L'Institut fédéral suisse de technologie (ETH de Zurich) a cartographié les grands groupes ethniques à
travers le monde. A partir de ces données, Marco Hernandez en a tiré une cartographie permettant de montrer la répartition ethnique à l'échelle mondiale. L'objectif était d'identifier les principaux groupes en fonction de leur identité linguistique ou
culturelle commune, quelles que soient les frontières politiques
définissant les pays.
La répartition des grands groupes ethniques (source : Beyond modern borders)
Si l'Asie apparaît comme un énorme puzzle, les espaces les plus
diversifiés de la planète se situent en Afrique subsaharienne (noter cependant qu'il ne s'agit que des principaux groupes ethniques tels que définis par l'ETH de Zurich). L'héritage
colonial et les différences culturelles profondément enracinées font du
continent africain la région la plus diversifiée du monde sur le plan
ethnique. Les frontières nationales modernes y sont le résultat du maintien par l'Union africaine des frontières créées par les
puissances coloniales européennes.
Le site propose en outre une data visualisation très intéressante montrant le degré de diversité ou d'homogénéité à partir d'un indice prenant en compte pour chaque territoire les critères de variations ethniques, linguistiques et religieuses. Des données d'enquête sont également utilisées pour déterminer si la tolérance est une question d'âge ou d'éducation.
Pour accéder à la cartographie (avec au choix un planisphère ou un globe interactif) :
Pour télécharger les données de répartition ethnique (format shp) :
https://icr.ethz.ch/data/greg/
Pour accéder à l'article scientifique utilisant cette base de données :
Why Do Ethnic Groups Rebel? New Data and Analysis (Lars-Erik Cederman, Andreas Wimmer and
Brian Min, Cambridge University Press, 2009)
Une grande part des approches quantitatives concernant les guerres civiles et les conflits ethniques ignore le rôle de l'État ou l'aborde comme une simple arène de compétition politique entre groupes ethniques. Certaines études analysent comment l'État accorde ou refuse des droits aux minorités et fait face alors à des protestations et des révoltes ethniques, mais elles négligent les configurations de pouvoir ethnique qui sont au centre de l'État. S'appuyant sur un nouvel ensemble de données sur les relations de pouvoir ethniques (EPR) qui identifie tous les groupes ethniques politiquement pertinents et leur accès au pouvoir de l'État central dans le monde de 1946 à 2005, les auteurs analysent les flambées de conflits armés comme le résultat de revendications ethno-nationalistes en rivalité pour acquérir ou conserver le pouvoir de l'État. Les résultats indiquent que les représentants des groupes ethniques sont d'autant plus susceptibles d'initier un conflit avec le gouvernement (1) qu'ils sont exclus du pouvoir de l'État surtout s'ils ont récemment perdu le pouvoir, (2) que leur capacité de mobilisation est élevée, et (3) qu'ils ont connu des conflits par le passé.
En prolongement
Un carte issue de l'Atlas Of Global Geography (1944) opposait, avant même les mouvements de décolonisation, le découpage politique de l'Afrique et la réalité de sa répartition ethnique (source : Map Porn)
A compléter par la cartographie des groupes ethniques beaucoup plus précise réalisée par l'Université Harvard : http://worldmap.harvard.edu/africamap/
L'ethnicité est assez difficile à mesurer et à délimiter : chacun voit différemment sa propre identité ethnique. Les données cartographiées correspondent aux données relevées par l'anthropologue George Murdock en 1959 et à une étude de 2002 du Harvard Institute sur la diversité ethnique.
A titre de comparaison, il peut être intéressant de voir comment était représentée la répartition ethnique au début du XXe siècle. La carte ci-dessous extraite de l'Atlas historique (1911) de William R. Shepherd se résume à un monde réparti en trois groupes ethniques : les Européens, les Chinois et les Japonais et les Noirs (tous regroupés comme s'ils étaient identiques). Elle laisse de côté la majorité des peuples du monde tels que les Indiens, les Arabes, les Perses, les peuples autochtones, etc., les effaçant de la carte. Pour les groupes inclus, ils sont tous regroupés comme s'ils étaient identiques. Très eurocentrique, la carte surestime largement la proportion de personnes d'ascendance européenne vivant hors d'Europe. Surtout elle donne une vision du monde empreinte de préjugés racistes.
Present Distribution of Europeans, Chinese, Japanese and Negroes (William R. Shepherd, 1911 Historical Atlas, source : Perry-Castañeda Library Map Collection)
Les cartes de répartition ethnique sont très nombreuses sur Internet. Il convient de vérifier leurs sources et les critères qui ont servi à leur élaboration. Au delà de leur mode de construction se pose la question de leur usage. Il n'est pas rare de voir mobiliser ce type de cartes pour expliquer (justifier ?) l'impossibilité de créer des Etats avec des frontières stables. C'est le cas pour l'Afrique mais aussi pour beaucoup d'autres régions du monde (Moyen Orient, mais aussi grands pays-continents comme la Russie, l'Inde, la Chine..)
This #language #map of the #MiddleEast is yet another example showing just how complex the region is. Source: https://t.co/2b1inwOHrz pic.twitter.com/TfRappi0KK— Simon Kuestenmacher (@simongerman600) February 12, 2018
Map of the tribes, people, and nations of modern Africa. https://t.co/c6QYjU5dq3 pic.twitter.com/aG5zCFVkDD— The Big Data Stats (@TheBigDataStats) January 24, 2020
Carte des origines ethniques majoritaires aux États-Unis par comté (en 2000). En bleu ciel, tous les comtés où la population est majoritairement d'origine allemande : https://t.co/dyKo8y0UQb pic.twitter.com/jglwNu8iDV— Olivier Varlan (@VarlanOlivier) January 28, 2020
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