La crise de la COVID-19 semble avoir accéléré la prise de conscience concernant la vulnérabilité globale de la planète et avoir mis en avant la nécessité de développer de nouvelles capacités d'agir. L'accent est mis sur nos capabilités.
« Nous traversons une période inédite de l’histoire du genre humain et de celle de notre planète. Toutes les sonnettes d’alarme sur l’état de la planète et les perspectives de nos sociétés sont tirées, et nous ne sommes pas sans savoir qu’elles retentissent depuis déjà un certain temps. La pandémie de COVID-19 est la plus récente conséquence épouvantable de déséquilibres poussés à l’extrême.... Les chercheurs sont généralement d’avis que nous sortons de l’Holocène, l’ère née il y a environ 12000 ans, qui a vu naître la civilisation humaine telle que nous la connaissons. Ils suggèrent que nous entrons dans une nouvelle ère géologique – l’Anthropocène – dans laquelle les êtres humains sont une force dominante qui détermine l’avenir de la planète. »
« La question qui se pose est la suivante : que faire de cette ère nouvelle ? Allons-nous choisir de tracer une nouvelle voie dont l’ambition face aux incertitudes de l’avenir est d’élargir les libertés humaines tout en réduisant les pressions sur la planète ? Ou préférerons-nous tenter – avec échec à la clé – de maintenir le statu quo en nous laissant emporter à la dérive, mal équipés, vers un inconnu dangereux ? » [...]
« Le concept de développement humain a fait son apparition il y a 30 ans, précisément en réplique à des définitions peu clairvoyantes du développement. La croissance économique est importante, surtout pour les pays en développement ; l’augmentation des revenus est cruciale pour ceux et celles qui vivent dans la pauvreté, dans chaque pays. Or, comme le soulignait le Rapport sur le développement humain 2019, les questions qui gagnent en importance dans un grand nombre de pays ne concernent pas tant la taille du gâteau tout entier, mais la taille relative des parts. Cette année, et ce n’est pas la première fois dans l’histoire du Rapport, nous nous préoccupons également du four dans lequel le gâteau a cuit. »
2) Un nouvel Indice de développement humain ajusté aux pressions exercées sur la planète (IDHP)
Le développement humain fondé sur la nature aide à relever simultanément trois défis fondamentaux de l’Anthropocène :
- atténuer le changement climatique et s’y adapter,
- protéger la biodiversité,
- assurer le bien-être de tout être humain.
L’IDHP ajuste l’IDH standard par le niveau d’émissions de dioxyde de carbone et la consommation de matières d’un pays, par habitant dans les deux cas.
Pour les pays au bas de l’échelle du développement humain, l’ajustement n’a généralement qu’une faible incidence. Pour les pays à développement humain élevé et très élevé, l’incidence a tendance à devenir de plus en plus forte, témoignant d’une perte en développement humain et des effets sur la planète de la marche de ces pays vers le progrès. Les pays affichant les plus hauts niveaux de développement humain ont tendance à exercer une pression plus forte et à plus grande échelle sur la planète.
Pour M. Steiner, patron du PNUD, "chaque pays doit réfléchir
aujourd'hui sur ce que le progrès peut réellement signifier". Pour lui,
à l'avenir, il faudra "travailler avec la nature et non contre elle, tout en
transformant les normes sociales, les valeurs, les incitations gouvernementales et financières".
Pour rappel, l'IDH est un indicateur créé par le PNUD au début des années 1990. Celui-ci a évolué dans les années 2010 avec la création d'un indicateur interne à chaque état (lire ce
billet pour en savoir plus sur les évolutions de l'IDH). S'y ajoute un indicateur spécifique destiné à mesurer la pauvreté : l'IPH ou Indice de pauvreté multi-dimensionnelle.
Tracer la voie hors de la pauvreté multidimensionnelle : réaliser les objectifs de développement durable :
3) Vers une nouvelle vision moins optimiste, mais plus claire du progrès humain
On avait pris l'habitude de montrer la progression générale de l'IDH sans véritablement s'interroger sur le mythe du progrès qui se cache derrière ce type de représentation. L'Afrique a par exemple connu une hausse globale de l'IDH depuis les années 1990, mais les écarts restent importants entre pays et par rapport à d'autres continents.
L’IDH ajusté aux pressions planétaires (IDHP) fait ressortir
une nouvelle vision du monde, proposant une évaluation moins optimiste,
mais plus claire du progrès humain. Plus de 50 pays
quittent le groupe à très haut développement humain en raison de leur
dépendance aux combustibles fossiles et de leur empreinte matérielle. Singapour perd 92 places, les Émirats arabes unis 87 places, les États-Unis 45, la Norvège 15. La
France améliore son classement de 16 places.
Pour télécharger les données de l'IDHP (2019) :
Pour comparer avec les données de l'IDH (2019 et années antérieures) :
Pays qui perdent le plus de rangs dans le classement du PNUD (Rapport 2020)
Pays qui gagnent le plus de rangs dans le classement du PNUD (Rapport 2020)
Calcul classique de l'IDH 2019 (méthode de classification : quantiles par égal effectif)
Calcul à partir de l'IDHP 2019 (méthode de classification : quantiles par égal effectif)
Pays qui perdent ou qui gagnent des rangs dans le nouveau classement du PNUD (Rapport 2020)
Articles connexes