Comment cartographier la guerre à distance ?

 

« Il n'y a pas de guerre qui commence sans cartes, et pas de guerre qui se termine sans elles » 
(Karl Schlögel, Nous lisons le temps dans l'espace. À propos de l'histoire de la civilisation et de la géopolitique. Hanser, Munich, 2003).

Depuis plusieurs mois, la guerre en Ukraine fait la « une » des journaux télévisés, lesquels décryptent la situation sur place à grands renforts de cartes. La guerre en Ukraine a vraiment consacré le rôle de l'OSINT (renseignement de type open source), mais aussi de la cartographie et de l'infographie pour rendre compte de la « guerre à distance ». Comment peut-on cartographier en temps de guerre, sachant que les frontières peuvent bouger rapidement et que les cartographes travaillent à distance et non sur les lignes de front ? 

Nous débutons ce billet par la présentation de Jules Grandin dans l'émission Le Cartographe sur TMC qui pose la question de la manière dont les médias essaient aujourd'hui de « cartographier la guerre à distance ». Puis nous proposons des liens et ressources permettant d'aller plus loin dans l'analyse, notamment avec un parallèle avec la Syrie où les réseaux sociaux étaient déjà beaucoup utilisés. Enfin nous donnons en contrepoint quelques pistes sur la manière dont on cartographiait autrefois la guerre. 


Comment cartographier la guerre en Ukraine ?

  • Les cartes de suivi du conflit russo-ukrainien ont tendance à surreprésenter les « zones sous contrôle russe » indiquées en aplats de couleurs vives, alors que le contrôle du territoire n'est pas uniforme et laisse des poches de résistance ukrainienne. Plutôt que de « zones d'occupation » , il vaudrait mieux parler de « zones d'offensives russes » avec des « contre-offensives ukrainiennes ». Qui plus est, le conflit est évolutif et ne s'apparente pas à une guerre de front, même si elle en emprunte certaines caractéristiques (voir ce fil Twitter concernant l'approche critique de la cartographie des mouvements de troupes en temps de guerre).

  • Conscients du problème, les services de cartographie des grands quotidiens ont cherché des solutions pour essayer de rendre compte des réalités mouvantes sur le terrain. Le Parisien, par exemple, a opté pour une cartographie ponctuelle témoignant de la situation ville par ville avec une animation montrant les évolutions. Le Monde a choisi de représenter les "zones où les armées russes mènent des opérations" par des trames plus légères en indiquant la direction des offensives russes par des flèches. Les Echos propose sensiblement le même type de cartographie en y ajoutant les sites bombardés et les couloirs humanitaires. La carte du  New York Times montre l'intensité des bombardements établie à partir d'images disponibles quasiment en direct, ce qui est relativement nouveau en terme de cartographie des conflits. Les journalistes du NYT ont analysé des milliers de vidéos, photos et reportages sur le terrain et identifié plus de 1 500 bâtiments, véhicules et structures civils endommagés par les forces russes.

  • Le quotidien Zeit Online représente plus sobrement les zones conquises ou perdues par chacun des deux camps. Le Financial Times établit une cartographie assez détaillée indiquant les zones peuplées ainsi que les centrales nucléaires. La BBC, comme d'autres médias également, propose de comparer les cartes d'une semaine à l'autre pour mettre en évidence, région par région, les phases de stagnation ou au contraire d'évolution des opérations militaires. 

  • Les cartes montrent et masquent des informations clés sur la guerre en Ukraine. Selon Timothy Barney, "elles ont tendance à exagérer l'idée qu'il s'agit d'un assaut coordonné et contrôlé alors que, bien sûr, la guerre est notoirement chaotique" (The Conversation).

  • Les cartes qu’on utilise sont souvent trompeuses car on a l’impression qu’il y a un continuum territorial sur tout ce qui est envahi par les Russes (voir ce fil Twitter). Il faudrait faire une carte en peau de léopard avec des tâches et des discontinuités. Pour tenter de traduire l'incertitude, les cartographes de The Economist ont choisi d'estomper légèrement les bords des zones contrôlées par les Russes. L'AFP cartographie, à partir des données de l'ACLED, l'ensemble des frappes (artillerie et missiles) au bout d'un mois de guerre. L'Express représente en double couleur bleu/rouge les villes disputées ou en cours de siège. 

  • Le site Edmaps.com (@EdmapsCom) assortit ses cartes d'un commentaire sur le "contrôle territorial" qui peut être direct ou indirect et rappelle que «  l'intensité du contrôle exercé par la puissance occupante sur une ville ukrainienne ou une partie du territoire ukrainien est dépendante des rapports de force sur le terrain ». Les zones de combat où la maîtrise du terrain est indécise sont indiquées comme des franges. Le site Cartes Du Monde (@CartesDuMonde) choisit d'incruster les images de la guerre directement sur la carte en indiquant "les villes avec affrontements" et les "zones sous pression russe". Pour éviter les aplats souvent biaisés et trompeurs, Nathan Ruser (@Nrg8000) a préféré opté dès le départ pour une cartographie par flèches montrant les offensives et délimitant les zones contestées par un simple trait (à ne pas confondre avec ce qui serait un front). A partir du 22 mars, il a commencé à proposer des cartes par zones dont on peut estimer après vérification - mais sous réserve de nouveaux changements - qu'elles sont sous contrôle des forces ukrainiennes (en bleu) ou sous contrôle des forces russes (en rouge). Les données SIG de Nathan Ruser sont téléchargeables au format shp et kml (crédit de l'auteur à mentionner en cas de réutilisation).

  • L'agence de presse russe RiaFan, proche du Kremlin, présente une toute autre version de la guerre. Les "événements en Ukraine et dans le Donbass" y sont relatés comme une opération défensive face aux "nationalistes ukrainiens" (Riafan.ru). Cette version des faits a valu à l'agence russe une attaque DDos (déni de service sur Internet) sur fond de cyberguerre de l'information. Dans les journaux russes, la guerre est souvent présentée comme  une opération de libération de l'Ukraine. Avec des tâches roses sur la carte qui ne sont pas sans rappeler la manière dont on représentait naguère les territoires colonisés (RossaPrimavera.ru) et le retour de l'iconographie soviétique qui refait surface ("Soyez sur vos gardes", affiche soviétique de 1919).

  • Dès lors que les cartographes ne sont pas sur le terrain pour observer les mouvements de troupes comme cela se faisait autrefois, la question des sources devient particulièrement sensible. Le suivi cartographique réalisé par l'Institute for the Study of War constitue une source de référence avec une mise à jour quotidienne et une vérification systématique des informations. Voir également la carte de Wikipedia qui fait une synthèse et fournit un tableau complet de données sur les villes. En France, on peut aussi consulter le point de situation cartographique réalisé par le Ministère de la Défense.

  • Des experts et analystes produisent des comptes rendus réguliers, à partir de cartes qu'ils ont produites ou qu'ils réutilisent. Il s'agit assez souvent d'une cartographie d'inventaire montrant le positionnement des armées et la localisation des différents théâtres d'opération : voir par exemple Olivier Kempf (@egea_blog), Michel Goya (@Michel_Goya), Henri Schlottman (@HN_Schlottman), The Study of War (@TheStudyofWar), PolGeoNow (@PolGeoNow), Jomini of the West (@JominiW), Mick Rayan (@WarintheFuture), Nathan Ruser (@Nrg8000), J comme Jéjé (@HeliosRunner),  Pouletvolant3 (@PouletVolant3), Ukraine Battle Map (@ukraine_map), WarMonitorUA (WarMonitor3).

  • La guerre en Ukraine a consacré le rôle des fixeurs, qui guident les journalistes étrangers à travers leur propre pays, souvent au péril de leur propre vie. « Profession  fixeur  : ces Ukrainiens qui aident les journalistes à raconter la guerre » (La Revue des médias, INA).

  • Le site Cen4infoRes propose un carte de surveillance avec vérifications. Il s'agit d'une démarche participative pour cartographier, documenter et vérifier les informations afin de fournir des informations fiables pour les décideurs politiques et les journalistes. Cette cartographie est tenue à jour par le Center For Information Resilience (@Cen4infoRes) dans le cadre d'un effort plus large pour lutter contre la désinformation et promouvoir des informations transparentes et vérifiées (voir le dossier réalisé pour les 6 mois de guerre en Ukraine).

  • Le site de journalisme d'investigation Bellingcat, spécialisé dans la vérification des faits,  propose une carte interactive documentant jour par jour (time-map) les dommages causés aux civils - une ressource importante pour les recherches et enquêtes futures ainsi qu'un premier pas vers l'évaluation des responsabilités en termes de crimes de guerre.  Une page est consacrée à la manière d'utiliser des données FIRMS d'incendie de la NASA pour surveiller les zones de guerre.

  • Geoconfirmed (@GeoConfirmed) fait partie des équipes de bénévoles qui vérifient les opérations et les événements en Ukraine (#OSINT). Leur carte les répertorie par types et par périodes (48h, une semaine, un mois) sur un espace partagé sur Google Maps. Les données sont téléchargeables sous forme de fichiers kml-kmz ou csv. 

  • Le site MilitaryLand.net suit la guerre en Ukraine d'un point de vue militaire. Il contient une base de données des unités militaires, régulières et volontaires, impliquées dans la guerre ainsi que des cartes très détaillées montrant l'évolution des opérations par secteurs géographiques.

  • Cette sélection de cartes permet de comparer la manière dont les journaux internationaux ont choisi de cartographier l'invasion du territoire ukrainien par la Russie le 24 février 2022. Sur Russia Today, il est assez édifiant de découvrir à l'inverse "une guerre sans image et sans faits" (Arrêts sur images, Arte). 

  • Les cartes de suivi des opérations militaires en Ukraine de @War_Mapper sont consultables sur un SIG en ligne et peuvent être superposées à d'autres informations (Soar.earth). Voir notamment ce croquis qui superpose les opérations militaires en Ukraine avec la carte des ressources en pétrole et en gaz.

  • Le site ukrainien texty.org.ua répertorie toutes les attaques par bombardement (fusée, air ou artillerie). La carte indique chaque type de bombardement, la date de l'attaque russe, avec des liens et reportages des médias. Une chronologie permet d'afficher les attaques par dates et périodes. Le site présente également des images satellite sélectionnées à partir de Planet.com. 

  • La "bataille de Kiev" (l'encerclement et la prise de la capitale ukrainienne) devenant un enjeu majeur, les médias proposent des plans détaillés du déroulement des opérations à l'échelle de la ville. Voir par exemple les plans et infographies proposés par l'AFPla BBCLe Figaro, Les Echos. Le Monde propose de son côté un making of de la carte sur Mykolaïv, une ville du sud de l'Ukraine prise entre forces ukrainiennes et russes, où un correspondant et une photographe ont passé plusieurs jours durant le premier mois du conflit.

  • Sur terre, sur mer et dans les airs, le bouclage de Marioupol en cartes : Le Monde, Institute for Study of War.  La carte du Ministère de la Défense russe montre bien le plan qui consiste à enfermer le gros des troupes ukrainiennes dans la défense de Kiev, Kharkiv, Marioupol et Odessa.

  • « Attention à l’effet Diagoras : alors que cette guerre est abondamment filmée à l’âge des smartphone, ce n’est pas forcément dans les lieux où sont les journalistes et où des images sont produites qu’ils se passe les choses les plus importantes. » (Michel Goya, Le Grand Continent, 3 mars 2022).

  • "Comment les erreurs de la Russie et la résistance ukrainienne ont modifié la guerre de Poutine". Une storymap du Financial Times qui reflète la mise en récit de la guerre côté occidental et un certain  storytelling (hypothèse que l'on sait ce que veut Poutine). En tous les cas pas forcément une guerre d'écrasement, même si on pense évidemment aux précédents en Tchétchénie et en Syrie.

  • Rhétorique de la carte en temps de guerre. La chaîne TF1 a décidé de transformer le plateau télévisé de son Vingt-heure en carte animée géante pour montrer "l’enlisement de l’armée de Vladimir Poutine" au 20 mars 2022.

  • La situation alimentaire pour les Ukrainiens devient difficile dans les zones des combats. Une carte réalisée par le réseau humanitaire @REACH_info afin de rendre compte des ruptures d’approvisionnement alimentaire et non-alimentaire constatées dans les magasins.

  • Des cartes et des données sur la crise humanitaire en Ukraine par @IMPACT_init. Notamment sur le nombre d'écoles situées dans les zones de conflit, les migrations et déplacements de population, l'impact sur les activités.

  • Réhumaniser l’exode des réfugiés passe aussi par la cartographie. Des centaines de milliers d’Ukrainiens fuient leur pays pour trouver refuge en Europe. Pour les représenter sur les cartes, on utilise le plus généralement d’énormes flèches pour montrer leur trajectoire. En plus d’être impersonnelles et simplificatrices, ces flèches ont aussi le défaut d’avoir été utilisées dans de nombreuses images de propagande à travers l’Histoire (Le Cartographe, TMC).

  • L’avènement du « géo journalisme » ou journalisme satellitaire (Meta-medias). "Le géo journalisme, ou géo investigation, est un moyen de vérifier des images très connues, mais aussi de faire émerger des images enfouies, dans des conflits que les rédactions ne parviennent pas à couvrir. Des images d’amateurs qui ne seraient pas diffusables sans nos vérifications". 

  • Le suivi de la guerre en Ukraine se fait en grande partie par photo interprétation d'images satellites et de cartes, qui hybrident souvent les sémiologies. Ces cartes d'interprétation assez précises dressent un inventaire des opérations sans donner une vision d'ensemble. Voir par exemple les analyses de WarMonitorUA.

  • Révéler les attaques militaires dans le conflit russo-ukrainien de 2022 à l'aide de données d’enregistrement de secousses sismiques (Researchsquare).

  • Quand la guerre se déroule sur plusieurs fronts et que son issue reste incertaine, finalement une carte mettant en regard les objectifs des deux camps semble plus pertinente qu'une carte des gains et pertes jour par jour. « Guerre en Ukraine : menacés d’enlisement sur le terrain, Kiev et Moscou adaptent leur stratégie » (Le Monde en cartes).

  • « La carte de la guerre en Ukraine, jour après jour ». Le Monde a regroupé sur une page l'ensemble de ses cartes et infographies. Le conflit russo-ukrainien y est abordé à différentes échelles, selon un mode de traitement cartographique qui a lui-même évolué. Les cartes d'analyse sur un temps long diffèrent quelque peu du suivi effectué au jour par jour.

  • L'atlas ante-chronologique de la guerre en Ukraine, réalisé jour après jour par les équipes @LM_enCartes et les @decodeurs, permet de remonter le cours des six mois de ce conflit.
     
  • Where is Russia est un site indépendant d'actualités et d'informations dédié aux reportages précis, détaillés et factuels sur les mouvements militaires russes. Les événéments, tous géolocalisés, vérifiés et documentés, sont affichables sur une carte de l'Ukraine et un globe permettant de suivre les opérations à l'échelle mondiale (@WhereisRussia)

Comment cartographier la guerre en Syrie ? 

  • La Syrie morcelée après dix ans de guerre (Le Courrier international).

  • « Le Monde » a mesuré le recul de l’organisation terroriste en cartographiant la situation en Irak et en Syrie depuis la proclamation du califat en 2014 (Le Monde - Les Décodeurs).

  • « Thomas van Linge, l'adolescent néerlandais qui cartographie les djihadistes » (Le Nouvel Observateur). "Ses cartes ont été reprises par de nombreux médias comme CNN, le New York Times, USA Today, le Huffington Post, le Daily Star, Der Spiegel... et même par le site de l'Université du Texas d'Austin. Ses cartes illustrent la complexité du conflit syrien, avec la nébuleuse de groupes en présence. Plus que la cartographie, ce sont les mouvements populaires de rébellion qui motivent le jeune homme" (voir son compte Twitter).

  • Le meilleur cartographe de la situation en Syrie est un lycéen hollandais qui ne s'y est jamais rendu (Slate). "Pour faire ces cartes, Van Linge utilise tout simplement le logiciel Paint. Son activisme sur les réseaux sociaux lui a permis de se faire des contacts sur place : il skype régulièrement avec des combattants sur le front, des activistes ou encore des membres d’association qui lui donnent des informations pour élaborer ses cartes".


Et avant Internet, comment cartographiait-on la guerre ?
  • Au XVIIe et XVIIIe siècle, l'art de la guerre se perfectionne en Europe. Des ingénieurs cartographes issus de l'armée et ayant été formés à la topographie étaient souvent envoyés sur le terrain pour rendre compte des opérations. Sébastien Pontault de Beaulieu a obtenu en 1647 le privilège de publier des plans et relevés des différents sièges et batailles (cf son plan remarquable du siège d'Armentières). Jean-Baptiste Naudin, ingénieur ordinaire du roi sous Louis XIV a également produit une série de plans manuscrits directement relevés sur le théâtre des opérations (à découvrir sur Gallica). A compléter par cet article : Du terrain à la carte : les ingénieurs du roi Louis XIV entre exigences et réalisations (Michèle Virol, 2019).

  • Le plan de la bataille d'Austerlitz exécuté par le capitaine du génie Calmet Beauvoisin est un chef d'oeuvre du genre. Il est visible en 4 planches sur Gallica (planche 1, 2, 3 et 4). Bien que les travaux réalisés par les officiers d’état-major soient dans l’ensemble d’une qualité inférieure à ceux réalisés par les ingénieurs-géographes, "Calmet Beauvoisin nous laisse des cartes égalant la qualité de réalisation de ses confrères ingénieurs-géographes" (Puyo, Carlos & Álvarez, 2016).

  • Pendant la guerre de Sécession aux Etats-Unis, les informations étaient relayées par des télégrammes. La carte de Louis Prang (1862) était vendue avec des crayons de couleur. Bon marché, elle invitait le grand public à suivre les opérations à partir de ces télégrammes. War telegram marking map : un article à découvrir sur le site du Leventhal Center.

  • Grandes batailles de la première guerre mondiale entre 1916 et 1918. Cette série de plans sur Gallica met en évidence l'organisation des lignes défensives et les fronts successifs en fonction des dates d'opérations militaires. Il s'agit dans certains cas de lignes approximatives. Différents procédés sont utilisés pour représenter les lignes de front (traits fins ou épais, lignes continues ou discontinues, tirets serrés ou espacés...). 

  • La guerre en cartes et en illustrations dans le journal L'Excelsior, quotidien français édité de 1910 à 1940.

  • Faire face à la guerre (Exposition virtuelle Vidal-Lablache, laboratoire EHGO). Le carnet 33 de Paul Vidal de la Blache permet de voir comment, depuis sa propriété de Rusquerolles près de Castres, le géographe suit dans la presse quotidienne l’entrée en guerre et les premiers revers des armées françaises. La géographie lui sert à prendre la mesure du conflit, de ses enjeux territoriaux à travers les lieux et leurs noms. « Quelle question se pose le géographe ? Non pas quelles batailles ont été gagnées, quelles politiques ont été suivies par Richelieu - mais pourquoi les hommes se sont-ils groupés là plutôt qu'ailleurs ? »

  • Robert Knox Sneden (1832-1918), peintre paysagiste américain, a cartographié la guerre de Sécession pour l'armée de l'Union. Il était un illustrateur prolifique et un mémorialiste documentant la guerre et d'autres événements.

  • Aujourd'hui les officiers du renseignement naval dépendent fortement des outils numériques qui peuvent fournir des réponses rapides, mais ne permettent pas d'approfondir la compréhension et l'apprentissage comme le font les outils analogiques tels que la prise de notes et les cartes physiques. Embrace Analog Tools in a Digital Intelligence : un article de l'US Naval Institute qui retrace l'histoire du renseignement cartographique et prône un équilibre entre les outils numériques et les outils analogiques. 

  • Pour l'historien militaire Michael Howard, The Use and Abuse of Military History (Royal United Services Institution Journal, 1962, 107, 625), les cartes historiques des champs de bataille, avec « de jolis petits blocs et des flèches se déplaçant de manière rationnelle et ordonnée… sont une parodie quasiment blasphématoire de la vérité chaotique". Comme le montre Andrew Rhodes, il faut s'appuyer aussi sur des cartes mentales si l'on veut comprendre les stratégies mises en oeuvre et aider à la décision en matière de sécurité nationale (Thinking in space, the role of geography in national security decision-making, Texas National Security Review, vol. 2, n°4,  2019).

  • L'ouvrage History of military cartography issu du Congrès de l'ICA 2014 (disponible en téléchargement sur PDFdrive) contient de nombreux articles sur la manière de cartographier la guerre, notamment la Guerre de 1914-18.

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