Map Myths, un blog à découvrir sur les mythes cartographiques


Le blog Map Myths, créé par Henry Patton, s'intéresse aux histoires et légendes associées à des lieux figurant sur des cartes historiques aujourd'hui disparus. Pourquoi ont-ils disparu et comment les cartographes ont-ils imaginé ces espaces vides au-delà du monde connu ? Une carte interactive donne accès à l'ensemble des mythes cartographiques commentés sur le site. 

Map Myths a débuté sous la forme d'une carte interactive, mêlant une géographie fantomatique à une vision du monde moderne. Le blog a été lancé fin 2024 pour approfondir l'histoire et les personnages de ces mythes.

Carte interactive donnant accès aux différentes histoires et légendes (source : Map Myths)

Henry Patton (@mapmyths.com), créateur et auteur de ce site web, est titulaire d'un doctorat en glaciologie. Il a toujours été passionné par les cartes et leur histoire. « J'adore passer des heures à fouiller dans les archives et les sources originales des cartographes, explorateurs, pirates, baleiniers du passé, pour vous livrer ces récits fascinants des profondeurs de l'histoire ».

Articles disponibles (juin 2025) :


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La Lémurie : le mythe d'un continent englouti. La cartographie entre science et imaginaire

Le voyage d'Ulysse. Comment cartographier un mythe ?

Terre Australe, projection d'un monde à l'envers vu depuis l'hémisphère sud


Les cartes du monde ne sont pas forcément orientées avec le nord en haut. Tom Patterson propose une nouvelle carte du monde à l'envers, vu depuis l'hémisphère sud. Il s'agit d'une version spéciale de la projection Equal Earth, centrée sur l'Océanie (150° Est), qui a été inversée. 

« Tout ce qui était autrefois familier semble désormais inconnu. L'eau domine l'hémisphère sud reculé, encerclant la planète sans interruption près de l'Antarctique. Je n'ai pas pu résister à l'envie d'y ajouter un albatros. » 

Austral Earth, une vision du monde depuis l'hémisphère sud (source : Shaderelief, T. Patterson)


Choisissez la version qui vous convient le mieux :
La carte de la Terre australe est dans le domaine public. Vous pouvez l'utiliser comme bon vous semble. Vous n'êtes pas obligé de citer son auteur.

Visitez également le site web principal d'Equal Earth pour des versions de cette carte avec le Nord en haut, disponible en plusieurs langues.

Le site Shaderelief de Tom Patterson fournit de nombreuses autres cartes physiques à télécharger en haute résolution ainsi que des tutoriels pour les réaliser.

Articles connexes


Cartographie des Zones Climatiques Locales (LCZ) dans les aires urbaines françaises


Source : « Cartographie des zones climatiques locales (LCZ) de 83 aires urbaines de plus de 50 000 habitants en France » (Cerema)

Le Cerema met à disposition l’outil Zones climatiques locales (LCZ), qui permet d’accéder aux données et cartes indiquant le degré d’exposition au phénomène d’îlot de chaleur des quartiers de 12 000 communes de France : 88 aires urbaines les plus densément peuplées sont ainsi couvertes, soit 44 millions d’habitants. Ce service est unique car il donne pour tous les territoires un accès gratuit et compréhensible à des données uniformisées, permettant de classer les zones urbaines en fonction de leur exposition potentielle au phénomène d’îlot de chaleur.

Visualisateur cartographique des Zones climatiques locales (Cerema)


Le Cerema répond ainsi à un besoin essentiel des territoires et une priorité du Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC3). L’évolution du climat en cours (+1,7°C en moyenne en France hexagonale depuis 1900) s’accompagne d’épisodes de forte chaleur plus fréquents et plus intenses. Le 3e Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC3) rendu public le 10 mars 2025 par le Ministère de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche, retient l’un des scénarios de référence du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), pour préparer la France : une hausse des températures moyennes de 4 °C en 2100 par rapport à l’ère préindustrielle. L’outil « LCZ » du Cerema répond à la mesure 13 du PNACC3 : « Renaturer les villes pour améliorer leur résilience face au changement climatique ».

État des lieux de la sensibilité des 88 plus grandes aires urbaines de l’Hexagone aux fortes chaleurs

L’outil dit « LCZ » couvre 88 plus grandes aires urbaines de l’Hexagone, soit 44 millions d’habitants (Outre-mer à l’étude en 2025). Il est disponible pour 12 000 communes (sur 34 826 en Hexagone) dont 248 communes de 20 000 à 50 000 habitants, 79 communes de 50 à 100 000 habitants et les 40 communes de plus de 100 000 habitants. 
  • Plus de 5 millions d’habitants vivent dans des quartiers à forte sensibilité aux fortes chaleurs
  • Plus de 20 000 hectares (200 km2, soit 2 fois la surface de la ville de Paris) de zones bâties sont à forte ou très forte sensibilité à l’effet d’îlot de chaleur et demanderaient des actions d’adaptation importantes.
  • Dans les plus grandes villes (> 400 000 habitants), ces zones représentent près de 20 % des tissus urbanisés.
  • Sur l’ensemble des villes de plus de 20 000 habitants, 4,2 millions de personnes vivent dans des quartiers à forte ou très forte sensibilité, soit 20 % de la population totale de ces communes
  • Sur les villes de plus de 400 000 habitants, 2 millions de personnes vivent dans des secteurs à forte ou très forte sensibilité, soit 50 % de la population
  • Sur les villes de 200 à 400 000 habitants, 350 000 personnes sont dans des secteurs à forte ou très forte sensibilité, soit 18 % de la population
  • Ce taux est de 16 % pour les villes de 100 000 à 200 000 habitants, et il est plus faible (7 %) pour les villes de 20 000 à 50 000 habitants

L'outil LCZ. Un pré-diagnostic simple pour agir face aux fortes chaleurs 

Une Zone Climatique Locale (ou LCZ pour "Local Climate Zone" en anglais), concept adopté par la communauté scientifique internationale du climat urbain depuis les travaux de Stewart et Oke [2012], est une unité de surface urbaine, de la taille de quelques îlots ou d’un quartier, avec une homogénéité de composition urbaine entraînant un comportement climatique homogène. 17 classes de LCZ différentes, réparties en deux grandes catégories selon qu’il s’agit d’une zone artificialisée ou non, permettent de qualifier l’exposition de chaque zone à la surchauffe urbaine.
Ce concept se fonde sur une classification géo-climatique des territoires urbanisés ; une classification éprouvée et internationalement reconnue, issue de travaux de recherche. Il consiste à découper un territoire en zones uniformes du point de vue de l’occupation du sol (artificialisée ou naturelle), de la structure urbaine, des matériaux, et des activités humaines en supposant que ces zones ont un comportement climatique homogène. Ces zones peuvent s’étendre de quelques centaines de mètres à plusieurs kilomètres de large. 17 classes de LCZ permettant de caractériser les territoires ont été définies par des travaux de recherche : 10 classes LCZ « bâties » et 7 classes LCZ « naturelles ».
Le pôle satellitaire du Cerema a développé une méthode originale basée sur des images satellite à très haute résolution spatiale ainsi que des bases de données ouvertes pour cartographier les LCZ et identifier ainsi les quartiers particulièrement exposés à la surchauffe urbaine et susceptibles de contribuer à l’effet d’îlot de chaleur urbain.

Accès aux ressources
Les 83 aires urbaines ont été définies à partir de la donnée Urban Atlas 2018, et la production de cette donnée LCZ s'est basée sur la couverture annuelle SPOT 2022 acquise dans le cadre de DINAMIS et la BD TOPO de l'IGN (v3.3 de décembre 2022).

Cette donnée LCZ peut être utilisée comme diagnostic à grande échelle du phénomène d'Îlot de Chaleur Urbain (ICU) sur votre territoire. Elle constitue un pré-diagnostic climatique tenant compte de la morphologie urbaine et de l'occupation du sol : le but est de localiser les îlots/quartiers à enjeux sur lesquels affiner les analyses et prioriser les actions.

La plateforme CartoClimate de la Fondation CNRS Geomanum permet également d'accéder à une cartographie des Zones Climatiques Locales (LCZ). La cartographie des LCZ permet d'appréhender la réponse d’un territoire aux vagues de chaleur estivale (comportement thermique, potentiel de rafraîchissement d’une zone) et de connaître in fine les secteurs potentiellement propices à l’effet d'Îlot de Chaleur Urbain (ICU). Il convient de noter cependant que la cartographie des LCZ n'est pas une modélisation de l'Îlot de Chaleur Urbain. 

En cliquant sur un îlot de la carte, vous accédez au détail de celui-ci (CartoClimate)


Références scientifiques 

La typologie LCZ (Stewart et Oke, 2012) est une typologie urbaine universelle qui permet de distinguer les zones urbaines, en tenant compte de la combinaison des couvertures terrestres à micro-échelle et des propriétés physiques associées. Le schéma LCZ se distingue des autres schémas d'utilisation et d'occupation du sol par l'accent mis sur les types de paysages urbains et ruraux, qui peuvent être décrits par l'une des 17 classes qu'il contient. Sa forte valeur ajoutée réside dans la diversité des classes urbaines, facilement interprétables et globalement cohérentes, qui capturent la variabilité intra-urbaine des formes de surface et des fonctions du sol.

Stewart, I. D., and T. R. Oke, 2012: Local Climate Zones for Urban Temperature Studies [Zones climatiques locales pour les études de température urbaine]. Bull. Amer. Meteor. Soc., 93, 1879–1900, https://doi.org/10.1175/BAMS-D-11-00019.1

Demuzere, M., Kittner, J., Martilli, A., Mills, G., Moede, C., Stewart, ID, van Vliet, J., et Bechtel, B. (2022). A global map of local climate zones to support earth system modelling and urban-scale environmental science [Une carte mondiale des zones climatiques locales pour soutenir la modélisation du système terrestre et la science environnementale à l'échelle urbaine]. Earth Syst. Sci. Data, 14, 3835-3873, https://doi.org/10.5194/essd-14-3835-2022

Le site LCZ-generator fournit une cartographie mondiale des zones climatiques locales à une résolution spatiale de 100 m, dérivée de plusieurs ensembles de données d'observation de la Terre et d'étiquettes de classe LCZ expertes.

Carte des zones climatiques locales à l'échelle mondiale (source : LCZ-generator)


Sur les 17 classes de ZCL, 10 reflètent l'environnement bâti, et chaque type de ZCL est associé à des descriptions numériques génériques des principaux paramètres de la canopée urbaine, essentiels à la modélisation des réponses atmosphériques à l'urbanisation. De plus, les ZCL ayant été initialement conçues comme un nouveau cadre pour les études sur les îlots de chaleur urbains , elles contiennent également un ensemble limité (7) de classes d'occupation du sol « naturelles » pouvant servir de zones de « témoin » ou de « référence naturelle ». Ces sept classes naturelles du schéma ZCL ne permettant pas de saisir l'hétérogénéité des écosystèmes naturels existants, il est conseillé, si nécessaire, de combiner les classes de ZCL construites avec tout autre produit d'occupation du sol offrant un éventail plus large de classes d'occupation du sol naturelles.

Ensemble des données disponibles à l'échelle mondiale en téléchargement sur Zenodo.  

Articles connexes





Cartes et conspirationnisme. Quand les cartes de pieuvres déploient leurs nombreuses tentacules


Source : Puerta, E., Spivak, S. C., Correll, M. (2025). « The Many Tendrils of the Octopus Map ». CHI '25: Proceedings of the 2025 CHI Conference on Human Factors in Computing Systems, n° 970, 1-20, https://doi.org/10.1145/3706598.3713583 (article en accès libre).


Dans cet article, des chercheurs américains explorent le fonctionnement des cartes de pieuvres comme arguments visuels à travers l'analyse d'exemples historiques et une étude participative sur la façon dont les données sous-jacentes et l'utilisation de métaphores visuelles peuvent contribuer à des interprétations négatives ou conspirationnistes. Ils montrent que certaines caractéristiques de données ou de styles visuels peuvent conduire à une pensée « de type pieuvre » dans les visualisations, même sans l'utilisation explicite d'un motif de pieuvre. Ils concluent en appelant à une analyse plus approfondie de la rhétorique visuelle de ces cartes, en soulignant le potentiel des datavisualisations à contribuer à une pensée néfaste ou conspirationniste.

En représentant une entité centrale aux multiples bras tentaculaires, ces cartes-pieuvre suggèrent un contrôle diffus, hostile et souvent dissimulé. L'un des premiers exemples connus de carte de pieuvre a été publié par Fred W. Rose en 1877 pendant la guerre russo-ottomane. La carte représente les pays européens par des figures humaines, tandis que la Russie est représentée par une pieuvre déployant ses tentacules sur les pays voisins. Ce type de cartes est à rattacher au courant de la cartographie persuasive qui s'intéresse au pouvoir rhétorique des cartes. L'une des fonctions de ces cartes sensationnalistes est de présenter l'ennemi comme une menace, ce qui peut être également réalisé à travers l'utilisation de lignes ou de flèches, de la couleur, de l'ombrage ou encore de la projection. On peut retrouver la métaphore visuelle de la pieuvre dans la visualisation des graphes ayant émergé au XIXe siècle avec les organigrammes, et au XXe siècle avec les sociogrammes. Ces sociogrammes ont établi de nombreuses conventions de conception dans les diagrammes de nœuds-liens modernes, telles que l'utilisation de la couleur et de la forme pour désigner les attributs des nœuds et des arêtes. 

Les métaphores aident à la compréhension d'un domaine en l'ancrant dans un autre, ce qui est particulièrement le cas avec l'utilisation d'images anthropomorphes et zoomorphes. L'utilisation de monstres ou d'autres animaux en cartographie a une longue histoire, par exemple pour désigner (ou peupler) des régions inconnues du monde sur les cartes européennes depuis au moins la Renaissance. Dans d'autres cas, l'entité elle-même est utilisée comme métonymie pour un pays dans son ensemble, avec des exemples bien connus comme l'Europa Regina du XVIe siècle (où le continent européen est représenté sous la forme d'une reine avec divers pays dessinant ses parties constitutives) ou encore Leo Belgicus (où les Pays-Bas sont représentés sous la forme d'un lion, avec des informations géographiques représentées à l'intérieur de son « corps »). Bien que de nombreux animaux aient été utilisés pour symboliser des empires, des pays, des religions et des entités sociales et politiques, la pieuvre est unique par son utilisation répandue et cohérente à travers les époques, les régions et les cultures. Elle a été utilisée pour susciter la peur, l’indignation, la sympathie, le dégoût et le nationalisme, généralement dans le cadre d’un appel à l’action.

Les cartes de pieuvres peuvent être réparties en différentes sous-catégories. Bien qu'il puisse exister des pieuvres bienveillantes, ces cartes présentent généralement le même argument visuel implicite : un organisme centralisé et néfaste utilise de multiples leviers de contrôle pour envahir ou affaiblir de larges pans d'une région ou d'un système. Il existe occasionnellement des variations ou des exceptions à cette forme générale, par exemple, en établissant un lien entre la pieuvre et la gorgone ou l'hydre, sémiotiquement similaires. L'étude participative qui a été conduite auprès de 256 participants avait pour objectif d'évaluer l'impact rhétorique des composantes visuelles et structurelles d'une carte-pieuvre d'un territoire fictif le Huskiland, à partir de 6 composantes :
  1. Centralité : Huskiland est une puissance militaire centrale dans la région.
  2. Tentacularité : Huskiland étend sa portée militaire.
  3. Portée : Huskiland est déjà présent dans de nombreux pays de la région.
  4. Intentionnalité : le placement des bases de Huskiland fait partie d'une stratégie militaire intentionnelle.
  5. Saisie : Huskiland utilise ces bases pour exercer un contrôle militaire ou politique sur ses voisins.
  6. Menace : Huskiland constitue une menace pour la paix et la stabilité de la région.
Les résultats suggèrent que la présence d'une pieuvre n'est pas nécessaire pour que les spectateurs supposent une intention négative ou tirent des conclusions de type pieuvre, même avec relativement peu d'incitation. Les auteurs constatent que même des cartes relativement exemptes d'éléments "persuasifs" ouvertement sensationnalistes pourraient néanmoins susciter des sentiments négatifs et de mauvaises intentions, d'ampleur similaire à celles plus directement inspirées par des affiches de propagande et des théories du complot. Les cartes en forme de pieuvre constituent un exemple extrême de structure rhétorique dans les graphiques : leur caractère conflictuel et conspirationniste est souvent évident, s'appuyant sur des tropes éculés et des sources existantes d'animosité ou de pensée conspirationniste. Pourtant, d'autres formes de conception de données ne sont pas exemptes de telles considérations. 

Les concepteurs de visualisations (notamment académiques) sont tentés de considérer (à tort) leur travail comme « le simple compte rendu ou la structuration de faits objectifs », la persuasion ou les appels rhétoriques étant considérés comme l'apanage exclusif d'acteurs malveillants ou manipulateurs. Les résultats suggèrent cependant que la cartographie et la visualisation ne peuvent être clairement distinguées entre cartes et graphiques sensationnalistes et « persuasifs » et graphiques plus « neutres » sans intention rhétorique manifeste. Les lecteurs, eux aussi, apportent leurs propres attentes et contextes aux cartes et aux graphiques, ce qui rend impossible une dichotomie claire entre visions neutres ou sensationnalistes des données. La bonne intention des concepteurs de visualisations ne suffit pas à éviter la culpabilité morale quant à la manière dont les visualisations peuvent être mal interprétées ou détournées à des fins conspirationnistes. Un exemple est l'utilisation rhétorique des visualisations de données sur la COVID-19, où des activités de littératie des données apparemment bien conduites, comme le questionnement des sources, l'évaluation du positionnement et la réalisation d'analyses alternatives, ont été utilisées pour étayer la pensée conspirationniste.

Articles connexes









Quelles seraient les conséquences d'un effondrement de l'AMOC ?


Que se passerait-il si la principale circulation océanique de l’Atlantique, qui régule le climat mondial et européen, venait à s’effondrer ? C'est ce qu'analyse une étude néerlandaise parue en juin 2025 dans la revue Geophysical Research Letters en proposant plusieurs scénarios :

René M. van Westen, Michiel L. J. Baatsen (2025). European Temperature Extremes Under Different AMOC Scenarios in the Community Earth System Model, Geophysical Research Letters, vol. 52, 12, 11 June 2025.

La circulation méridienne de retournement Atlantique (en anglais AMOC) est le principal système de courants océaniques de l'Atlantique. Une grande partie du transfert de chaleur dans l'Atlantique est due au Gulf Stream, un courant de surface qui transporte l'eau chaude vers le nord depuis les Caraïbes. Alors que le Gulf Stream dans son ensemble est uniquement entraîné par les vents, son segment le plus septentrional, le courant nord-atlantique tire une grande partie de sa chaleur des échanges thermohalins dans l'AMOC. Ainsi, l'AMOC transporte jusqu'à 25 % de la chaleur totale vers l'hémisphère nord, jouant un rôle majeur dans le climat de l'Europe du nord-ouest.

La circulation méridionale de retournement de l'Atlantique (AMOC) modère le climat européen. Un affaiblissement substantiel de l'AMOC sous l'effet du changement climatique pourrait entraîner une Europe plus froide dans un monde plus chaud. L'objectif dans cet article scientifique est de quantifier l'évolution des températures européennes selon différents scénarios d'AMOC et de changement climatique à l'aide du Modèle Communautaire du Système Terrestre (CESM). 

Températures extrêmes en Europe selon différents scénarios d'AMOC à partir du Modèle communautaire du système terrestre (source : van Westen & Baatsen, 2025)

Lorsque l'AMOC s'effondre complètement sans les effets du changement climatique, les extrêmes de température hivernale en Europe du Nord-Ouest s'intensifient (avec une chute pouvant atteindre 15 °C par endroits). L'intensification des extrêmes de froid est liée à la présence de glace de mer près de l'Europe du Nord-Ouest. Si l'on considère un AMOC réduit sous des conditions intermédiaires de réchauffement climatique : la limite de la banquise recule vers le nord et les impacts sur la température sont moindres, mais restent considérables. Outre les variations de température, les tempêtes hivernales devraient s'intensifier et entraîner d'importantes fluctuations de températures quotidiennes dans le cadre d'un AMOC nettement plus faible. Les températures européennes du futur seront déterminées par la force de l'AMOC et l'ampleur du réchauffement climatique.

L'article est accompagné d’une carte interactive qui permet de visualiser les changements avec +2° de réchauffement climatique et un AMOC effondré. Les données de cet outil en ligne sont issues du Modèle Communautaire du Système Terrestre. Les simulations climatiques ont été réalisées sur le supercalculateur national néerlandais Snellius dans le cadre du projet NWO-SURF 2024.013. Les données complètes sont disponibles sur Zenodo.

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Faut-il relancer les Zones marines d'importance écologique ou biologique (ZIEB) ?


Atlas conjoncturel de la France en crise


L’Atlas conjoncturel de la France en crise, proposé par le géographe Arnaud Brennetot, est disponible sous la forme d’un site Internet en accès libre. L'Atlas propose une analyse critique des transformations géographiques de la France métropolitaine depuis le début du XXIe siècle.

Cet atlas conjoncturel a la particularité d’être évolutif car il est appelé à s’enrichir au gré des capacités de l'auteur à l’alimenter, mais aussi du déploiement de la crise elle-même et des retours, critiques et suggestions que les lecteurs intéressés souhaiteraient éventuellement lui adresser. Conçu et lancé dans le cadre d’une démarche itérative sur les réseaux sociaux en juillet 2024, cet atlas assume une position engagée, combinant analyse cartographique et géographie critique, ouverte au dialogue et à la controverse. 


Contexte

Face à la polycrise mondiale, dont les ressorts sont autant écologiques, géoéconomiques que géopolitiques, la France, comme la plupart des démocraties libérales, se trouve confrontée à des défis immenses. Or, après plusieurs décennies de néolibéralisation, les instruments de l’action publique ne sont pas nécessairement adaptés à ce nouveau contexte. L'émergence d’une gouvernance multiniveau mobilisant une pluralité d’institutions territoriales s’est traduite par une focalisation collective sur les questions locales et par le délaissement concomitant des enjeux nationaux. Face à l’abandon par l’État d’une véritable stratégie pour le territoire national, les fantasmes et les diagnostics catastrophistes se sont multipliés sans frein dans le débat public, alimentant la crise politique nationale et la délégitimation du régime et des institutions, sans pour autant dégager d'alternatives crédibles.

Objectifs de l'Atlas

Face à la double dérive du laisser-aller de l’État et de l’outrance des débats, cet Atlas de la France en crise vise à proposer une géoscopie des mutations du territoire de la France métropolitaine à travers :
  1. L’analyse des transformations induites par les marchés les plus influents (l’emploi, l’activité productive, le parc immobilier)
  2. Les moyens mis en œuvre par les pouvoirs publics pour réguler ces mutations spatiales et promouvoir leurs valeurs et leurs objectifs.
Pour cela, il s’agira de procéder à un diagnostic lucide, rigoureux et reproductible, en cherchant à caractériser de façon nuancée l’hétérogénéité des transformations en cours, sans ni les minimiser, ni les exagérer. L’objectif est donc d’offrir à toute personne intéressée un accès libre et gratuit à une information fiable et synthétique susceptible d’aider chacun à l’actualisation de ses opinions et stratégies.

Fonctionnement

L’Atlas de la France en crise est construit à partir de données publiques (INSEE, URSSAF, CEREMA, etc.) et mobilise la plateforme Magrit (https://magrit.cnrs.fr/) mise à disposition par l’UMR Géographie-Cités. Les cartes et leur commentaire sont enrichis et actualisés de façon progressive.

Les analyses menées pour aboutir à cet Atlas résultent d’une initiative personnelle et n’engagent que leur auteur, lequel reste disponible pour recevoir tous commentaires et questions.

Présentation de l'Atlas
Auteur : Arnaud Brennetot
Introduction
1. La mise en marché du territoire
1.1 Le PIB 
1.2 L'évolution de l'emploi
1.3 Une réindustrialisation fragile
1.4 L'ouverture internationale
1.5 Les revenus d'activité
1.6 Le marché immobilier
1.7 La consommation foncière
2. Une régulation publique en crise
2.1 Les revenus disponibles
2.2 Les ressources des collectivités territoriales
2.3 La présence publique dans les territoires
2.4 La recherche publique
2.5 Le problème de la santé

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Faut-il relancer les Zones marines d'importance écologique ou biologique ?

 

Source : Dunn, D.C., Cleary, J., DeLand, S. et al.  (2025). What is an ecologically or biologically significant area ? npj Ocean Sustain 4, 28. https://doi.org/10.1038/s44183-025-00126-5 (article en accès libre)


1) Qu'est-ce qu'une Zone marine d'importance écologique ou biologique (ZIEB) ?

Les zones d'importance écologique et biologique (ZIEB, en anglais EBSA) sont des zones au sein des eaux océaniques que des évaluations scientifiques officielles ont désignées comme ayant une importance écologique et biologique particulière par rapport à l'écosystème marin environnant. Créées en 2011 par  la Convention sur la diversité biologique, ces zones regroupent des milieux variés : zones côtières (55%), océaniques (17%) et grands fonds (28%). Certains sites abritent des espèces clés comme des tortues, des oiseaux ou des mammifères marins, d'autres des habitats critiques (mangroves, monts sous-marins, zones d’upwelling). Amorcée en 2011, la première vague du processus des ZIEB touche à sa fin. Pendant plus d'une décennie, 15 ateliers régionaux ont été organisés, impliquant plus de 400 participants, couvrant 75,7 % de l'océan et identifiant 338 ZIEB.

Les 336 ZIEB délimitées spatialement (sur 338) décrites dans 15 ateliers régionaux (source : Dunn et al., 2025)


2) Quelles sont les lacunes de ce dispositif ?

La majorité des ZIEB ne bénéficient d’aucune mesure de gestion renforcée. Dans les eaux internationales, seuls 7% d'entre elles incluent une aire protégée. Plus la zone est vaste, dynamique et en haute mer, plus elle échappe à une régulation efficace. Les systèmes côtiers fréquemment regroupés dans les descriptions des ZIEB, présentent différents niveaux de vulnérabilité à divers facteurs de stress. Une différenciation et une délimitation plus poussées sur ces zones côtières seraient probablement nécessaires afin que des mesures de gestion puissent être envisagées. De nombreuses lacunes subsistent : peu de données sur les grands fonds, faible représentation des herbiers ou macroalgues, participation limitée de certains États. Des régions très riches comme les mers de Chine ou les archipels indonésiens restent peu couvertes. Les États-Unis et le Canada ont choisi de ne pas inclure leurs ZEE dans le processus des ZIEB, indiquant qu'ils avaient des processus internes en cours.


3) Pistes pour permettre une gestion améliorée

Attribuer une valeur à un lieu et attirer l'attention sur ce point est une chose, convaincre les autorités réglementaires de mettre en œuvre des mesures significatives pour assurer la pérennité de cette valeur et de prévoir un budget pour financer sa gestion, y compris un suivi de base permettant de comprendre la valeur existante ou perdue, en est une autre. Une reconnaissance internationale est importante pour stimuler et soutenir les initiatives nationales de gestion, en particulier dans les pays aux capacités scientifiques limitées. L'adoption du Traité international pour la protection de la haute mer et de la biodiversité marine (BBNJ), signé par 115 États en 2023, a ouvert la voie à une nouvelle approche pour attribuer une valeur écologique afin d'orienter et de hiérarchiser l'élaboration de mesures de surveillance et de gestion. La société a déployé des efforts considérables pour mieux comprendre (à savoir collecter, analyser et synthétiser les données scientifiques et autres sources de connaissances) et ainsi pouvoir attribuer une valeur à ces lieux en tant que zones d'importance écologique et biologique . « Nous avons accumulé un océan de connaissances grâce au processus ZIEB, mais, comme pour notre océan mondial, la grande majorité reste à comprendre et à protéger adéquatement ».


4) Disponibilité des données

Le référentiel ainsi que les informations sur les ZIEB sont disponibles sur le site officiel de la Convention sur la biodiversité biologique (CBD). Leurs périmètres sont à télécharger au format geojson dans la partie description des ZIEB examinées par la Conférence des Parties à la CDB (voir la carte interactive des dépôts).

Les critères scientifiques adopté en 2008 par la 9e Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique (COP9)  pour définir les zones d'importance écologique ou biologique (ZIEB) étaient les suivants. Ils peuvent être vus comme un peu larges, mais ils ont le mérite d'exister :

  1. Unicité ou rareté de la zone
  2. Importance particulière pour les stades du cycle biologique des espèces
  3. Importance pour les espèces et/ou les habitats menacés, en voie de disparition ou en déclin
  4. Vulnérabilité, fragilité, sensibilité ou rétablissement lent
  5. Productivité biologique
  6. Diversité biologique
  7. Dimension naturelle

Pour aller plus loin

Un indispensable sommet sur l’océan (Le Monde). La troisième Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC-3) se tient à Nice, du 9 au 13 juin, en présence de 60 chefs d’Etat ou de gouvernement, sans les Etats-Unis. Même si les objectifs paraissent modestes, cette conférence doit permettre d’entretenir la mobilisation en faveur d’une cause qui concerne l’humanité tout entière.

Sommet sur les océans à Nice : on vous résume le débat sur les aires marines protégées (TF1). En amont de l'UNOC-3, Emmanuel Macron a annoncé vouloir "limiter l'activité" des chaluts de fond dans certaines zones des aires marines protégées françaises. Le sujet est central pour la protection des océans. Mais l'efficacité de ces zones conçues pour assurer une conservation pérenne des écosystèmes marins fait débat.

Obtenir des aires marines réellement protégées (Bloom). Selon cette association "entièrement dévouée à l’océan et à ceux qui en vivent", la France s’illustre par sa médiocrité en matière de protection de la biodiversité océanique. L'association Bloom préconise 11 règles d'or pour une pêche sociale et écologique. Ce rapport présente les travaux scientifiques d’une trentaine des plus grands spécialistes de l’océan à l’échelle mondiale. L’article scientifique "Repenser la durabilité des pêcheries marines pour une planète en évolution rapide" qui relate leurs travaux a été publié en septembre 2024 dans la revue npj Ocean Sustainability du journal Nature. 

Protection des océans : des ONG portent plainte à Bruxelles pour l’arrêt du chalutage de fond dans les aires marines « protégées » (Libération). Cinq collectifs ont saisi la Commission européenne. Elles accusent la France, l’Italie et l’Allemagne de manquer à leur devoir de sauvegarder quinze écosystèmes marins, en violation d’une directive européenne datant de 1992.

Le sommet de l’ONU sur l’océan s’achève à Nice, avec un cap clair sur la haute mer (Le Temps). La ratification du traité sur la haute mer par une cinquantaine de pays, actée lundi à Nice, permet d’espérer une entrée en vigueur rapide de cet accord. Une COP dédiée est prévue dès 2026. Plusieurs pays, de la Colombie aux Samoa, annoncent de nouvelles aires marines protégées (AMP) ou renforcent celles existantes. L’océan passe ainsi de 8,34% à plus de 10% d’AMP. En France, seuls 4% des eaux sont mieux protégés, décevant les ONG. Le sommet pointe les « effets néfastes » du climat sur l’océan mais la déclaration finale ne parle pas d’une sortie des énergies fossiles, principale cause de l’acidification. 

Programmes de l’UNESCO pour l’océan (2025). L’UNESCO propose plusieurs programmes pour mieux connaître, préserver et valoriser durablement les milieux océaniques. 

La mer, un objet hautement politique. La privatisation des territoires et ressources maritimes en acte (VertigO)
Comment l'océan est-il construit socialement ? Cela a été appréhendé à travers les méthodes des sciences sociales par la géographie, le droit, l'économie et l'histoire, mais peu par la sociologie, l'anthropologie ou encore la science politique. Les articles de ce numéro spécial de [VertigO] – La revue électronique en science de l'environnement contribue à combler cette lacune en partant de différentes approches et en mobilisant l'anthropologie, la sociologie politique, le droit et la géopolitique dans l'analyse de l'objet « gouvernance des mers et des océans ».

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La carte de protection des océans proposée par Greenpeace pour 2030 : utopie ou réalisme ?

Medieval Murder Maps. Un site de cartographie interactive sur les meurtres en Angleterre à la fin du Moyen Âge


Le site Medieval Murder Maps offre un aperçu unique de la violence et de la justice à la fin du Moyen Âge en Angleterre. Son fondateur, Manuel Eisner a repéré des centaines de meurtres à cette époque. En utilisant des registres du XIVe siècle et d'autres sources d'archives, l'historien directeur de l'Institut de criminologie de l'Université de Cambridge, a passé 15 ans à travailler sur des outils interactifs qu'il appelle « cartes de meurtres » avec l'aide d'une équipe. Réunis et analysés dans un article à comité de lecture, leurs résultats offrent un aperçu des dessous sombres de la vie médiévale à Londres, Oxford et York. Ils révèlent également des tendances qui pourraient surprendre les lecteurs d'aujourd'hui : certains des foyers les plus meurtriers se trouvaient dans les quartiers les plus aisés, et les étudiants universitaires figuraient parmi les tueurs les plus fréquents. Les auteurs ont également constaté que les meurtres avaient tendance à se concentrer dans les zones extérieures très fréquentées et que la majorité des tueurs bénéficiaient de l'impunité.

Référence scientifique

Eisner, M., Brown, S.E., Eisner, N. et al. (2025). Spatial dynamics of homicide in medieval English cities: the Medieval Murder Map project [Dynamique spatiale des homicides dans les villes médiévales anglaises : le projet Medieval Murder Map], Criminal Law Forum, https://doi.org/10.1007/s10609-025-09512-7 (article en accès libre).

Cette étude examine les schémas spatiaux des homicides dans trois villes anglaises du XIVe siècle – Londres, York et Oxford – à travers le projet Medieval Murder Map, qui visualise 355 cas d'homicides issus d'enquêtes judiciaires. En intégrant la criminologie historique aux théories contemporaines de la criminalité spatiale, les auteurs esquissent une nouvelle criminologie historique de l'espace, montrant la manière dont les environnements urbains ont façonné les schémas de violence meurtrière du passé. Les résultats révèlent des similitudes entre les trois villes. Les homicides étaient fortement concentrés dans des lieux clés de la vie urbaine tels que les marchés, les places et les voies publiques. Les schémas temporels indiquent que la plupart des homicides se produisaient le soir et le week-end, ce qui concorde avec la théorie des activités routinières. Oxford présentait des taux d'homicides bien plus élevés que Londres et York, ainsi qu'une proportion plus élevée de violences collectives organisées, suggérant des niveaux élevés de désorganisation sociale et d'impunité. Les analyses spatiales révèlent des zones distinctes liées aux conflits entre la ville et l'université et à la violence alimentée par les factions étudiantes. À Londres, les résultats suggèrent des groupes distincts d'homicides reflétant des différences de fonctions économiques et sociales. Dans les trois villes, certains homicides ont été commis dans des espaces à forte visibilité et à forte signification symbolique. Ces résultats mettent en évidence l'influence historique de l'espace public sur la violence urbaine. L'étude soulève également des questions plus larges sur le déclin à long terme des homicides, suggérant que les changements dans la gouvernance urbaine et l'organisation spatiale pourraient avoir joué un rôle crucial dans la réduction de la violence meurtrière.

Le site Medieval Murder Map

Le site Medieval Murder Maps (http://www.medievalmurdermap.co.uk) comprend trois villes : Londres, York et Oxford. Les sites ont été sélectionnés selon plusieurs critères : leur importance en tant que centres urbains dans l'Angleterre médiévale ; la disponibilité d'enquêtes de coroners s'étalant sur plusieurs années ; l'accès à des cartes historiques numériques de haute qualité ; et des considérations pratiques telles que l'expertise et les contraintes de temps. Les coroners étaient des fonctionnaires locaux représentant les intérêts de la Couronne, chargés principalement de mener des enquêtes sur les morts violentes ou suspectes. Leur rôle garantissait la protection des intérêts financiers royaux et la présentation des informations pertinentes aux tribunaux pour la mise en accusation lors des procès.

Les cartes montrent les lieux d'homicides recensés au XIVe siècle. Le bleu indique les meurtres impliquant des hommes ; le rouge indique une victime ou un agresseur de sexe féminin. Les symboles indiquent les armes utilisées. Il est possible de sélectionner les données en fonction du genre de l'agresseur ou de la victime (homme ou femme), du jour et de l'heure de la semaine, du type d'arme utilisé, du lieu de l'événement.

Interface du site Medieval Murder Maps

L'auteur Manuel Eisner et son équipe

Manuel Eisner a étudié l'histoire à l'Université de Zurich et est titulaire d'un doctorat en sociologie. Il aa publié plusieurs ouvrages, comme auteur ou directeur de publication, ainsi que plus d'une 100e d'articles et chapitres de livres en anglais, allemand, espagnol et français. Ses travaux universitaires portent sur l'explication des causes, des conséquences et de la prévention de la violence interpersonnelle dans les sociétés humaines. ses recherches visent à répondre aux questions suivantes : comment décrire et expliquer les variations des niveaux de violence entre les sociétés et au cours de l'histoire humaine ? Quels mécanismes psychologiques et sociaux expliquent l'évolution et la stabilité des comportements violents au cours de la vie ? Quelle combinaison de prévention, d'intervention et de contrôle est la plus adaptée pour réduire la violence interpersonnelle dans différentes sociétés du monde ? 

L'équipe de Murder Maps : Manuel Eisner, Sam Barnes, Dr Stéphanie Emma Brown, Birgitte Bruun, Simone Castello, Dr Nora Eisner, Charlie Inman, Jeremy Ries, Michael Rice, Ruth Schmid, Liam Kelly, Steve Hankey.

Pour aller plus loin

  • « Just how bloody was medieval England ? A ‘murder map’ holds some surprises » (The Washington Post)
  • « Who Killed the Innkeeper With a Sword in 1315 ? » (The New York Times)
  • « Noblewoman may have ordered brazen murder of priest outside St Paul’s in 1337 » (The Guardian

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Cartes des taux d'application des pesticides dans l'Union européenne à une résolution spatiale de 250 mètres


Source : Porta, G.M., Casse, L., Manzoni, A. et al. (2025). Pesticides application rate maps in the European Union at a 250 m spatial resolution. Science Data 12, 725 (article en open access), https://doi.org/10.1038/s41597-025-05031-7

Les auteurs proposent une cartographie des taux d'application de pesticides dans l'Union européenne à une résolution spatiale de 250 mètres pour 53 ingrédients actifs en 2018. Les données sources comprennent des estimations mondiales des apports de pesticides, des cartes de cultures à haute résolution et l'utilisation de pesticides rapportée par les chiffres officiels d'EUROSTAT. Les taux d'application mondiaux de pesticides précédemment publiés dans PEST-CHEMGRIDS sont utilisés comme premières estimations. Ceux-ci sont ensuite ajustés à l'aide d'un ensemble de données d'étalonnage recueillies à partir de l'utilisation des pesticides en agriculture. L'estimation de la masse appliquée par pays et par type de culture est ensuite combinée à des cartes de cultures à haute résolution. La procédure prend explicitement en compte la qualité et l'incertitude des données grâce à une procédure d'estimation du maximum de vraisemblance. Ce produit de données présente des distributions spatiales détaillées des apports de pesticides, facilitant l'évaluation du devenir et du transport des pesticides, des transformations biogéochimiques ainsi que de l'évaluation des risques environnementaux.

Cartes des taux d'application des pesticides dans l'Union européenne à une résolution spatiale de 250 m (source : Porta, Casse, Manzoni et al., 2025). 


Les cartes sont fournies au format géoréférencé (geotiff) utilisant les coordonnées projetées EPSG:3035. Pour chaque ingrédient actif les auteurs fournissent une carte d'estimation haute (H), médiane (M) et basse (L). Les données comprennent également une distribution d'indice de précision spatiale, qui indique la fidélité des cartes produites par rapport à l'ensemble de données d'étalonnage. La carte des cultures EUCM-CORINE-250 est également fournie, ainsi que les données sur les taux d'application. Toutes les données sont disponibles sur Figshare (7,8 Go de données à télécharger).

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Carte de l'utilisation des pesticides en France et outre-mer

Cartographie des rejets de PFAS par les installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE)

La situation financière des communes selon le revenu moyen par habitant


Source : Guillaume Leforestier (2025). La situation des communes en 2023 selon les revenus de leurs habitants, Bulletin d'Information Statistique de la Direction générale des collectivités locales, n°194, avril 2025.

La Direction générale des collectivités locales publie la situation des communes en 2023 selon les revenus de leurs habitants. Les communes dont les habitants disposent d'un revenu moyen élevé sont situées principalement sur le littoral, les régions frontalières avec la Suisse, l'Allemagne et le Luxembourg, ainsi que dans les zones périphériques des grands centres urbains. Cette géographie diffère de celle des communes analysées selon leurs recettes de fonctionnement par habitant, en raison notamment de leur modèle de financement, qui ne repose que partiellement sur les revenus des habitants. Pour autant, la situation financière des communes ayant des habitants à hauts revenus présente certains traits communs. Leurs recettes et des dépenses de fonctionnement par habitant sont un peu plus importantes. Au regard des différents indicateurs financiers, leur situation financière se révèle glo-balement plus favorable, surtout pour les communes de moins de 50 000 habitants. Pour ces der-nières, les différents ratios financiers sont sensibles au revenu des habitants, contrairement aux communes plus peuplées, hormis l'effort d'investissement. Les communes aux habitants les plus aisés consacrent une part plus importante de leurs dépenses dans certains domaines: culture, sport et jeunesse, santé et action sociale, ou encore transports, routes et voirie.

Le revenu moyen par habitant est appréhendé ici à travers le revenu fiscal de référence. Le modèle économétrique utilisé répartit les communes selon leur quartile de revenu moyen par habitant en 2022 et leur quartile de recettes de fonctionnement en 2023. Plus le revenu de leurs habitants est élevé, plus les communes appartiennent à des aires d'attraction des villes de grande taille. La situation est plus favorable pour les communes de moins de 50 000 habitants aux habitants à hauts revenus. Les efforts d'investissement et d'équipement sont globalement plus soutenus dans les communes aux habitants aisés. Les cartes et données peuvent être consultées sur le site de l'Observatoire des territoires.

La Direction générale des collectivités locales publie régulièrement des analyses statistiques. Pour accéder aux différents numéros du Bulletin d'Information Statistique (BIS) de la DGCL, cliquez sur ce lien. Voir notamment le numéro concernant les structures territoriales au 1er janvier 2025.

Pour compléter 

L'INSEE fournit chaque année des données sur la structure et la distribution des revenus ainsi que l'inégalité des niveaux de vie en France. Ces données sont issues du dispositif Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) et sont disponibles à différents niveaux géographiques (régions, départements, arrondissements, EPCI, EPT, CTCD, communes, aires d'attraction des villes, unités urbaines, zones d’emploi).

L'Observatoire des inégalités a publié en février 2025 un palmarès des villes françaises les plus inégalitaires.

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Agroclimat2050, un outil pour prévoir l'impact des événements météorologiques sur la production agricole


Serge Zaka (sergezaka.bsky.social), qui est ingénieur agronome et docteur en agroclimatologie, s'est fait connaître en tant que lanceur d'alerte sur les impacts du changement climatique sur la production agricole. Il a créé le site Agroclimat2050 (agroclimatologie.com) qui entend devenir le premier service cartographique agroclimatique de France.

L'outil « gratuit, sans compte et ouvert à tous » vise à cartographier les risques agroclimatiques. Il propose actuellement les pertes de fleurs dues au gel, à une résolution de 1,3 km² sur toute la France, et de 5 à 12 km² sur l’ensemble de l’Europe. La pomme et la mirabelle ont également été ajoutés. A terme, d'autres cultures et arbres fruitiers vont rejoindre la danse. Les données sont issues du modèle ARPEGE (Météo-France) et de l'opendata du gouvernement français. Les prévisions s'appuient également sur les données des modèles de prévisions numériques Global Forecast System (GFS/NOAA) et AROME (Météo-France).

À terme, le site proposera :

  • L’accessibilité des parcelles agricoles
  • Des indices de stress thermique pour une dizaine d’animaux d’élevage
  • Des indices de développement pour plusieurs maladies et ravageurs
  • L’échaudage des céréales et le stress thermique et hydriques pour toutes les grandes cultures.
  • La vitesse de croissance des légumes potagers, en irrigué ou non ou des grandes cultures.
  • Les cumuls de degrés-jours pour toutes les espèces agricoles en France

Il s’agit encore d’un prototype. « Soyez indulgents : ce projet est entièrement autofinancé, développé avec mes propres moyens, au service du monde agricole ». Ces prévisions ne doivent pas être utilisées pour la protection des biens et des personnes. En aucun cas la responsabilité de leur auteur ou d'Agroclimat2050 ne pourrait être engagée. Ainsi, Agroclimat2050 souligne que ses prévisions sont informatives et ne remplacent pas les informations officielles des services météorologiques nationaux.

Pour compléter

Interview de Serge Zaka pour la Chambre d'agriculture de l'Ain.
« Il se consacre à l’étude de l’impact du changement climatique sur l’agriculture, qu’il s’agisse des grandes cultures, du maraîchage, de l'arboriculture, de la viticulture, de l’élevage. Son mot d’ordre : anticiper. Grâce à une approche scientifique rigoureuse, il s’efforce de mieux comprendre et prévoir ces transformations afin d’identifier des stratégies d’adaptation et d’atténuation. L’objectif est clair : préserver une production agricole durable, résiliente et de qualité afin que la France garde son indépendance agricole d’ici 2050. Serge ZAKA répond à nos questions. »

Il faut sortir de la politique pansement, court-termiste : pour révolutionner l'agriculture, les pistes de l'agroclimatologue Serge Zaka (FranceInfo). 
« Nouvelles cultures, gestion de l'eau, travail du sol : face aux pertes de plus en plus importantes des agriculteurs, l'agroclimatologue Serge Zaka nous présente ses solutions pour faire face au changement climatique dans la région. »

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Résultats d'enquête dans 125 pays concernant le soutien réel et perçu à l’action climatique


Source : Andre, P., Boneva, T., Chopra, F. et al. (2024). Globally representative evidence on the actual and perceived support for climate action. Nature Climate Change, 14, p. 253–259 (article disponible en open access), https://doi.org/10.1038/s41558-024-01925-3

Des chercheurs ont interrogé environ 130 000 personnes dans 125 pays à travers le monde sur le changement et le réchauffement climatique. Ils ont constaté que 89 % des personnes souhaitaient davantage d’action politique pour lutter contre le changement climatique. Comme il s'agit de données déclaratives, l'enquête reflète plus des perceptions que des pratiques. Cette enquête mondiale sur le changement climatique permet malgré tout de remettre en cause la représentation commune selon laquelle l'opinion serait frileuse par rapport à l'action climatique. 

Résumé

L'atténuation du changement climatique nécessite une coopération mondiale, mais les données mondiales sur la volonté d'agir des individus restent rares. Dans cette étude, les chercheurs ont conduit une enquête représentative dans 125 pays, auprès d'environ 130 000 personnes. Les résultats révèlent un large soutien à l'action climatique : 69 % de la population mondiale se déclare prête à contribuer à hauteur de 1 % de son revenu personnel, 86 % adhère aux normes sociales pro-climat et 89 % exige une action politique renforcée. Les pays confrontés à une vulnérabilité accrue au changement climatique affichent une volonté de contribuer particulièrement élevée. Malgré ces statistiques encourageantes, on constate que le monde est plongé dans une forme d'ignorance généralisée, où les individus sous-estiment systématiquement la volonté d'agir de leurs concitoyens. Ce décalage de perception, combiné à un comportement individuel coopératif conditionnel, pose des défis pour la poursuite de l'action climatique. Par conséquent, sensibiliser au large soutien mondial à l'action climatique devient crucial pour promouvoir une réponse unifiée au changement climatique.

Un soutien mondial généralisé à l'action climatique (source : Andre et al., 2024).


a, c, e Proportions moyennes mondiales de répondants disposés à contribuer à hauteur de 1 % de leur revenu (a), approuvant les normes sociales pro-climatiques (c) et exigeant une action politique (e). Des pondérations ajustées en fonction de la population sont utilisées pour garantir la représentativité au niveau mondial. 

b, d, f Cartes du monde dans lesquelles chaque pays est coloré en fonction de sa proportion de répondants disposés à contribuer à hauteur de 1 % de leur revenu (b), approuvant les normes sociales pro-climatiques (d) et exigeant une action politique (f). Des pondérations ont été effectuées pour tenir compte de la procédure d'échantillonnage stratifié.

Les chercheurs ont conçu cette enquête mondiale sur le changement climatique afin d'obtenir des données représentatives à l'échelle mondiale sur la volonté d'agir contre le changement climatique. L'enquête a été menée dans le cadre du sondage mondial Gallup 2021/2022 auprès d'un ensemble vaste et diversifié de pays (N =125) en utilisant une méthodologie d'échantillonnage et d'enquête commune (voir la méthodologie). Les pays inclus dans cette étude représentent 96 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), 96 % du produit intérieur brut (PIB) mondial et 92 % de la population mondiale. Afin de garantir la représentativité nationale, chaque échantillon de pays a été sélectionné aléatoirement parmi la population résidente âgée de 15 ans et plus. Les entretiens ont été menés par téléphone (courant dans les pays à revenu élevé) ou en face à face (courant dans les pays à faible revenu), avec des numéros de téléphone ou des adresses tirés au sort. La plupart des échantillons nationaux comprennent environ 1 000 répondants, et l'échantillon mondial comprend un total de 129 902 personnes.

Les données de l'Enquête mondiale sur le changement climatique sont disponibles à l'adresse https://doi.org/10.15185/gccs.1. Les références et la documentation des données externes et propriétaires, telles que celles du sondage mondial Gallup, sont disponibles dans les Informations supplémentaires.

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