Une évaluation mondiale des zones d'accès préférentiel pour la pêche artisanale


Source
: Basurto, X., Virdin, J., Franz, N. et al. (2024). A global assessment of preferential access areas for small-scale fisheries. npj Ocean Sustain 3, 56. https://doi.org/10.1038/s44183-024-00096-0 (article sous licence Creative Commons Attribution)

Des chercheurs du Marine Geospatial Ecology Lab de l'Université Duke ont co-écrit la première évaluation mondiale des zones d'accès préférentiel, un outil spatial essentiel mais négligé pour sécuriser l'espace océanique pour la pêche artisanale. L'article, publié en novembre 2024, dans npj Ocean Sustainability, fournit une évaluation mondiale de l'état des zones d'accès préférentiel (ZAP), un outil politique relativement peu étudié pour régir la pêche artisanale. Les auteurs constatent que 44 pays, pour la plupart à revenu faible ou intermédiaire, ont établi un total de 63 ZAP couvrant 3 % de la superficie du plateau continental mondial. L'analyse d'un sous-échantillon ad hoc de douze pays sur trois continents pour lesquels des données étaient disponibles (2016-2017) a révélé que les ZAP soutenaient un volume de captures marines de la pêche artisanale, une valeur débarquée, une pêche pour l'autoconsommation et des espèces plus nutritives que les zones marines situées hors des ZAP. Cette évaluation préliminaire suggère que, si elles sont correctement appliquées grâce à une gouvernance partagée avec les pêcheurs et à des pratiques de pêche responsables, des zones océaniques relativement petites pourraient apporter d'importants avantages en termes de sécurité nutritionnelle, d'économie et d'emploi à des millions de personnes vivant dans les zones côtières. Les auteurs proposent un programme de recherche et d'action politique futur basé sur ces conclusions.

Zones d’accès préférentiel par niveau de revenu national de la Banque mondiale avec deux illustrations
au niveau des pays (source : Basurto et al., 2024).

Lien ajouté le 11 novembre 2025

Le poisson volé de Gambie qui "nourrit" l'Europe (Voxeurop). Dans les eaux gambiennes, des flottes de bateaux de pêche chinois, russes et européens continuent de piller clandestinement les fonds marins.

Davide Mancini enquête sur la surexploitation des ressources marines gambiennes. Son reportage révèle comment des chalutiers chinois, russes et européens pillent les eaux côtières, menaçant la pêche artisanale locale et l’équilibre socio-économique du littoral. La Gambie ne possède qu’une centaine de kilomètres de côte, mais ses eaux riches attirent des flottes étrangères. En mars 2024, la collision entre un chalutier Majilac et une pirogue sénégalaise a causé la mort de deux pêcheurs, symbole d’une rivalité maritime exacerbée. Selon Global Fishing Watch, les navires de la flotte Majilac pêchent illégalement à moins de 9 milles des côtes, zone réservée aux pêcheurs artisanaux. Les autorités gambiennes peinent à faire respecter la loi, entre corruption, manque de moyens et pressions économiques. Derrière ces chalutiers se cachent des sociétés mixtes sino-gambiennes, comme Majilac Fishing Company. Ces structures contournent les restrictions imposées aux étrangers et alimentent des usines locales comme Hansen Seafood, liée au groupe espagnol Congelados Maravilla. Les captures illégales sont exportées vers l’Europe, principalement l’Espagne et l’Italie. Les contrôles de certification, censés garantir l’origine des poissons, reposent sur des autorités locales souvent défaillantes, facilitant la fraude commerciale. L’Afrique de l’Ouest concentre 40% de la pêche illégale mondiale. Ce pillage prive les États de 9 milliards de dollars par an et fragilise la sécurité alimentaire de millions de personnes dépendantes du poisson comme principale source de protéines. En Gambie, 5.000 pirogues assurent la subsistance de milliers de familles. La destruction de filets par les chalutiers, l’épuisement des stocks et la concurrence inégale poussent de nombreux pêcheurs à migrer vers le Sénégal ou l’Europe. Ce reportage met en lumière une géographie de la dépendance : des mers africaines surexploitées pour nourrir les marchés du Nord. Entre injustice économique et crise écologique, la souveraineté halieutique de la région reste un enjeu majeur.

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Global Fishing Watch, un site pour visualiser l'activité des navires de pêche à l'échelle mondiale