Limites planétaires. Des chercheurs expliquent pourquoi la Terre menace de devenir inhabitable


« Plus de 40 experts alertent, dans la revue Nature, sur le franchissement de 7 des 8 lignes rouges planétaires. Ces seuils fatidiques concernent principalement le climat, la biodiversité, l’eau douce, ainsi que les cycles de l’azote et du phosphore. Cette publication s’inscrit dans la longue lignée d’articles scientifiques dédiés aux « limites planétaires ». Théorisée en 2009, la notion englobe neuf paramètres écologiques indispensables à l’équilibre du « système Terre » et, par extension, se rapporte aux seuils limites de perturbation que ces derniers peuvent endurer sans mettre en danger, de manière irréversible, les fondamentaux naturels de la planète » (source : « Des chercheurs expliquent dans Nature pourquoi la Terre menace de devenir inhabitable », Libération).

Accès à l'article scientifique

Rockström, J., Gupta, J., Qin, D. et al. (2023). Safe and just Earth system boundaries. Nature  https://doi.org/10.1038/s41586-023-06083-8. Article publié sous licence Creative Commons Attribution 4.0 International.

Lieux où les « limites planétaires » (ESB) ont déjà été dépassées (source : Rockström & al., 2023)

Résumé

La stabilité et la résilience du système Terre et le bien-être humain sont inséparablement liés, mais leurs interdépendances sont généralement peu reconnues ; ils sont par conséquent souvent traités indépendamment. Nous utilisons ici la modélisation et l'évaluation de la littérature pour quantifier, à l'échelle globale et sous-globale, les limites sûres et justes du système Terre (Earth System Boundaries) concernant le climat, la biosphère, les cycles de l'eau et des nutriments ainsi que les aérosols. Nous proposons des limites planétaires pour maintenir la résilience et la stabilité du système terrestre (ESB sûres) et minimiser l'exposition à des dommages importants pour les humains du fait des changements du système terrestre (une condition nécessaire, mais non suffisante pour la justice). Nos résultats montrent que ce sont les considérations de justice plus que les considérations de sécurité qui contraignent les ESB intégrés pour le climat et la charge d'aérosols atmosphériques. Sept des huit limites planétaires quantifiées à l'échelle mondiale et au moins deux ESB sûres et justes à l'échelle régionale sont déjà dépassées sur plus de la moitié de la superficie terrestre mondiale. Nous proposons que notre évaluation fournisse une base quantitative pour la sauvegarde des biens communs mondiaux, pour tous aujourd'hui et à l'avenir.

Visualisations concentriques (a) et parallèles (b) des « limites planétaires » ou ESB (crédit : Rockström & al., 2023)

Disponibilité du code et des données

Le codes et les données utilisés pour produire les couches d'information et les figures sont disponibles dans l'article. Les chercheurs se sont appuyés sur plusieurs ensembles de données déjà publiés dans Nature, en ce qui concerne notamment les limites pour le climat, les limites pour l'azote (voir les fichiers modèles), le phosphore (voir les ventilations des scénarios), et un résumé des indicateurs de durabilité agricole, les excédents actuels pour l'azote (voir le référentiel) avec la limite critique de surplus d'azote soustraite, et la concentration sous-globale estimée de phosphate dans le ruissellement sur la base de sa charge estimée dans l'eau douce et des données locales de ruissellement.

L'intégrité fonctionnelle actuelle est calculée à partir de la carte d'occupation du sol WorldCover à résolution de 10 mètres de l'Agence spatiale européenne. La limite de sécurité et l'état actuel des eaux souterraines sont dérivés de l'expérience Gravity Recovery And Climate Experiment et du Global Land Data Assimilation System.

Pour compléter

La 6e limite planétaire est franchie : le cycle de l’eau douce (Bon pote). Après la 5e limite officiellement passée en janvier 2022, une équipe internationale a publié une nouvelle étude qui démontre que la 6e limite planétaire, celle du cycle de l’eau douce, a été officiellement franchie. Cette fois-ci, les chercheurs du Potsdam Institute se sont associés au Stockholm Resilience Center et sont arrivés à cette conclusion après avoir inclus pour la première fois “l’eau verte” – l’eau disponible pour les plantes – dans l’évaluation de la limite planétaire.

Lien ajouté le 30 août 2023

Lien ajouté le 28 juin 2024

Lien ajouté le 25 septembre 2024

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