs de l'Université du Maryland, elle est mise à jour régulièrement dans le cadre du consortium START (Study of Terrorism and Responses to Terrorism), qui bénéficie d’un soutien du gouvernement des États-Unis.

Répartition géographique et intensité des attaques terroristes dans le monde en 2020 (source : GTD)


La heatmap GTD 2020 met en évidence la concentration géographique et l'intensité des attaques terroristes qui se sont produites dans le monde en 2020. L'intensité est calculée en fonction du nombre de personnes tuées ou blessées lors de chaque attaque. La carte est téléchargeable en grand format et comparable avec des cartes des années précédentes.

Comme le montrent Hervé Théry et Daniel Dory qui ont travaillé sur la géographie de ces attaques terroristes, le terrorisme constitue un fait très répandu mais pas "mondial". Bien que très spectaculaire, le phénomène reste « concentré dans deux zones principales : le Moyen Orient et l’ensemble Afghanistan/Pakistan. Et si le Kenya et la Somalie se distinguent également en la matière, la plupart des autres zones et pays marqués par la fréquence des attentats ne se détachent plus lorsque l’on s’intéresse à la létalité » :

Daniel Dory et Hervé Théry (2021). « Mettre le 11 septembre 2001 à sa place. Réflexions géographiques sur les réalités du terrorisme dans le monde ». La Géographie 2021/4 (n° 1583), pages 40 à 45.

Morts par actes de terrorisme dans le monde de 1970 à 2019 (source : Dory et Théry, 2021).



Les mêmes auteurs ont travaillé sur les relations entre terrorisme et tourisme dans le but « d’explorer cette thématique complexe à l’aide d’une démarche cartographique novatrice, permettant d’avancer vers une meilleure formulation des hypothèses de travail à partir de données empiriques contrôlables » :

Hervé Théry et Daniel Dory (2021). « Relation terrorisme-tourisme : quand les cartes sont des atouts ». Conflits. Revue de géopolitique. 31 juillet 2021.

Tourisme et terrorisme dans le monde (Source : Théry et Dory, 2021)


Pour compléter

  • « Terrorisme. Espace mondial, l'atlas » (Atlas Sciences Po, 2018). Méthode d’action violente cherchant à susciter la peur dans les sociétés qui en sont la cible, le terrorisme n’est ni nouveau, ni l’apanage des groupes islamistes radicaux. En réaction aux attentats du 11 septembre 2001, les États occidentaux sont tentés d’instrumentaliser l’anxiété. Le terrorisme suscite souvent un recul de l’État de droit dans les pays démocratiques et un renforcement des politiques répressives par les régimes autoritaires.

  • Sur la distinction entre terrorisme, homicides et criminalité, il est peut être intéressant de consulter  l'article d'Hervé Théry « Terrorisme au Brésil ? ».

  • « Terrorisme et insurrection en Afghanistan : quelques données de base ». Par Hervé Théry et Daniel Dory (Conflits. Revue de géopolitique)

  • « Cinq ans de terrorisme d'Al-Qaida (2017-22) ». Une infographie proposée par journal Le Monde à partir des données de l'ACLED pour l'article "La mort du chef d’Al-Qaida illustre la nouvelle guerre américaine en Afghanistan".

  • Opération Barkhane, une régionalisation des moyens face à une régionalisation du terrorisme (African Studies).

  • 46 ans d'attaques terroristes en Europe visualisées en cartes et en graphiques (The Washington Post).

  • Modèles graphiques reconstituant les liens entre des groupes terroristes : nécessité des network sciences (Veille Carto2.0).

  • Cinq décennies de reportage sur le terrorisme : y a-t-il eu pas assez ou trop de couverture ? (The Conversation).

  • Comment la cartographie peut servir à agiter la peur outre-altantique. Exemple d'une "carte effrayante montrant comment les djihadistes affluent de l'étranger vers l'Afghanistan pour lancer une nouvelle guerre terroriste avec l'Occident" (The Sun).

  • Menace terroriste et « conseils aux voyageurs » dans le Sahel : la cartographie de l’exclusion (Jeune Afrique).

Lien ajouté le 9 janvier 2023
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La route maritime de la soie. Connectivités mondiales, nœuds régionaux, localités (ouvrage en open edition)


Franck Billé, Sanjyot Mehendale, James Lankton,  The Maritime Silk Road. Global Connectivities, Regional Nodes, Localities. Amsterdam University Press, 2022.

L'ouvrage en anglais est publié en creative communs et téléchargeable en pdf sur le site d'OAPEN.


Résumé

L'ouvrage The Maritime Silk Road met en avant les nombreux réseaux qui ont été tissés à travers les océans, liant des régions du monde entre elles souvent bien plus largement que les routes terrestres. Forts des nouvelles données apparues au cours des deux dernières décennies sous la forme de découvertes archéologiques mais aussi de nouvelles technologies telle la modélisation SIG, les auteurs montrent l'existence d'un commerce maritime mondial très précoce. De l'architecture à la cuisine, de la langue aux vêtements, les découvertes archéologiques indiquent des connexions précoces à la fois en Asie et entre l'Asie et les autres continents, bien avant les explorations européennes. Les histoires humaines présentées ici offrent un aperçu à la fois de l'étendue et des limites de cet échange mondial, montrant comment les biens et les personnes parcouraient de grandes distances et comment ils étaient intégrés dans des réseaux régionaux.

Le chapitre 5 (Networks and Cultural Mapping of South Asian Maritime Trade) est consacré plus spécifiquement à l'analyse spatiale des réseaux commerciaux et à la cartographie des échanges culturels au sein de l'océan Indien.



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Géographie du cinéma en France (données du CNC)

 

Le Centre National de la Cinématographie et de l'image animée (CNC) publie régulièrement des statistiques sur le cinéma. Les rapports mis à disposition chaque année permettent de dresser un état des lieux du parc cinématographique français au niveau national, mais également régional, départemental et communal.



Le nombre et le type d'établissements cinématographiques, la répartition et l'évolution des salles, le nombre d'écrans et de fauteuils, le taux de fréquentation, le type de programmation permettent de dresser une véritable géographie du cinéma à l'échelle de la France. Les données ainsi que les rapports sont à télécharger sur le site du CNC :
Ces données sont reprises et analysées dans les médias, notamment pour montrer les difficultés actuelles des salles de cinéma qui enregistrent une baisse de la fréquentation du fait de la difficile reprise après les fermetures des salles liées à la crise de Covid-19, mais aussi du fait du prix assez élevé du billet d'entrée et de la concurrence d'autres moyens de diffusion cinématographique. Ces cartes sont parfois discutables sur le plan sémiologique comme le montrent les deux exemples suivants où le dégradé de la légende ne permet pas une lecture claire de la carte (un mapfail que l'on rencontre souvent dans les médias qui utilisent l'application Flourish).

« Carte. Combien coûte une place de cinéma selon votre département ? »
(Source : Capital)

« Prix, fréquentation, équipements : dans l'accès au cinéma, toutes les régions ne se valent pas »  
(Source : Le Progrès)


Si la France est l'un des pays du monde avec le réseau de salles de obscures le plus dense, le parc cinématographique et sa fréquentation sont très inégalement répartis sur le territoire. Même si ces pistes d'analyse peuvent être intéressantes, le mieux est encore de retourner à la source des données. Le CNC publie des graphiques assez détaillés du point de vue géographique sur l'évolution mais aussi la répartition des cinémas en fonction de la taille des communes. 

Évolution de la fréquentation en pourcentage entre 2021/2020 et 2021/2012 selon la taille des communes
(Source : Géographie du cinéma 2021 - CNC)



Évolution de la fréquentation en pourcentage entre 2021/2020 et 2021/2012 selon les zones rurales et les unités urbaines
(Source : Géographie du cinéma 2021 - CNC)



Certaines cartes du rapport publiées par le CNC ne sont pas dépourvues non plus de mapfails et la maille départementale n'est pas toujours très pertinente :




Il est possible de produire ses propres cartes et analyses en téléchargeant des données plus fines à l'échelle communale et en utilisant le fichier de géolocalisation des salles mis à disposition sur le site du CNC (cd fichier fournit en outre des données sur le type d'établissement, le nombre d'écrans et de fauteuils par cinéma, le type de programmation) : 


Aperçu de quelques données dans QGIS (nombre de fauteuils par cinéma et cinémas d'art et d'essai)


Lien ajouté le 8 janvier 2022

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OpenDataSoft : une plateforme avec plus de 1800 jeux de données en accès libre

Geonames, une base mondiale pour chercher des noms de lieux géographiques


Atlas du monde rural de la Catalogne (mise à jour 2022)


Cette nouvelle version 2022 de l'Atlas du monde rural de la Catalogne est à télécharger en pdf sur le site de  l'Associatio d'iniciatives rurals de Catalunya (atlas en catalan). Le sous-titre "Dépeuplement ou revitalisation ?" pose bien la problématique de cette nouvelle édition destinée à mettre en évidence les mutations socio-économiques ainsi que les effets du Covid19 sur les campagnes catalanes.

Evolution de la population par communes en Catalogne (extrait de l'Atles Món Rural 2022)



Vers un nouveau cycle de repeuplement rural ? (extrait de l'Atles Món Rural 2022)

En 2009, la Fundació del Món Rural a publié le premier "Atlas de la nouvelle ruralité" réalisé par le Département de Géographie et de Sociologie de l'Université de Lleida. Cet atlas est devenu au fil des ans un outil indispensable pour le secteur agricole, mais aussi pour le secteur de l'éducation et tous les secteurs professionnels s'intéressant aux zones rurales. L'Atlas a donc été mis à jour avec une 2e édition en 2015 sous le sous-titre : « L'actualité du monde rural. Les années de la grande crise de la Catalogne rurale (2008-2015)". Les effets de la reprise économique ont commencé à se faire sentir à partir de 2013, avec une reprise démographique malgré tout assez modérée des communes rurales. Mais la pandémie de Covid-19 est survenue entraînant une série de mesures à partir de mars 2020 destinées à limiter et contrôler la mobilité. Les effets économiques de ces restrictions ont tout d'abord été très négatifs en termes d'emplois et de PIB pour l'ensemble de la société catalane. On s'attendait à une certaine reprise des activités économiques. Le retour à la normale se fait cependant toujours attendre et entre-temps, des changements politiques et économiques sont apparus au niveau international.

Cette 3e édition, tout en s'inscrivant dans la continuité des précédents atlas, répond à une approche plus large. Les informations proviennent des organismes publics produisant des statistiques de base et de diverses autres sources existantes concernant le secteur agricole et la ruralité déjà utilisées dans les Atlas précédents, ainsi que de nouvelles sources statistiques. Les zones d'emploi à l'échelle communale et départementale ont été conservées comme dans les précédentes versions, mais en intégrant les modifications administratives au niveau de la région, des communes ou des vigueries.

Concernant le titre de ce nouvel Atlas portrait du monde rural, il paraissait vain de parler encore d'« Atlas de la nouvelle ruralité ». Cette « nouvelle ruralité » est désormais acquise, elle est assimilée socialement et culturellement aux villes, malgré certaines singularités. On note de nouvelles dynamiques avec une opposition entre d'une part des zones peu peuplées, touchées par la récession et le risque de dépeuplement et d'autre part des zones de reprise socio-économique et de repeuplement. 

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Vers un registre mondial des combustibles fossiles


Le registre mondial des combustibles fossiles a pour but de constituer un référentiel ouvert et transparent de données sur la production de combustibles fossiles dans le monde. Le site fournit des données, cartes et graphiques très utiles sur la production de charbon, de pétrole et de gaz ainsi que leurs contributions aux émissions de CO₂.

Interface du Registre mondial des combustibles fossiles 


Historiquement, les efforts pour lutter contre le changement climatique se sont concentrés sur la réduction de la demande de combustibles fossiles. Malgré ces efforts, les émissions de gaz à effet de serre continuent de croître, les combustibles fossiles représentant environ 80 % du mix énergétique mondial. Selon les prévisions, la production en combustibles fossiles d'ici 2030 pourrait même atteindre le double de que ce qui est compatible avec une hausse de 1,5 °C. Une approche holistique de la lutte contre le changement climatique se doit donc d'aborder les deux extrémités du spectre - l'offre et la demande. 

Cependant, les données accessibles au public sont restées longtemps limitées, rendant difficile toute évaluation précise de la quantité extraite de charbon, de pétrole et de gaz, leurs lieux de production ainsi que leur impact sur le budget carbone. Le Registre mondial des combustibles fossiles comble directement ce manque de données en créant un outil centralisé et transparent concernant l'approvisionnement en combustibles fossiles. Ce registre rassemble des milliers de sources de données gouvernementales et d'entreprises en un seul endroit et en open source, du niveau mondial jusqu'au niveau des projets individuels.

"Enfin un registre global sur les énergies fossiles". Présentation du projet et du site sur le site Carbon Tracker (en anglais).




Trois sources mondiales sont utilisées pour compiler les données sur la production et les réserves des pays producteurs de pétrole et de gaz : BP Global Statistical Analysis (BP), données détenues par l'Energy Information Administration, une agence du Federal Statistical System (EIA) des États-Unis, et la base de données des pays producteurs et exportateurs de pétrole (OPEP). Lorsque des ensembles de données à l'échelle nationale sont disponibles, elles sont utilisées en complément.

Les séries chronologiques sont téléchargeables en ligne à partir de trois fichiers : 
  • Pétrole BP (1965-2020), gaz (1970-2020), charbon (1981-2020) (10 223 points de données)

  • EIA pétrole (1965-2020), gaz (1970-2020), charbon (1981-2020) (18 992 points de données)

  • Pétrole OPEP (1960-2019), gaz (1960-2019) (11 226 points de données)

Lien ajouté le 23 septembre 2022


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