Source : De nombreuses nouveautés arrivent avec la nouvelle version d’Admin Express (IGN)
Depuis mi-2024, l’IGN œuvre en interne à une refonte du contenu autour de ses référentiels administratifs en réponse aux demandes d’évolution remontées par les utilisateurs. Ce travail de refonte arrive à son terme et se traduit par une nouvelle version 4 d'Admin Express. Cette nouvelle version s’accompagne d’un grand nombre d’améliorations : un enrichissement important de l’offre existante, une meilleure cohérence entre les référentiels administratifs, et une mise à jour importante sur le littoral.
Un référentiel administratif complet et cohérent
Ajout de 3 collectivités d’outre-mer dans Admin Express : Saint-Barthélemy (977), Saint-Martin (978) et Saint-Pierre et Miquelon (975)
Ajout systématique du code SIREN dans toutes les classes
Le remplacement des géométries des pseudos-cantons par des vrais cantons (y compris infra-communaux)
Des classes de chef-lieu (ponctuel) sur l’ensemble des niveaux administratifs
L’ajout de la superficie cadastrale de l’INSEE sur la classe commune
Mise à jour de la limite littorale suite à l’intégration de la limite terre-mer
Deux nouveaux produits « petite échelle »
Admin Express COG CARTO_PLUS PE (à télécharger) C’est la déclinaison CARTO_PLUS de sa grande sœur Admin Express COG CARTO PE arrivée en 2024. CARTO_PLUS est la version petite échelle millésimée COG offrant un rapprochement fictif des DROM autour de la métropole, plus adaptée à des besoins de datavisualisation. Elle s’inspire du travail réalisé par l’ICEM7 avec un dernier millésime publié en 2022. La géométrie « Carto Plus » ne possèdera pas de géoréférencement légal et sera proposée sur l’ensemble des couches administratives (commune, département, etc…).
Contour IRIS PE Ce nouveau produit est la déclinaison petite échelle de IRIS GE (Contour IRIS étant la version moyenne échelle). L’objectif est d'offrir sur la thématique IRIS les 3 niveaux d’échelle (grande, moyenne et petite échelles).
Éric Mauvière, qui administre le site Icem7 consacré à la datavisualisation et au data-storytelling, souligne tout l'intérêt de pouvoir disposer désormais d'une version simplifiée d'Admin Express, bien adaptée aux usages du web et avec les territoires ultramarins rapprochés de l'hexagone. Le rapprochement de l'outre-mer va faire gagner beaucoup de temps aux analystes cartographes, même si on peut déplorer le fait que les DROM ne soient pas à l'échelle entre eux (voir notamment la superficie minorée de la Guyane).
Pour obtenir les départements, régions ou cantons dans la même précision, il est possible de de télécharger le gpkg de l'IGN ou d'utiliser l'excellent outil Mapshaper à partir de la couche communale (entrer dans la console la requête : "dissolve dept" pour faire apparaître les départements).
Mapshaperest unoutil en ligne qui permet, sans avoir à installer un logiciel SIG, de lire et de convertir des fichiers au format Shp, geoJson, TopoJson, Kml ou Svg. Voir letutoriel de prise en mainproposé par Eric Mauvière.
Martin Vailly. Le monde au bout des doigts : François Le Large, le globe de Coronelli et les cultures géographiques dans la France de Louis XIV. Thèse soumise au jury pour approbation en vue de l’obtention du grade de Docteur en Histoire et Civilisation de l’European University Institute, 2020. https://hal.science/tel-03177970v1 (mise en accès libre sur Hal en juin 2025).
Cette thèse explore la constitution de cultures géographiques parmi les courtisans et les élites du royaume de France à la fin du règne de Louis XIV, entre 1680 et 1720 environ. L'analyse est principalement menée à partir de l’étude des globes terrestres de Vincenzo Coronelli, de leur circulation dans les cabinets curieux, ainsi qu’à partir des travaux de François Le Large, garde du globe du roi à Marly. Martin Vailly interroge deux espaces différents, mais pourtant complémentaires, de la pratique géographique : la cour de Louis XIV, où une paire de grands globes cosmographiques est exposé, et les différents lieux du travail savant que sont les bibliothèques, les cabinets ou encore les jardins. En analysant à la fois la constitution de savoirs géographiques, leur exposition sur les globes, leur acquisition et leur discussion par les curieux de géographie, il montre la place de ces connaissances dans la vie sociale, politique et culturelle du royaume de France.
À partir de l’étude de la persona savante et des travaux de François Le Large, il met en évidence le lien entre la constitution d’une culture géographique, et les jeux de positionnement et d’ascension sociale, dans une démarche qui s’inscrit dans l’histoire sociale des sciences et dans l’anthropologie historique des pratiques savantes. En reconstruisant les sociabilités curiales qui s’articulent tant autour du grand globe de Coronelli que de l’acquisition d’une culture géographique, il montre que le goût pour ces savoirs est un enjeu tant politique que mondain, qui caractérise le roi savant, le bon courtisan ou le gentilhomme éduqué. Cette thèse révèle ainsi l’importance de ces objets de distinction sociale que sont les globes en général, et les globes terrestres de Coronelli en particulier. Ils sont au cœur d’un tissu de sociabilités savantes, mondaines et politiques, et forgent les imaginaires géographiques de leurs possesseurs. L’étude détaillée de la surface du grand globe terrestre de Louis XIV, et de son analyse par François Le Large, montre en outre la place des savoirs géographiques dans la symbolique du règne louis-quatorzien. La surface du globe participe à sa manière aux « guerres de plume » qui opposent Louis XIV et ses rivaux. Elle met en scène et légitime les ambitions impériales d’un souverain présenté comme protecteur des arts et sciences, dans ce lieu privilégié de son pouvoir absolu qu’est le palais de Marly.
Pour compléter
Cartes et globes de Coronelli sur Gallica Les globes qu'il a créé ont fait la renommée de Vincenzo Coronelli (1650-1718). Mais le moine franciscain a des centaines de cartes à son actif. La Bibliothèque nationale de France en conserve de nombreuses, notamment cette carte en deux plans-hémisphères assez originale assortie de diverses autres projections. Les sources de ces cartes et plans sont référencées à la page 447 de la thèse de Martin Vailly.
Le Globe terrestre représenté en deux plans-hémisphères et en diverses autres figures par P. Coronelli (source : Gallica)
Offerts par le cardinal d’Estrées à Louis XIV, les globes réalisés en 1683 par le cosmographe vénitien Vincenzo Coronelli offrent une représentation synthétique de la Terre et du ciel. Objets de science et emblèmes du pouvoir, ces globes de 4 m de diamètre, exceptionnels par leur dimension, sont les deux pièces les plus monumentales conservées par la Bibliothèque nationale de France.
« Le garde du globe terrestre, François Le Large, entreprit la transcription de toutes les légendes et son travail, nécessaire déjà en 1710, a préservé certains textes qui allaient par la suite s’effacer. Il se lança dans l’explication des figures, dont certaines étaient traitées avec "la fantaisie du peintre" et rechercha les sources. Mais, plus qu’à une simple transcription, François Le Large se livre à une sévère analyse des éléments inscrits par Coronelli et lui reproche de ne pas mettre à jour sa cartographie. En effet, les travaux de l’Académie des sciences ont permis de multiplier les observations sur le terrain et de corriger beaucoup de positions géographiques. » (Exposition virtuelle sur les globes du Roi soleil, BNF).
Depuis 1935, la Wilderness Society mène des efforts pour protéger les étendues sauvages de l'Ouest américain. Cette société a été à l’avant-garde de presque tous les combats en matière de défense des terres publiques. Aujourd'hui elle tire la sonnette d'alarme face au projet de loi de réconciliation budgétaire du Comité sénatorial de l'énergie et des ressources naturelles, publié le 14 juin 2025. Ce texte comprend une série de mesures extraordinaires visant à privatiser les terres fédérales et à promouvoir la domination énergétique au détriment des terres et des ressources publiques.
Le projet de loi impose la vente arbitraire d'au moins 2 millions d'acres de terres du Service des forêts et du Bureau de gestion des terres dans 11 États de l'Ouest au cours des cinq prochaines années, et il donne aux secrétaires de l'Intérieur et de l'Agriculture une large latitude pour choisir les endroits qui doivent être vendus.
Terres publiques susceptibles d'être cédées dans l'Ouest des États-Unis (source : The Wilderness Society)
Plus de 250 millions d'acres de terres publiques sont éligibles à la vente dans le cadre de ce projet de loi, y compris des zones de loisirs, des zones d'étude de la nature sauvage et des zones sans routes inventoriées, des habitats fauniques essentiels et des couloirs de migration de gros gibier. Ce projet de loi prévoit ce qui est probablement la plus grande vente de terres publiques nationales de l'histoire moderne afin de réduire les impôts des plus riches du pays. Il troque l'accès des Américains ordinaires aux loisirs de plein air contre un avantage à court terme qui profite de manière disproportionnée aux privilégiés et aux personnes bien connectées. La version mise à jour du projet de loi du 14 juin autorise la vente des terres bénéficiant de permis de pâturage. Bien que les terres, dont les « droits existants valides » ne sont pas définis, soient toujours exclues, cette expression englobe désormais les droits fonciers tels que les baux pétroliers et gaziers, les droits de passage ou les concessions minières perfectionnées.
Ce projet de loi expose les États et les collectivités locales, relativement démunis, à des conflits d'enchères ouverts face à des intérêts commerciaux fortunés. Il ne confère pas non plus aux nations tribales souveraines le droit de préemption pour les appels d'offres sur des terres, même pour des zones faisant partie de leurs territoires traditionnels ou contenant des sites sacrés. Les terres des monuments nationaux pourraient également être menacées par cette proposition. Dans un avis du ministère de la Justice publié la semaine dernière, l'administration Trump s'est arrogé le pouvoir juridique sans précédent de révoquer la protection des monuments nationaux. Si elle tentait d'appliquer cette décision, 5,5 millions d'hectares supplémentaires de terres publiques les plus précieuses pourraient être menacés de vente.
La disposition relative à la vente de terrains publics se présente comme un moyen de créer davantage de logements, mais elle manque de garanties pour garantir l'utilisation des terrains à cette fin, sans mécanisme de contrôle de l'application des clauses restrictives et avec un large pouvoir discrétionnaire du Secrétaire pour déterminer ce qui constitue un logement ou une « infrastructure destinée à répondre aux besoins locaux en matière de logement ». Les recherches suggèrent que très peu de terrains gérés par le BLM et l'USFS sont réellement adaptés à l'habitat.
Les agences foncières disposent déjà de moyens pour identifier les terres publiques destinées à des usages tels que le logement, si cela répond aux besoins de la communauté. L'élaboration d'une nouvelle méthode pour forcer une telle « cession » dans le cadre du processus de réconciliation budgétaire crée un précédent susceptible de liquider rapidement d'importantes portions de terres américaines précieuses à l'avenir, dès que les politiciens auront un projet à financer. Le site invite à contacter des sénateurs afin de s’opposer au projet de loi de réconciliation. La mobilisation est relayée par d'autres organisations de conservation à but non lucratif telles que le Western Watersheds Project (WWP), qui œuvre pour la protection et la restauration de la faune et des bassins versants dans tout l'Ouest américain.
La plateforme Climate Change Tracker vise à fournir des tableaux de bord interactifs, des visualisations, des données et des informations fiables et facilement accessibles sur le changement climatique à l'échelle mondiale.
1) Un tableau de bord pour sensibiliser un large public
L'objectif est de fournir des informations en temps réel pour une action coordonnée et une éducation du public. Il s'agit également de sensibilier les décideurs politiques impliqués dans les négociations de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et les acteurs de l'atténuation et de l'adaptation au changement climatique. Climate Change Tracker prévoit de mettre à jour les indicateurs clés plusieurs fois par an, offrant ainsi une vision actualisée des indicateurs du changement climatique.
Élévation annuelle moyenne du niveau de la mer à l'échelle mondiale (source : Climate Change Tracker)
2) Référence scientifique
Un groupe international de 61 scientifiques issus de 17 pays a produit une troisième mise à jour des indicateurs clés de l’état du système climatique tels que définis dans l’évaluation du 6e rapport de synthèse sur le changement climatique du GIEC (AR6), en s’appuyant sur les éditions précédentes de 2023 et 2024 :
Forster et al. (2025). Indicators of Global Climate Change 2024: annual update of key indicators of the state of the climate system and human influence [Indicateurs du changement climatique mondial 2024 : mise à jour annuelle des indicateurs clés de l'état du système climatique et de l'influence humaine]. Earth System Science Data, vol. 17, 6, 2641–2680, https://doi.org/10.5194/essd-17-2641-2025 (article en libre accès)
Les auteurs de l'article évaluent les émissions, les concentrations, les températures, les transferts d’énergie, les bilans radiatifs et le rôle de l’activité humaine. Bien que la variabilité naturelle du climat ait également joué un rôle, ils concluent que les températures record observées en 2024 ont été dominées par l’activité humaine et le budget carbone qui reste par rapport au seuil de 1,5° C n'a jamais été aussi réduit. La mise à jour 2024 comprend deux indicateurs supplémentaires : l’élévation du niveau moyen mondial de la mer et les précipitations terrestres mondiales. Entre 2019 et 2024, le niveau moyen mondial de la mer a également augmenté d’environ 26 mm, soit plus du double du taux à long terme de 1,8 mm par an observé depuis le début du XXe siècle. Les précipitations terrestres mondiales ont quant à elles affiché une grande variabilité interannuelle en raison d’El Niño.
Parmi les autres conclusions clés, on peut citer :
Les émissions de gaz à effet de serre, provenant principalement de la combustion de combustibles fossiles, mais également liées à la déforestation, restent à un niveau élevé et persistant.
Les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère mondiale continuent d’augmenter.
L’amélioration de la qualité de l’air réduit simultanément la force du refroidissement par aérosol.
Le déséquilibre énergétique de la Terre continue de s’accroître, avec des flux de chaleur sans précédent dans les océans de la Terre.
Les températures moyennes observées à la surface de la planète continuent d’augmenter.
Le réchauffement climatique d’origine humaine continue d’augmenter à un rythme sans précédent dans les données instrumentales.
Infographie résumant les indicateurs-clés du changement climatique en 2024 par rapport au rapport AR6 (source : Forster et al., 2025, licence Creative Common)
3) Sources des données et téléchargement
La publication de ces données actualisées et librement accessibles, qui se fondent sur les méthodologies du GIEC, offre un moyen de suivre et de surveiller l’influence humaine sur le climat entre la publication des rapports du GIEC. Dans les tableaux de bord, toutes les données sont traçables jusqu'à leurs sources.
Le calcul du budget carbone est disponible sur Github (Lamboll et Rogelj, 2025). Le code et les données utilisés pour produire les autres indicateurs sont disponibles dans les référentiels (Smith et al., 2025b). Toutes les données sont disponibles sur Zenodo (Smith et al., 2025a). Les données sont fournies sous licence CC-BY 4.0.
Pour compléter
« Limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C est désormais impossible » (Le Monde). Selon un collectif de scientifiques, l’objectif fixé par l’accord de Paris en 2015 ne pourra pas être atteint en raison de l’incapacité des pays à diminuer les émissions de gaz à effet de serre.
« Niveau des mers, émissions… Plusieurs indicateurs climatiques dans le rouge, alerte une étude » (La Croix)
L'organisation Nature Conservancy a publié une nouvelle carte interactive identifiant 195 millions d'hectares dans le monde où la couverture forestière pourrait être restaurée. Le reboisement de ces zones pourrait permettre de capter 2,2 milliards de tonnes de CO₂ par an, soit l’équivalent de la suppression de 481 millions de véhicules de tourisme circulant pendant un an.
La carte interactive du reboisement
La carte du Reforestation Hub permet de découvrir pour chaque pays quelle quantité de terres pourrait être reboisée, combien de tonnes de CO₂ cela permettrait de capturer chaque année et combien cela représente en émissions annuelles de véhicules de tourisme.
Carte du reboisement global avec les estimations (Reforestation Hub)
La carte montre les estimations au niveau juridictionnel de la zone présentant une opportunité potentielle de reboisement (en unités d’hectares) et la quantité de carbone que ces zones pourraient capturer (en unités de tonnes métriques, ou mégagrammes, de dioxyde de carbone par an). La carte s'appuie sur de nouvelles recherches menées par le programme Futur Ecosystems for Africa de l'Université du Witwatersrand. L'étude a identifié les zones où la restauration des arbres pourrait apporter un maximum de bénéfices climatiques sans nuire aux communautés ni aux écosystèmes. Toutes les terres sélectionnées pour le reboisement devaient répondre à trois critères clés :
Potentiel de couverture arborée élevé : seules les zones capables de supporter une couverture arborée de 60 % ou plus ont été prises en compte.
Utilisation actuelle des terres : les zones déjà boisées ou couvertes en permanence par l'eau (en 2020) ont été exclues.
Mesures de précaution : les terres agricoles ont été exclues pour éviter les impacts sur la sécurité alimentaire.
En sélectionnant le bouton « Voir le site américain » , vous pouvez explorer le potentiel de reforestation aux Etats-Unis à l'échelle des comtés. Cette carte est basée sur des études menées par The Nature Conservancy.
Références et données scientifiques
Fesenmyer et al. (2025). Addressing critiques refines global estimates of reforestation potential for climate change mitigation [La réponse aux critiques permet d'affiner les estimations mondiales du potentiel de reforestation pour l'atténuation du changement climatique]. Nature Communications. https://www.nature.com/articles/s41467-025-59799-8
L'article montre que la reforestation est une solution rentable, évolutive et éprouvée face au changement climatique. Les solutions climatiques naturelles, comme la reforestation, représentent des moyens de collaborer avec la nature pour contribuer à limiter la crise climatique. Globalement, elles correspondent à des mesures de protection, de restauration et d'amélioration de la gestion des terres. À l'échelle mondiale, les solutions climatiques naturelles peuvent fournir jusqu'à 11,3 milliards de tonnes d'équivalent CO2 par an, soit un tiers des réductions d'émissions de gaz à effet de serre nécessaires à la stabilisation du climat.
Il est important de comprendre l'ampleur globale des opportunités de reboisement, ainsi que leurs concentrations, pour soutenir l'élaboration des politiques et mobiliser les ressources vers les zones présentant les plus grandes opportunités. De nouvelles recherches menées par des scientifiques de The Nature Conservancy et d'autres institutions de premier plan fournissent des estimations « à la juste mesure » des zones où le reboisement est le plus réalisable, compte tenu des limites écologiques, des compromis entre biodiversité et disponibilité de l'eau, de la concurrence pour l'utilisation des terres, ainsi que des besoins et des droits des communautés locales. Ces nouvelles recherches identifient jusqu'à 195 millions d'hectares de terres présentant des opportunités de reboisement. La restauration des forêts sur l'ensemble de cette zone permettrait de séquestrer 2,2 milliards de tonnes d'équivalent CO2 par an.
Les auteurs identifient neuf scénarios d'opportunités de reboisement avec des objectifs variés. Tous les scénarios commencent par une carte d'opportunités de reboisement de base qui applique plusieurs mesures de protection afin de fournir une estimation prudente des zones où le reboisement est à la fois réalisable et susceptible de nécessiter peu de compromis. Il s'agit de la carte globale d'opportunités de reboisement sous contrainte. Les autres scénarios appliquent des contraintes supplémentaires pour vous aider à évaluer différentes motivations ou facteurs d'intérêt.
La carte des opportunités de reboisement sous contrainte totale diffère des autres cartes mondiales de reboisement sur trois points principaux. Premièrement, elle définit la forêt de manière beaucoup plus conservatrice, comme des zones pouvant accueillir 60 % ou plus de couvert forestier. De ce fait, les cartes présentées ici n'identifient pas les opportunités de reboisement dans les prairies, les savanes, les forêts ou autres écosystèmes où le potentiel de couvert forestier est limité par les précipitations, les incendies ou d'autres facteurs. Deuxièmement, elle utilise des cartes d'occupation et d'utilisation des terres datant de 2020 pour représenter les zones où le reboisement pourrait être concrètement mis en œuvre. Par exemple, les cartes n'identifient pas les opportunités de reboisement dans les zones déjà boisées ou présentant des points d'eau permanents en 2020. Enfin, la carte des opportunités de reboisement sous contrainte est prudente et applique des mesures de protection pour minimiser les effets pervers potentiels du reboisement. Par exemple, les cartes n’identifient pas les terres agricoles comme des opportunités de reboisement en raison des préoccupations concernant les impacts sur l’approvisionnement alimentaire et n’identifient pas les opportunités de reboisement dans les zones où la couverture forestière peut exacerber, plutôt que réduire, le réchauffement climatique en raison des changements d’albédo.
En quoi cette carte est-elle différente des cartes précédentes ? Les cartes mondiales de reforestation précédemment élaborées ont été critiquées pour plusieurs raisons liées à la manière dont elles définissaient la notion de forêt, aux données utilisées pour la cartographie et à l'absence de garanties que les zones cartographiées pour le reboisement aient un impact positif réel sur le climat. L'analyse a cherché à répondre à ces critiques et à présenter des estimations plus prudentes de la superficie mondiale où le reboisement pourrait être pertinent.
Les ensembles de données SIG de tous les scénarios à une résolution de 1 km sont disponibles en téléchargement sur FigShare (1,43 Go).
Pour compléter
« Face aux défis posés par le réchauffement climatique, nous pouvons trouver de la force dans la nature – et les uns dans les autres – pour développer des communautés résilientes au climat » (The Nature Conservancy)
Future Ecosystems for Africa permet aux scientifiques africains d’utiliser leurs données et leurs connaissances pour éclairer les décisions de développement importantes sur le continent.
« Climat. L’Afrique émet dorénavant plus de dioxyde de carbone qu’elle n’en absorbe » (Courrier international).
Le blog Map Myths, créé par Henry Patton, s'intéresse aux histoires et légendes associées à des lieux figurant sur des cartes historiques aujourd'hui disparus. Pourquoi ont-ils disparu et comment les cartographes ont-ils imaginé ces espaces vides au-delà du monde connu ? Une carte interactive donne accès à l'ensemble des mythes cartographiques commentés sur le site.
Map Myths a débuté sous la forme d'une carte interactive, mêlant une géographie fantomatique à une vision du monde moderne. Le blog a été lancé fin 2024 pour approfondir l'histoire et les personnages de ces mythes.
Carte interactive donnant accès aux différentes histoires et légendes (source : Map Myths)
Henry Patton (@mapmyths.com), créateur et auteur de ce site web, est titulaire d'un doctorat en glaciologie. Il a toujours été passionné par les cartes et leur histoire. « J'adore passer des heures à fouiller dans les archives et les sources originales des cartographes, explorateurs, pirates, baleiniers du passé, pour vous livrer ces récits fascinants des profondeurs de l'histoire ».
Les cartes du monde ne sont pas forcément orientées avec le nord en haut. Tom Patterson propose une nouvelle carte du monde à l'envers, vu depuis l'hémisphère sud. Il s'agit d'une version spéciale de la projection Equal Earth, centrée sur l'Océanie (150° Est), qui a été inversée.
« Tout ce qui était autrefois familier semble désormais inconnu. L'eau domine l'hémisphère sud reculé, encerclant la planète sans interruption près de l'Antarctique. Je n'ai pas pu résister à l'envie d'y ajouter un albatros. »
Austral Earth, une vision du monde depuis l'hémisphère sud (source : Shaderelief, T. Patterson)
Choisissez la version qui vous convient le mieux :
La carte de la Terre australe est dans le domaine public. Vous pouvez l'utiliser comme bon vous semble. Vous n'êtes pas obligé de citer son auteur.
Visitez également le site web principal d'Equal Earth pour des versions de cette carte avec le Nord en haut, disponible en plusieurs langues.
Le site Shaderelief de Tom Patterson fournit de nombreuses autres cartes physiques à télécharger en haute résolution ainsi que des tutoriels pour les réaliser.
Source : « Cartographie des zones climatiques locales (LCZ) de 83 aires urbaines de plus de 50 000 habitants en France » (Cerema)
Le Cerema met à disposition l’outil Zones climatiques locales (LCZ), qui permet d’accéder aux données et cartes indiquant le degré d’exposition au phénomène d’îlot de chaleur des quartiers de 12 000 communes de France : 88 aires urbaines les plus densément peuplées sont ainsi couvertes, soit 44 millions d’habitants. Ce service est unique car il donne pour tous les territoires un accès gratuit et compréhensible à des données uniformisées, permettant de classer les zones urbaines en fonction de leur exposition potentielle au phénomène d’îlot de chaleur.
Visualisateur cartographique des Zones climatiques locales (Cerema)
Le Cerema répond ainsi à un besoin essentiel des territoires et une priorité du Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC3). L’évolution du climat en cours (+1,7°C en moyenne en France hexagonale depuis 1900) s’accompagne d’épisodes de forte chaleur plus fréquents et plus intenses. Le 3e Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC3) rendu public le 10 mars 2025 par le Ministère de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche, retient l’un des scénarios de référence du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), pour préparer la France : une hausse des températures moyennes de 4 °C en 2100 par rapport à l’ère préindustrielle. L’outil « LCZ » du Cerema répond à la mesure 13 du PNACC3 : « Renaturer les villes pour améliorer leur résilience face au changement climatique ».
État des lieux de la sensibilité des 88 plus grandes aires urbaines de l’Hexagone aux fortes chaleurs
L’outil dit « LCZ » couvre 88 plus grandes aires urbaines de l’Hexagone, soit 44 millions d’habitants (Outre-mer à l’étude en 2025). Il est disponible pour 12 000 communes (sur 34 826 en Hexagone) dont 248 communes de 20 000 à 50 000 habitants, 79 communes de 50 à 100 000 habitants et les 40 communes de plus de 100 000 habitants.
Plus de 5 millions d’habitants vivent dans des quartiers à forte sensibilité aux fortes chaleurs
Plus de 20 000 hectares (200 km2, soit 2 fois la surface de la ville de Paris) de zones bâties sont à forte ou très forte sensibilité à l’effet d’îlot de chaleur et demanderaient des actions d’adaptation importantes.
Dans les plus grandes villes (> 400 000 habitants), ces zones représentent près de 20 % des tissus urbanisés.
Sur l’ensemble des villes de plus de 20 000 habitants, 4,2 millions de personnes vivent dans des quartiers à forte ou très forte sensibilité, soit 20 % de la population totale de ces communes
Sur les villes de plus de 400 000 habitants, 2 millions de personnes vivent dans des secteurs à forte ou très forte sensibilité, soit 50 % de la population
Sur les villes de 200 à 400 000 habitants, 350 000 personnes sont dans des secteurs à forte ou très forte sensibilité, soit 18 % de la population
Ce taux est de 16 % pour les villes de 100 000 à 200 000 habitants, et il est plus faible (7 %) pour les villes de 20 000 à 50 000 habitants
L'outil LCZ. Un pré-diagnostic simple pour agir face aux fortes chaleurs
Une Zone Climatique Locale (ou LCZ pour "Local Climate Zone" en anglais), concept adopté par la communauté scientifique internationale du climat urbain depuis les travaux de Stewart et Oke [2012], est une unité de surface urbaine, de la taille de quelques îlots ou d’un quartier, avec une homogénéité de composition urbaine entraînant un comportement climatique homogène. 17 classes de LCZ différentes, réparties en deux grandes catégories selon qu’il s’agit d’une zone artificialisée ou non, permettent de qualifier l’exposition de chaque zone à la surchauffe urbaine.
Ce concept se fonde sur une classification géo-climatique des territoires urbanisés ; une classification éprouvée et internationalement reconnue, issue de travaux de recherche. Il consiste à découper un territoire en zones uniformes du point de vue de l’occupation du sol (artificialisée ou naturelle), de la structure urbaine, des matériaux, et des activités humaines en supposant que ces zones ont un comportement climatique homogène. Ces zones peuvent s’étendre de quelques centaines de mètres à plusieurs kilomètres de large. 17 classes de LCZ permettant de caractériser les territoires ont été définies par des travaux de recherche : 10 classes LCZ « bâties » et 7 classes LCZ « naturelles ». Le pôle satellitaire du Cerema a développé une méthode originale basée sur des images satellite à très haute résolution spatiale ainsi que des bases de données ouvertes pour cartographier les LCZ et identifier ainsi les quartiers particulièrement exposés à la surchauffe urbaine et susceptibles de contribuer à l’effet d’îlot de chaleur urbain.
Les 83 aires urbaines ont été définies à partir de la donnée Urban Atlas 2018, et la production de cette donnée LCZ s'est basée sur la couverture annuelle SPOT 2022 acquise dans le cadre de DINAMIS et la BD TOPO de l'IGN (v3.3 de décembre 2022).
Cette donnée LCZ peut être utilisée comme diagnostic à grande échelle du phénomène d'Îlot de Chaleur Urbain (ICU) sur votre territoire. Elle constitue un pré-diagnostic climatique tenant compte de la morphologie urbaine et de l'occupation du sol : le but est de localiser les îlots/quartiers à enjeux sur lesquels affiner les analyses et prioriser les actions.
La plateforme CartoClimate de la Fondation CNRS Geomanum permet également d'accéder à une cartographie des Zones Climatiques Locales (LCZ). La cartographie des LCZ permet d'appréhender la réponse d’un territoire aux vagues de chaleur estivale (comportement thermique, potentiel de rafraîchissement d’une zone) et de connaître in fine les secteurs potentiellement propices à l’effet d'Îlot de Chaleur Urbain (ICU). Il convient de noter cependant que la cartographie des LCZ n'est pas une modélisation de l'Îlot de Chaleur Urbain.
En cliquant sur un îlot de la carte, vous accédez au détail de celui-ci (CartoClimate)
Références scientifiques
La typologie LCZ (Stewart et Oke, 2012) est une typologie urbaine universelle qui permet de distinguer les zones urbaines, en tenant compte de la combinaison des couvertures terrestres à micro-échelle et des propriétés physiques associées. Le schéma LCZ se distingue des autres schémas d'utilisation et d'occupation du sol par l'accent mis sur les types de paysages urbains et ruraux, qui peuvent être décrits par l'une des 17 classes qu'il contient. Sa forte valeur ajoutée réside dans la diversité des classes urbaines, facilement interprétables et globalement cohérentes, qui capturent la variabilité intra-urbaine des formes de surface et des fonctions du sol.
Stewart, I. D., and T. R. Oke, 2012: Local Climate Zones for Urban Temperature Studies [Zones climatiques locales pour les études de température urbaine]. Bull. Amer. Meteor. Soc., 93, 1879–1900, https://doi.org/10.1175/BAMS-D-11-00019.1
Demuzere, M., Kittner, J., Martilli, A., Mills, G., Moede, C., Stewart, ID, van Vliet, J., et Bechtel, B. (2022). A global map of local climate zones to support earth system modelling and urban-scale environmental science [Une carte mondiale des zones climatiques locales pour soutenir la modélisation du système terrestre et la science environnementale à l'échelle urbaine]. Earth Syst. Sci. Data, 14, 3835-3873, https://doi.org/10.5194/essd-14-3835-2022
Le site LCZ-generator fournit une cartographie mondiale des zones climatiques locales à une résolution spatiale de 100 m, dérivée de plusieurs ensembles de données d'observation de la Terre et d'étiquettes de classe LCZ expertes.
Carte des zones climatiques locales à l'échelle mondiale (source : LCZ-generator)
Sur les 17 classes de ZCL, 10 reflètent l'environnement bâti, et chaque type de ZCL est associé à des descriptions numériques génériques des principaux paramètres de la canopée urbaine, essentiels à la modélisation des réponses atmosphériques à l'urbanisation. De plus, les ZCL ayant été initialement conçues comme un nouveau cadre pour les études sur les îlots de chaleur urbains , elles contiennent également un ensemble limité (7) de classes d'occupation du sol « naturelles » pouvant servir de zones de « témoin » ou de « référence naturelle ». Ces sept classes naturelles du schéma ZCL ne permettant pas de saisir l'hétérogénéité des écosystèmes naturels existants, il est conseillé, si nécessaire, de combiner les classes de ZCL construites avec tout autre produit d'occupation du sol offrant un éventail plus large de classes d'occupation du sol naturelles.
Ensemble des données disponibles à l'échelle mondiale en téléchargement sur Zenodo.
Source : Puerta, E., Spivak, S. C., Correll, M. (2025). « The Many Tendrils of the Octopus Map ». CHI '25: Proceedings of the 2025 CHI Conference on Human Factors in Computing Systems, n° 970, 1-20, https://doi.org/10.1145/3706598.3713583 (article en accès libre).
Dans cet article, des chercheurs américains explorent le fonctionnement des cartes de pieuvres comme arguments visuels à travers l'analyse d'exemples historiques et une étude participative sur la façon dont les données sous-jacentes et l'utilisation de métaphores visuelles peuvent contribuer à des interprétations négatives ou conspirationnistes. Ils montrent que certaines caractéristiques de données ou de styles visuels peuvent conduire à une pensée « de type pieuvre » dans les visualisations, même sans l'utilisation explicite d'un motif de pieuvre. Ils concluent en appelant à une analyse plus approfondie de la rhétorique visuelle de ces cartes, en soulignant le potentiel des datavisualisations à contribuer à une pensée néfaste ou conspirationniste.
En représentant une entité centrale aux multiples bras tentaculaires, ces cartes-pieuvre suggèrent un contrôle diffus, hostile et souvent dissimulé. L'un des premiers exemples connus de carte de pieuvre a été publié par Fred W. Rose en 1877 pendant la guerre russo-ottomane. La carte représente les pays européens par des figures humaines, tandis que la Russie est représentée par une pieuvre déployant ses tentacules sur les pays voisins. Ce type de cartes est à rattacher au courant de la cartographie persuasive qui s'intéresse au pouvoir rhétorique des cartes. L'une des fonctions de ces cartes sensationnalistes est de présenter l'ennemi comme une menace, ce qui peut être également réalisé à travers l'utilisation de lignes ou de flèches, de la couleur, de l'ombrage ou encore de la projection. On peut retrouver la métaphore visuelle de la pieuvre dans la visualisation des graphes ayant émergé au XIXe siècle avec les organigrammes, et au XXe siècle avec les sociogrammes. Ces sociogrammes ont établi de nombreuses conventions de conception dans les diagrammes de nœuds-liens modernes, telles que l'utilisation de la couleur et de la forme pour désigner les attributs des nœuds et des arêtes.
Les métaphores aident à la compréhension d'un domaine en l'ancrant dans un autre, ce qui est particulièrement le cas avec l'utilisation d'images anthropomorphes et zoomorphes. L'utilisation de monstres ou d'autres animaux en cartographie a une longue histoire, par exemple pour désigner (ou peupler) des régions inconnues du monde sur les cartes européennes depuis au moins la Renaissance. Dans d'autres cas, l'entité elle-même est utilisée comme métonymie pour un pays dans son ensemble, avec des exemples bien connus comme l'Europa Regina du XVIe siècle (où le continent européen est représenté sous la forme d'une reine avec divers pays dessinant ses parties constitutives) ou encore Leo Belgicus (où les Pays-Bas sont représentés sous la forme d'un lion, avec des informations géographiques représentées à l'intérieur de son « corps »). Bien que de nombreux animaux aient été utilisés pour symboliser des empires, des pays, des religions et des entités sociales et politiques, la pieuvre est unique par son utilisation répandue et cohérente à travers les époques, les régions et les cultures. Elle a été utilisée pour susciter la peur, l’indignation, la sympathie, le dégoût et le nationalisme, généralement dans le cadre d’un appel à l’action.
Les cartes de pieuvres peuvent être réparties en différentes sous-catégories. Bien qu'il puisse exister des pieuvres bienveillantes, ces cartes présentent généralement le même argument visuel implicite : un organisme centralisé et néfaste utilise de multiples leviers de contrôle pour envahir ou affaiblir de larges pans d'une région ou d'un système. Il existe occasionnellement des variations ou des exceptions à cette forme générale, par exemple, en établissant un lien entre la pieuvre et la gorgone ou l'hydre, sémiotiquement similaires. L'étude participative qui a été conduite auprès de 256 participants avait pour objectif d'évaluer l'impact rhétorique des composantes visuelles et structurelles d'une carte-pieuvre d'un territoire fictif le Huskiland, à partir de 6 composantes :
Centralité : Huskiland est une puissance militaire centrale dans la région.
Tentacularité : Huskiland étend sa portée militaire.
Portée : Huskiland est déjà présent dans de nombreux pays de la région.
Intentionnalité : le placement des bases de Huskiland fait partie d'une stratégie militaire intentionnelle.
Saisie : Huskiland utilise ces bases pour exercer un contrôle militaire ou politique sur ses voisins.
Menace : Huskiland constitue une menace pour la paix et la stabilité de la région.
Les résultats suggèrent que la présence d'une pieuvre n'est pas nécessaire pour que les spectateurs supposent une intention négative ou tirent des conclusions de type pieuvre, même avec relativement peu d'incitation. Les auteurs constatent que même des cartes relativement exemptes d'éléments "persuasifs" ouvertement sensationnalistes pourraient néanmoins susciter des sentiments négatifs et de mauvaises intentions, d'ampleur similaire à celles plus directement inspirées par des affiches de propagande et des théories du complot. Les cartes en forme de pieuvre constituent un exemple extrême de structure rhétorique dans les graphiques : leur caractère conflictuel et conspirationniste est souvent évident, s'appuyant sur des tropes éculés et des sources existantes d'animosité ou de pensée conspirationniste. Pourtant, d'autres formes de conception de données ne sont pas exemptes de telles considérations.
Les concepteurs de visualisations (notamment académiques) sont tentés de considérer (à tort) leur travail comme « le simple compte rendu ou la structuration de faits objectifs », la persuasion ou les appels rhétoriques étant considérés comme l'apanage exclusif d'acteurs malveillants ou manipulateurs. Les résultats suggèrent cependant que la cartographie et la visualisation ne peuvent être clairement distinguées entre cartes et graphiques sensationnalistes et « persuasifs » et graphiques plus « neutres » sans intention rhétorique manifeste. Les lecteurs, eux aussi, apportent leurs propres attentes et contextes aux cartes et aux graphiques, ce qui rend impossible une dichotomie claire entre visions neutres ou sensationnalistes des données. La bonne intention des concepteurs de visualisations ne suffit pas à éviter la culpabilité morale quant à la manière dont les visualisations peuvent être mal interprétées ou détournées à des fins conspirationnistes. Un exemple est l'utilisation rhétorique des visualisations de données sur la COVID-19, où des activités de littératie des données apparemment bien conduites, comme le questionnement des sources, l'évaluation du positionnement et la réalisation d'analyses alternatives, ont été utilisées pour étayer la pensée conspirationniste.
Que se passerait-il si la principale circulation océanique de l’Atlantique, qui régule le climat mondial et européen, venait à s’effondrer ? C'est ce qu'analyse une étude néerlandaise parue en juin 2025 dans la revue Geophysical Research Letters en proposant plusieurs scénarios :
La circulation méridienne de retournement Atlantique (en anglais AMOC) est le principal système de courants océaniques de l'Atlantique. Une grande partie du transfert de chaleur dans l'Atlantique est due au Gulf Stream, un courant de surface qui transporte l'eau chaude vers le nord depuis les Caraïbes. Alors que le Gulf Stream dans son ensemble est uniquement entraîné par les vents, son segment le plus septentrional, le courant nord-atlantique tire une grande partie de sa chaleur des échanges thermohalins dans l'AMOC. Ainsi, l'AMOC transporte jusqu'à 25 % de la chaleur totale vers l'hémisphère nord, jouant un rôle majeur dans le climat de l'Europe du nord-ouest.
La circulation méridionale de retournement de l'Atlantique (AMOC) modère le climat européen. Un affaiblissement substantiel de l'AMOC sous l'effet du changement climatique pourrait entraîner une Europe plus froide dans un monde plus chaud. L'objectif dans cet article scientifique est de quantifier l'évolution des températures européennes selon différents scénarios d'AMOC et de changement climatique à l'aide du Modèle Communautaire du Système Terrestre (CESM).
Températures extrêmes en Europe selon différents scénarios d'AMOC à partir du Modèle communautaire du système terrestre (source : van Westen & Baatsen, 2025)
Lorsque l'AMOC s'effondre complètement sans les effets du changement climatique, les extrêmes de température hivernale en Europe du Nord-Ouest s'intensifient (avec une chute pouvant atteindre 15 °C par endroits). L'intensification des extrêmes de froid est liée à la présence de glace de mer près de l'Europe du Nord-Ouest. Si l'on considère un AMOC réduit sous des conditions intermédiaires de réchauffement climatique : la limite de la banquise recule vers le nord et les impacts sur la température sont moindres, mais restent considérables. Outre les variations de température, les tempêtes hivernales devraient s'intensifier et entraîner d'importantes fluctuations de températures quotidiennes dans le cadre d'un AMOC nettement plus faible. Les températures européennes du futur seront déterminées par la force de l'AMOC et l'ampleur du réchauffement climatique.
L'article est accompagné d’une carte interactive qui permet de visualiser les changements avec +2° de réchauffement climatique et un AMOC effondré. Les données de cet outil en ligne sont issues du Modèle Communautaire du Système Terrestre. Les simulations climatiques ont été réalisées sur le supercalculateur national néerlandais Snellius dans le cadre du projet NWO-SURF 2024.013. Les données complètes sont disponibles sur Zenodo.
L’Atlas conjoncturel de la France en crise, proposé par le géographe Arnaud Brennetot, est disponible sous la forme d’un site Internet en accès libre. L'Atlas propose une analyse critique des transformations géographiques de la France métropolitaine depuis le début du XXIe siècle.
Cet atlas conjoncturel a la particularité d’être évolutif car il est appelé à s’enrichir au gré des capacités de l'auteur à l’alimenter, mais aussi du déploiement de la crise elle-même et des retours, critiques et suggestions que les lecteurs intéressés souhaiteraient éventuellement lui adresser. Conçu et lancé dans le cadre d’une démarche itérative sur les réseaux sociaux en juillet 2024, cet atlas assume une position engagée, combinant analyse cartographique et géographie critique, ouverte au dialogue et à la controverse.
Contexte
Face à la polycrise mondiale, dont les ressorts sont autant écologiques, géoéconomiques que géopolitiques, la France, comme la plupart des démocraties libérales, se trouve confrontée à des défis immenses. Or, après plusieurs décennies de néolibéralisation, les instruments de l’action publique ne sont pas nécessairement adaptés à ce nouveau contexte. L'émergence d’une gouvernance multiniveau mobilisant une pluralité d’institutions territoriales s’est traduite par une focalisation collective sur les questions locales et par le délaissement concomitant des enjeux nationaux. Face à l’abandon par l’État d’une véritable stratégie pour le territoire national, les fantasmes et les diagnostics catastrophistes se sont multipliés sans frein dans le débat public, alimentant la crise politique nationale et la délégitimation du régime et des institutions, sans pour autant dégager d'alternatives crédibles.
Objectifs de l'Atlas
Face à la double dérive du laisser-aller de l’État et de l’outrance des débats, cet Atlas de la France en crise vise à proposer une géoscopie des mutations du territoire de la France métropolitaine à travers :
L’analyse des transformations induites par les marchés les plus influents (l’emploi, l’activité productive, le parc immobilier)
Les moyens mis en œuvre par les pouvoirs publics pour réguler ces mutations spatiales et promouvoir leurs valeurs et leurs objectifs.
Pour cela, il s’agira de procéder à un diagnostic lucide, rigoureux et reproductible, en cherchant à caractériser de façon nuancée l’hétérogénéité des transformations en cours, sans ni les minimiser, ni les exagérer. L’objectif est donc d’offrir à toute personne intéressée un accès libre et gratuit à une information fiable et synthétique susceptible d’aider chacun à l’actualisation de ses opinions et stratégies.
Fonctionnement
L’Atlas de la France en crise est construit à partir de données publiques (INSEE, URSSAF, CEREMA, etc.) et mobilise la plateforme Magrit (https://magrit.cnrs.fr/) mise à disposition par l’UMR Géographie-Cités. Les cartes et leur commentaire sont enrichis et actualisés de façon progressive.
Les analyses menées pour aboutir à cet Atlas résultent d’une initiative personnelle et n’engagent que leur auteur, lequel reste disponible pour recevoir tous commentaires et questions.