L’IGN publie une nouvelle édition de son Atlas « Cartographier l’anthropocène » sur la thématique de la prévention des risques (Atlas IGN 2025).
Inondations : des data pour faire barrage. Quand les données nous aident à comprendre, à anticiper et à renforcer notre résilience collective face au risque inondation
Premier risque naturel en France par l'ampleur des dommages occasionnés et le nombre de communes concernées, les inondations gagnent en intensité tout en se révélant plus fréquentes. Pour comprendre ces phénomènes qu'exacerbe le changement climatique et s’y préparer, les cartes et data sont des alliées stratégiques. Au fil des pages, l'édition 2025 de l'Atlas publié par l'IGN illustre les enjeux d'une connaissance fine à tous les niveaux, que ce soit pour localiser l'aléa et le circonscrire, pour renforcer continuellement la fiabilité des systèmes de vigilance ou pour modéliser le risque et construire les scénarii les plus réalistes dans la perspective d'une France à +4 degrés à la fin de ce siècle. Les données sont résolument au cœur du système : des clés pour s'adapter à ce défi majeur de l'anthropocène.
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Radioscopie du risque inondation (infographie)
- 1 français sur 4 exposé à l'aléa inondation
- Près de 11 000 communes couvertes par un Plan de prévention des risques d'inondation (PPRI)
- 15 à 30 % d'augmentation prévisionnelle des pluies quotidiennes maximales annuelles sur l'ensemble du pays en 2100 selon Météo-France
Lien ajouté le 19 octobre
Azhar, M., Kane, B., Vahedifard, F. et al. Comprehensive portfolio of adaptation measures to safeguard against evolving flood risks in a changing climate [Portefeuille complet de mesures d'adaptation pour se prémunir contre l'évolution des risques d'inondation dans un climat en mutation]. Commun Earth Environment 6, 824 (2025). https://doi.org/10.1038/s43247-025-02779-z
Des chercheurs de l'Université de Californie ont étudié comment adapter les sociétés face aux inondations accrues par le changement climatique. Leur synthèse mondiale évalue 39 mesures d’adaptation classées en quatre catégories. Au cours des dernières décennies, l'accent des mesures d'adaptation aux inondations s'est déplacé des modifications structurelles vers des solutions centrées sur la communauté et fondées sur la nature, selon une synthèse et une classification mondiales. Le réchauffement planétaire (+1,1°C depuis l’ère préindustrielle) intensifie les pluies extrêmes et la montée des mers (3–4 mm/an), accroissant les risques d’inondation. Entre 2000 et 2019, ces catastrophes ont touché 1,6 milliard de personnes et causé 651 milliards de dollars de pertes. Les auteurs soulignent que la fréquence et la complexité des inondations imposent de dépasser les réponses purement techniques (digues, barrages). Les stratégies doivent intégrer nature, gouvernance, culture et participation locale pour construire une résilience durable. L’étude distingue quatre phases historiques de l’adaptation. Protection réactive locale avant 1950, ingénierie lourde au XXe siècle, approche écosystémique à partir des années 1970, puis solutions hybrides actuelles combinant infrastructures et participation communautaire. À partir de 173 études, les chercheurs recensent 39 mesures : 18 techniques (digues, relocalisation), 9 institutionnelles (politiques, gouvernance), 2 socioculturelles (éducation, pratiques locales) et 10 fondées sur la nature (zones humides, forêts, berges végétalisées). Les stratégies techniques restent majoritaires dans les pays du Nord, tandis que les solutions communautaires ou fondées sur la nature dominent dans le Sud. Les auteurs appellent à une recherche plus inclusive intégrant les savoirs autochtones et les publications locales. Les mesures structurelles assurent une protection rapide mais coûteuse et rigide. Les approches institutionnelles misent sur la planification et la gouvernance. Les leviers comportementaux reposent sur l’éducation et l’appropriation collective du risque. Les solutions fondées sur la nature restaurent les écosystèmes pour amortir les crues, améliorer la biodiversité et filtrer l’eau. Elles offrent des co-bénéfices écologiques mais nécessitent un suivi constant et un fort ancrage local pour être efficaces.
Les chercheurs insistent sur trois critères indissociables d’une adaptation réussie : la faisabilité pratique, la solidité technique et la justice sociale. Une mesure efficace doit être équitable, réaliste et robuste face à des climats incertains et évolutifs. L’étude met en lumière des écarts d’équité. Les populations les plus pauvres vivent souvent dans les zones à risque. Intégrer la justice distributive dans la gestion des crues permet de réduire ces inégalités et d’améliorer la répartition des ressources. Les auteurs proposent d’adopter une approche multi-attributs. Chaque projet doit être conçu selon son contexte technique, socio-économique et culturel. Négliger un de ces trois piliers réduit la durabilité et l’efficacité des politiques d’adaptation. Plusieurs pistes de recherche sont identifiées : mieux combiner données qualitatives et quantitatives, coordonner les politiques, clarifier les seuils de risque, utiliser l’intelligence artificielle et renforcer la participation communautaire aux décisions. Les nouvelles technologies (IA, télédétection) peuvent améliorer la prévision et la planification adaptative. Mais les auteurs rappellent que la technologie seule ne suffit pas. L’adaptation doit rester humaine, coopérative et fondée sur la connaissance locale. Cette synthèse conclut qu’une adaptation réussie aux inondations doit être systémique, équitable et transdisciplinaire. L’eau devient ainsi un révélateur des relations entre société, climat et environnement dans l’Anthropocène. #geography #floods #adaptation
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