Atlas mondial sur la pauvreté et les inégalités à l'échelle infranationale (Banque mondiale)


La Banque mondiale a mis à jour son Atlas mondial de la pauvreté à l'échelle infranationale (GSAP). Il comprend des seuils de pauvreté révisés, de nouvelles enquêtes auprès des ménages ainsi que de nouveaux indicateurs pour mesurer les progrès vers la prospérité. Il en résulte une cartographie du développement plus précise (les données restent malgré tout des estimations). Certaines régions ont connu des progrès rapides, tandis que d'autres restent touchées par une pauvreté persistante, y compris au sein d'un même pays. Le portail géospatial de la pauvreté de la Banque mondiale permet de comparer en fonction du seuil de pauvreté choisi (ratio de 3 $, 4,2 $ ou 8,3 $ par habitant).

Part de la population avec un seuil de pauvreté inférieur à 3 dollars (source : GSAP)

Cette version est basée sur les données d'octobre 2025 avec les seuils de pauvreté les plus récents en PPA 2021. L'application en ligne permet de comparer avec des données antérieures.

En 2013, la Banque mondiale a annoncé son objectif de lutter contre la pauvreté sous toutes ses formes d'ici à 2030 et de promouvoir une prospérité partagée. Malgré les progrès remarquables accomplis ces dernières années en matière de réduction de la pauvreté, atteindre ces objectifs demeure un défi. Le recul de la pauvreté est inégal. Ces dernières années, la réduction de la pauvreté a été principalement observée en Asie de l'Est et dans le Pacifique (notamment en Chine et en Indonésie) et en Asie du Sud (notamment en Inde). Malgré ces progrès, le nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté reste élevé, en particulier en Afrique subsaharienne. Dans de nombreux pays, de fortes disparités persistent en matière de pauvreté au niveau infranational. Par ailleurs, des problèmes mondiaux tels que le changement climatique, la fragilité des systèmes de gouvernement local, les crises économiques et l'insécurité alimentaire constituent des risques importants pour la réduction de la pauvreté et sont souvent des enjeux transfrontaliers qui génèrent d'importantes externalités, positives ou négatives, entre pays voisins.

Le Portail géospatial de la pauvreté est le référentiel de données sur le développement de la Banque mondiale à l'échelle infranationale. La collecte de données précises sur les principaux indicateurs de bien-être est un enjeu de plus en plus crucial concernant l'étude du développement à l'échelle mondiale. Conformément aux Objectifs de développement durable (ODD) à l'horizon 2030, qui appellent à une « révolution des données » pour combler les lacunes en matière de données dans les pays à revenu faible et intermédiaire, ce portail vise à répondre à la demande croissante de données décisionnelles plus pertinentes et mieux ciblées. La possibilité de désagréger les indicateurs de pauvreté et d'inégalité par région et au fil du temps est un atout considérable, décuplant le volume d'informations disponibles. Les données infranationales peuvent servir à mieux cibler les interventions de développement, à produire des estimations de la pauvreté plus précises et à être combinées à d'autres sources pour générer de nouvelles formes d'analyse.

Dans 53 pays, les inégalités ont augmenté, certaines régions ayant réduit leur pauvreté tandis que d'autres l'ont vue augmenter. Les régions qui demeurent pauvres sont souvent confrontées aux risques climatiques, à la fragilité de leur économie ou à un accès très limité aux marchés.

L'ensemble de données ne se limite pas aux statistiques sur la pauvreté. Il introduit également un autre indicateur utile : l'écart de prospérité, qui mesure l'écart de niveau de vie par rapport à la classe moyenne, estimé à environ 28 dollars par jour. Une région peut avoir un faible taux de pauvreté tout en restant bien en deçà du niveau de vie de la classe moyenne. De nombreux ménages ne sont plus considérés comme pauvres, mais demeurent vulnérables aux chocs économiques. C’est pourquoi il convient d’analyser conjointement les taux de pauvreté et les inégalités de prospérité : les taux de pauvreté révèlent les difficultés immédiates, tandis que les inégalités de prospérité montrent à quel point les populations sont éloignées de la résilience et de la sécurité.

Déficit moyen par rapport à un écart de prospérité de 28 dollars par jour (source : GSAP)



Les données sont à télécharger à partir de la Base de données infranationales sur la pauvreté et les inégalités. Il est possible d'étudier les évolutions depuis 2010.

Le Portail géospatial de la pauvreté fait partie de la Plateforme sur la pauvreté et les inégalités de la Banque mondiale. Il contribue à combler le manque de connaissances en fournissant des indicateurs de pauvreté, d'inégalité et de pauvreté multidimensionnelle à l'échelle infranationale. La pauvreté multidimensionnelle peut être beaucoup plus élevée que l'extrême pauvreté. Dans la plupart des régions, les enfants sont plus susceptibles de vivre dans des ménages pauvres. Pour en savoir plus, consulter l'article Cartographie de la pauvreté au niveau infranational : enseignements tirés de la base de données mise à jour de la Banque mondiale publié sur le blog de la Banque mondiale.

Les données fournies par la Banque mondiale peuvent être complétées et compararées à d'autres estimations sur la pauvreté, telles que celles proposées par le Laboratoire d'intelligence artificielle de Stanford qui cartographie la richesse à partir d'images satellites (estimations).

Liens ajoutés le 3 décembre 2025

« Le Kerala devient le premier État indien à éradiquer l'extrême pauvreté » (Channel New Asia).

Le programme de lutte contre la pauvreté du Kerala a débuté en 2021 en identifiant plus de 64 000 familles vivant dans l'extrême pauvreté. Au lieu de se baser uniquement sur le revenu, les responsables se sont concentrés sur les ménages laissés pour compte – ceux qui n'ont pas de revenu stable, de logement, de nourriture ou d'accès aux soins de santé. Des données gouvernementales récentes montrent qu'au cours de l'exercice financier 2023, 75 millions d'Indiens vivaient sous le seuil international de pauvreté de 3 dollars américains par personne et par jour, contre 205 millions une décennie plus tôt, lorsque ce seuil était fixé à 2,15 dollars américains. Bien que divers programmes gouvernementaux, allant des dispositifs d'emploi aux initiatives de logement, aient été mis en place, on constate qu'ils n'ont pas touché tout le monde. Les inégalités n'ont cessé de se creuser, des pans entiers de la population étant clairement laissés pour compte dans un contexte de mutations sociales et économiques plus vastes. Des études indiquent que les 1 % des ménages indiens les plus riches contrôlent environ 40 % de la richesse du pays, tandis que pour les 5 % les plus pauvres, la survie quotidienne reste un combat. Les analystes s'accordent à dire que l'accès, notamment à l'éducation et à de meilleurs emplois, est essentiel au changement à long terme. Mais pour l'instant, de nombreuses familles restent concentrées sur leurs besoins immédiats, notamment veiller à ce que leurs enfants aient de quoi se nourrir et un toit au-dessus de leur tête.  « Même si les gens ont du travail, leur situation reste précaire », a déclaré Sujata Sawant, présidente de l'organisation non gouvernementale Adarsh Foundation. « La pauvreté persiste ici. »

« Le gouvernement de l'Etat du Kerala en Inde revendique l’éradication de la pauvreté extrême » (RTS.ch)
 
Comment l'État indien du Kerala prétend avoir éliminé la pauvreté extrême ? Le gouvernement du Kerala, dans le sud-ouest de l’Inde, a indiqué avoir atteint son objectif fixé en 1997, de faire disparaître l’extrême pauvreté grâce à sa politique de santé et d'éducation. Mais sur le terrain, certains jugent l'annonce prématurée. « Avant d’affirmer que la pauvreté a disparu, le gouvernement doit publier ses données, sa méthodologie et les experts qui ont encadré ces statistiques ». Si la Banque mondiale se base sur le revenu quotidien, le Kerala, lui, combine des critères économiques, sanitaires et alimentaires. Prakash Kannan, directeur du département Economie stratégie d'investissement du fonds souverain singapourien GIC, déplore un manque de transparence. Nusrat Jahan, élue de l’opposition à Wayanad, estime que certains habitants restent ignorés par les programmes du gouvernement.

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