Prendre en compte la vulnérabilité sociale des populations impactées par le cyclone
L'étude de la trajectoire et de l'intensité d'un cyclone n'est qu'un des moyens possibles pour mesurer son impact (voir les pistes d'activités pédagogiques proposées dans notre billet n°3).
Il convient de travailler par ailleurs sur la vulnérabilité sociale des populations. Derrière les cartes de style Van Gogh produites par Cameron
Beccario se cache toute la puissance destructrice de l'ouragan Florence (source : Citylab). Ces très belles cartes sont visibles à partir d'un globe interactif sur le site Earth Null School.net.
Carte météo dite de style "Van Gogh" ou comment esthétiser la puissance d'un cyclone
La localisation est un facteur de différenciation évident, mais pas le seul.
Des facteurs tels que le statut socio-économique, l'âge, le handicap, la possession ou non d'une voiture, la langue d'origine sont tout aussi déterminants dans la capacité à surmonter ou non une catastrophe de cette ampleur. Plus d'un million de personnes ont reçu l'ordre d'évacuer les deux Caroline et la Virginie, mais comme souvent lors des grandes tempêtes, nombreuses sont les populations qui sont restées.
L'organisation d'aide humanitaire Direct Relief cherche à cibler les communautés les plus touchées par la catastrophe afin de pouvoir leur distribuer l'aide médicale d'urgence. Elle utilise la cartographie comme un outil de prévention et de secours. L'organisation a ainsi publié le 12 septembre 2018, avant même l'arrivée du cyclone, des cartes interactives montrant l’éventail de la vulnérabilité sociale dans la trajectoire prévue pour le cyclone Florence. La « vulnérabilité sociale » signifie la probabilité qu’une population ait besoin d’une aide disproportionnée en cas d’urgence. Sur la carte ci-dessous, les couleurs plus chaudes signifient une vulnérabilité plus élevée ; les couleurs plus froides, une vulnérabilité plus réduite.
L'organisation d'aide humanitaire Direct Relief cherche à cibler les communautés les plus touchées par la catastrophe afin de pouvoir leur distribuer l'aide médicale d'urgence. Elle utilise la cartographie comme un outil de prévention et de secours. L'organisation a ainsi publié le 12 septembre 2018, avant même l'arrivée du cyclone, des cartes interactives montrant l’éventail de la vulnérabilité sociale dans la trajectoire prévue pour le cyclone Florence. La « vulnérabilité sociale » signifie la probabilité qu’une population ait besoin d’une aide disproportionnée en cas d’urgence. Sur la carte ci-dessous, les couleurs plus chaudes signifient une vulnérabilité plus élevée ; les couleurs plus froides, une vulnérabilité plus réduite.
Carte de la vulnérabilité sociale globale sur la trajectoire de Florence (Direct Relief)
En utilisant l'indice de vulnérabilité sociale du CDC, Schroeder et son équipe ont dressé des cartes, à partir des statistiques de recensement à l'échelle de chaque comté, à l'aide de quatre indicateurs clés :
- le revenu et la richesse en vert
- la race / l'ethnicité (y compris la langue) en orange
- la composition du ménage (âge et handicap) indiquée en bleu
- le logement / transport (y compris la possession d’un logement et d’une voiture) en violet.
Les couleurs plus sombres signifient une plus grande vulnérabilité sociale. Consulter le tableau de bord des indicateurs et zoomer sur des zones spécifiques sur la plateforme Direct Relief.
Hurricane Florence Social Vulnerability Dashboard (accès à la plateforme Direct Relief)
Sur ces cartes, la côte forme une bande de couleur plus claire, ce qui signifie une vulnérabilité sociale plus faible. Les personnes vivant dans les zones côtières des deux Carolines (Nord et Sud) ont généralement tendance à être plus riches et blanches, a déclaré Susan Cutter, directeur de l'Institut de recherche sur les dangers et la vulnérabilité à l'Université de Caroline du Sud. Les zones intérieures concentrent davantage de personnes à faible revenu et de membres de groupes minoritaires. Bien que l'onde de tempête et les vents violents aient davantage atteint les zones littorales, il est probable que des zones à l’intérieur des terres soient inondées, en particulier si la tempête stagne pendant plusieurs jours.
L'organisation Direct Relief avance l'idée que la pauvreté généralisée, le manque de moyens de transport et de services Internet pourraient compliquer les interventions d'urgence dans une région qui souffre encore de l'ouragan Matthew de 2016. Les autorités ont averti les habitants qui ont survécu aux tempêtes historiques du passé - Hugo en 1989, Hazel en 1954 - que les comparaisons avec Florence pourraient ne pas servir à grand chose : « Les vagues et le vent que cette tempête peut provoquer n’ont rien à voir avec ce que vous avez vu », a déclaré le gouverneur de Caroline du Nord, Roy Cooper. Alors que l’attention se porte principalement sur les villes côtières et les villes au patrimoine historique comme Charleston et Wilmington, de nombreux chercheurs et spécialistes en catastrophe s’inquiètent davantage des régions intérieures plus isolées qui manquent de ressources.
En outre, l'ouragan Florence se dirige vers l’emplacement de la deuxième plus grande industrie porcine des États-Unis, la Caroline du Nord qui compte au total plus de 2 300 exploitations porcines. Sanderson Farms, l’un des plus grands producteurs de volaille du pays, a annoncé qu’au moins 1,7 million de ses poulets avaient péri en Caroline du Nord après que des dizaines d’autres installations aient été inondés à cause de la tempête. La société a ajouté qu’environ 30 fermes d’État - abritant plus de 6 millions de poulets - restaient inaccessibles à cause des inondations. Des entreprises indépendantes sous contrat avec Sanderson Farms ont également été touchées, mais il est difficile de savoir quel type de pertes elles ont subies.
Stephen Strader, spécialiste des catastrophes à l’Université de Villanova, a noté que le développement des activités pouvait accroître la vulnérabilité face aux catastrophes pour les êtres humains et leurs biens, un phénomène appelé "effet taureau" : « Les humains et leurs biens sont les cibles de risques géophysiques comme les ouragans et, à mesure que la population augmente et que le niveau de développement s'élève, cela accroît le potentiel de la catastrophe ».
L'organisation Direct Relief avance l'idée que la pauvreté généralisée, le manque de moyens de transport et de services Internet pourraient compliquer les interventions d'urgence dans une région qui souffre encore de l'ouragan Matthew de 2016. Les autorités ont averti les habitants qui ont survécu aux tempêtes historiques du passé - Hugo en 1989, Hazel en 1954 - que les comparaisons avec Florence pourraient ne pas servir à grand chose : « Les vagues et le vent que cette tempête peut provoquer n’ont rien à voir avec ce que vous avez vu », a déclaré le gouverneur de Caroline du Nord, Roy Cooper. Alors que l’attention se porte principalement sur les villes côtières et les villes au patrimoine historique comme Charleston et Wilmington, de nombreux chercheurs et spécialistes en catastrophe s’inquiètent davantage des régions intérieures plus isolées qui manquent de ressources.
En outre, l'ouragan Florence se dirige vers l’emplacement de la deuxième plus grande industrie porcine des États-Unis, la Caroline du Nord qui compte au total plus de 2 300 exploitations porcines. Sanderson Farms, l’un des plus grands producteurs de volaille du pays, a annoncé qu’au moins 1,7 million de ses poulets avaient péri en Caroline du Nord après que des dizaines d’autres installations aient été inondés à cause de la tempête. La société a ajouté qu’environ 30 fermes d’État - abritant plus de 6 millions de poulets - restaient inaccessibles à cause des inondations. Des entreprises indépendantes sous contrat avec Sanderson Farms ont également été touchées, mais il est difficile de savoir quel type de pertes elles ont subies.
Stephen Strader, spécialiste des catastrophes à l’Université de Villanova, a noté que le développement des activités pouvait accroître la vulnérabilité face aux catastrophes pour les êtres humains et leurs biens, un phénomène appelé "effet taureau" : « Les humains et leurs biens sont les cibles de risques géophysiques comme les ouragans et, à mesure que la population augmente et que le niveau de développement s'élève, cela accroît le potentiel de la catastrophe ».
Vente de porcs par comtés aux Etats-Unis en pourcentage des ventes agricoles en 2012 (Census of Agriculture)
Une ferme porcine dans l'est de la Caroline du Nord. La zone rose est une lagune d'excréments de porc
Lorsqu'un porc urine ou défèque dans une ferme d'élevage industriel, les
déchets tombent à travers des grilles. Les auges sont périodiquement
rincées et vidées à l'extérieur dans une fosse en terre appelée "lagune" avec un mélange d'eau, d'excréments de porc et de
bactéries anaérobies. Les bactéries digèrent le lisier et donnent aux
lagunes leur coloration rose foncé. Lorsque des tempêtes comme Florence
se produisent, les lagunes peuvent libérer leurs déchets dans
l'environnement à la suite de dommages structurels (par exemple, lorsque
les pluies érodent les berges des lagunes et provoquent des brèches).
Les eaux souillées d'excréments peuvent aussi déborder en raison des
précipitations et être emportées par les eaux de crue. Si les déchets
non traités vont jusque dans les rivières, cela peut provoquer la mort
massive des poissons, comme par exemple en 1999 lors de l’ouragan Floyd.
Cette année-là, de nombreux animaux ont déjà été noyés. Les
lagunes de lisiers associées aux grandes fermes, également
appelées "Opérations concentrées d'alimentation animale" (CAFO)
constituent une question sensible dans la partie orientale de la Caroline du
Nord, où les habitants affirment que ces activités d'élevage intensif
nuisent à leur santé et à leur bien-être.
Au moins 110 lagunes de l’État ont soit rejeté des déchets de porc dans l’environnement, soit été exposés à un risque potentiel de pollution, selon des données publiées par le Département de la qualité de l’environnement de la Caroline du Nord. La Caroline du Nord compte 9,7 millions de porcs qui produisent 10 millions de tonnes de fumier chaque année, principalement dans des grandes exploitations situées dans les comtés de Sampson et de Duplin. Ces deux comtés ont été touchés par le cyclone Florence (source : New York Times, 19 septembre 2018). Le FIMAN (Flood Inundation Mapping and Alert Network) cartographie de manière très précise les zones inondées et donne des scénarios d'évolution des risques. L'USGS fournit également une animation du passage de Florence avec la hauteur de précipitations enregistrées par station de relevés.
Suivi en temps réel et scénarios d'évolution du risque inondation sur le site FIMAN
Des associations de défense de l'environnement comme par exemple les Waterkeepers surveillent les pollutions provenant des activités d'élevage industriel et des centrales au charbon. Ce réseau associatif a mis en ligne un outil de cartographie collaborative permettant de recenser tous les points de pollution, notamment pour le risque de contamination par des eaux souillées des lagunes d'élevage porcin. Cette carte mentionne les zones inondées, les hauteurs d'eau, les scénarios d'évolution des inondations, les centrales au charbon, les sites de cendres de charbon, les rivières, les bassins versants, ainsi que les groupes de "gardiens de l'eau" chargés de cette surveillance.
Cartographie collaborative pour surveiller les risques de pollution liées aux inondations (Waterkeepers)
La population vivant à l'Est de la Caroline du Nord est également très pauvre. La question du sort des communautés rurales à l'intérieur des deux Carolines constitue un enjeu important. Celles-ci sont en général les plus durement touchées par de tels événements. Bien que les résidents ruraux puissent à certains égardsêtre être plus autosuffisants que les communautés urbaines ou suburbaines, une grande partie d'entre eux sont particulièrement vulnérables.
La répartition de la pauvreté par comtés en Caroline du Nord (source : Citylab)
Source : As Hurricane Florence Approaches, the Rural Carolinas Brace For Impact (article publié le 12 septembre 2018 sur Citylab avant même l'arrivée du cyclone)
Quelques données pour interpréter la carte :
- Le comté de Robeson connaît le taux de pauvreté le plus élevé de Caroline du Nord et les inondations y ont été très graves suite au passage du cyclone Matthew en 2016. Moins de deux ans après que la ville de Lumberton ait été inondée par l’ouragan Matthew, une digue qui protège la ville de la montée des eaux de la rivière a de nouveau cédé en raison de la forte montée des eaux (voir cette vidéo et situer Lumbertin sur la carte du billet n°3).
- En 2016, 80% de Princeville dans le comté d'Edgecombe était sous l’eau, en partie à cause de l'état délabré des digues. La communauté intérieure a eu de la peine à reconstruire depuis : la mairie et l’école primaire n’ont toujours pas été remplacées. La majeure partie de l'aide de la FEMA est allée jusqu’à présent pour des habitants de Tarboro et de Greenville, où la population est plus importante.
- Environ 12% des ménages du comté d'Edgecombe n'ont pas accès à des véhicules personnels. Ici et dans d'autres parties de la Caroline du Nord, les résidents sont plus loin des services d'urgence, des transports et des connexions Internet.
- Les pluies diluviennes entraînées par le cyclone Florence pourraient submerger les fosses à lisier des 2 300 exploitations porcines de la Caroline du Nord, contaminant les plans d’eau avec des boues toxiques. Lors de l'ouragan Matthew, 14 de ces fosses ont débordé. En outre, les bassins de cendres de charbon pourraient être emportés, les usines de traitement des eaux usées pourraient fuir et les eaux usées pourraient s'infiltrer dans les eaux souterraines, entravant ainsi les puits sur lesquels de nombreuses petites villes comptent pour l'eau potable. Les communautés noires et hispaniques à faible revenu sont souvent situées à proximité de ces sites industriels et agricoles avec tous leurs déchets associés.
- Bien qu'en apparence plus riche, la plaine côtière compte 50% de ménages ayant un « manque de liquidités » pour couvrir les dépenses à court terme lorsque des biens sont détruits et ils ne peuvent pas nécessairement déménager s'ils le souhaitent.
A titre de comparaison, même si le contexte social et culturel en Asie est différent, il peut être intéressant d'étudier l'impact du super typhon Mangkhut qui a fait beaucoup plus de victimes (bilan provisoire de 80 morts aux Philippines au 19 septembre 2018) et a touché des populations très vulnérables, notamment aux Philippines. #TyphoonMangkhut
Des sauveteurs
recherchent des personnes bloquées par un glissement de terrain provoqué
par le typhon Mangkhut dans un camp minier à Itogon,
Benguet, aux Philippines (17 septembre 2018).
Si vous avez construit ou voulez construire des séances pédagogiques sur
le thème des risques avec des outils de cartographie
numérique (voir nos pistes d'activités), merci de vous manifester, l'enjeu étant de pouvoir
mutualiser des jeux de données et des scénarios pédagogiques utilisables
avec des élèves ou avec des étudiants.
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