Des tentatives pour cartographier les lieux affectés par le sur-tourisme


Signalé par Maps Mania - The Over-Tourism Map (article du 4 avril 2019)

L'objectif du projet est clair : lutter contre une forme de "disneylandisation" du monde (des villes muséifiées, des plages polluées, des sites patrimoniaux saturés...) en montrant les lieux qui sont les plus affectés par le sur-tourisme. Pour accéder à la carte : 



Les données utilisées proviennent de la Banque mondiale et concernent le nombre de touristes (définis comme ceux qui ont visité le pays au cours des 12 dernier mois) proportionnellement au nombre d'habitants. Plus la couleur va vers le jaune-orangé, plus il y a risque de sur-tourisme. Le gris signifie l'absence de chiffres disponibles. En rouge sont indiquées les villes qui pourraient souffrir d'un nombre excessif de touristes (sur le site, cliquer sur les points rouges pour faire apparaître leur nombre de touristes).

La carte se veut une tentative pour mettre en évidence les lieux où le sur-tourisme peut avoir un impact négatif sur la population locale et sur les espaces visitées. Elle ne donne pas vraiment d'éléments sur le seuil (existe-t-il ?) à partir duquel il y aurait sur-tourisme.

Dans la FAQ mise à disposition sur le site, le sur-tourisme est défini comme le fait de trouver un grand nombre de visiteurs en un même lieu de sorte que cela entraîne un impact négatif sur les locaux et / ou sur les touristes eux-mêmes. Parmi ces effets négatifs (non visibles en tant que tels sur cette carte statistique) sont cités plusieurs cas de figure :
  • lorsque les habitants et les touristes sont coincés dans les rues, les espaces publics ou les transports en commun
  • lorsque la gentrification touristique aboutit à faire disparaître les traditions et les activités locales remplacées par des boutiques de souvenirs
  • lorsqu'il y a des impacts négatifs pour l'environnement

Cependant, le sur-tourisme ne se confond pas complètement avec le tourisme de masse. Comme il est utilement rappelé, certains lieux sont en mesure de faire face à des millions de touristes, tandis que d'autres ont du mal à surmonter une augmentation, même légère, de la fréquentation. Les villes et les lieux marqués d’un point rouge ont été retenus du fait qu'ils étaient souvent mentionnés dans des articles de presse et dans des recherches concernant le sur-tourisme. Les points rouges ont été ajoutés manuellement, cette liste n’est donc pas exhaustive et a vocation à être complétée.

Un forum a été ouvert sur Reddit pour inviter les utilisateurs à commenter la carte et à faire part de leurs remarques : http://reddit.com/r/overtourism

Top 10 des pays qui ont le plus de touristes par habitant :
  1. Islande : 6,2 touristes/habitant
  2. Croatie : 3,78 touristes/habitant
  3. Les Bahamas : 3,64 touristes/habitant
  4. Autriche : 3,34 touristes/habitant
  5. Chypre : 3,01 touristes/habitant
  6. Monténégro : 3,02 touristes/habitant
  7. Grèce : 2,53 touristes/habitant
  8. Estoniie : 2,47 touristes/habitant
  9. Irlande : 2,15 touristes/habitant
  10. Danemark : 2,04 touristes/habitant
Top 10 des sites qui ont le plus de touristes par habitant.
  1. Cinque Terre (Italie) : 4 800 touristes/habitant
  2. Hallstatt (Autriche) : 1 283 touristes/habitant
  3. Dubrovnik (Croatie) : 1 000 touristes/habitant
  4. Venise (Italie) : 364,64 touristes/habitant
  5. Santorin (Grèce) : 128,62 touristes/habitant
  6. Salzbourg (Autriche) : 45,94 touristes/habitant
  7. Kyoto (Japon) : 36,39 touristes/habitant
  8. Palma de Majorque (Espagne) : 32,26 touristes/habitant
  9. Ile de Jeju (Corée du sud) : 24,8 touristes/habitant
  10. Amsterdam (Pays-Bas) : 22,5 touristes/habitant

En complément : 

-  The Guardian: How tourism is killing Barcelona
- UNTWTO : Overtourism ? – Understanding and Managing Urban Tourism Growth beyond Perceptions
- Spotted by locals : Overtourism, an antidote
- Conde Nast traveler : How Amsterdam is solving its overtourism problem
- Research4Committees : Overtourism: impact and possible policy responses. A consulter pour les exemples fournis et surtout pour ce modèle conceptuel sur l'"overtourism" :


Ce schéma montre les différents indicateurs statistiques qui peuvent être utilisés pour mesurer le sur-tourisme et témoigne des facteurs psychologiques, sociaux, politiques... qui sont également à prendre en compte. Des réponses sont proposées pour diminuer la pression touristique (à Amsterdam par exemple, les touristes sont invités à visiter des zones extérieures à la ville-centre).

L'agence Voyageons Autrement qui promeut un tourisme durable, propose une carte collaborative des lieux souffrant de sur-fréquentation touristique : http://www.voyageons-autrement.com/carte-du-monde-tourisme-de-masse-surtourisme

Réalisée avec Google Maps (possibilité de télécharger le fichier KML), cette carte propose une typologie différente qui permet de distinguer :
    • En noir : lieux dont l’accès est à présent interdit à cause du tourisme de masse.
    • En rouge : lieux souffrant du tourisme sans aucune mesure mise en place.
    • En orange : lieux souffrant du tourisme de masse où des mesures sont prises.
    • En jaune : lieux à surveiller, on commence à parler de tourisme de masse.
    • En bleu : lieux ajoutés collaborativement par les internautes à trier : chercher un article dans les médias, mettre dans la bonne catégorie et de la bonne couleur.
      En cliquant sur un lieu sur-fréquenté, on accède à des informations sur le lieu. Les lieux listés sur cette carte sont le fruit de recherches menées par les étudiants en tourisme d’Excelia Group La Rochelle et encadrés par Florie Thielin. Il ne s’agit pas d’une étude scientifique, mais plutôt d’un observatoire qui recense des informations à partir des médias. La carte est destinée à être complétée de manière collaborative. Les lieux sont classés en 5 types :
      • Villes
      • Sites de patrimoine culturel / historique / villages
      • Côtes et plages
      • Nature
      • Événements


      « Le surtourisme est-il l'ennemi du tourisme ? Parlons-en avec Rémy Knafou et Linda Lainé » (France 24)

      La présidente du Louvre a lancé l’alerte sur l’état de son établissement et elle n’a pas mâché ses mots, décrivant le musée le plus visité au monde comme un bâtiment incapable de gérer ses 9 millions de visiteurs annuels. Il y a la vétusté du bâtiment, bien sûr, mais aussi cette fréquentation qui n’avait pas été anticipée lors des travaux du joyaux tricolore, il y a 35 ans. Le Louvre est-il la dernière victime du surtourisme, lorsque trop de visiteurs sont concentrés en masse au même endroit, mettant en péril les lieux et les modes de vies des habitants ? C’est une question qui se pose dans le monde entier, quand on sait que 95% des touristes se concentrent sur 5% des terres immergées…










      Sciences et Avenir : Le surtourisme pisté grâce au GPS des smartphones
      (source : © Citiprofile.com, https://www.citiprofile.com/5028-2/)



      Emanuele Giordano, « (Sur)vivre dans une ville touristique : les effets socio-spatiaux du surtourisme dans le centre historique de Venise », Géoconfluences, juin 2025.
      Avec 20 millions de visiteurs estimés par an, Venise est devenue l’une des principales destinations touristiques mondiales. Toutefois, dans un contexte marqué par l’absence de politiques de régulation adéquates, ces flux touristiques massifs compromettent l’accès des résidents aux ressources urbaines telles que le logement, le tissu commercial ou encore l’espace public. Cette situation engendre des sentiments de dépossession qui, conjugués à la hausse des prix de l’immobilier et des biens de consommation, contribuent au dépeuplement progressif du centre historique.

      « Des manifestations dans toute l’Europe contre la touristification » de certaines villes : "Je ne veux pas déménager, je veux avoir le droit d’habiter ici" » (Le Monde)

      « Des militants organisent des manifestations coordonnées à travers l'Europe contre la touristification » (The Guardian, 15 juin 2025).

      Surtourisme. Dans certains quartiers de Barcelone, le pourcentage de logements entièrement dédiés à Airbnb approche les 20 %, il atteint même les 30 % si l'on inclut les chambres louées (parasites.streamlit.app)

      Lien ajouté le 25 octobre 2025

      Claudia Burlando,Enrico Musso,Tiziano Pavanini,Susanna Traversa (2025). Une proposition pour un indice de surtourisme, Annals of Tourism Research, Volume 115, November 2025, 104042, https://doi.org/10.1016/j.annals.2025.104042
      Les auteurs proposent un indice d’"overtourism" pour mesurer la pression touristique dans de petites communes littorales italiennes, en prenant les Cinque Terre comme cas d’étude.  Le tourisme de masse soutient 13% du PIB italien mais fragilise les milieux. Pollution, consommation d’eau, hausse des loyers : lorsque les visiteurs dépassent la capacité d’accueil d’un lieu, l’overtourisme dégrade environnement, société et authenticité culturelle. Les auteurs critiquent les indicateurs trop globaux. Leur objectif : un outil local fondé sur cinq variables – densité, intensité, capacité, utilisation et déchets – pour saisir les tensions réelles dans 206 petites communes littorales parmi 4 495 étudiées. En combinant les données ISTAT et ISPRA 2022, ils utilisent la méthode DP2 de Peña, qui mesure la distance entre plusieurs indicateurs sans les compenser. Cela évite que la densité touristique n’efface d’autres signaux comme les déchets ou la surfréquentation. Les résultats révèlent une forte pression dans la région de Ligurie : sur 44 communes, 29 présentent un risque d’overtourisme modéré à élevé. À Monterosso, Riomaggiore et Vernazza, les taux d’occupation dépassent 70% et le nombre de lits dépasse la population locale. Les effets sont multiples : érosion des sols, embouteillages, déchets, départ des habitants. Le déclin de la viticulture en terrasses des Cinque Terre accroît le risque d’instabilité hydrogéologique et fait disparaître le patrimoine agricole et culturel du littoral. L’étude recommande des politiques de régulation des flux : quotas de visiteurs, taxes de séjour, interdiction des grands navires. Ces outils doivent être couplés à des données fines : téléphone mobile, permis d’accès, ou tableaux de bord locaux de suivi. Les auteurs appellent à un tourisme durable et équitable, intégrant des données économiques et sociales (logement, travail, inégalités). Leur indice, adaptable à d’autres sites côtiers, offre un modèle pour gérer la pression touristique mondiale.

      Lien ajouté le 3 novembre 2025

      Jérôme Fourquet, Sylvain Manternach, Chloé Tegny, Tourisme 2.0 : anatomie de la France Airbnb, rapport d el'institut Terram, octobre 2025, https://institut-terram.org/publications/tourisme-2-0-anatomie-de-la-france-airbnb/

      Depuis son implantation en France en 2012, Airbnb s’est imposée comme un acteur central de l’hébergement touristique. En une décennie, la plateforme – avec d’autres comme Booking ou Abritel – a profondément redessiné les pratiques de voyage. L’étude retrace cette expansion rapide : d’une présence ponctuelle dans les métropoles, les stations de ski et du littoral en 2013, elle s’est diffusée dès 2019 dans la quasi-totalité du territoire, épousant l’attractivité des grands sites patrimoniaux, des parcs naturels ou des littoraux, et connaissant une forte accélération post-Covid. Festivals, événements culturels et manifestations sportives créent des pics de réservations, révélant l’intégration des plateformes dans l’économie événementielle locale. L’analyse souligne aussi les tensions : rôle des résidences secondaires, concurrence ou complémentarité avec l’hôtellerie, effets sur le logement, mais aussi maintien de commerces de proximité. Côté usagers, un Français sur deux a déjà réservé via Airbnb ; les profils d’utilisateurs sont plus jeunes, plus diplômés, plus urbains que la moyenne, mais reflètent l’ensemble de la société. Les séjours sont courts (5 jours en moyenne), souvent en couple ou en famille, et motivés par des arbitrages budgétaires. Si les plateformes offrent souplesse et diversité, elles n’effacent pas toutes les inégalités d’accès aux vacances : classes modestes, jeunes femmes et ruraux restent les plus empêchés.

      Articles connexes